SONKO INTRAITABLE AVEC LES FORCES CENTRIFUGES IDENTITAIRES
En défendant avec véhémence la tradition d'hospitalité sénégalaise lors de l'étape guinéenne de sa tournée, le Premier ministre coupe l'herbe sous le pied aux récupérations politiques douteuses

La doxa nationale, tombant souvent dans le piège de certains politiques friands de populisme et de simplisme de mauvais aloi, aime pérorer souvent sur des sujets sensibles et dangereux pour la cohésion sociale. C'est pourquoi, force est de reconnaître que de toute sa tournée dans la sous-région, l'étape de la Guinée Conakry a été la plus décisive pour le Premier ministre Ousmane Sonko. Le chef du gouvernement en a profité pour « catapulter » les relations entre le Sénégal et la Guinée en réaffirmant avec véhémence la fraternité entre les deux peuples.
« La relation, elle est saine, elle est solide. Elle est d'abord portée par les peuples puisqu'il y a beaucoup de ressortissants sénégalais établis en Guinée, et beaucoup de ressortissants guinéens établis au Sénégal. Et de part et d'autre, ces ressortissants sont bien traités, sont très bien intégrés, y travaillent, y gagnent leur vie, s'y marient parfois, s'y installent. Donc c'est les peuples et les populations d'abord qui forment l'assise de cette relation », a rappelé Ousmane Sonko avant d'ajouter sans langue de bois : « Nous devons continuer, dans une époque de discours d'exclusion, de xénophobie, à parler à nos populations, à les sensibiliser qu'au-delà des frontières coloniales, nous formons un même peuple et nos destins sont liés ».
Connu en outre pour son franc-parler, Ousmane Sonko demande au peuple guinéen « de ne pas prendre au sérieux » les propos des leaders d'opinion qui stigmatisent les ressortissants guinéens au Sénégal. « Il y a des idéologies qu'on ne peut pas accepter. Elles sont intolérables. Les Guinéens sont chez eux au Sénégal », renchérit-il.
Le leader de la génération au pouvoir au Sénégal devait tenir ce discours pour refroidir l'ardeur d'une certaine élite politique qui cherche de manière éhontée à vouloir faire de la présence de nos « frères » guinéens dans le pays le fil d'Ariane de leur agenda politique. Et le Premier ministre sénégalais a raison de couper l'herbe sous le pied. L'intransigeance de Sonko est à saluer sur cette question.
L'identité, comme nous le rappelle Amine Maalouf, est constituée d'une foule d'éléments qui ne se limitent pas à ceux qui figurent sur les registres officiels, tels que l'appartenance à une religion, à une nationalité, à une communauté linguistique, ou à une famille. Selon l'écrivain franco-libanais, elle est l'altérité et la similarité, le communautaire et l'universel, le culturel et l'interculturel, le spécifique et le global. Le Sénégal est une terre d'humanité, d'hospitalité. Au demeurant, l'avenir de l'humanité est le métissage. Le tandem Diomaye-Sonko doit perpétuer cette tradition plus que millénaire avec vigilance certes et en corrélation avec les lois du pays.
Dans un contexte économique délétère, ces genres de discours haineux peuvent trouver échos dans la population jeune et en quête impatiemment de lendemains meilleurs. La catastrophe commence par les mots. La vie est un nouveau permanent, la nation un plébiscite de tous les jours. Il faut oser l'autre. Le Premier ministre Ousmane Sonko a eu raison de sonner le glas de toutes ces mauvaises humeurs et qu'on n'en parle plus. Et c'est tout à son honneur.