LE GOUVERNEMENT REFUSE DE RENDRE PUBLIC LE CONTRAT ET PARLE DE «SECRET DEFENSE»
Affaire du contrat «nébuleux» d’achat d’armements signé avec le sulfureux nigérien Aboubakar Hima, Le contrat a été passé, conformément à la règlementation en vigueur et approuvé sous le sceau du « secret défense »

L’information sur le nébuleux contrat de fourniture d’armements entre le ministère de l’Environnement et une société dénommée LAVIE COMMERCIAL BROKERS, qui ne respecterait pas les procédures de passation de marché, a fait un tollé depuis quelques jours et continue de faire les choux gras de la presse et des réseaux sociaux. Chacun y va de son propre commentaire. Suite à ces révélations d’un réseau de journalistes d’investigation relayées par nos confrères « Libération » et « Les Echos », le Forum civil est monté au créneau pour demander l’auto-saisine du procureur de la République.
La polémique sur le contrat d’achat d’armement signé avec le vendeur d’armes nigérien Aboubakar Hima dit « Petit Boubé », qui avait été mis en cause en 2020 dans son pays, le Niger, dans le cadre d’une affaire contrats d’armes surfacturés ayant permis l’évasion de 76 milliards de francs, cette polémique enfle depuis que la presse l’a mis sur la place publique. Suffisant pour que gouvernement monte au créneau pour s’expliquer sur ce dossier qui continue de défrayer la chronique.
Et c’est son porte-parole, Abdou Karim Fofana, ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes entreprises, qui précise que de telles allégations sont dénuées de tout fondement. « A la suite de la publication par un réseau de journalistes d’un contrat de fourniture d’armements entre le Ministère en charge de l’Environnement et une société dénommée LAVIE COMMERCIAL BROKERS qui ne respecterait pas les procédures de passation de marché, le Gouvernement du Sénégal tient à préciser que de telles allégations sont dénuées de tout fondement. Le contrat dont il est question a été passé, conformément à la règlementation en vigueur. Il a été approuvé par les services compétents de l’Etat, sous le sceau du « secret défense » conformément aux dispositions du décret 2020-876 du 25 mars 2020 complétant l’article 3 du décret 2014 -1212 du 22 septembre 2014 portant Code des marchés publics, modifié par le décret 2020- 22 du 7 janvier 2020 qui exclut du champ d’application du Code des marchés publics les travaux, fournitures, prestation de services et équipements réalisés pour La Défense et la sécurité du Sénégal et classé « Secret Défense » qui sont incompatibles avec les mesures de publicité exigées par le code des marchés publics.
A ce titre, les marchés estampillés « Secret-Défense » sont passés en principe par procédure d’entente directe qui est une voie dérogatoire au principe de l’appel d’offres qui ne permet pas de préserver le caractère confidentiel qui s’attache à la politique d’équipement de nos forces de défense et de sécurité ». Voilà donc la ligne de défense du Gouvernement à travers son porte-parole, a sur ce contrat particulièrement nébuleux signé avec Aboubakar Hima, accusé dans le passé d’avoir détourné plusieurs dizaines de milliards de francs CFA sur d’autres contrats d’armement au Nigeria et au Niger. Certains de ses avoirs ont d’ailleurs été saisis par les autorités américaines et sud-africaines.
Alors que la polémique enfle, le gouvernement soutient donc sans convaincre que le Ministère de l’Environnement est fondé à passer des contrats d’armement au profit des Directions en charge des Eaux, Forêts, Chasses, Conservation des Sols et Parcs nationaux « qui sont assimilés aux forces de sécurité et de défense conformément au décret N°2021-563 du 10 mai 2021. »
A cet effet, le Gouvernement du Sénégal rappelle que le contexte géopolitique marqué par le développement des mouvements terroristes et le trafic illicite de bois « impose une réorganisation de notre dispositif sécuritaire avec des équipements de qualité pour le rendre beaucoup plus opérationnel en termes de capacité d’intervention et de riposte le long des axes frontaliers et des zones stratégiques. » « Enfin, le Gouvernement du Sénégal réitère sa ferme volonté d’une gouvernance des ressources publiques marquée du sceau de la transparence et de reddition des comptes. A ce titre, aucune entorse aux procédures régulières de passation de marché ne saurait être tolérée pour les autorités contractantes. », conclut le Ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes entreprises et porte-parole du gouvernement.