AFFAIRE DE L’INHUMATION DE LA FEMME GRIOTTE A POUT DAGNE
Le chef de village rompt le silence et dément l’interdiction d’un quelconque enterrement

L’affaire de Pout Dagné consécutive au refus d’une partie de la population qu’une femme griotte soit inhumée dans le village continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Hier, les villageois accusés d’être l’auteur de cette interdiction ont livré leur version des faits. Selon le chef du village, Moustapha Faye, a rompu le silence démentant l’interdiction d’une quelconque inhumation.
Le chef du village de Pout Diagné, Moustapha Faye, a rompu le silence hier suite aux malheureux évènements survenus dans sa locaité qui dépend administrativement de Pout Diack. Il soutient qu’il n’a jamais interdit un quelconque enterrement.
«Ce qui s’est réellement passé, c’est que des gens se sont levés pour créer leur propre cimetière et les villageois se sont opposés à une telle initiative. Et à la suite d’une rencontre des deux parties autour de l’autorité administrative et des autorités religieuses, une solution définitive a été trouvée. Mais, des personnes malintentionnées ont surgi de partout pour mettre de l’huile sur le feu», raconte le chef du village qui a appelé toutes les populations à s’unir davantage et à dépasser ce problème qui, selon lui, ne doit pas se répéter.
A ses yeux, c’est un incident malheureux que tout le monde doit regretter et dépasser. Dans le même sillage, Moustapha Faye a demandé aux deux parties de respecter la décision prise devant les autorités. Son souhait, c’est qu’il y ait un cimetière mixte dans le village et qu’on abandonne les caveaux familiaux. Directeur d’école et porte-parole du village, Abdoulaye Sène trouve qu’il est temps d’éclairer la lanterne des Sénégalais.
Dès le début de cette affaire, dit-il, le sous-Préfet de Notto Diobas, le commandant de la gendarmerie, l’émissaire de Serigne Saliou Touré et les deux parties se sont réunis pour trouver une solution. «C’est après plusieurs échanges qu’une résolution a été prise. Et toutes les parties étaient d’accord pour que la dé- funte soit inhumée dans le seul et unique cimetière qui existe dans le village depuis les années 60. Mais une fois chez elle, la famille de la défunte a changé de position et ses fils ont choisi de l’inhumer à Kissane son village natal. Nous informons l’opinion nationale que cette affaire ne relève nullement d’un différend entre griots et «geer».
Le chef du village et la population de Pout Dagné ne sont jamais opposés à l’enterrement de la dame dans le seul et unique cimetière reconnu de tous, contrairement à ce que certains ont dit. En vérité, ils sont devenus des adeptes de la secte des «Yalla Yalla» et veulent à tout prix aménager un nouveau cimetière dans le site réservé à un lotissement pour l’extension du village. Une décision à laquelle se sont opposés les villageois». Spécialiste en médiation sociale et internationale, Maodo Malick Mbaye, par ailleurs directeur général de l’Agence Nationale de la Maison de l’Outil(Anamo) est également allé à la rencontre des populations pour «jouer la carte de la conciliation et de l’apaisement».
Pour lui, il urge de mener une réflexion rapide et des concertations, afin de mettre en place d’un cimetière municipal dans la zone. Ce cimetière, dit-il, peut être érigé dans une zone mixte où toutes les communautés auront accès, mais il doit être sous l’autorité de l’organe délibérant, en l’occurrence la municipalité de Notto Diobas.
De l’avis de Maodo Malick Mbaye, des situations de ce genre ont des relents traditionnellement très profonds à telle enseigne qu’elles ne peuvent pas être réglées par un coup de bâton magique. «Il ne s’agit donc pas de mobiliser les forces de défense et de sécurité, encore moins de gagner une bataille judiciaire, mais de calmer les gens, en allant puiser dans nos ressources endogènes dont les ressources confrériques», affirme le Dg de l’Anamo qui a insisté sur le rôle que pourrait jouer le khalif général des mourides Serigne Mountakha Bassirou Mbacké dans cette affaire.