VIDEOAZOURA EN GARDE À VUE
L'avocat Bamba Cissé s'insurge contre cette procédure qu'il juge déloyale, rappelant les graves séquelles physiques et psychologiques que son client conserve de sa précédente incarcération sous le régime de ceux qui l'accusent désormais d'injures

L'activiste Azoura vient d'être placé en garde à vue suite à des propos tenus contre l'ancien président Macky Sall, a annoncé son avocat, Me Bamba Cissé, lors d'une conférence de presse ce lundi soir.
Selon Me Cissé, son client est poursuivi pour "diffusion de discours contraires aux bonnes mœurs", une qualification juridique qui soulève des questions. L'avocat dénonce un changement de qualification en cours d'enquête, les autorités ayant initialement visé des "faits d'injure publique" avant de se rendre compte que cette infraction nécessitait une plainte de la partie lésée.
"L'infraction pour laquelle il a été poursuivi aujourd'hui est une simple infraction de substitution, ce qui accroît davantage l'injustice que vit Azoura", a déclaré Me Cissé, ajoutant que son client n'a pas lui-même publié les vidéos incriminées.
Ce placement en garde à vue prend une tournure particulière au regard du passé d'Azoura. Ce dernier avait déjà été détenu pendant environ 14 mois sous le régime de Macky Sall dans des conditions que son avocat qualifie d'inhumaines. "Il était avec près de 199 détenus dans une chambre de quelques mètres carrés. Pendant six mois, il ne pouvait pas dormir, il restait debout", a expliqué Me Cissé.
Cette incarcération aurait provoqué chez Azoura de graves problèmes de santé, notamment pulmonaires, ainsi que des séquelles psychologiques et psychiatriques durables. À sa sortie de prison, il a dû se déplacer avec des béquilles pendant une longue période.
"De plus en plus, on est en train de nous interroger sur les conséquences d'un acte sans parler des causes", a regretté Me Cissé, rappelant qu'Azoura "a été victime d'un système violent qui a régné au Sénégal" et que sa situation actuelle relève d'une "ironie du sort" pour un "révolutionnaire qui s'est battu pour faire échec à la tyrannie".
L'activiste sera présenté au procureur de la République ce mardi. Trois scénarios sont envisageables selon son conseil : un classement sans suite, l'ouverture d'une instruction judiciaire, ou une procédure de flagrant délit. Me Cissé et le collectif d'avocats qui l'accompagne estiment que toutes ces procédures sont "inopportunes" compte tenu du contexte.
Azoura aurait également déposé des plaintes contre la personne qu'il estime responsable de la publication des vidéos controversées.