LE SENEGAL DANS TOUS SES ECLATS DE RIRES… ET DANS TOUTES SES SCENES DE MENAGES !
Le voyage dans nos transports en commun interurbains est coloré d’instants où la drôlerie se la dispute avec la mauvaise humeur maussade des passagers !

Le voyage dans nos transports en commun interurbains est coloré d’instants où la drôlerie se la dispute avec la mauvaise humeur maussade des passagers ! Bref, les cars rapides, c’est un concentré de la vie quotidienne sénégalaise. Reportage…
Vendredi dernier, vers les coups de 19 heures, le soleil s’est déjà couché à Colobane où vient de stationner un minibus de la ligne 5 des « Tata » à l’arrêt installé juste à hauteur de la station Total. Le minibus est plein comme un œuf. Mais il veut prendre toujours plus de clients à cause, disent souvent les chauffeurs de « Tata » se trouvant dans cette situation, des versements journaliers importants qui leur sont exigés. Déjà en surcharge, il va accueillir davantage de clients qui se soucient rarement des conséquences désastreuses de ce surplus de clients. Sur place, écoliers, marchandes, vendeurs, chômeurs et autres se disputent les portes du véhicule. Une dame de forte corpulence attire l’attention. Elle doit prendre le trajet jusqu’à Castors à partir de Colobane.
Forçant les choses, elle a failli « casser les os » à une fille pour le moins presque décharnée. Il commence à faire nuit, et la grosse dame a déjà duré à l’arrêt. Malgré la surcharge, elle a réussi à se frayer un chemin à l’intérieur du véhicule. Elle tente de tout bousculer sur son passage. Pochette bien coincée sous l’aisselle gauche, et s’agrippant à la barre transversale avec sa main droite, dans sa taille-basse « tiim taatt », elle se faufile difficilement entre les passagers. Lesquels sont en position debout faute de places. Des mouvements qui ont envoyé une fille de petite corpulence presque à terre. Heureusement, cette dernière est vite interceptée par le passager installé sur l’un des quelques dizaines de sièges que compte le minibus. Hélas ce passager au grand cœur, n’étant pas un poids lourd, est emporté par l’élan de la demoiselle s’affalant sur l’autre passager avec qui il partage la même banquette.
Mettant ce dernier « dos au mur », pour ne pas dire bien coincé au bord du véhicule qui roule en pente. Lui, il s’efforce de pousser de ses deux mains les deux corps qui constituent un poids de trop. Au même moment, une écolière qui suivait la scène, lança presque en ricanant : « Waaaw ! Lii djamm la ? Khalass » (C’est quoi ce bordel ?). « Wakh ko sa ndey» (Dis-le à ta mère), lui balance à la figure la grosse dame. L’écolière, ne voulant certainement pas avoir des ennuis avec cette femme de très forte corpulence, lui demande gentiment d’arrêter de l’insulter au moment où chacun, de son côté, y mettait son grain de sel. Des clients rouges de colère déversent leur bile sur le chauffeur et son receveur. « Vous êtes les seuls responsables de l’incident qui vient de se produire. Vous êtes trop cupides. Vous prenez les gens pour des animaux », s’est offusquée une autre passagère dont l’âge avoisine la cinquantaine.
