APPEL À UNE CULTURE DU DON DE SANG
Malgré une hausse de 4% en 2024, les 136 347 dons de sang collectés au Sénégal restent insuffisants face aux besoins annuels. Saliou Diop, le directeur du CNTS, plaide pour lever les freins socioculturels qui limitent la générosité des Sénégalais

À la veille de la Journée mondiale du donneur de sang, célébrée ce samedi 14 juin, le directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Pr Saliou Diop, a lancé un appel pressant à la population. Lors d'un point de presse tenu hier, vendredi 13 juin, il a insisté sur la nécessité d'« instaurer une véritable culture du don de sang », un geste qu'il qualifie de « vital pour les malades en détresse ».
Cette journée, organisée chaque année à travers le monde, rend hommage aux donneurs volontaires et bénévoles, tout en sensibilisant le grand public à l'importance d'un approvisionnement régulier et sécurisé en sang. Cette date permet de rappeler le rôle essentiel des donneurs anonymes, dont l'engagement contribue à sauver de nombreuses vies humaines a rappelé le Pr Diop, directeur du Centre de Transfusion Sanguine (CNTS). L'Organisation mondiale de la santé, de son côté, qui a publié un communiqué souligne que l'événement vise « à sensibiliser le grand public à l'importance d'un approvisionnement régulier en sang, essentiel pour garantir la qualité, l'innocuité et la disponibilité du sang et des produits sanguins pour les personnes qui en ont besoin ».
Pour l'édition 2025, le Sénégal prévoit de mobiliser fortement les associations de donneurs, avec un objectif ambitieux de 600 à 700 poches collectées lors de cette journée symbolique. « Le sang utilisé pour les traitements médicaux ne peut être fabriqué artificiellement. Il doit obligatoirement provenir de dons effectués par des personnes en bonne santé », a insisté le Pr Diop. Et de préciser : « Ce liquide vital est constamment renouvelé dans l'organisme grâce à un mécanisme physiologique régulé ». Ce sang est régulièrement utilisé chez les patients qui ont des saignements importants, au cours des opérations chirurgicales, au cours de l'accouchement, et dans plusieurs autres situations.
Le Pr Saliou Diop a renseigné hier que le Sénégal dispose actuellement de 38 structures de transfusion dont 26 banques de sang régionales et 3 banques de sang à Dakar, 4 dépôts de sang et 5 postes de transfusion. Les transfusions sanguines sont réalisées dans tous les établissements de soins publics et privés où sont présents des médecins. L'activité transfusionnelle est coordonnée par le Centre national de Transfusion sanguine à travers l'harmonisation des pratiques, la formation des personnels, la supervision et l'organisation de missions de contrôle de qualité des banques de sang régionales.
« Le nombre de dons au Sénégal a été de 136 347 en 2024 avec une légère hausse de 4% par rapport à 2023. Malgré cette augmentation, le nombre de dons de sang ne suffit pas pour satisfaire tous les besoins au Sénégal qui sont estimés à au moins 180 000 dons, soit un gap de 25% » a-t-il fait savoir. Et d'ajouter : « L'insuffisance du nombre de dons de sang au Sénégal s'explique par l'existence de freins socio culturels et économiques mais aussi l'insuffisance des ressources nécessaires aux structures de transfusion sanguine pour assurer une bonne promotion du don de sang (sensibilisation, recrutement, fidélisation) ».
Malgré les obstacles des avancées sont notées. « Sénégal peut se satisfaire d'un bon niveau de la sécurité transfusionnelle puisque les tests de dépistage des agents infectieux sont systématiquement réalisés avant transfusion sanguine, sur tous les dons de sang sur l'ensemble du territoire national » a-t-il déclaré. Et d'attester : « Il y a eu également la construction des Centres régionaux de transfusion sanguine à Kaolack, Louga et Matam, ainsi que celle de postes de transfusion sanguine à Rufisque, Linguère et Richard Toll ». Ces différentes structures viennent renforcer celles déjà existantes dans les hôpitaux des différentes régions du pays.
Les transfusions sanguines sont vitales pour de nombreuses personnes, en particulier les femmes souffrant d'hémorragies liées à la grossesse ou à l'accouchement, ainsi que les enfants atteints d'anémie sévère due au paludisme ou à la malnutrition. Seulement dans l'exécution de cet acte médical, des professionnels de santé se heurtent à un problème de disponibilité de sang servant à le pratiquer. Pour le Pr Diop, la transfusion sanguine est particulièrement vitale pour les personnes qui nécessitent un traitement régulier ou à vie, comme celles atteintes de drépanocytose, de thalassémie, d'hémophilie ou d'immunodéficience. « Elles jouent également un rôle clé en situation d'urgence, en permettant de soigner les victimes de catastrophes naturelles, d'accidents graves ou de conflits armés ».
Le slogan de l'édition 2025 est « Donnez votre sang, donnez de l'espoir : ensemble, nous sauvons des vies ». Selon le Pr Diop, il met l'accent sur l'impact qu'ont les donneurs de sang sur la vie des personnes qui ont besoin de transfusion sanguine. Il célèbre le pouvoir de la solidarité et de l'engagement communautaire à sauver des vies par le simple geste du don de sang.