DES PELERINS RECLAMENT LA DECENTRALISATION DE LA PROCEDURE
Au hangar des pèlerins, situé à l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor de Yoff, l’affluence est forte. Le site est pris d’assaut par les futurs pèlerins aux lieux saints de l’Islam, venus de différents coins du pays.

Au hangar des pèlerins, situé à l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor de Yoff, l’affluence est forte. Le site est pris d’assaut par les futurs pèlerins aux lieux saints de l’Islam, venus de différents coins du pays. Une situation que certains postulants déplorent. Pour ces derniers, l’Etat du Sénégal doit décentraliser la plateforme d’enrôlement, pour alléger les difficultés des candidats au pèlerinage à La Mecque. Pour cette première édition du «Hajj» post Covid19, le Sénégal est crédité d’un quota de 12.860 pèlerins, soit 7000 pèlerins de plus que lors du dernier pèlerinage. Parmi ces «oujaj», 1860 seront convoyés par la Délégation générale au pèlerinage (DGP) et les 11.000 restants par les voyagistes privés.
C’est parti pour les formalités d’enrôlement des candidats au pèlerinage aux lieux saints de l’Islam, édition 2023 ou 1444 Hégire. Depuis le mardi 11 avril 2023, date de démarrage des activités à la plateforme unique mise en place par le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, via la Délégation général au pèlerinage aux lieux saints de l’Islam (DGP), pour toutes les démarches médicales et administratives des futurs pèlerins, située à l’ancien aéroport Léopold Senghor de Yoff, le hangar des pèlerins de Dakar ne désemplit pas. Les désagréments liés à cette forte affluence sont déplorés par des postulants venus, pour la plupart, des coins les plus reculés du pays.
En cette journée ensoleillée du vendredi 13 mai 2023, le lieu est envahi par des centaines de candidats au «Hajj». «Je suis venue à 10 heures et on m’a dit que la liste d’aujourd’hui est déjà clôturée. Je suis obligée de rentrer pour revenir un autre jour», lance Ndèye Sokhna. Cette dernière, originaire de Louga, va rentrer à Keur Massar, sans faire sa visite médicale ; mais elle ne sera pas la seule.
Ali Diallo, venu de Ourossogui, lui aussi va devoir rentrer à Yeumbeul, sans entamer les démarches de son voyage à La Mecque. Pour cause, il est arrivé en retard et la liste de 300 personnes prévues, chaque jour ouvrable, est déjà close. «Je risque de passer plus de temps à Dakar que ce que j’avais prévu. Les autorités doivent faire en sorte que chaque région dispose au moins d’un site pour les démarches, afin de nous éviter ce parcours du combattant», déclare l’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, qui dit prendre ces «souffrances» avec beaucoup de philosophie. Car, considère-t-il, faire le «Hajj», un des cinq piliers de l’Islam, vaut la peine.
A la différence des «retardataires» qui se lamentent de leur situation, Abdoulaye Ndiaye, lui, a déjà fait sa vite médicale. Le résident de Yoff est satisfait de l’organisation. «J’apprécie la bonne organisation que j’ai trouvée ici. Il y a certes des personnes qui rencontreront plus de difficultés que d’autres, mais c’est normal avec le nombre», souligne-t-il.
POURQUOI LE GRAND RUSH A DAKAR
En effet, il est possible pour les candidats d’effectuer certaines formalités, notamment la visite médicale pour l’aptitude, à l’intérieur du pays mais uniquement au niveau des hôpitaux régionaux où se trouvent des médecins dédiés. Toutefois, pour d’autres formalités du processus d’enrôlement, il faut impérativement faire le déplacement vers Dakar. C’est le cas pour certains vaccins «obligatoires» pour tout pèlerin désireux de fouler le sol de l’Arabie Saoudite.
Aussi il y a le fait que l’Etat s’est inscrit dans une logique de «privatisation» du «Hajj», avec la DGP dont le rôle se résumera à l’organisation, l’encadrement et l’accompagnent de tout le processus, entre autres. Ainsi, le quota de la DGP étant très réduit (1860 pèlerins), il faut être parmi les premiers inscrits pour espérer en faire partie et voyager avec la délégation officielle. Ce qui explique, en partie, la grande affluence au hangar des pèlerins de Dakar.
