LA COLÈRE DES DRÉPANOCYTAIRES
Profitant d'une journée de dépistage gratuit à l'hôpital Dalal Jamm, ils dénoncent leur abandon par l'État et l'absence totale de politique sanitaire dédiée à cette maladie mortelle

L'hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye abrite depuis hier des journées de dépistage gratuit sur la drépanocytose, initiées par la direction de ladite structure sanitaire. Occasion saisie par les personnes atteintes de cette maladie pour dénoncer leur exclusion de la politique sanitaire de l'État.
L'État du Sénégal est dans le collimateur des drépanocytaires. La journée de dépistage gratuit organisée par l'hôpital Dalal Jamm en collaboration avec l'Association sénégalaise de lutte contre la drépanocytose (ASDL) a servi de tribune à ces malades pour crier leur ras-le-bol. Ils se sentent oubliés des politiques sanitaires.
« C'est une situation très alarmante qui malheureusement ne semble pas ébranler l'autorité. Nous, qui vivons avec la maladie et qui sommes dans les associations, nous savons que c'est une maladie préoccupante qui gagne du terrain avec des taux de mortalité assez élevés. Malheureusement, on ne bénéficie d'aucune politique de santé pour nous soulager à travers une prise en charge dans les hôpitaux ou bien dans les différentes consultations », dénonce le président de l'ASDL Maguèye Ndiaye.
Selon lui, cette maladie est mortelle. « Nous vivons avec la maladie, mais que cela soit l'État ou les ONG, on nous ignore. Même pour célébrer une journée mondiale, nous n'avons pas de soutiens. Parfois, on fait du colmatage de gauche à droite. Cela fait plus de 25 ans que nous sommes dans l'association, mais il n'y a jamais eu une réelle prise en charge des drépanocytaires », regrette M. Ndiaye.
« Les statistiques que délivrent les autorités posent problème au regard de l'ampleur de la maladie. Il est temps qu'on ait des statistiques correctes en faisant des recensements exhaustifs. Lorsqu'on nous dit que sur 100 personnes, il y a 08 ou 10 drépanocytaires et que cela ne nous convainc pas, il est grand temps de mesurer l'ampleur de la maladie. Qu'on arrête de jouer avec les drépanocytaires. Quand on quitte Tambacounda pour Dakar juste pour une consultation spécialisée en drépanocytose, c'est parce que tout ce qu'on dit est faux. Un pays en voie de développement doit pouvoir avoir des spécialistes un peu partout. C'est aberrant de voir que tous les malades convergent vers Dakar juste pour une consultation en hématologie ou en drépanocytose. C'est dommage », se désole Maguèye Ndiaye.
Revenant sur la journée, le Directeur général de l'hôpital Dalal Jamm, Moussa Sam Daff, soutient que « c'est la deuxième édition du genre. On organise cette journée de sensibilisation fruit de notre coopération avec l'hôpital de Créteil. Nous sommes en banlieue où parfois des gens quittent ici pour se rendre à Dakar. C'est une manière pour nous de démocratiser nos services avec ce dépistage gratuit. Cela va nous faciliter la prise en charge des enfants au niveau de la pédiatrie et aussi au niveau du service de l'hématologie. C'est donc une valeur ajoutée par rapport au système sanitaire. Vous avez vu la mobilisation des écoles ».
Il promet d'assurer le suivi des patients consultés
Maladie héréditaire qui affecte l'hémoglobine, la drépanocytose peut s'avérer mortelle en cas de négligence avec l'apparition du type SS et nécessite des moyens pour son traitement.