De petites disputes
Si dans ce car rapide, l’histoire est survenue de manière fortuite, ce qui s’est passé dans un autre minibus Tata de la ligne 2, qui fait la navette entre Dakar et les Parcelles, relève de la vraie provocation. Assise sur un siège, derrière une jeune fille en train de poster des photos sur son mur Facebook, une dame essaie de casser du sucre sur le dos de cette internaute. « Jaayu rek. Lii yëpp indice là. Thiaga yi dokhantou gouddi. Gnou ngui fépp» (Vous ne faites que vous vendre. Vous êtes des prostituées qui évoluent la nuit), a-t-elle lancé en l’air. Naturellement, ce message prétendument envoyé en l’air a été décrypté par la cible. La nymphe bien maquillée porte un body décolleté assorti d’un pantalon jean déchiré au niveau des cuisses. Elle se tourne vers la dame, une main collée sur la frange de sa perruque en « cheveux naturel » tellement longue qu’elle touche ses fesses. Avec ses petites lèvres bien colorées en rouge, la belle fille lance un regard inquisiteur à la « provocatrice » tout en lui balançant cette phrase à la figure: « Mère sama yaye nga. Waayé nitt day mandou » (T’as l’âge de ma mère, donc tu dois être assez responsable pour ne pas dire des bêtises). Une reproche mal vue par la dame au visage mal soigné et dont les vergetures avaient fini de se loger au niveau du cou, de l’omoplate et de l’avant-bras. Entre deux insultes, elle arrache à sa vis-à-vis sa perruque. Ce qui laisse voir une tête aux cheveux ras et teints en marron. « Kholal ma lii rek. C’est une prostituée », balance-t-elle à la figure de la fille qu’elle a voulu manifestement humilier. Dans la ligne 5 qui termine toujours sa course au terminus qui se trouve entre les unités 12, 17, 18 et 11 des Parcelles Assainies, la scène n’est pas un cas isolé. Parfois, on y raconte sa vie sans aucune pudeur. Surtout celle de couples, avec une prédilection pour les bisbilles avec la belle-famille. Téléphone collé à l’oreille droite, une passagère entame une discussion avec sa « copine » sur l’incident qui se serait passé la veille dans son foyer. En un laps de temps, elle explique tout. Y compris le sucre de trop rajouté à la tasse de café de sa belle-mère diabétique. Comme pour « accélérer » sa mort, dit-elle tout en bégayant ceci « Daaa daa fafffa soff. Waayé, di di dina kha kha kha kham ni, ma ma ma maak moom la ». A l’en croire, sa belle-mère s’immisce trop dans sa vie de couple. Une façon de faire qui l’ennuie ! Or « danga beugg bégué », dit l’autre au bout du fil. Du moins, on a deviné vu qu’elle a répété ce que l’autre lui a dit. Après avoir raccroché, une autre jeune femme, assise comme si elle était invitée à participer à la discussion « intime » entre deux copines qui se disent tout, de soutenir les « folies » de la dame en bisbilles avec sa belle-mère. «Toutes les belles-mères sont pareilles. Elles ont déjà fait leur temps. Mais elles nous pompent l’air tous les jours. On a comme l’impression qu’elles sont jalouses de nous ou nous envient », a-t-elle lancé en signe de provocation à l’endroit des belles mères. Une sexagénaire s’invite dans la discussion. Elle a été directe et véridique. Selon elle, les belles-filles ne sont plus soumises comme avant. Elles ne seraient dans les foyers que pour séparer les belles-mères de leurs fils. Quand elle disait ses quatre vérités à ces femmes, elle était arrivée à destination. Ce qui interrompt ainsi cette discussion de salon.
Autre bus, autres scènes
Entre le croisement 22 et la célèbre boulangerie Mandela de la commune des Parcelles Assainies, un client venait « d’envoyer » une jeune fille au centre de « soins » en lui occasionnant une hémorragie interne au niveau de l’orteil de son pied droit. Alors qu’elle avait tranquillement pris place sur le banc à côté de la porte, un client, sac négligemment porté en bandoulière sur une veste noire au col mal entretenu, se frayait un chemin pour aller prendre place à l’intérieur. A peine le pied posé dans le car, la fille en question lance un cri strident. « Wouy réy nama ». Visages paniqués, tout le monde la regardait se tordre de douleur. Les yeux convergeaient également vers le voyageur qui s’est vite confondu en excuses. Lesquelles ne seront « pas acceptées » par la plaignante. « Boy dox do xol ? So dammé sama baram loy wax ?
Et puis Yamay fathie » (Ne peux-tu pas regarder là où tu poses les pieds ? Et puis, est-ce toi qui va me soigner si tu me brises l’orteil ?) lui a-t-elle jeté avec dédain. Son amie avec qui elle partageait le même banc intervient alors pour ajouter son grain de sel en accablant d’injures l’homme à la veste. « Soof rek. Okine élégasse…. » Balance–t-elle à l’endroit du malheureux qui venait de poser maladroitement son pied sur les doigts de son amie. Pointant son index gauche sur cette dernière, l’infortuné jeune homme n’a pas tardé à lui faire comprendre qu’elle n’est pas concernée par l’affaire. S’en est suivie une dispute entre les deux parties qui s’insultaient de mère. Mettant ainsi le car sens dessus-dessous ! Enième scène ordinaire dans ce Sénégal en miniature que sont nos « cars rapides »…