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LES MINES DES LAMENTATIONS

Diogo est devenu, depuis quelques années, une véritable bombe sociale, économique et environnementale, depuis que du zircon, de l’ilménite, du leucoxène et du rutile ont été découverts dans son sous-sol

Mor AMAR  |   Publication 01/04/2019

Riche de ses terres très arables, de sa population qui, naguère, vivait décemment du maraichage et de l’élevage, Diogo est devenu, depuis quelques années, une véritable bombe sociale, économique et environnementale, depuis que du zircon, de l’ilménite, du leucoxène et du rutile ont été découverts dans son sous-sol.

À bout de souffle, sur un long détour dans les voies très sablonneuses, après plus d’une heure de marche à travers champs de légumes et montagnes, nous voilà enfin devant l’usine de séparation du minerai de Diogo communément appelé Msp (Mineral Separation Plant). Dans cet endroit hyper protégé, avec plusieurs check points, difficile de voir un interlocuteur. Quant à l’accès, il est formellement interdit aux visiteurs. A quelques mètres, du côté de la centrale électrique de 36 MW alimentant le périmètre qui a la taille d’une grande commune, sont visibles des amas de sable minéralisé, un gros engin qui fait des va-et-vient incessants, enlevant les blocs de sable pour une destination qui nous est inconnue. “C’est ici que sont séparés les minerais bruts provenant de la mine’’, informe une source anonyme. Un long processus ! Entre Msp et ladite mine, c’est une distance de plusieurs kilomètres. Il ne se passe pas 10 minutes (au grand maximum) sans voir un camion qui roule sur la voie en latérite, à vive allure. Tous sont de couleur rouge, remplis de matières noirâtres, à l’aller comme au retour. Ce qui renseigne de la grande activité qui rythme le quotidien de Diogo et environ, depuis 2013-2014, début de la production. “C’est comme ça tout le temps’’, renchérit notre interlocuteur, habitué au spectacle.

Ainsi, si autrefois Diogo était connu surtout pour ses fruits et légumes frais, aujourd’hui, il est plus porté sous les feux des projecteurs par l’exploitation de ses richesses naturelles. Mais loin d’être une source de prospérité pour les habitants, l’usine a fortement participé à leur paupérisation. Demba Ba habite Dakar. La cinquantaine, bonnet sur la tête, il avait l’habitude de se rendre sur ces terres pour faire paitre son troupeau. Une habitude qu’il n’a toujours pas perdue, mais avec beaucoup moins de satisfaction. “Comme tu le vois, il n’y a plus rien ici, mais on n’a pas le choix. On tourne sans cesse avec les bœufs à la recherche de pâturage. Et le peu qu’il y a ici, s’ils nous voient, ils nous chassent alors que nous ne leur causons aucun préjudice’’, se lamente-il dépité, tout en manipulant son bâton avec sa main droite. En fait, rencontré juste en dehors de la clôture de l’exploitation, le quinqua venait d’être exclu des alentours de Msp où il y a quelques herbes et arbustes presque morts. Comme sous la colonisation, ici, c’est des centaines et des centaines d’hectares de terres qui ont été amputées du patrimoine de la cité et octroyées à la Gco (Grande côte opérations). Et comme Demba qui peine à trouver même de l’espace pour faire nourrir ses bêtes, ils sont nombreux, les fils de Diogo, à s’inquiéter de la raréfaction des terres ainsi que de leur devenir. En effet, naguère cultivateurs prospères, avec des champs de maraichage très généreux, certaines victimes ont fini d’être transformées en “ouvriers misérables’’, si ce n’est tout bonnement en “chômeurs permanents’’. Ce bonhomme, à peine la quarantaine, a déjà 4 épouses. Le sourire en coin, il s’empresse de préciser : “Quand je les épousais, j’avais mon propre champ. Je gagnais des millions par campagne. Je pouvais donc me le permettre. Si c’était aujourd’hui, je ne l’aurais pas fait.’’ En fait, avec l’arrivée de Gco, il a été exproprié des terres qu’il cultivait, à l’instar de beaucoup d’autres paysans de Diogo.

Par la suite employé dans l’entreprise, en guise de compensation. Ce, nonobstant l’indemnisation à lui octroyée, mais qu’il juge “dérisoire’’ par rapport au bien perdu. Trouvé dans la chambre de son ami Ibra Fall, il regrette : “Aujourd’hui, je suis endetté jusqu’au cou. Et je ne peux même pas payer mes dettes, parce qu’on nous paie des misères. Nous avons l’impression que nos employeurs respectent plus les gens qui viennent des autres localités. J’ai passé plus de 6 ans dans l’entreprise. Je n’ai eu aucun avancement’’, peste-t-il, courroucé, avant d’enchainer : “Tu peux mettre mon nom si tu veux. J’en n’ai rien à cirer. Ici, on nous traite comme des esclaves. Il faut que l’Etat réagisse, avant qu’il ne soit trop tard.’’ Un autre employé de renchérir que, depuis le début de l’exploitation, l’entreprise ne cesse de réduire son effectif, alors que la production augmente. De même que les effectifs, les rémunérations ont été également drastiquement diminuées, selon plusieurs témoins. “Tout ce qui les intéresse, c’est de fructifier leur affaire’’, fustigent certains.

