ADDICTION CHEZ LES JEUNES, UN PHENOMENE PREOCCUPANT, SANS VERITABLE PRISE EN CHARGE
La dépendance, qu’elle soit liée à une substance ou à un comportement, s’installe insidieusement, au point d’échapper au contrôle de la personne concernée, malgré ses effets délétères sur la santé et la vie quotidienne.

La dépendance, qu’elle soit liée à une substance ou à un comportement, s’installe insidieusement, au point d’échapper au contrôle de la personne concernée, malgré ses effets délétères sur la santé et la vie quotidienne. Selon la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (Dsme), les adolescents et jeunes sénégalais ne sont pas épargnés. Accros aux écrans, à l’alcool ou aux réseaux sociaux, ils en subissent les conséquences sur leur équilibre mental. Un constat alarmant, d’autant que le pays ne dispose toujours pas d’une structure sanitaire dédiée à la prise en charge de ces dépendances chez cette frange de la population.
Deux types d’addictions sont distingués : celles avec substances (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, opioïdes) et les addictions dites comportementales, comme les jeux vidéo, les réseaux sociaux ou encore les paris en ligne. La Dsme, à travers une communication sur le sujet, alerte sur les impacts de ces pratiques sur la santé mentale des jeunes. Altération des fonctions cognitives, troubles émotionnels, isolement ou encore perception biaisée du réel sont autant de signes révélateurs d’un mal qui gagne du terrain. En 2019, près de 970 millions de personnes souffraient de troubles mentaux ou du comportement dans le monde, selon l’OMS. Parmi elles, 301 millions étaient touchées par un trouble anxieux, dont 58 millions d’enfants et d’adolescents ; 280 millions souffraient de dépression, dont 23 millions de mineurs ; 40 millions de bipolaire ; 24 millions de schizophrénie ; et 14 millions de troubles de l’alimentation, dont près de 3 millions de jeunes.
Les signes cliniques les plus fréquents chez les jeunes addicts vont de l’anxiété à la dépression, en passant par une baisse des performances scolaires, un isolement social et des comportements à risque, comme le passage à des drogues plus dures. À ces effets s’ajoutent souvent des démêlés avec la justice. Pour la Dsme, plusieurs facteurs de vulnérabilité peuvent favoriser ces addictions : une faible estime de soi, une impulsivité marquée, un environnement familial fragile, la consommation de substances par les parents, la négligence éducative ou encore la pression des pairs et l’accès facilité aux produits. La réponse, selon la direction, doit être précoce, globale et surtout adaptée à l’âge et au contexte des jeunes. Elle recommande une approche multidimensionnelle, allant du dépistage à l’accompagnement thérapeutique.
Pour enrayer la progression du phénomène, la Dsme appelle à renforcer la prévention, intégrer la sensibilisation aux addictions dans les programmes scolaires, impliquer davantage les parents et les enseignants, et miser sur les outils numériques, notamment à travers la télémédecine ou des plateformes d’écoute et d’assistance. Mais les défis restent considérables. Pour y faire face, la direction plaide pour une intégration de la santé mentale dans les autres programmes, un accroissement progressif des budgets alloués à cette problématique, une politique active de réduction des risques, et surtout une décentralisation de l’offre de soins en santé mentale.
Cette communication a été livrée à Dakar vendredi dernier, lors d’un atelier organisé avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), en vue de sensibiliser les médias sur ce fléau qui ronge de plus en plus la jeunesse.