LES CONVERGENCES ET DIVERGENCES DES PARTIES PRENANTES AU DIALOGUE NATIONAL
Si tous s’accordent sur la nécessité de refonder le système politique, les divergences sur la reddition des comptes, la situation des détenus politiques ou les réformes budgétaires traduisent les lignes de fracture entre les différentes sensibilités

Des leaders de formations politiques de l’opposition et de la mouvance présidentielle ont étalé, mercredi, leurs divergences au sujet des orientations de certains points à l’ordre du jour dialogue tout en saluant la tenue de cette concertation consacrée au système politique sénégalais.
Moustapha Niasse, ancien président de l’Assemblée nationale, a par exemple jugé du bien-fondé de ce dialogue en assurant qu’il venait à son heure. Il a rappelé que le principe du dialogue, aux yeux du premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, reposait sur trois critères : ‘’ des finances saines, une administration organisée et une justice indépendante’’.
Le fondateur de l’Alliance des forces de progrès (AFP) n’a pas manqué de louer les principes de ‘’tolérance’’, de ‘’vision partagée’’, de ‘’solidarité’’, et de ‘’volonté d’aller de l’avant’’, en revenant sur le discours du président Bassirou Diomaye Faye.
De son côté, Aminata Mbengue Ndiaye, ancienne présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), institution dissoute en décembre dernier en même temps que le Conseil économique, social et environnemental (CESE), a martelé que le ‘’dialogue était dans l’ADN des Sénégalais’’.
La Secrétaire générale du Parti socialiste (opposition) a invité le chef de l’Etat à s’inspirer de Abdou Diouf qui, en recevant les conclusions du Code consensuel de 92, avait déclaré : « Je ne changerai même pas une virgule du travail qui a été accompli ».
Un pacte national de pacification politique
A son tour, Khalifa Ababacar Sall, leader du mouvement Taxawu Sénégal, a déclaré que ‘’l’opposition sénégalaise est convaincue que le dialogue est la meilleure forme de gestion des affaires publiques’’.
L’ancien responsable du Parti socialiste (au pouvoir de 1980 à 2000) a rappelé que le dialogue a été une priorité pour le premier président de la République. ‘’Nous sommes des disciples de Senghor, et c’est pourquoi nous croyons au dialogue. Le dialogue, c’est un banquet du donner et du recevoir’’, a fait valoir M. Sall.
Il a souhaité, au sortir de ce dialogue, que les résultats permettent d’avoir un Sénégal ‘’mieux dirigé’’ et davantage réconcilié.
L’ancien maire de Dakar a également évoqué un contexte ‘’difficile pour l’opposition’’, marqué par des ‘’arrestations’’.
Auparavant, l’ancien Premier ministre Amadou Ba, au nom de l’opposition, avait appelé à un ‘’pacte national de pacification politique” fondé sur la libération de ceux qu’il considère comme des détenus politiques. Il fait notamment allusion à l’arrestation de certains membres du régime de Macky Sall dans le cadre de la reddition des comptes entreprise par les tenants du nouveau pouvoir.
‘’On peut ne pas s’entendre sur les causes (de l’endettement et du déficit budgétaire), mais on peut s’accorder sur les solutions’’, a dit l’ancien ministre des Finances (2014-2019), appelant à une réforme de la politique budgétaire.
L’ancien ministre des Finances et ancien président du Conseil économique, social et environnemental (CESE, Abdoulaye Daouda Diallo, qui précise n’être pas présent au dialogue au nom d’un parti, dit avoir répondu à l’appel lancé par le président de la République.
Du côté du pouvoir, Ayib Daffé, président du groupe parlementaire Pastef, a d’abord indiqué que ce dialogue ‘’rassure’’ parce qu’il est ‘’inclusif’’ et ‘’participatif’’, soulignant que les TDR (Termes de référence) ont été partagés avec les hommes politiques, y compris de l’opposition, du secteur privé et de la société civile.
Cependant, M. Daffé, par ailleurs secrétaire général de Pastef, a réagi à certaines interpellations de membres de l’opposition en disant : ‘’Avec ce dialogue, il ne peut y avoir de deal politique pour la reddition de comptes. Les TDR sont clairs et précis. Et nous sommes pour l’égalité des citoyens devant la loi, donc s’il y a des personnes qui sont accusées de mauvaise gestion, elles doivent rendre compte’’.
Déthié Fall, allié du parti au pouvoir, a salué le fait que le Président Faye a choisi d’organiser un dialogue ‘’dans un climat apaisé’’, témoignant d’une culture du dialogue du chef de l’Etat.
Il a ajouté que le Premier ministre, Ousmane Sonko, s’inscrit dans cette logique, soulignant que «depuis l’installation de l’Assemblée nationale (en novembre dernier), il est passé devant les députés à trois reprises ».