Une bombe en plein oasis

Le péché de ces paysans, c’était de s’être trouvés sur une “mine d’or’’. En fait, du zircon et de l’ilménite à gogo. Bien plus, selon une croyance bien établie. D’aucuns parlent même de diamant (sic). Comme pour certifier ces allégations, un de nos interlocuteurs qui travaille dans l’entreprise signale qu’il y a des parties où seuls les patrons blancs auraient accès. Il finit par demander à l’Etat d’avoir plus de vigilance sur ce qui se fait dans cette mine, communément appelée Mdl par la population. “L’Etat, suggère-t-il, ne doit pas se fier aux seules déclarations de l’entreprise. Il doit y avoir un contrôle beaucoup plus rigoureux. D’autant plus qu’il est actionnaire dans cette société…’’. Tout commence en 2007. Le Sénégal signe une convention minière avec l’entreprise australienne Mdl (Mineral Deposit Ltd) qui est également dans l’or à Kédougou. Laquelle convention va durer 25 ans et tablait sur l’extraction de 48 millions de tonnes de sable minéralisé, chaque année, selon des autorités de l’époque. Il a fallu attendre jusqu’en 2013-2014, pour le démarrage effectif des opérations. Auparavant, tout a été mis en place pour une exploitation optimale des ressources. Et le souci semble être moins le bienêtre de la population.

Pour atteindre ces objectifs, Gco a prolongé les rails, de Ngaye Mékhé jusqu’au seuil de Msp, soit plus de 20 km. Quotidiennement, les trains passent dans l’après-midi, récupèrent les minerais déjà traités, direction le Port autonome de Dakar. Nos sources font état d’un train long de plus de 300 m et composé de dizaines de wagons en trémie et de wagons plats. Les uns prennent l’ilménite, les autres les zircons. Mais, au-delà de ces deux matières, le train embarque également le leucoxène et le rutile, avant de faire cap sur Dakar, via la gare de Mékhé réhabilitée par la concessionnaire, pour les besoins de la maintenance du train. Il s’agit là de milliers et des milliers, pour ne pas dire des millions de tonnes, de ces matières précieuses générées par Diogo et exportées régulièrement hors du Sénégal. Mais c’est à se demander où passe toute cette manne. Cela vaut-il tous ces kilomètres carrés de terres sacrifiées ? Toutes ces “vies’’ vendangées ? Si les cultivateurs pleurent, l’Etat, en ce qui le concerne, tarde à tirer pleinement profit desdites ressources. Dans le rapport Itie 2017, il est indiqué que Gco a versé à l’Etat un montant de près de 5,5 milliards de francs Cfa seulement. Sur place, tout frise la démesure. Les moyens motorisés, les surfaces de terres objet de l’occupation, la sécurité…

Rien n’est laissé au hasard. Même un poste de gendarmerie a été érigé sur les lieux par l’entreprise minière, propriété à 90 % d’une compagnie franco-canadienne (Eramet 50 % et Mdl 50 %) et 10 % seulement à l’Etat du Sénégal. Du côté de la population, c’est sans cesse la grogne. Cette exploitation, en 25 ans, risque de ne pas laisser la terre indemne, s’inquiète Ibra Fall (président du Collectif des jeunes de Diogo). Déjà, cela se voit, selon lui, dans la qualité et la disponibilité de l’eau à certains endroits. Si l’on en croit ces populations, autrefois, il suffisait de creuser quelques mètres pour avoir de l’eau en quantité suffisante et de qualité. Maintenant, en plus de devoir creuser plus en profondeur, elles sont aussi obligées de boire un liquide rougeâtre. Chose que les autochtones attribuent, à tort ou à raison, à l’usine de traitement du zircon et de l’ilménite. Et ce n’est pas tout. L’un des plus grands “crimes’’ de l’entreprise minière, accusent toujours les communautés, c’est d’avoir complètement décimé la bande de filaos qui permettait de stopper le vent marin et l’avancée de la mer. Papa Diop, trouvé dans son périmètre maraicher, au milieu des oignons, des carottes et d’autres légumes, se rappelle : “Tout au long de la ‘bègne’ (En pulaar : large bande de sable fin séparant la plage des habitations), il y avait des filaos. Ils étaient d’une importance capitale. Ce sont ces plantes qui permettaient d’arrêter le vent. Ils (Gco) ont tout enlevé pour exploiter cette mine.’’ Dans son cahier des charges, la multinationale s’était engagée à remettre les terres en l’état, après exploitation. Force est de constater que, malgré ses efforts consistant à reboiser les forêts détruites, les résultats restent très en deçà des attentes. Comme l’illustrent suffisamment les photos. En effet, contrairement aux grands filaos qui offraient un joli décor au site, les plants de Gco ont du mal à se développer, parce que constamment envahis par le vent et le sable. Autrefois, à Diogo, la terre était accessible, aussi bien celle à usage d’habitation que celle à usage agricole. Aujourd’hui, pour les autochtones, c’est devenu une véritable hantise.

Zircon et ilménite, ces minéraux qui déchainent les passions

Comme nous l’avons vu, dans la mine de Diogo, les principales ressources minéralières exploitées par la Grande côté opération sont l’ilménite et le zircon. On apprend sur le site internet mern.gouv.qc.ca que l’ilménite dans la fabrication de pigment blanc pour la peinture, de pigment pour l’encre, pour le plastique… Toujours d’après le portail, l’ilméniter sert également dans les crèmes solaires. “Le dioxyde de titane a la particularité de bloquer les rayonnements solaires…. Le titane est non toxique et adhère facilement aux os. C’est un bon matériau pour les prothèses de hanche et de genou’’, informe le site. Pour ce qui est du zircon, le site www.futura-sciences.comrenseigne sur son utilité. “L'utilisation principale du zirconium a lieu sous forme de zircon dans les carrelages. Le métal pur sert de revêtement dans les moteurs à réaction. Les fours et réacteurs chimiques ont également leur paroi intérieure protégée par du zirconium en tant que matériau réfractaire’’. Ce n’est pas tout. