MACKY SALL TROUBLE LE JEU
Le président de la République n’a pas attendu trop longtemps pour débarquer de son poste de directrice générale de l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep), Madame Socé Diop Dione, épinglée par le rapport 2018 de l’Ofnac

Le président de la République, Macky Sall, n’a pas attendu trop longtemps pour débarquer de son poste de directrice générale de l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep), Madame Socé Diop Dione, épinglée par le rapport 2018 de l’Ofnac. Seulement, au-delà de son caractère symbolique, le limogeage de cette responsable politique du parti au pouvoir à Koungheul ne manque pas de susciter des interrogations sur la démarche du Président Sall qui continue à «protéger » d’autres personnalités politiques accusées également de mauvaise gestion par des corps de contrôle. En mettant tout simplement sous le coude les différents rapports incriminant leur gestion à la tête d’institutions publiques.
Le président de la République, Macky Sall, ferait-il du deux poids deux mesures dans le cadre de sa politique de promotion de la bonne gouvernance ? Certains ne sont pas loin de le penser au regard de la mesure qu’il a prise lors de la dernière rencontre du Conseil des ministres du mercredi 04 mars dernier. En effet, au titre des mesures individuelles, le président de la République a pris la décision de nommer le professeur Hamady Dieng, nouveau Directeur général de l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep), en remplacement de Madame Socé Diop Dione. Ce changement à la tête de l’Acbep intervient moins de quatre jours après la publication des rapports 2017 et 2018 de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et dont le dernier a épinglée la gestion de Socé Diop Dione. D’ailleurs, son dossier fait partie des cinq que la Présidente de l’Ofnac a transmis au Procureur de la République pour ouverture d’une information judiciaire. Responsable politique du parti au pouvoir à Koungheul, Socé Diop Dione est accusée par le rapport 2018 de l’Ofnac de plusieurs pratiques de gestion qui n’honorent pas la bonne gouvernance prônée par l’actuel chef de l’Etat. Au titre des récriminations, on note la gestion gabégique et patrimoniale, des faits d’escroquerie et de complicité d’escroquerie portant sur des deniers publics avec l’établissement de faux ordres de mission pour elle-même et pour certains agents.
Seulement, cette décision du chef de l’Etat ne manque pas de susciter des interrogations. En effet, si la dame Socé Diop Dione n’est plus présentée dans la sphère des mauvaises élèves en termes de bonne gouvernance pour avoir été épinglée par presque tous les rapports des organes de contrôle qui ont fouillé sa gestion depuis 2015, elle n’est pas cependant le seul responsable dans l’entourage du président Sall à faire l’objet d’accusations de malversation par un corps de contrôle de l’Etat. La preuve, dans les deux rapports remis au chef de l’Etat, l’Ofnac qui a examiné 23 enquêtes a indiqué avoir transmis cinq (5) dossiers au procureur de la République pour ouverture d’une enquête judiciaire.
À cela, il faut également ajouter les personnalités dont la gestion a été indexée par les derniers rapports de la Cour des comptes et qui ne sont nullement inquiétées. Dans cette liste des personnalités citées dans des rapports de corps de contrôle et qui ne sont pas inquiétées par le Président Sall, il faut également ajouter le nom de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Hanne et celui de Siré Dia, Pca de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase). Tous deux avaient été incriminés par le rapport 2014-2015 de l’Ofnac quand ils dirigeaient respectivement le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) et le Groupe la Poste.
La seule différence qui existe entre la responsable politique du parti au pouvoir à Koungheul avec ses autres camarades et coaccusés de mauvaise gestion se trouve certainement dans le poids politique. Du fait de son faible poids politique, Mme Dione semble la cible la plus facile à abattre sans courir le risque de représailles de ses militants qui pourraient faire perdre au président de la République une base électorale, Koungheul. De là à imaginer que le président Macky Sall a jeté Mme Dione en pâture ou en a fait un agneau sacrificiel comme gage de sa volonté à faire droit à la bonne gouvernance des ressources publiques, il n’y a qu’un pas que certains observateurs franchissent facilement. Non sans questionner une démarche qui aurait du mal à cacher la forêt des actes de mauvaise gestion posés depuis 2012 par certains pontes du régime en place, déclarés quasiment intouchables au nom du bon vouloir d’un Président qui a mis sous le coude tous les rapports des corps de contrôle les incriminant.