LE PHÉNOMÈNE DE LA DÉGRADATION DES SOLS CONCERNE PLUS DE 162 MILLIONS D’HECTARES
La dégradation des sols est un phénomène mondial qui préoccupe sérieusement les pays sous-développés.

La dégradation des sols est un phénomène mondial qui préoccupe sérieusement les pays sous-développés. Raison pour laquelle, le Président Macky Sall a demandé à l’Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (Ansts) de faire une étude sur la restauration et la valorisation des terres salées du Sénégal. Et c’est hier que les académiciens ont présenté leur rapport sur la dégradation des terres, en présence du président de la République.
L’Etat du Sénégal fait de l’Ansts un partenaire privilégié qu’il sollicite sur diverses problématiques dans ses missions de Conseil scientifiques et techniques. «Vous aurez dans la journée (hier Ndlr)la lettre affectant définitivement le siège de l’Académie ainsi que le déblocage de votre subvention pour cette année», a promis le chef de l’Etat. A propos de la dégradation des sols, il estime qu’en tant que natif de Fatick, il connait les méfaits des terres salées. «Depuis des décennies, nos terres agricoles sont soumises à un processus de dégradation intense lié en grande partie à une salinisation progressive», soutient-il en ajoutant que d’autres facteurs contribuent à la dégradation des terres. «D’autres facteurs comme l’érosion hydrique, éolienne et la désertification lui donnent une autre ampleur, mais il faut aussi reconnaitre que la main de l’homme n’y est pas étrangère à travers le processus d’industrialisation de développement du sel», se désole-t-il.
Selon le chef de l’Etat, ce processus constitue une menace réelle pour la sécurité alimentaire, à travers la baisse des rendements de cultures, la péjoration de la biodiversité tout en entrainant la précarité, l’exode rural voire l’immigration clandestine. «J’ai pris note de cette étude et des solutions que vous avez proposées pour renverser cette pente inquiète. Le phénomène de la salinisation des terres agricoles affecte plus d’un millions d’hectares, c’est-à-dire ¼ de nos superficies cultivables. Il s’étend le long de nos côtes de Saint-Louis à Caps kiring ainsi que dans les vallées des fleuves Sénégal et des bras de mer du Sine et du Saloum», explique le Président.
330.000 MENAGES RURAUX PRIVES DE LEUR PRINCIPAL MOYEN D’EXISTENCE
Le rapport sur la dégradation des sols a été présenté par Dr Moussa Bakayoko qui est le président de la section sciences agricoles au sein de l’académie. A l’en croire, les superficies de terre salées, restaurées et valorisées sont de 300.000 hectares en Casamance, 250.000 hectares au Sine Saloum, 200.000 hectares dans le Delta et la Vallée du fleuve Sénégal, 6.000 hectares (ha) dans les Niayes. «Au niveau national, la salinisation affecte ¼ à 1/3 des terres arables, soit 950.000 à 1.267.000 ha représentant près de 6% de la superficie totale du pays. C’est dire qu’elle prive près de 330.000 ménages ruraux de leur principal moyen d’existence et concourt à l’accroissement de l’exode rural et de l’émigration», souligne-t-il avant de poursuivre : «c’est dire aussi qu’elle engendre un manque à gagner d’environ 292.000 tonnes de mil sur le stock potentiel national de sécurité alimentaire.