LES ARLÉSIENNES DU DIALOGUE POLITIQUE PERSISTENT
Malgré cinq jours d'échanges, le dialogue national bute sur les mêmes écueils : statut de l'opposition, manifestations, parrainage électoral

Après cinq jours de réflexion, le dialogue national sur le système politique a été clôturé. Mais, il reste difficile d'affirmer que l'objectif d'une «refondation de la démocratie» a été atteint. Bien qu'il y ait eu des consensus forts comme sur l'interdiction du cumul de chef de l'État et de chef de parti, de la nécessité du financement des partis politiques, il faut dire qu'il subsiste des points de désaccords qui ne sont pas des moindres.
Il s'agit en effet des arlésiennes qui reviennent au fil des dialogues. Il s'agit du statut de l'opposition et de son chef. En effet, même si les acteurs se sont mis d'accord sur la définition du statut de l'opposition pour ce qu'il y est du chef de l'opposition, les calculs politiques semblent prendre le dessus sur l'intérêt de la démocratie.
La suppression de l'article 80 du Code pénal n'a pas aussi fait l'objet de consensus. Pourtant l'actuel Premier ministre, dans son époque d'opposant, avait promis de le supprimer du champ pénal allant jusqu'à le qualifier d'hérésie.
L'arrêté polémique interdisant les manifestations politiques en centre-ville appelé «Arrêté Ousmane Ngom» reste en l'état. Il a survécu au jeu des politiques qui souvent peuvent s'accommoder des injustices contre lesquelles ils se sont battus une fois au pouvoir. Conséquence : il n'a pas fait l'objet de consensus au dialogue politique. Il en est de même pour le régime des manifestations politiques. Le parrainage, pourtant très critiqué, est sauvegardé. A cause d'une saisine de l'opposition devant la Cour de Justice devant la Cédéao, l'État du Sénégal avait été condamné. C'est dire que le dialogue inventé comme méthode de «production des règles du jeu politique» semble à bien des égards inopportun.