LES ECLAIRAGES DU PR MOUSSA DIAW ET DE BABACAR BA
De l’avis de Moussa Diaw, Pr de Science politique et de Babacar Ba du Forum du justifiable, le chef de l’Etat a prononcé un discours solennel et unificateur qui répond aux attentes du peuple sénégalais.

Le président Macky Sall a prêté serment devant Dieu et la nation sénégalaise hier, mardi 2 avril 2019. A cette occasion, de l’avis de Moussa Diaw, professeur de Science politique à l’université Gaston Berger et de Babacar Ba du Forum du justifiable, le chef de l’Etat a prononcé un discours solennel et unificateur qui répond aux attentes du peuple sénégalais. Tout en relevant que parfois, il y a un écart entre les discours et la réalité, ils appellent l’opposition à répondre à la main tendue de Macky Sall.
MOUSSA DIAW, PROFESSEUR DE SCIENCE POLITIQUE A L’UBG DE SAINT-LOUIS : «C’est un discours qui a tracé un certain nombre de pistes»
«C’est un discours solennel dans un contexte particulier de prestation de serment, c’est aussi un point important de la prise en charge de ses responsabilités à la tête de l’Etat. Il a tracé un certain nombre de pistes. Tout d’abord il a réitéré son appel au dialogue ; ensuite il a noté les points essentiels pour relever le défi pour son quinquennat, où il place les jeunes et les femmes au cœur de ses préoccupations en termes de formation et de création d’emplois et tout cela dans le cadre général du Plan Sénégal émergent. Il faut aussi noter qu’il y a des aspects importants qui ont été relevés par le président du Conseil constitutionnel. Relativement au comportement des hommes politiques, à leur discours et à la nécessité d’établir la concertation pour permettre aux deux camps de s’assoir et de discuter pour le renforcement de la démocratie.
SUR LA POSTURE DE L’OPPOSITION
Dans une démocratie, les acteurs doivent avoir une capacité de dépassement pour penser l’avenir d’un pays. La politique de la chaise vide n’a jamais été probante, et n’a jamais produit un résultat conséquent. Il faut que l’opposition puisse participer à ce dialogue. Ce qu’il faudrait maintenant, c’est voir les conditions de ce dialogue et c’est ça justement le problème. Le terme de référence de ce dialogue doit refléter les points de vue des uns et des autres c'est-à-dire les objections de l’opposition doivent être considérées et placées au cœur de la discussion. Dans un cadre de dialogue, on doit tenir compte des avis des uns et des autres et faire un rapprochement des points de vue. Mais, la majorité ne doit pas imposer les termes du dialogue. Il faut instaurer la confiance, que les gens puissent discuter et surtout penser l’avenir. Maintenant que les élections sont passées, il faut savoir tourner la page et faire de sorte à garantir les prochaines élections pour qu’il ne puisse y avoir de contestations majeures.
REFORME DE L’ADMINISTRATION ET DU SYSTEME POLITIQUE
Il a parlé de la nécessité de simplifier le travail de l’administration, de la rendre moins bureaucratique, faciliter la transmission des documents aux citoyens et cela est indispensable. Et pour cela, des mesures doivent être prises pour que l’administration puisse répondre de façon rationnelle et rapidement aux attentes des citoyens. Il faut aussi réformer le système politique sénégalais, c’est à dire penser à un autre système pour le rendre dynamique à travers des réformes qui visent à séparer les pouvoirs. Réduire le pouvoir du président de la République notamment ses rapports avec la justice, le législatif et avec l’Assemblée. Bref, il faut une redistribution des pouvoirs et aussi assainir les partis politiques au Sénégal et faire en sorte que les partis politiques soit en règle...»
BABACAR BA, FORUM DU JUSTICIABLE : «C’est un discours à la hauteur des attentes»
«C’est un discours rassembleur, unificateur, un discours qui, aujourd’hui traduit ce qu’on attend du président de la République. C’est un discours qui traduit ce que les Sénégalais attendent de nos chefs d’Etat. C’est un discours que nous apprécions à sa juste valeur. Mais, parfois, il y a un écart entre les discours et la réalité. C’est ce qu’on attendait en tout cas du président de la République, un discours à la hauteur d’autant plus qu’aujourd’hui il y avait ses homologues, les chefs d’Etat. Donc, c’est un discours que nous saluons à sa juste valeur.
APPEL RENOUVELE AU DIALOGUE
L’appel au dialogue, c’est quelque chose que nous saluons à sa juste valeur. Et je pense que le Forum du Justiciable, par rapport à l’appel que le président avait fait suite à la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, nous l’avions apprécié parce que c’est ça le Sénégal. Le Sénégal, c’est une seule nation. On ne peut pas le diviser. On est parti à des élections, chacun a essayé de tirer de son côté. C’est vrai qu’il y a eu des échanges de mots, mais après la proclamation des résultats, on doit s’identifier à ce qu’on appelle l’unité nationale. C’est pourquoi, quand le président de la République avait lancé ce dialogue-là, on a salué et on a même demandé aujourd’hui à l’opposition de répondre à ce dialogue. Parce que l’opposition ne peut pas continuer à faire ce qu’on appelle la politique de la chaise vide. Ne serait-ce qu’aller répondre pour entendre ce que le président va dire. Je pense que l’opposition doit répondre à ce dialogue-là et encore une fois, nous saluons le fait que le président de la République a réitéré ce dialogue parce qu’on a en besoin. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ce serait une valeur ajouté pour le Sénégal qu’Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Issa Sall, Madické Niang viennent en tout cas apporter leur soutien au président de la République. Donc, ce dialogue-là, c’est une nécessité pour le Sénégal. Maintenant, il faudrait que ça soit un dialogue sincère. Là également, il faut le préciser, et je pense que l’appel que le président a lancé, jusqu’à la preuve du contraire, c’est un appel qui est sincère, de bonne fois parce que ça ne sert à rien également de faire un appel et que ça ne soit pas sincère.
DE LA QUESTION DES REFORMES
Je pense que la réforme de l’administration devrait même être l’une des priorités du président. Aujourd’hui, ce qui se passe au niveau de l’administration, c’est inimaginable parce que l’administration sénégalaise ne travaille pas. Ce qui se passe dans l’administration sénégalaise est inconcevable, et il faut aussi réformer pour minimiser les risques de corruption. Aujourd’hui, c’est l’administration sénégalaise qui sous-tend la bonne marche du pays. Au niveau du Forum de Justiciable, on aurait souhaité que le président apporte, dans les meilleurs délais ou bien applique le plus rapidement possible les réformes judiciaires. Et les réformes sont là. Les réformes qui se sont dégagées des Assises nationales, de la Commission nationale de réforme des institutions, mais également les réformes qui se sont dégagées du Colloque de l’Ums (Union des magistrats du Sénégal, ndlr).»