«JE N’ACCEPTE PAS QUE SALIF SADIO PUISSE S’EXPRIMER COMME IL VEUT EN PARLANT D’INDÉPENDANCE»
Invité de l’émission Jury du dimanche (Jdd), sur «iRadio», le Général Mamadou Mansour Seck est revenu sur la tension sécuritaire et politique dans la région ouest africaine

Invité de l’émission Jury du dimanche (Jdd), sur «iRadio», le Général Mamadou Mansour Seck est revenu sur la tension sécuritaire et politique dans la région ouest africaine. L’ancien chef d’État-Major général des armées (Cemga) n’est pas également resté insensible à la situation des militaires sénégalais pris en otage par le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) et à la sortie de Salif Sadio en ce sens. Selon lui, il est inacceptable que ce dernier s’exprime sur le territoire sénégalais en parlant d’indépendance.
Une vidéo montrant les sept militaires capturés, le 24 janvier dernier, par la branche du Mfdc commandée par Salif Sadio, circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Elle montre le chef rebelle s’adressant à une certaine presse sur la situation des militaires détenus par son groupe. Comme à chaque occasion, il en a profité pour revendiquer l’indépendance de la Casamance. Invité de l’émission JDD sur «iRadio», le Général Mamadou Mansour Seck a jugé cette sortie inacceptable. L’ancien Cemga soutient que le fait qu’il puisse s’exprimer à l’intérieur du territoire sénégalais en parlant d’indépendance veut dire qu’il y a eu tolérance. «Et tout le monde ne l’accepte pas. Et j’en fais partie. Je n’accepte pas qu’il puisse s’exprimer comme il veut sur le territoire sénégalais. Je préfère ne pas écouter les conditions posées par Salif Sadio», a déclaré le Général Seck.
«LA SOUVERAINETE NATIONALE N’EST PAS NEGOCIABLE»
Revenant sur les accrochages en Casamance, l’ancien Cemga a été très avare en paroles. Parce que tout simplement, dit-il, c’est une affaire qui est en cours et qu’il y a des vies humaines en jeu. «J’ai une confiance complète en nos troupes. Maintenant, il faudrait dire que la Casamance est dans une situation de ni guerre, ni paix. Dans le Mfdc, on a l’impression qu’il y a des gens qui veulent la paix et d’autres non », a-t-il laissé entendre. Non sans marteler que la souveraineté nationale n’est pas négociable et que l’opération de ratissage, de pacification, effectuée il y a quelques mois, a donné des résultats avec des villageois qui sont revenus dans leur localité. Le général Mamadou Mansour Seck pense dans la foulée que le Mfdc doit enlever les mines placées dans ces zones pour montrer sa bonne volonté et permettre aux paysans autochtones d’aller aux champs.
Toujours, selon lui, les Casamançais eux-mêmes doivent montrer que cette paix-là, c’est d’abord pour leur bien. «Le Sénégal a montré son besoin de développement de toutes les régions y compris la Casamance. Et le président actuel l’a montré plusieurs fois », a-t-il souligné. Avant de soutenir que le préalable pour la paix, ce n’est pas seulement les fusils, c’est dans la mentalité. «On doit leur faire comprendre qu’ils ont besoin de cette paix pour aller de l’avant », a-t-il indiqué. Par ailleurs, monsieur Seck estime que le problème de la frontière avec la Gambie est à prendre en compte. Non sans assurer que la mission de la Cedeao et l’amitié entre Adama Barrow et Macky Sall peut amener à trouver une solution définitive. Pour autant, il est catégorique parlant du trafic de bois en dénonçant les gens qui s’enrichissent sur ce trafic pendant que l’environnement est détruit. «La verte Casamance est en train de disparaître. Il faut fermer la porte aux Chinois et aux Indiens. Du point de vue diplomatique, il y a quelque chose à faire », a-t-il affirmé. Une autre question à prendre en compte pour la résolution de ce conflit, c’est la circulation des armes. «Toutes nos frontières sont poreuses. La GuinéeBissau par exemple est une passoire, un pays de transit », at-il pointé du doigt en appelant les autorités à prendre en compte cet aspect pour résoudre le conflit en Casamance.
«LES MILITAIRES ONT ETE FORMES POUR FAIRE DES COMBATS ET NON POUR FAIRE DE LA POLITIQUE»
Sur un tout autre registre et concernant la résurgence des coups d’État dans la région, le Général Mamadou Mansour Seck a rappelé qu’on est en train d’assister à la même situation qu’il y a 20 voire 30 ans. Il pense ainsi que la Cedeao a bien fait d’avoir une convention que seize pays de la sous-région ont acceptée. «Et le principe général numéro 1 est que les pays soient dirigés par des gens élus. Ce qu’on appelle l’ordre constitutionnel », a affirmé l’ancien Cemga. Ainsi, il estime que tout autre système de gouvernance devrait être banni, confortant les sanctions de la Cedeao vis-à-vis des coups d’Etat.
Pour le Général Seck, les militaires ont été formés pour faire des combats et non pour faire de la politique. «Ils doivent rester dans les casernes. C’est la règle », a-t-il renchéri. Quoi qu’il en soit, précise-t-il, les coups d’Etat militaires sont à bannir et ceux qui gouvernent doivent être des gens élus par le peuple. «Les militaires sont des citoyens comme tout le monde mais ils ont choisi au départ une voie particulière avec des rails et des règles. On ne peut pas mélanger les militaires avec le reste. Au Sénégal, nous avons une armée républicaine qui ne se mêle pas de la chose politique», a-t-il conclu à ce propos.