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8 août 2025
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DANS L’ENFER DES DEPLACES DE DIOGO

Ils gagnaient des millions, grâce à l’agriculture et à l’élevage. Aujourd’hui, ils peinent à joindre les deux bouts, dans leur nouveau site de recasement. Dans quelques années, ils craignent le pire.

Mor AMARA  |   Publication 01/04/2019

“Nous ne connaissons que la terre. Rien ne peut donc remplacer les champs qu’ils nous ont pris. Non seulement cela nous permettait de gagner notre vie, mais une fois qu’on n’est plus de ce monde, c’est la seule richesse qu’on pouvait espérer laisser à notre descendance’’.

Tel est le cri du cœur du vieux Mansour Dia, trouvé dans sa maison à Medina, entouré de ses épouses et de ses enfants. Situé à quelques kilomètres du centre de Diogo, Medina est le premier village de recasement construit par la Grande côte opération. En tout, ils sont 35 familles déplacées, regroupées dans 7 hameaux, toutes expropriées de leurs terres, sans leur consentement. Pour se rendre à Medina, il faut passer au cœur même de l’exploitation minière. Un chemin long et périlleux, en plus d’être étroit, non éclairé et en partie non bitumé. Un “rang-rang’’ (voie cahoteuse), comme l’appellent les habitants. Quelques instants seulement avant notre passage, un motocycliste venait d’y perdre la vie. Ouvrier dans l’entreprise, cet homme de teint noir fulmine : “Ce tronçon est impraticable. Nous demandons le bitumage de cette voie depuis longtemps. C’est la moindre des choses, vu toute cette manne qu’ils amassent chaque année.’’ Le défunt se rendait au champ, à bord de sa moto de type Jakarta. Sur une fausse manœuvre, il est tombé et a perdu la vie, laissant derrière lui épouse et enfants.

A en croire notre interlocuteur, c’est surtout à cause de l’état de la route. Vingt heures passées de quelques minutes. A Medina, c’est le calme plat. Les rues sont désertes. L’éclairage public, presque inexistant. De même que dans certaines concessions, comme celle de Mansour. A près de 70 ans, le vieux Djibril Ba, lui, voit sa situation se détériorer, jour après jour. Lui, le grand cultivateur et éleveur nanti, est aujourd’hui condamné au moindre effort, à cause d’une méchante maladie dont il ignore l’origine. “Ce que je puis assurer, témoigne-t-il de sa voix affaiblie, c’est que je n’en souffrais pas auparavant. Mais je ne peux pas dire que c’est du fait de l’exploitation’’. Quelquefois, quand le mal le gagne, c’est une peur bleue dans la famille. Il a du mal à respirer, même à se coucher. Toute la nuit, il reste éveillé, assis à même le sol, selon sa jeune fille Awa. Et dans les parages, même pas de case de santé fonctionnelle pour voler à son secours. Un jour, rapporte Awa, le patriarche avait mal, très mal, particulièrement au dos et à la poitrine. Sa petite famille, inquiète le lendemain, s’était ruée vers les voisins pour trouver les ressources nécessaires pour son évacuation à l’hôpital, à Thiès. “Nous ne savions quoi faire. Nous n’avions pas d’argent pour le transporter. On avait même organisé une quête au niveau de la mosquée pour lui venir en aide’’, se remémore Awa Ba, la vingtaine, mariée et déjà quelques bouts de bois de Dieu. Telle est leur nouvelle vie sur ces terres de Medina où ils ont été installés de force. Pourtant, naguère, le sexagénaire était un cultivateur prospère avec 4 grands champs. Son épouse, Sala Ba, avait aussi son propre lopin de terre qu’elle cultivait et d’où elle tirait l’essentiel de ses revenus.

De même que leur beau-fils, le mari d’Awa. Ainsi, dans la famille Ba, tout le monde allait au champ. Tout le monde était actif. C’était à Mbettete, un village de Diogo, dans la commune de Darou Khoudoss. Aujourd’hui, dans ce village, le décor a complétement changé. Les forêts denses ont cédé la place à un grand désert. Les champs de légumes et les habitations traditionnelles remplacés par la pollution et les installations de la Gco. Une véritable machine à milliards qui ne cesse de semer tristesse et désolation. Après Mbettete, ce fut au tour de Foot, encore appelé Keur Gou Mack, d’être rasé. Le motif est le même. Sous leurs maisons, est enfoui un véritable trésor. Sur une piste en latérite nouvellement érigée par Gco, les habitants de Foot vont passer pour rejoindre le site de recasement. Ibrahima Ba est le chef de village. Contre mauvaise fortune, il tente de faire bon cœur. Il dit avec beaucoup de stoïcité : “Il faut juste penser aux grands hommes qui ont pour la plupart eu à déménager avant d’avoir ce qu’ils voulaient. Cheikh Ahmadou Bamba n’a-t-il pas quitté un lieu pour un autre ? Idem pour El Hadj Malick, Baye Niasse…

Même le Prophète avait quitté La Mecque pour Médina, dans le cadre de sa mission.’’ Le patriarche salue les efforts qui ont été faits et demande que toutes les promesses, quant à leur accompagnement, soient respectées. En effet, explique M. Ba, étant donné que les indemnisations ont été données, il y a plusieurs mois, certains impactés, n’ayant plus de sources de revenus, ont consommé toutes leurs ressources. “Il leur faudra, non seulement des terres, mais aussi des financements pour reprendre leur vie’’, plaide le chef de village. Assis sur une natte, sous la véranda, il ajoute : “Il faut reconnaitre que nos nouvelles maisons, comme la mosquée, sont très belles. Nous les remercions. Mais il faut savoir que “keur gou rafette sans teranga amoul ndiarigne’’ (une belle maison sans source de revenus ne sert pas à grand-chose)’’.

A quelques centaines de mètres, derrière les dunes de sable, se trouve la barge chargée d’extraire le sable. C’est la nouvelle terreur à Diogo. Pour l’heure, aucun des villages environnants ne semble épargné. Telle une machine folle, le bateau se pointera partout dans cette zone, allant de 50 km au nord de Dakar jusqu’aux environs de Saint-Louis. Certaines sources estiment que ce n’est pas moins de 4,5 km de large pour 107 km de longueur. Pendant ce temps, les premiers déplacés, eux, tentent difficilement de trouver leurs repères dans leur nouveau village. Ce qui est loin d’être évident. Comme Djibril, ils sont nombreux à souffrir dans leur chair, dans leurs nouvelles habitations qui, pourtant en apparence, présentent des allures beaucoup plus modernes. Si dans leur ancien terroir, la plupart vivaient dans des maisons en paille et des cases, aujourd’hui, ils sont dans de jolies maisons en dur, construites par Gco. Certaines avec deux chambres, salon, cuisine et des toilettes ; d’autres de plus grand standing. Aussi, l’entreprise a réalisé sur place une école, avec toutes les commodités, un marché ainsi qu’un poste de santé depuis 2017. Mais ce dernier n’est toujours pas ouvert, faute d’infirmier, au grand dam des résidents.

Populations fauchées et déçues

Malgré ces efforts, les déplacés sont loin d’être satisfaits. Ils se disent totalement fauchés et déçus par Gco, à l’instar de Pa Djiby. “En nous faisant venir ici, on nous avait promis monts et merveilles. Mais, à l’arrivée, on se rend compte que c’est du grand bluff’’. Ainsi, à Medina, l’amertume semble être le sentiment le mieux partagé. Partout, c’est la grogne. Mais le mal est encore beaucoup plus profond chez la gent féminine, exclue jusque-là des nouvelles affectations de terres cultivables. Diary Ba, la soixantaine, est complètement anéantie. Née à Mbettete, elle a grandi dans ce village et était héritière d’un vaste champ. Elle n’avait rien à envier aux hommes de son village. D’un air presque désespéré, elle confie : “Moi, j’ai toujours vécu à la sueur de mon front. Par mon travail, je subvenais aussi bien à mes besoins qu’à ceux de mes enfants et de la famille. Je cultivais toutes sortes de légumes : oignon, carotte, persil… J’avais aussi du citron qui me rapportait presque deux sacs, chaque semaine. Par campagne, je pouvais avoir jusqu’à 2 millions de francs Cfa ou même plus…’’ Diary était aussi éleveuse. Elle avait 20 chèvres, 10 bœufs et 2 veaux… “J’avais aussi un poulailler où il y avait au minimum 100 poulets. Je me rappelle tous ces poulets. Ils étaient tous blancs, comme pour symboliser la paix’’, ajoute-t-elle, l’air très nostalgique. Aujourd’hui, Diary a tout perdu. Les femmes, confie-telle, ont été injustement exclues des procédures d’octroi de nouvelles terres. En plus, fait-elle savoir, ses bêtes ont péri, faute d’un endroit adéquat. Elle explique : “Là-bas (Mbettette), il y avait de l’espace. Tôt le matin, on libérait les animaux pour qu’ils aillent paitre. Ce n’est pas possible ici, car il n’y a pas d’espace. En plus, nous sommes enfermés. D’ailleurs, nous ne cessons de demander aux responsables de nous trouver des voies de passage pour les animaux.’’ “C’est injuste’’, renchérit pour sa part Salla Ba, avant de souligner : “Nous aussi avions nos terres et ne dépendions de personne. Bien au contraire. De la même manière qu’on a donné des terres aux hommes, nous aussi devrions avoir nos propres champs.

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