«A CAUSE DU CORONAVIRUS, NOUS AVONS EU MOINS DE 25% DE POCHES DE SANG PAR RAPPORT A NOS PREVISIONS»
L’épidémie du coronavirus qui sévit actuellement dans le monde a eu d’énormes impacts sur le secteur de la santé, plus particulièrement sur le Centre National de Transfusion Sanguine (Cnts)

L’épidémie du coronavirus qui sévit actuellement dans le monde a eu d’énormes impacts sur le secteur de la santé, plus particulièrement sur le Centre National de Transfusion Sanguine (Cnts). Selon le directeur du Cnts Pr Saliou Diop, il y a un gap de 25% à combler à cause du coronavirus.
En prélude au 10e congrès de la Société Africaine de Transfusion Sanguine (Sats) du 20 au 23 avril, le Centre National de Transfusion Sanguine (Cnts) a animé hier un point de presse pour parler de leur activité et des problèmes liés à la transfusion sanguine au Sénégal.
En effet, les experts ont échangé et partagé les expériences de leurs pays respectifs sur les meilleures stratégies globales d'amélioration de la sécurité transfusionnelle, ainsi que de l'autosuffisance en produits sanguins de qualité en vue de réduire la mortalité maternelle et infantile.
Ainsi, ils sont revenus sur l’impact du coronavirus. De l’avis du Pr Saliou Diop, ils sont dans une politique de prévention d'une transmission. «Nous prenons toutes les mesures pour nous assurer que la transmission ne se fera pas lors de nos campagnes de collecte. Nos équipes font très attention aux sites qui sont confinés. Nous essayons de privilégier les sites bien aérés qui évitent la promiscuité», explique-t-il.
Pour suivre les instructions, indique-t-il, certaines associations sont obligées de reporter pendant que d'autres continuent la collecte comme c'était prévu. Mais le constat, c’est qu’il y a moins de 25%de poches de sang par rapport nos prévisions. Si nous prenons la date du 15 février au 10 mars, nous avons eu moins de 25% par rapport à ce que nous avons prévu», souligne-t-il.
«L’HEMORRAGIE EST LA CAUSE DU DECES DE 25% DES FEMMES LORS DE L’ACCOUCHEMENT»
Selon Pr Saliou Diop, 25% des femmes qui décèdent lors de l'accouchement ont eu des hémorragies. Si les banques de sang sont fournies, souligne le directeur du Cnts, on peut réduire la mortalité maternelle. «Dans le cadre de l'insuffisance rénale, il faut du sang pour faire des hémodialyses. Pour les cancers aussi, la transfusion sanguine est primordiale. On ne peut pas traiter les personnes en chimiothérapie si l’on n’a pas de sang.
Les besoins en sang vont être de plus en plus importants», renseigne-t-il.
La problématique principale déjà abordée dans les principaux congrès et qui certainement va dominer les discussions lors du 10e congrès du Sats, c'est comment faire pour avoir suffisamment de sang. «Dans les pays développés, pour 1 000 habitants, on a plus de 30 dons. Au même moment au Sénégal, nous sommes à 6,5 dons pour 1 000 habitants, c'est très insuffisant. Nous sommes dans des pays où tout le monde n'est pas éduqué et n'a pas accès aux médias. Beaucoup de freins sociaux et économiques font que tout le monde ne participe pas à l'effort du don de sang. C'est un produit qui n'est donné que de façon volontaire», indique Pr Saliou Diop. Pour lui, on ne doit pas attendre que l'urgence soit là pour aller chercher du sang. «Il doit être disponible en permanence», dit-il.
Une idée que partage le président de la commission scientifique du congrès, Pr Tandakha Dièye pour qui il est extrêmement important de pouvoir avoir en permanence du sang qui est bien traité. «On ne peut jamais dire qu'un sang est sûr à 100%. Il faut une bonne sélection du donneur de sang, il faut filtrer au départ. Il faut que les gens s'auto-excluent s'ils ont des pratiques douteuses qui font qu'ils sont des personnes à risque. Il faut que les banques de sang puissent disposer de moyens leur permettant d'identifier ces agents pathogènes», plaide Pr Tandakha Dièye.