LE SAMES PROPOSE DE REGIONALISER LES POSTES
L’ insuffisance et la gestion des ressources humaines qualifiées demeurent une grande problématique dans le secteur de la santé. Au point que le président Macky Sall a doublé la bourse de spécialisation de 150 à 300 mille francs Cfa.

Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal a organisé, samedi, son 5e Congrès ordinaire. Une occasion pour les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes de se pencher sur la problématique de la gestion des ressources humaines qualifiées dans le pays.
L’ insuffisance et la gestion des ressources humaines qualifiées demeurent une grande problématique dans le secteur de la santé. Au point que le président Macky Sall a doublé la bourse de spécialisation de 150 à 300 mille francs Cfa. Mais même avec cette décision du chef de l’Etat, l’équation reste entière. Car beaucoup de régions du Sénégal sont sans spécialistes. C’est pourquoi les acteurs de la santé veulent prendre à bras le corps cette question. Ainsi, au cours de son 5e Congrès ordinaire organisé samedi sur le thème “Problématique de la gestion des ressources humaines en santé’’, le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a proposé de régionaliser les postes, afin d’avoir des spécialistes dans toutes les régions éloignées. Selon le secrétaire général sortant dudit syndicat, Docteur Boly Diop, au-delà de l’insuffisance des ressources, le pays est d’abord confronté à la problématique de la répartition inégale des spécialistes dans les régions. “Vous prenez certaines spécialités comme la neurochirurgie, elle n’existe qu’à Dakar. Vous allez dans certaines régions éloignées du pays comme Matam, il n’y a pas de pédiatre. A Kédougou, le nombre de spécialistes est insuffisant et pourtant, les ressources humaines sont là, bien formées’’, déplore le médecin. Avant de poursuivre que “si on régionalise les postes, tout sera à la norme. Aujourd’hui, si la région de Sédhiou a besoin de spécialistes, que l’Etat puisse mettre ces postes dans la région. Quelqu’un qui est recruté, il reste à Sédhiou. S’il quitte le poste, il quitte un service minimal. C’est important de proposer des solutions de sortie de crise. Mais il faut aussi que le gouvernement capitalise nos réflexions pour le bien-être de la population’’, précise-t-il.
« Les prochains mois s’annoncent difficiles »
A son avis, l’obstacle se trouve au niveau de la motivation et du maintien des ressources humaines dans ces zones. Ce qui fait que beaucoup de leurs collègues formés vont monnayer ailleurs leur talent, alors que le pays en a besoin. “Il ne faut pas se voiler la face : en termes de formation continue et de développement de capacités, ceux qui sont dans ces régions rencontrent des difficultés. Alors qu’avec les technologies de l’information et de la communication, on devrait dépasser ces étapes. C’est l’occasion pour nous de dire au gouvernement que, si on veut réussir la santé dans ce pays, il faut agir sur les déterminants’’, explique Dr Diop. Actuellement, dit-il, la priorité, c’est la population. “Nous appelons le gouvernement à agir dans ce sens. La problématique des ressources humaines concerne la disponibilité et la répartition équitable des spécialistes dans les régions. Quelqu’un que vous envoyez dans une zone éloignée, s’il n’a pas une motivation discriminatoire, le fait de rester pose problème. L’autre contrainte est qu’on forme plus de médecins spécialistes étrangers que sénégalais. Je n’ai rien contre les pays étrangers, mais il faut d’abord que les facultés du Sénégal forment des médecins sénégalais en priorité. Donc, il faut que le gouvernement fasse le maximum possible pour régler cela’’, lance Dr Boly Diop. Selon le secrétaire général sortant, le syndicalisme, pour eux, n’est pas un champ de bataille, de tension permanente. Bien au contraire, il constitue un espace de dialogue, de concertation où peut jaillir la lumière qui éclaire les esprits et les consciences qui sont à l’origine de la préservation des intérêts matériels et moraux des travailleurs. Mais, souligne-t-il, le médecin n’a pas encore occupé de façon pleine et entière la place qu’il devait dans le système de santé. “La question sur le régime indemnitaire n’est pas encore réglée. Beaucoup de points d’accord ont été trouvés, mais il n’y a pas eu de matérialisation. Le secteur fait face à beaucoup de difficultés. Je vous invite donc au culte de la solidarité, car les prochains mois s’annoncent difficiles, eu égard aux promesses non encore tenues par le gouvernement. Malgré les efforts qui ont été faits, la situation socioéconomique des médecins sénégalais restent en deçà de nos espérances’’, prévient Dr Diop.
Le régime indemnitaire, l’éternelle équation
Pour sa part, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Mody Guiro, lance un appel aux autorités pour le respect des accords signés, afin de stabiliser l’espace social du pays. “Nous avons connu des situations difficiles liées aux revendications sur les systèmes de rémunération. Le secteur de la santé est sensible et vital dans un pays. La question de la gestion des ressources humaines, qui est le thème de ce 5e congrès, est centrale. Elle est liée aux conditions dans lesquelles les ressources sociales sont appelées à exercer leur fonction. Nous pensons qu’il faut une équité, une justice sociale dans le système de rémunération et d’indemnisation’’, plaide M. Guiro. A son avis, il faut trouver des solutions le plus rapidement possible, parce que si le système de rémunération et d’indemnisation des travailleurs de la Fonction publique n’est pas résolu, il sera difficile d’aller vers un espace apaisé qui peut créer les conditions d’épanouissement non seulement des travailleurs, mais aussi pour la population. “Nous avons des déficits en matière de spécialistes dans certaines régions. Or, l’Etat, par rapport au prochain mandat du président qui dit qu’il sera mis en avant les jeunes et les femmes, la question de l’emploi est centrale. Il faudrait, dans la réflexion globale des autorités de la République, qu’on tienne compte qu’il y a des secteurs comme celui des soins qui a des potentiels énormes, non seulement en termes de spécialiste, mais d’avenir par rapport aux découvertes et à la technologie. L’Etat a intérêt à prendre en compte la question de l’équité dans la répartition du potentiel existant et dans leur formation’’.