NDIÉYÈNE SIRAKH RÉCLAME UNE DÉLÉGATION SPÉCIALE
Enclavement, manque d'eau, santé défaillante, éducation précaire : la commune multiplie les cris de détresse. Le mouvement "Le Peuple" accuse le maire d'avoir "démissionné sans le dire"

Version révisée :
Comme il le fait chaque année, le mouvement « Le Peuple » s'est retrouvé à Mbéwane Mbafaye pour passer en revue les difficultés que vivent les populations de la commune de Ndiéyène Sirakh. L'accent a été mis sur l'enclavement engendré par l'état de la route Khombole-Ndiéyène Sirakh-Ndiaganiao, le manque d'eau récurrent, le déficit dans la prise en charge des malades malgré l'existence de 5 postes de santé, etc. Et pour apporter des solutions, le mouvement a disqualifié le maire actuel, qu'il accuse de se comporter comme s'il avait démissionné sans le dire. C'est ainsi que sans détour « Le Peuple » a réclamé une délégation spéciale pour sauver la commune.
La problématique des semences de qualité, du matériel, du vrai soutien aux agriculteurs, le déblocage du foncier pour permettre à la jeunesse de disposer de parcelles à usage d'habitation, le manque d'eau, l'enclavement, tels sont entre autres les difficultés que vivent les populations de la commune de Ndiéyène Sirakh.
Ces problèmes ont été listés à l'occasion de la rencontre initiée annuellement par le mouvement « Le Peuple ». C'est pour passer en revue ces difficultés, surtout à l'approche de l'hivernage, et sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité et l'urgence de les prendre en charge. D'autant plus que le mouvement « a disqualifié l'actuel maire, non sans souhaiter l'installation d'une délégation spéciale, pour sauver la commune ». Cette année, c'est le village de Mbéwane qui a abrité l'événement.
Le choix, selon Dr Fallou Barre, président du mouvement, s'explique par le fait qu'il s'agit d'une zone agricole par excellence, où cette activité économique marche à merveille, parce qu'il y a assez de terres et les gens vivent essentiellement de l'agriculture. C'est pourquoi, sur la liste des problèmes évoqués, figure en bonne place la problématique des semences et des intrants agricoles.
L'accent a été mis sur le retard constaté sur la mise à disposition de ces semences. Il s'y ajoute que ces semences ne sont pas souvent dans une qualité irréprochable, pour une utilisation dans de bonnes conditions dans l'exploitation agricole. C'est la raison pour laquelle Dr Fallou Barre a appelé l'État du Sénégal, notamment le ministre de tutelle Mabouba Diagne, à veiller sur la qualité de ces semences, mais aussi sur une distribution à temps réel. Sur ce registre, il a salué le rôle joué l'année dernière par l'armée dans le processus de distribution, pour préserver l'équité et l'égalité. D'un tel point de vue, il estime que la reconduction d'un tel schéma serait très appropriée.
Le problème de lotissement a aussi été agité, pour cadrer avec l'explosion démographique. Et d'après le président du mouvement, la forte demande en logements concerne surtout les jeunes. Et ils ont formulé des demandes de parcelles à usage d'habitation, mais qui dorment malheureusement depuis plusieurs années dans les tiroirs de la mairie, faute de délibérations du conseil municipal. Il est d'avis que quand des jeunes ambitieux, qui veulent construire dans leur localité, peinent à avoir ce sésame, cela devient inquiétant et nécessite l'intervention de l'État, si l'autorité locale est incapable de prendre les bonnes mesures.
Sur le plan de l'éducation, Le Peuple s'est désolé des conditions d'études des élèves dont certains font plus de 14 km après s'être levés à 3 heures ou 4 heures du matin, pour la simple raison que la commune ne dispose que d'un seul collège d'enseignement moyen (CEM). Suffisant pour que Fallou Barre affirme que l'érection d'un CEM dans la zone de Kaba est devenue une demande sociale et en attendant, le maire doit au moins s'investir à trouver un car capable de ramasser les élèves, dans les coins reculés de la commune, pour leur faciliter l'accès à l'école.
Khady Sène de Mbewane rappelle qu'il y a une quinzaine d'années, elle avait vécu ces mêmes difficultés en se rendant chaque matin à l'école de Ndiéyène Sirakh, pour ne rentrer au village qu'au crépuscule. « C'est inconcevable de voir mes petits frères et petites sœurs vivre la même situation, 15 ans après », s'est-elle désolée.
Un enclavement fortement préjudiciable à l'économie locale
Sur cet aspect du transport, il a dénoncé avec véhémence l'état de la route Khombole - Ndiéyène Sirakh - Ndiaganiao. Il renseigne qu'à la veille de la dernière élection présidentielle, le Premier ministre Amadou Ba avait procédé à la pose de la première pierre des travaux de bitumage de cette route, mais depuis lors, rien n'a été fait. C'est ainsi qu'il a directement interpellé le nouveau pouvoir pour identifier les blocages et aller dans le sens de la concrétisation de ce projet qui tient à cœur les populations de plusieurs communes.
En ce qui concerne la santé, il souligne que les populations sont toujours dans la précarité malgré l'existence de 5 postes de santé qui souffrent d'un manque criant de matériels, de médicaments. Et la réalité, à l'en croire, est que dans cette commune, les gens peinent à se soigner parce qu'il y a vraiment d'énormes problèmes dans ces structures sanitaires.
À ces difficultés s'ajoutent les problèmes récurrents d'eau potable. Dans le village de Mbéwane Mbafaye, il a révélé qu'il n'y a pas d'eau depuis la Tabaski et les usagers sont obligés de s'approvisionner à partir des puits traditionnels. Et pourtant, dit-il, les forages existent bel et bien dans la localité et les populations paient à temps les factures.
En tout cas, d'après lui, le maire de la commune a le devoir d'expliquer aux populations là où se situent les problèmes et d'apporter les solutions idoines. Ndiaga Ndiaye fait mention que le manque d'eau touche presque toute la commune. Et face à une telle équation pour le moment insoluble, les populations du village de Ngogome par exemple ont pris l'initiative de lancer une collecte de fonds, qui a permis pour le moment de rassembler une cagnotte de 5 millions de FCFA destinés à l'érection d'un forage.
Fallou Barre s'empresse d'ajouter que Ndiéyène Sirakh est malheureusement une commune sans maire. Pour être plus clair, il indique qu'à la lumière de son comportement, c'est comme si le maire avait démissionné sans le dire. Il en veut pour preuve que « même les ampoules grillées des lampadaires ne sont pas remplacées, la mairie ne fait aucune activité, tout est au point mort ». D'où sa conviction de recourir à une délégation spéciale pour sauver ce qui peut l'être encore. Il martèle que l'actuel maire a suffisamment montré ses limites et ses faiblesses. Et laisser la situation en l'état jusqu'en 2027 avant de penser à un changement serait fortement préjudiciable aux populations.