LE SENEGAL ENGAGE LA BATAILLE CONTRE LES PESTICIDES
Il s'agit pour l'Etat de renforcer la gestion des pesticides par la mise en œuvre effective des réglementations

Dakar a abrité, hier, l'atelier annuel de Croplife Afrique moyen Orient. Réuni autour du thème : "renforcer la gestion des pesticides par la mise en œuvre effective des réglementations", ce cadre a pour entre autres missions d'assurer l'homologation et l’harmonisation des différents systèmes nationaux ou sous régions. Se conformant à ces piliers, le Sénégal tente d'assurer la disponibilité, à temps, de produits de qualité conformes aux normes internationales et adaptés aux réalités locales.
C'est sous ce rapport qu'Ibrahima Dièye, directeur technique et commercial de la Société des produits industriels et agricoles (SPIA), soutient : "Nous pensons qu'il faut actualiser tout ce qui a été fait dans ce domaine, notamment tout ce qui est homologation des produits phytosanitaires, tout ce qui est lutte contre la fraude et produits illégaux, contrefaits. Nous travaillons pour assainir ce milieu, et dans le cadre du comité sahélien nous sommes dans le travail de l'homologation des produits phytosanitaires, pour que tous les produits vendus au niveau du Sénégal, soient homologués".
En réconfortant sa thèse, M. Diéye ajoute : " Néanmoins par rapport à la particularité du Sénégal avec la production maraichère qui est assez dense, il y a des produits qui ne sont pas encore homologués et qui le sont dans d'autres pays. Nous essayons de faire profiter à nos agriculteurs de ces produits. Il faut voir comment faire pour que les gens n'utilisent que des produits homologués, c'est cela la bataille".
«Le tiers des produits de pesticides sur le marché africain sont frauduleux»
Abondant le même sujet, Emile Victor Coly, directeur de la protection des végétaux, a indiqué : " Les pesticides frauduleux engendrent des risques financiers pour les producteurs car c'est eux qui achètent des pesticides qui ne sont pas conformes aux normes. Il y a des risques environnementaux parce qu'on ne connait pas ce qui est dans ces pesticides, on ne connait pas les matières. Les risques pour les consommateurs parce qu'ils vont consommer des produits traités avec ces pesticides dont on ne connait pas les matières actives, nous nous devons de combattre ces pesticides illégaux". Cette volonté découle du fait que le tiers des produits sur le marché sont frauduleux nous apprend Steven Haggblade.
Le professeur de l'université de Michigan a souligné que "c'est très variable selon les pays et marchés. C'est en fonction des niveaux de contrôle effectués sur les marchés. Le Sénégal est bien doté avec trois laboratoires qui sont accrédités ou en voie d'accréditation. Donc le Sénégal est mieux servi que les autres pays, le Mali où j'ai effectué l'étude il n'y a aucun laboratoire accrédité et cela pose un problème fondamental. En général, les cadres existent ce qui contraint c'est les équipements et les budgets de fonctionnement car même les bons cadres ne peuvent pas travailler sans budget". Interpellé sur l'impact de ces pesticides, le chef du département agriculture et ressources économiques souligne : "Aux Etats Unis, on utilise le glyphosate depuis 40 ans et si c'était cancérigène ?, il y aurait eu beaucoup de morts dans les zones agricoles or en les a pas vus.
A mon avis cela ne pose pas de problème grave. Ce qui pose de très grands problèmes par contre c'est les insecticides qui sont extrêmement toxiques aux mammifères. L'impact se fait ressentir par les producteurs parce que les produits frauduleux sous dosés qui sont de dosage très variable. Car avec la même marque il y a une variabilité de qualité et cela pose problème pour le paysan parce que lui il n'arrive pas à calibrer son dosage". D'après le spécialiste, il y a des risques de santé humaine lorsqu'il y a infiltration dans les flacons d'eau et si on boit cela peut poser problème. Pour le glyphosate cette question est très contestée, là on voit beaucoup plus de problèmes c'est en zone cotonnière et en zone maraichère où on utilise beaucoup d'insecticide, les nématicides qui sont très toxiques. On le fait dans les maraichers à côté des fleuves où les gens vont boire après s'il y a des insecticides et des poisons dans l'eau cela peut poser un très grand risque.