LA COUR D’APPEL DE THIES REND SON VERDICT AUJOURD’HUI
Ce lundi 22 juillet, la Cour d’appel de Thiès devra livrer son verdict dans l’affaire dite des faux médicaments de Touba Bélel (région de diourbel), dans laquelle, Bara Sylla et son co-prévenu, Amadou oury diallo, avaient été condamnés

Ce lundi 22 juillet, la Cour d’appel de Thiès devra livrer son verdict dans l’affaire dite des faux médicaments de Touba Bélel (région de diourbel), dans laquelle, Bara Sylla et son co-prévenu, Amadou oury diallo, avaient été condamnés en première instance, respectivement, à 7 et 5 ans d’emprisonnement ferme. Le lundi 27 mai, malgré le décret de grâce accordée par le président Macky Sall à Amadou oury diallo, la Cour avait estimé nécessaire de renvoyer l’audience pour citer ce mis en cause à comparaitre afin d’être jugé conformément à la loi. Le lundi 24 juin, le Ministère public a requis la réduction de la peine de Bara Sylla de 7 à 4 ans. Ce dernier accusé avait comparu seul devant ladite Cour, où était l’absent le plus présent Amadou Woury diallo, qui serait déjà rentré à son pays d’origine. des médicaments d’une valeur de 1,3 milliard FCFA en provenance de Guinée-Conakry et destinés à la capitale du Mouridisme.
Une «discrimination» avec la grâce présidentielle accordée à Amadou Woury Diallo, mais également le fait que « d’autres personnes impliquées n’aient jamais pas été poursuivies ». C’est la dénonciation faite par Me Khassimou Touré, conseiller de Bara Sylla. Selon l’avocat de la défense, le président de la République dont il dit être « mon ami, mon frère qui a beaucoup d’affection pour moi et je m’en honore », a posé « deux actes sur l’affaire de Bara Sylla sur lesquels je ne suis pas d’accord ». Et d’expliquer : « le fait qu’il ait gracié Amadou Woury Diallo qui était le convoyeur de la marchandise et condamné Bara Sylla qui n’a qu’une portion dans la marchandise. Et en plein procès, il reçoit l’Ordre des pharmaciens. C’est du lobbying. Le dossier n’a plus de saveur. Gracier le Guinéen, juger le Sénégalais, c’est de la discrimination. Ce n’est pas bon pour une bonne gouvernance judiciaire ». Le brillant avocat à la Cour révèle que « d’autres personnes sont impliquées et le tribunal est au courant. Ces personnes n’ont jamais été poursuivies dans cette affaire. Celui qui a envoyé Amadou Woury Diallo est en Guinée. Et parmi les propriétaires des colis, il y a un certain Ismaïla et un autre qui s’appelle Aziz. Ces gens n’ont jamais été poursuivis. Bara Sylla n’est propriétaire que d’une petite portion de la marchandise et on veut tout lui imputer. Cela est inadmissible et incompréhensible». Surtout il rappelle que « lors de l’audience accordée à l’Ordre des pharmaciens, le chef de l’Etat, sur la grâce obtenue par le guinéen, a dit qu’il a été abusé. Il a promis l’ouverture d’une enquête et des sanctions. Nous attendons de voir ce qui va se passer. Il se peut également que les autorités guinéennes soient intervenues en faveur d’Amadou Woury Diallo. Il peut être élargi pour des raisons d’Etat ou de diplomatie ».
ME KHASSIMOU TOURE : «La chaine s’est grippée quelque part et aujourd’hui on voudrait que Bara Sylla paie, seul, des fautes qui seraient commises»
Ce lundi 24 juin dernier, Me Khassimou Touré a, devant la Cour, exigé la « libération » de son client, avant de remarquer que « tout le monde a senti qu’il y a, quelque part, de la gêne dans ce procès. Un des co-prévenus de Bara Sylla, Amadou Woury Diallo, qui a bénéficié, on ne sait par quelle alchimie, d’une grâce présidentielle, a été exfiltré du dossier. Il a rejoint son pays d’origine, et mon client, sénégalais bon teint, qui a sa famille, ses amis et tout ce qu’il possède dans ce pays, a, lui, été laissé en rade et jugé. Il a été le seul à se présenter devant le tribunal. C’est ce qui, certainement, a posé un problème de conscience au Ministère public qui représente l’Etat, le président de la République et le Garde des Sceaux, qui sont les personnes qui ont accordé cette grâce ». Selon le conseil de Bara Sylla, « pour se donner bonne conscience, le Ministère public était obligé de demander de ramener les choses à de justes proportions, pour juste le principe de l’équilibre ». Le brillant avocat de défense, a relevé que « l’avocat général, en parlant de ramener la peine de 7 à 4 ans, à, lui, demandé aussi l’exemption de peine pour ce qui concerne Amadou Woury Diallo ». Et de se désoler : « dans quel pays nous sommes ? Dans quelle justice nous sommes ? Mais il faut que nous soyons sérieux ! Les principes du contradictoire, de l’équilibre des débats, de l’égalité de tous les citoyens devant la justice, tous ces principes ont été rompus. La chaine s’est grippée quelque part, et, aujourd’hui, on voudrait que Bara Sylla paie, seul, des fautes qui seraient commises. Parce que pour moi, pour Bara Sylla et pour le dossier dans son entièreté, on ne peut pas reprocher à Bara une faute pénale ». Au cours de ce procès, la robe noire, soulevant des « exceptions sur la forme », a insisté sur le fait qu’« un procès, c’est d’abord la forme avant le fond. Nous avons dit en première instance que les droits de Bara Sylla ont été violés. Mon client a été interpelé, arrêté à Dakar, déféré devant le procureur de la République, interrogé sans assistance aucune d’un conseil, contrairement à ce que dit la loi. Ses droits ont été bafoués ».
Macky Sall : «Je reconnais que Woury diallo ne remplissait pas toutes les conditions pour bénéficier d’une grâce»
Aussi, a-t-il demandé à la cour de « rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard, parce qu’on ne badine pas avec les droits de la défense, lesquels ont été violés et Bara Sylla en a pâti, il est en train d’être rejugé, et nous croyons que cette fois-ci le droit sera bien dit ». Comme le pense bien du reste le président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal, qui dit « attendre simplement que le droit soit dit dans toute sa rigueur et en toute objectivité ». Dr Amath Niang rappelle que « sur la grâce accordée à Woury Diallo, le président Macky Sall, lors de l’audience accordée aux pharmaciens du Sénégal, a reconnu que le mis en cause ne remplissait pas toutes les conditions pour bénéficier d’une grâce. Il s’en est bien rendu compte et a reconnu que quelque part les choses ne devraient pas se passer comme ça ». De son coté, le conseil des pharmaciens, Me Abdoulaye Babou, lui, pense que « la logique, c’est qu’il devra être jugé ». L’avocat de Bara Sylla attire surtout l’attention sur le fait qu’« il faut qu’on se soucie un peu plus du destin et du sort de mon client qui ne doit pas pâtir des avatars, des inconvénients des dysfonctionnements du service public de la justice ».