VIDEOLES VÉRITÉS D'IBOU FALL
Dans l'émission "BL" de Pape Alioune Sarr, le journaliste chronique sans détour la société sénégalaise. Il affirme notamment que Macky Sall est un "traître", que Pastef est en sursis et que la loi d'amnistie est "inadmissible"

Ibou Fall, chroniqueur redouté surnommé "le sniper", n'a pas fait dans la dentelle lors de son passage dans l'émission "BL" animée par Pape Alioune Sarr, dimanche 15 juin 2025. Venu présenter son 8e ouvrage "Sénégaliserie épisode 8 - Chronique des années 2024-2025", l'auteur a livré une analyse sans concession de la situation politique sénégalaise.
Selon lui, les années 2024-2025 marquent "le summum" d'une décennie chaotique. Le point de bascule ? La tentative de Macky Sall de reporter l'élection présidentielle de 2024. "C'est quand le président de la République Macky Sall a comme disjoncté, voulu reporter des élections, qu'il a complètement renversé les choses", explique-t-il.
Le chroniqueur s'insurge particulièrement contre la loi d'amnistie qui efface selon lui des "crimes de sang". Il évoque notamment la mort tragique de deux jeunes filles brûlées dans un bus à Yarakh : "Je trouve inadmissible qu'on puisse penser que ce qui s'est passé doit être effacé." Pour lui, "amnistie égale amnésie" et le respect de la mémoire des victimes exige que la justice fasse son travail.
Dans une charge particulièrement virulente, Ibou Fall accuse directement l'ancien président de "trahison" envers son pays. Il affirme que Macky Sall aurait voté pour Bassirou Diomaye Faye contre son propre candidat Amadou Ba : "Il a trahi son pays, c'est tout. Qu'il trahisse ses militants, c'est son problème, mais qu'il trahisse son pays, c'est très grave."
Interrogé sur l'avenir politique, Fall prédit des turbulences au sein de Pastef pour 2029. Selon lui, un choix devra s'opérer entre le président Diomaye et Ousmane Sonko : "Il ne peut y avoir qu'un candidat de Pastef. Soit il y en a un qui va s'aligner derrière l'autre." Il souligne les différences de tempérament entre les deux hommes, citant la discrétion de Diomaye pendant son incarcération face à la communication plus offensive de Sonko.
Fervent défenseur de la francophonie, Ibou Fall s'attaque aux mouvements souverainistes prônant le "France dégage". Pour lui, le français reste "un outil de travail" essentiel : "Le Sénégal est un grand pays francophone et d'ailleurs, je me plais à dire que moi, je n'écris pas en français, j'écris en sénégalais." Il rappelle le rôle de Senghor dans la création de la francophonie internationale.
L'auteur désapprouve la visite du Premier ministre Ousmane Sonko au Burkina Faso, estimant que le Sénégal ne devrait pas "cautionner les putschistes". Il rappelle que la diplomatie relève constitutionnellement du président de la République, non du Premier ministre.
Fall critique ce qu'il appelle le "misérabilisme" du nouveau régime, qui s'intéresse selon lui aux "gens trop riches pour être honnêtes" au lieu de se concentrer sur ceux qui sont "trop pauvres pour être heureux". Il dénonce l'encouragement à la délation par les "lanceurs d'alerte".
Malgré ses critiques acerbes, le chroniqueur garde espoir en un "sursaut des élites" et l'émergence d'un vrai leader pour l'avenir du Sénégal. "Notre pays a quand même des enfants valeureux, brillants, qui se distinguent partout", conclut-il avec optimisme.
L'ouvrage "Sénégaliserie épisode 8" est disponible aux éditions Forte Impression, accompagné d'illustrations d'Ien Glaise.