LA CONFRERIE TIDIANE SE SOUVIENT ENCORE
62 ans après la disparition du premier Khalife de Seydi El Hadji Malick Sy, la communauté Tidiane du Sénégal se souvient encore de Khalifa.

Porté à la tête de la confrérie à la disparition de son vénéré père, Seydi El Hadj Malick Sy, Serigne Babacar Sy, surnommé affectueusement Mbaye Sy, a dirigé la « khadra » jusqu’en en 1957, année où il tiré sa révérence.
Le lundi 25 Mars 1957, Serigne Babacar Sy quittait ce bas monde plongeant toute une communauté Tidiane dans la tristesse. Le 25 Mars est donc une date historique, une date de souvenir, de prières et de célébration du retrait de la vie terrestre de celui qui sut, en virtuose de la Sainteté et de la Béatitude, porter au loin la voie de Seydi Hadji Malick Sy et la voix de Tivaouane. Mythe et Mystique, Seydi Khalifa Ababacar Sy est son nom. 62 ans après la disparition du premier Khalife de Seydi El Hadji Malick Sy, celui qui demeure le cœur des jeunes qui ne l’ont pourtant pas connu de son vivant, est toujours aussi présent dans le quotidien des talibés. Il a maintenu dignement le flambeau de son vénéré père durant 35 années. Serigne Ababacar Sy, l’homme au bonnet carré a su assumer son rôle de Khalife à la tête de la Tarikha Tidiane à Tivaouane. Toutes les craintes nées de la disparition d’El Hadj Malick Sy se sont estompées dès ses premières années à la tête de la confrérie. Déjà, sous le magistère de son vénéré père, il maîtrisait déjà le Coran, les hadiths et ainsi que la Sunnah du prophète (Traditions prophétiques).
Né à Saint-Louis en 1885, Serigne Babacar Sy, appelé affectueusement Mbaye Sy par ses intimes et ses talibés, était le deuxième fils de Seydi El Hadj Malick Sy et de Sokhna Rokhaya Ndiaye. Ayant succédé à son père en 1922, il a toujours défendu, avec énergie et dévouement, trois choses : l’Islam, la tarikha et les dahiras. Guidé par sa droiture, il a su, selon le site Tivaouane monsite, par sa sincérité et sa foi, se forger un destin de meneur d’hommes. Formé par son père et armé des plus belles vertus, guide religieux exemplaire, Serigne Babacar Sy a su façonner les croyants à l’image du prophète Mohamed et dans la tarikha Tidiane.
En effet, les contemporains et tous ceux qui ont visité son œuvre après, sont unanimes à dire que Serigne Babacar était un fin lettré, un poète au talent rare, un spécialiste de la Tajwiid (bonne diction en lecture), un Tafsir (exégète) du Saint-Coran. Dans la pratique, il a toujours privilégié l’orthodoxie en matière de mise en œuvre de la Charia, de la Sounah et des préceptes de la Tijaniyya dont il était un rempart infranchissable. A cet égard, il convient de retenir ce témoignage de Cheikh Al Hadj Abdoul Aziz Sy Dabbakh (Rta) : « Seydy Aboubacar Sy (Rta) disait qui pointe du doigt trois choses me trouve sur son chemin : la religion, la Tijaniyya et la famille d’El Hadj Malick Sy ».
Le digne fils de son père
Élevé dans un milieu essentiellement religieux, ses études basées sur une foi naturelle et spontanée, Serigne Babacar Sy se distingua comme un fin lettré, d’esprit ouvert et tolérant, mais aussi un croyant fervent. Seydi Ababacar Sy, deuxième fils d’El Hadj Malick Sy, recueille la succession de son père le jour même du décès de celui-ci : le 27 juin 1922. Bien qu’âgé seulement de 37 ans, il aura accès au Khalifat. Il sera à la mesure de la charge par son immense savoir étayé par un wilaya (sainteté) que tous ses contemporains lui ont témoigné. Son autorité est reconnue par tous les Mokhaddam qui voient surtout, en sa personne l’héritier de la Baraka du vénéré El Hadj Malick. Convaincu du caractère spirituel de sa mission de chef de confrérie islamique, c’est sous son khalifat que les dahiras (cercles de fidèles) dont le premier s’appelait « Dahiratoul kirâm tidianiya », seront créés dans les années 20. Donc, c’est à lui que toutes les confréries doivent cette trouvaille qui a rapidement fait des émules. Le premier est le « Dahiratoul Kiraam » de Dakar. Les « Dahiras » sont des entités à vocation éducationnelle, de solidarité, d’entre aide, de fraternité en Islam qui, de nos jours, sont des milieux de culture, d’éducation et de formation islamiques. Cette approche a vite fait de s’imposer comme un outil performant au service de l’Islam au Sénégal et ailleurs. A sa mort, le Khalife Ababacar Sy laissera une confrérie puissante par le nombre de ses adeptes. Le 25 mars 1957, Ababacar Sy est rappelé à Dieu, à son domicile de Tivaouane, à l’âge de 72 ans.