VIDEOAZOURA FALL DANS LES MAILLES DE LA CYBERSÉCURITÉ
Après plusieurs jours de traque suite à des vidéos jugées offensantes envers l'ex-président Macky Sall, le militant de Pastef a finalement été interpellé. Son avocat alerte désormais sur son état de santé mentale et physique "gravement détérioré"

(SenePlus) - Une affaire qui semblait banale prend désormais une dimension nationale. Azoura Fall, militant de Pastef, a été interpellé par la division de cybersécurité pour des propos jugés "contraires aux bonnes mœurs". Cette interpellation intervient après plusieurs jours de traque intense. Croulant sous le poids de nombreuses plaintes suite à une vidéo virale dans laquelle il aurait insulté l'ex-président Macky Sall, Azoura Fall semblait avoir pris la tangente pour échapper à une convocation judiciaire.
Une véritable chasse à l'homme avait été lancée contre lui, allant jusqu'au lancement d'un avis de recherche par message radio. Des éléments de la Brigade de recherches de Kaolack avaient même effectué une descente à Paoskoto, chez un proche présumé du fugitif, sans succès. Les autorités avaient poussé la démarche jusqu'à transmettre une opposition de sortie du territoire à la Direction de la police de l'air et des frontières (Dpaf).
Me Abdoulaye Tall, qui a assisté Azoura lors de son audition, a partagé des informations importantes à la sortie des locaux de la cybersécurité ce lundi 12 mai 2025. L'avocat a particulièrement insisté sur l'état de santé alarmant de son client.
"Azoura est gravement malade", a déclaré Me Tall. L'ancien détenu souffrirait de multiples problèmes de santé, notamment des troubles d'articulation, ainsi que des complications au foie et aux poumons. Ces problèmes seraient directement liés à sa précédente détention carcérale qui aurait "détérioré sa santé au point qu'il ne jouit pas de toutes ses facultés, aussi bien mentales que physiques".
Cette préoccupation concernant l'état mental d'Azoura Fall est partagée par d'autres personnalités. Waly Diouf Bodian, responsable de Pastef, a pris sa défense en assurant qu'il ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales. "Azoura est une victime parfaite du régime de Macky Sall. C'est en prison que j'ai constaté qu'il n'était plus le même. Il y a été incarcéré dans des conditions particulières qui ont profondément affecté son état moral", a-t-il déclaré. Selon lui, Azoura "a besoin d'aide psychologique, pas d'une traque judiciaire dénuée de sens".
L'affaire a également suscité la réaction de Seydi Gassama, Directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal, qui a exprimé sa vive préoccupation dans un tweet publié ce dimanche 11 mai. Il y dénonce les méthodes utilisées par l'État pour traquer des personnes poursuivies pour des délits d'opinion. "Organiser une battue et aller jusqu'à émettre une interdiction de sortie du territoire national pour retrouver une personne poursuivie pour le délit de diffamation, d'injures publiques ou de diffusion de fausses nouvelles est assez troublant pour un État démocratique", a-t-il écrit sur X.
L'avocat d'Azoura a tenu à rappeler que son client bénéficie toujours de la présomption d'innocence. "Pour le moment, ils ne sont pas encore en position de garde à vue. On est à l'étape des auditions", a précisé Me Tall, ajoutant que les enquêteurs devront rendre compte à leur hiérarchie pour déterminer les suites à donner à cette affaire.
Face à cette situation, l'avocat lance un véritable "cri du cœur" pour attirer l'attention des autorités judiciaires sur le cas particulier d'Azoura, demandant qu'une considération spéciale soit accordée à son état de santé préoccupant.
Sur le plan juridique, Me Tall a également évoqué la question de la responsabilité dans la diffusion de propos potentiellement préjudiciables, tandis que Seydi Gassama appelle à "la dépénalisation de ces infractions" et demande que "la liberté d'expression soit mieux protégée au Sénégal", plaidant pour "la suppression des peines de prison dans les cas de diffamation, d'injures publiques ou de diffusion de fausses nouvelles".