AU MOINS 3 MILLIONS 950 MILLE FCFA POUR EFFECTUER LE PELERINAGE, EN 2023
Les candidats au pèlerinage auront jusqu’au 17 mai 2023, pour faire toutes leurs démarches au niveau du guichet unique situé au hangar des pèlerins, à l’aéroport militaire de Yoff. Et, si certains se plaignent des difficultés liées au nombre pléthorique au niveau de la plateforme, d’autres sont prêts à surmonter tous les obstacles de la procédure pour faire partie des 12.860 Sénégalais qui effectueront le «Hajj» cette année.
Après trois années de restrictions liées à la pandémie mondiale, pour ce premier pèlerinage à La Mecque post Covid-19, le Sénégal retrouve son quota habituel mais amélioré. La restriction concernant l’âge maximum de 65 ans ayant été supprimée, au total ils seront 12.860 pèlerins à effectuer le voyage aux lieux saints de l’Islam au Royaume d’Arabie Saoudite, dont les 11.000 seront convoyés par les voyagistes privés et 1860 par la Délégation générale au pèlerinage. Soit 7000 pèlerins de plus que lors du dernier pèlerinage, en 2022. Pour prétendre convoyer des pèlerins et devenir voyagiste, il faut remplir les conditions du cahier de charges de la Délégation générale au pèlerinage aux lieux saint de l’Islam. Un nombre précis de pèlerins est attribué à chaque voyagiste, parmi la vingtaine agréée, après étude de leurs dossiers, par la DGP. Ce sont ces derniers qui se chargeront, selon le package vendu, de convoyer, loger et prendre en charge les 11.000 autres pèlerins du quota du Sénégal durant tour leur séjour en terre saoudienne. Et cette année, au sein de la DGP, l’Etat a fixé le prix du «Hajj» à 3 millions 950 mille FCFA, pour chaque pèlerin ; ce package peut être revu à la hausse et dépasser les 4 millions chez les voyagistes privés.
ABDOU AZIZ MBAYE, CHARGE DE COMMUNICATION DE LA DGP : «Nous sommes dans une situation maitrisée et acceptable»
Pour le chargé de la Communication de la Direction générale au pèlerinage aux lieux saints de l’Islam (DGP), Abdou Aziz Mbaye, les formalités pour l’enrôlement se déroulent bien. Pour lui, c’est aux pèlerins de s’adapter à l’organisation mise en place. «Le problème, c’est le manque de discipline de certains. Quand on leur dit, par exemple, qu’on doit prendre 200 personnes (par jour, ndlr), c’est 400 qui arrivent. Et quand on prend les 200, par ordre d’arrivée, avec une présence physique, ils trouvent toujours à redire sur le procédé», déclare Abdoul Aziz Mbaye. Avant de continuer : «Nous avons une organisation huilée, à laquelle doivent s’adapter les futurs pèlerins. Mais, souvent, c’est le beau vouloir qui les guide. Et, à chaque fois, c’est des récriminations. Ce que je peux vous dire, c’est que la situation est maitrisée et acceptable». Pour le porte-parole de la DPG, ce qui est important, c’est de respecter strictement les instructions de la Délégation générale et ne pas aller au-delà du quota du Sénégal qui est de 12.860 pèlerins cette année, dont 11.000 seront transportés par les voyagistes privés et 1860 par la délégation.
SERVICES SANITAIRES : AUCUNE DIFFICULTE MAJEURE N’EST NOTEE
Au niveau du service sanitaire, aucune difficulté majeure n’est notée. «Pour l’instant, on n’a pas de difficultés, tout se passe bien», explique le Major Pape Abdoulaye Ndiaye du Service national de l’Hygiène. Ce dernier de continuer : «Nous prenons au minimum 300 personnes, par jour, qui seront enregistrées par le ministère des Affaires étrangères, pour venir aux Services de l’Hygiène, faire l’enregistrement et obtenir la carte verte qui leur permettra de faire la visite médicale au niveau des médecins. Après cette dernière, elles vont revenir au niveau des services de l’Hygiène, présenter cette carte d’aptitude pour être vaccinées contre la fièvre jaune et la méningite. Après cette étape, il ne restera aux futurs pèlerins que la dernière phase qui consiste à un versement à la banque, pour connaître ensuite leur date de départ.»