LES COMMUNES FACE A L’EQUATION DE LA DEMANDE SOCIALE
Les communes font face à une forte demande sociale de la part de leurs administrés, notamment lors de la rentrée scolaire, du ramadan, du carême et à l’occasion des fêtes religieuses.

Ceci, sans compter les sollicitations liées à la santé et celles à gérer dans l’urgence. Que ce soit à Dalifort, à la Sicap ou dans n’importe quelle commune du pays, le social est un volet très important dont il faut tenir compte. Toutefois, pour satisfaire ces demandes, les fonds de secours ne suffisent plus.
Au seuil de la mairie de Dalifort, plusieurs personnes discutent tranquillement en face du grand canal de drainage des eaux pluviales dudit quartier. Dans la cour, des agents d’Assistance à la sécurité proximité (Asp), chargés de contrôler les entrées, observent le spectacle qu’offrent plusieurs femmes venues chercher de l’eau à la borne-fontaine installée dans le périmètre du bâtiment communal. Grâce à une file qui renseigne sur l’ordre d’arrivée de ces dames, ces dernières remplissent leurs récipients tour à tour. Beaucoup de ces femmes défavorisées veulent bénéficier d’un appui financier de la mairie pour passer tranquillement le ramadan ou avoir un don pour la Korité. En cette période de ramadan, les collectivités territoriales sont envahies par la demande sociale plus que d’habitude.
Compte tenu de l’importance de ces requêtes, d’année en année, les conseillers municipaux accordent une place importante aux fonds de secours dans les budgets. Pour la commune de Dalifort, le maire, Idrissa Diallo, informe qu’un budget de 35 millions de FCfa est voté pour les fonds de secours. Il nous apprend que cela constitue uniquement le budget annuel des fonds de secours, en dehors de la distribution de riz et du sucre pendant le ramadan. Ce montant prend en charge aussi les malades, les aides pendant le ramadan, le carême, «mais ce n’est jamais suffisant», déplore-t-il. L’édile de Dalifort affirme que la première perception que les citoyens ont de ce que doit faire la mairie, «c’est le social d’abord». Il constate que c’est seulement quand il y a élection qu’ils parlent d’investissements pour juger si le maire a travaillé ou pas. «Les populations parlent plutôt d’appuis sociaux et c’est normal. Quand il y a une contrainte au niveau des maisons, la première réaction, c’est d’aller voir l’autorité locale qu’est le maire», confie Idrissa Diallo qui prend avec philosophie les demandes de ses concitoyens. Il reconnaît aussi que ces sollicitations sont plus importantes pendant les évènements religieux comme le carême et le ramadan.
Le maire dit être obligé aussi de trouver des fonds pour faire face, personnellement, aux sollicitations dans la plus grande discrétion, cela faisant partie de la culture sénégalaise. Oumar Sow dit Kawel Sow, habitant Pikine, dans la banlieue dakaroise, est un vendeur de cure-dents. Chaque jour, il fait la navette Pikine-Dakar pour écouler ses tiges. Il est un habitué des alentours de la mairie de la Sicap. Il dit constater que beaucoup de personnes viennent demander un appui financier de la mairie, que ce soit aux Sicap ou à Pikine, pour couper le jeûne ou pour préparer la fête de Korité. Même s’il ne les blâme pas, le jeune vendeur, qui tient un carton de cure-dents par sa main gauche, pense que la décision la plus sage devrait consister à appuyer ces personnes pour qu’elles puissent travailler et subvenir à leurs propres besoins au lieu de pérenniser ce cycle d’aide sociale. Le marchand de chaussures en temps normal s’est transformé en vendeur de cure-dents, business plus lucratif, pendant le ramadan, pour ne pas tendre la main, même s’il connaît des gens dans les communes et pourrait solliciter un appui. Ce n’est pas le choix de beaucoup d’autres, et la commune de Sicap n’échappe pas à la règle.