L’OPPOSITION DRESSE UN BILAN MITIGÉ DU DIALOGUE ET APPELLE AU RESPECT DES CONSENSUS
Malgré des avancées dans certaines commissions, l'opposition ayant participé au dialogue dénonce des blocages, notamment sur les libertés publiques et la gestion électorale, et appelle à un suivi inclusif pour garantir le respect des accords obtenus

Ce mercredi 18 juin 2025, l’opposition a présenté un bilan de sa participation au Dialogue national lors d’un point de presse. Elle a tenu à souligner son attachement au principe de concertation, rappelant que « la démocratie ne fonctionne pas seulement sur la base des décisions de la majorité ; elle est aussi prise en considération des points de vue de l’opposition et de la société civile. La démocratie se nourrit en conséquence de l’écoute, des échanges, de l’inclusion. »
Malgré un contexte marqué par « l’acharnement répressif du pouvoir contre l’opposition, la presse et toute autre voix critique », notamment « les arrestations arbitraires, les emprisonnements intempestifs d’activistes, de députés et d’anciens ministres, les violations répétées du droit de manifestation », l’opposition a choisi de participer au Dialogue, « nonobstant le rejet de nos amendements aux termes de référence visant principalement à inscrire à l’ordre du jour les difficultés sociales, économiques et financières qui interpellent l’Etat et les populations ».
Sur le contenu des discussions, elle a estimé que « les commissions ‘Processus électoral’ et ‘Réformes institutionnelles et organes de gestion des élections’ ont enregistré d’importants accords de principe dont les modalités d’application ne sont toutefois pas encore précisées ». L’opposition a par ailleurs dénoncé plusieurs dysfonctionnements, notamment le fait que « 54% des voix aux élections législatives obtiennent plus de 80% des députés », ou encore que « un groupe parlementaire puisse s’octroyer des postes indus dans les bureaux et les commissions, alors que la loi est précise sur ce point ».
Concernant la commission « Démocratie, Libertés et Droits humains », le constat a été moins favorable, avec « un long relevé de divergences non surmontées ». L’opposition a regretté que le parti au pouvoir ait refusé « la suppression ou l’encadrement des articles liberticides du Code pénal, notamment les articles 80 et suivants, et l’encadrement de certains articles du Code pénal ou du Code de Procédure pénale ». Elle a également dénoncé « l’instauration d’un système de contrôle permettant de rendre effectif l’exercice des libertés publiques » qui n’a pas été accepté, de même que « l’application du droit de manifestation dans toutes les communes du pays, sans exception, a été refusée par le parti au pouvoir qui, dans ce domaine comme dans d’autres, s’est complètement renié ».
L’opposition a aussi pointé du doigt la judiciarisation des différends politiques, rappelant « l’emprisonnement arbitraire du Président Moustapha Diakhaté ».
Malgré ces tensions, elle a lancé un appel à l’apaisement en rappelant les propos du président de la République lors de l’ouverture du Dialogue : « Mon rôle, en tant que garant de l’unité nationale, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassurer, rassembler, apaiser et réconcilier afin de conforter la paix et la stabilité indispensables au développement économique de notre pays. » L’opposition s’interroge toutefois : « Que vaut ce discours confronté à la réalité des faits ? »
Face à l’état actuel des négociations, l’opposition réclame la mise en place d’« un Comité inclusif de suivi comprenant les principaux acteurs du Dialogue », chargé « d’une part de définir consensuellement les modalités de mise en œuvre des accords de principe obtenus et, d’autre part, de poursuivre les discussions sur les points de divergence ». Elle avertit que « toute prise de décision unilatérale serait contraire à l’esprit de nos récentes assises et équivaudrait, pour nous, à la caducité de toutes les conclusions du Dialogue national sur le système politique ».