«LES FINANCIERS NE DOIVENT PAS DEFINIR LES PRIORITES DE L’AFRIQUE»
Les conditions contraignantes d’accès au Fonds vert ont été aussi au centre de la communication de Mme Royal qui a invité les pays africains à élaborer leurs plans et stratégies et à ne pas laisser aux bailleurs choisir pour eux leurs priorités.

L’ambassadrice des Pôles arctique et antarctique, Ségolène Royal, a rappelé aux pays développés leurs engagements de compenser les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle a animait, hier, à l’Ecole nationale d’administration (Ena), une conférence sur le thème : « Enjeux du climat et l’Accord de Paris ».
La compensation de la communauté internationale aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas à la hauteur des attentes. Pourtant c’est le berceau de l’humanité qui a rendu possible la signature de l’Accord Paris en contrepartie des financements, des actions et des options d’atténuation et d’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique. « Il faut accélérer le transfert des technologies et du savoir-faire. Les Etats africains doivent aussi veiller sur ces questions », a averti l’ambassadrice des Pôles arctique et antarctique, Ségolène Royal, qui animait une conférence hier à l’Ena.
Dans son exposé, elle a abordé l’exigence de formation des agents locaux par des entreprises qui montent des centrales solaires et promeuvent des énergies renouvelables en Afrique. « Il figure, dans les cahiers des charges, la formation des ressources humaines locales. Il faut le développement des filières industrielles en énergies vertes », a informé la militante écologiste. Les conditions contraignantes d’accès au Fonds vert ont été aussi au centre de la communication de Mme Royal qui a invité les pays africains à élaborer leurs plans et stratégies et à ne pas laisser aux bailleurs choisir pour eux leurs priorités. « Ce n’est pas aux financiers de définir les actions qu’ils souhaiteraient soutenir. Les pays africains doivent élaborer, de manière autonome et souveraine, leurs plans à soumettre aux bailleurs », a-t-elle également avancé. Ségolène Royal dit nourrir l’espoir que des pays qui trainent les pieds pourraient mesurer l’ampleur des conséquences du réchauffement de la planète et changer de position. « Il y a possibilité de trouver des opportunités d’actions dans des crises. Ces pays qui sont derniers peuvent devenir premiers », a-t-elle nuancé.
A son avis, l’accès aux énergies renouvelables dans des zones rurales a, d’une part, un effet d’entraînement sur la réduction de la pression sur les ressources forestières et, d’une part, sur le maintien des populations dans leur terroir d’autre part. L’ambassadrice a, en outre, indiqué que les défis climatiques sont aussi une chance pour préserver la biodiversité et améliorer la santé des populations. « En effet, il a été démontré que ceux qui ont accès aux énergies renouvelables ont amélioré leurs conditions d’existence », a souligné l’ancienne pensionnaire de l’Ecole nationale d’administration de France.
La migration des poissons
Au cours de cette conférence, Ségolène Royal a démontré que le dérèglementent climatique dans l’hémisphère nord peut avoir des conséquences en Afrique. Elle en veut pour preuve la fonte des glaciers du nord et du permafrost qui est responsable de la montée du niveau de la mer et, par ricochet, de l’érosion côtière dans plusieurs parties du monde, notamment dans notre continent. « Des études ont montré que la dilatation des eaux océaniques entraînera la migration des poissons sur 200 km tous les 10 ans. Ils vont remonter vers l’hémisphère nord ou descendre au sud où l’eau est moins chaude. Cette migration posera donc des problèmes de nutrition », a révélé la militante engagée dans la défense de l’environnement.
Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, le Pr Mame Thierno Dieng, a exposé les grands axes du Sénégal en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Il a évoqué l’accentuation de la lutte contre la déforestation, le recours aux énergies renouvelables avec un taux de 23 % et la place de choix réservé à la préservation de l’environnement dans la nouvelle Constitution. « Le Sénégal ne sera jamais un pays climato-sceptique. Je ne sais pas si le mot est approprié. Pour moi, c’est un déni. Les causes et les conséquences du changement climatique sont réelles », a-t-il défendu. M. Dieng a aussi affirmé que l’Afrique subit une injustice climatique parce qu’elle paie un lourd tribut à cause des perturbations des paramètres du climat.