LES DERNIÈRES MANŒUVRES FRANÇAISES AU SÉNÉGAL
Pendant que les derniers soldats français pliaient bagage, les diplomates de l'Élysée menaient une ultime offensive de charme. Objectif : convaincre l'entourage d'Ousmane Sonko de préserver des liens privilégiés avec Paris malgré la rupture officielle

(SenePlus) - Alors que les derniers soldats français quittaient le Sénégal le 1er juillet 2025, Paris tentait encore de sauver les meubles. Selon Le Canard Enchaîné, une discrète opération de charme s'est déployée dans les derniers mois pour maintenir une influence française menacée.
"Ces derniers mois, les diplomates français présents à Dakar se sont pourtant discrètement activés", révèle l'hebdomadaire satirique. L'objectif : convaincre l'entourage d'Ousmane Sonko, "le véritable homme fort du pays", de préserver des liens privilégiés avec l'ancienne puissance coloniale.
Cette campagne d'influence intervient dans un contexte particulièrement défavorable pour la France. Le président Bassirou Diomaye Faye, élu sur une ligne anti-française, a tenu ses promesses électorales en expulsant les 250 à 300 militaires français stationnés sur le territoire sénégalais.
Les contacts français se sont concentrés sur l'entourage du Premier ministre, figure centrale du nouveau pouvoir sénégalais. Selon Le Canard Enchaîné, "quelques proches" d'Ousmane Sonko ont été "notamment approchés" par les émissaires de l'Élysée.
Ces tentatives de rapprochement interviennent précisément au moment où la menace djihadiste se précise aux frontières sénégalaises. Le GSIM a lancé une offensive majeure au Mali le jour même du départ français, ciblant la région frontalière de Diboly. Une coïncidence qui souligne l'urgence sécuritaire.
Pourtant, les nouvelles autorités sénégalaises restent "focalisées sur les difficultés économiques" et minimisent la menace terroriste, selon un militaire français cité par l'hebdomadaire. Cette divergence d'analyse complique les tentatives de rapprochement initiées par Paris.
Pour la France, l'enjeu dépasse la simple influence géopolitique. Plus de mille ressortissants français vivent dans la région de Kédougou, frontalière du Mali, constituant "un potentiel cauchemar sécuritaire" selon Le Canard Enchaîné. Leur protection pourrait justifier un maintien de la présence française sous d'autres formes.
Cette réalité place Emmanuel Macron dans une position délicate pour "négocier avec son homologue sénégalais les contours de leur nouvelle relation". Entre respect de la souveraineté sénégalaise et protection des intérêts français, l'équilibre reste à trouver.