LA CAUSE DU PEUPLE
Le remuant Guy Marius Sagna lui fait ombrage depuis leur marche du 29 novembre vers la présidence - Mais Babacar Diop est tout sauf un néophyte de l’activisme. Dans l’océan du militantisme depuis le lycée, il a comme leitmotiv la défense des sans-voix

Le très remuant Guy Marius Sagna lui a fait ombrage et à juste titre en atteignant de manière retentissante les grilles du Palais de la République le 29 novembre lors de la fameuse marche non autorisée contre la hausse du prix de l’électricité. Mais Dr Babacar Diop est tout sauf un néophyte de l’activisme. Nageant dans l’océan du militantisme depuis le lycée, il a comme leitmotiv la défense des sans-voix. Cela est devenu «une fatalité» chez lui comme il aime le répéter.
«Dans mon engagement politique, j’ai un camp, c’est clair. Mon camp, ce sont les gens ordi- naires, les pauvres, les invisibles, les sans-voix, ceux-là qui n’ont jamais pris la parole, ceux-là qui n’ont jamais été compris et qui souffrent». Ces propos tenus lors d’une émission organisée par le site «xalima.com» résument tout le sens du combat de l’enseignant en philosophie Babacar Diop. En effet, ce natif de la région de Thiès pense certainement, comme l’écrivain David Diop, qu’il est des cas où celui qui se prétend intellectuel ne doit plus se contenter de vœux pieux et de déclarations d’intention. Il doit plutôt donner à ses écrits un prolongement concret. Intellectuel, oui parce que Babacar Diop est d’abord un bel esprit, un dialecticien rompu à la tâche. Il est un féru de philosophie, discipline qu’il a apprise à aimer et à chérir grâce à celui qu’il considère comme son éclaireur, le profes- seur Sémou Pathé Guèye. Toutefois, chez cet homme de gauche convaincu, l’engagement et le militantisme précèdent son amour pour Socrate, Platon ou encore le Pr Djbril Samb. Chez lui, la politique relève plus d’une vocation. C’est une fatalité qui le poursuit depuis l’enfance. C’est au lycée Malik Sy de Thiès, en tant que délégué des élèves, qu’il commence à prendre fait et cause pour ses camarades et à taquiner l’activisme en défiant à l’époque un homme aussi puissant que le directeur de la Société Nationale des Chemins de Fer du Sénégal (Sncs) Mbaye Diouf.
Dirigeant de grève incorruptible dans un contexte de pré-alternance, l’ancien président du foyer du lycée Malick Sy a eu maille, maintes fois, à partir avec les forces de l’ordre comme en attestent ses cicatrices, séquelles des violences qu’elles ont exercées sur lui pendant les grèves à Thiès. Au lendemain de la première alternance politique, il rejoint le Parti Socialiste (Ps) qui venait ainsi de perdre le pouvoir en 2000. Il devient le coordina- teur du mouvement Jeunesse pour la Démocratie et le Socia- lisme (JDS). L’ancien président de l’amicale des étudiants de la faculté de Lettres de l’Ucad accompagne pendant plusieurs années feu Ousmane Tanor Dieng, dans sa quête de redonner au PS ses lettres de noblesse. L’idylle s’arrête en 2017. Pour expliquer les motifs du divorce, Babacar Diop soutiendra que le Ps n’incarne plus l’avenir avant d’accuser la direction du parti d’avoir brisé l’élan qui avait suscité tant d’espoir auprès de nombreux jeunes. «On ne parle plus de projet politique, de socialisme ni de gauche ou d’avenir. Tout tourne autour de postes, de places, de positions et de privilèges», ajoutera le jeune philosophe.
Mais ces circonstances, loin d’émousser son dynamisme politique, conduisent Dr Bacacar Diop à mettre sur les fonts baptismaux un nouveau mouvement dénommé Forces Démocratiques Sénégalaises (FDS). Il prend langue avec le président de Rewmi, Idrissa Seck, sur son programme pour le soutenir durant l’élection présidentielle de février 2019. Passé ce cap, Dr Bacacar Diop a continué à prendre part à tous les combats menés pour la sauvegarde des ressources pétrolières en adhérant à la plateforme «Aar Li niou Bokk». A 37 ans, l’auteur du livre : «Le feu sacré de la liberté, Mon combat pour la jeunesse africaine», pense que le passage du cercle vicieux à un cercle vertueux concernant la politique au Sénégal est une tendance lourde et une demande de plus en plus pressante de la jeunesse. Et son acte du 29 novembre n’est qu’une suite logique de son rêve de voir la politique changer de paradigme, et aussi de ce qu’il avait écrit sur ses cahiers dès ses premiers jours à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) : «Etudier et militer».