LE COLLECTIF «DAFADOY» EXIGE LA CRIMINALISATION DU VIOL
Le collectif «Dafadoy» qui lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants a tenu un sit-in samedi dernier pour crier son indignation et dire non.

Le collectif «Dafadoy» qui lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants a tenu un sit-in samedi dernier pour crier son indignation et dire non. Ce collectif qui regroupe plus de quarante (40) organisations dont l’Association des juristes du Sénégal (AJS), l’association des femmes syndicalistes, le collectif pour la protection de l’enfance, Hom Dedff (Homme pour la défense des droits des femmes et des filles),le réseau Siggil Jiggen et Caucus des femmes leaders, a remis un mémorandum à la vice-présidente de l’Assemblée nationale Awa guèye. Dans ce mémorandum, il exige la criminalisation du viol, l’application ferme et rigoureuse de la loi pénale avec le maximum de la peine prévue contre les viols. « on voudrait que le viol soit criminalisé », a indiqué leur porte-parole Alias Ndoye.
La Place de la Nation a refusé du monde avant-hier, samedi 25 mai 2019. Jeunes activistes, acteurs de la société civile, étudiants, hommes politiques, artistes, membres de la protection des droits humains… se sont rendus massivement au sit-in organisé par le collectif «Dafadoy» pour exprimer leur indignation face à la série d’agressions et de meurtres qui touchent les femmes et les enfants.
Les manifestants, constitués en majorité de femmes, ont arboré des pancartes, des banderoles et autres rubans à l’effigie de la femme violentée. «Justice pour toutes les victimes», «Avec and Jeego, brisons le silence», «Criminalisons le viol», «Hommage à Bineta Camara», sont les slogans qu’on y pouvait lire. Ils étaient habillés de T-shirt qui véhiculaient le même message. La manifestation a enregistré la présence de nombreuses personnalités du landerneau politique comme le ministre de la Micro-Finance Zahra Iyane Thiam, le ministre de la Jeunesse Néné Fatoumata Tall, la vice-présidente de l’Assemblée nationale Awa Gueye, la Directrice générale de la Case des Tout Petits Thérèse Faye. On peut aussi citer la députée Juliette Zenga, le Pr Amsatou Sow Sidibé et la députée Adji Mergane Kanouté, la chanteuse Aby Ndour et le rappeur Shaka Bab’s. A l’unanimité, tous les orateurs ont dénoncé les actes ignobles dont sont victimes les femmes.
Composé d’une quarantaine d’organisations luttant contre les violences faites aux femmes et aux enfants, le Collectif «Dafadoy» exige «l’application ferme et rigoureuse de la loi pénale avec le maximum de la peine prévue contre les viols». Ses membres souhaitent que le viol soit criminalisé au Sénégal. «Les viols et les meurtres sont devenus récurrents dans notre pays. Nous invitons l’Etat à renforcer son arsenal juridique et institutionnel sur la protection du droit des femmes et des enfants. On demande la tolérance zéro contre ces violeurs», a déclaré Alias Ndoye, porte-parole du Collectif. Il invite la population à briser le tabou en dénonçant les «tontons say-say» et à éviter le «masla» consistant à étouffer ce genre d’affaires. «Cette attitude ne fait qu’aggraver la situation», clame-t-il.
ABY DIALLO, PRESIDENTE DE L’AJS «LES POPULATION DOIVENT DENONCER LES FAITS SUSPECTS»
Les membres du Collectif ont répertorié 14 cas de meurtres de femmes en un an et 4 dernièrement, dont les actes crapuleux perpétrés contre Coumba Yade à Thiès et Bineta Camara à Tambacounda. Ce qui a poussé la nouvelle présidente de l’Association des Juristes du Sénégal(AJS),Aby Diallo, à manifester son désarroi et son indignation. Elle plaide pour le renforcement de la lutte contre ces actes. «L’Ajs a toujours lutté contre les violences basées sur le genre. Au-delà du décès tragique de Bineta Camara, il y a eu d’autres cas. Hier, j’ai lu un autre cas de viol dans la région de Louga, une fillette de 8 ans violée par un gaillard de 40 ans. Il faut que la vigilance demeure, que les populations apprennent la dénonciation. C’est l’autoprotection. Le cas de Bineta Camara est assez évocateur, puisqu’un élément de l’entourage immédiat de la famille a pu commettre cet acte horrible. Il faut que les voisins et les familles acceptent d’être vigilants et de dénoncer les faits suspects. La prévention d’abord, c’est la sensibilisation à travers toutes les couches, l’école, la société et les associations. Il vaut mieux prévenir que guérir, en maintenant la vigilance auprès de toutes les personnes vulnérables, nos petites-filles et nos filles», recommande Mme Aby Diallo.
La famille de feue Bineta Camara était aussi représentée à la manifestation. Au nom de celle-ci, Samba Kandji, beau-frère de la victime, a remercié l’assistance pour la mobilisation et appelé à la mutualisation des forces autour des autorités publiques pour combattre la violence. Pour la chanteuse Aby Ndour, le but de cette manifestation n’est pas de faire la guerre aux hommes mais de trouver des solutions.