VIDEOLE PRIX MORTEL DE LA BEAUTÉ
Embolie graisseuse, complications post-opératoires, décès... Le Brazilian Butt Lift, intervention esthétique en vogue au Sénégal, multiplie les drames. Après la présumée récente mort d'une influenceuse en Turquie, les professionnels de santé alertent

La chirurgie d'augmentation des fesses, communément appelée BBL, connaît un essor considérable au Sénégal. Portée par des animatrices télé et des influenceuses qui en font la promotion sur les réseaux sociaux, cette intervention est devenue la référence esthétique pour de nombreuses jeunes femmes en quête de transformation corporelle.
Derrière ces courbes généreuses exhibées avec fierté se cachent pourtant des réalités bien plus sombres que ne le laissent paraître les publications Instagram.
L'influenceuse Adji Mass a brisé le silence dans une vidéo amateur devenue virale. Son témoignage, sans filtre, révèle l'envers du décor : "Je ne conseille à personne de faire ça. Toute la souffrance que j'ai vécue, je ne la souhaite à personne."
Elle décrit un véritable calvaire post-opératoire : ouverture du ventre, extraction de graisse, injection dans les fesses, suivie de complications majeures. "Les antibiotiques me faisaient vomir. Chaque mouvement faisait sauter les points de suture. Je n'ai jamais connu une telle douleur", confie-t-elle, comparant cette expérience à ses accouchements et fausse couche précédents.
Le drame a pris une tournure tragique avec le présumé décès récent de Ngone Ndiaye, actrice et influenceuse très populaire au Sénégal. Elle aurait perdu la vie en Turquie, quelques jours seulement après avoir subi une opération BBL. Sa disparition a profondément bouleversé les réseaux sociaux sénégalais, révélant brutalement l'ampleur des risques liés à cette pratique.
Pour de nombreuses jeunes femmes, le recours à la chirurgie esthétique répond à un mal-être profond, alimenté par le body shaming et un manque cruel de confiance en soi. "Ces filles souffrent de complexes. Le corps de la femme est sacré. Il faut apprendre à s'adapter et s'accepter tel qu'on est", témoigne une proche du milieu.
Les conséquences dépassent souvent le cadre esthétique. Certaines patientes développent des complications durables affectant leur quotidien : difficultés alimentaires, problèmes digestifs chroniques, regrets profonds face aux séquelles.
Le Dr Amat, spécialiste en santé publique, alerte sur les dangers inhérents à cette intervention. "C'est une chirurgie générale où le patient est mis sous anesthésie générale. Il faut récupérer les graisses dans différentes parties du corps - ventre, cuisses, bras - les traiter, puis les injecter dans les fesses."
Les risques sont multiples et potentiellement mortels. L'embolie graisseuse représente la complication la plus redoutée : "Une boule de graisse peut se déplacer dans un vaisseau. L'embolie peut être très grave et même entraîner la mort", prévient le médecin.
Nombre de ces interventions sont réalisées dans des cliniques privées turques qui attirent des milliers de patientes venues du monde entier. Ces établissements séduisent par leurs tarifs attractifs et leurs promesses de transformation rapide, mais illustrent les dérives d'un modèle économique où l'esthétique prime parfois sur la sécurité des patients.
Le cas tragique de Ngone Ndiaye souligne cruellement les limites de ce "tourisme esthétique" et pose la question de l'encadrement de ces pratiques à l'étranger.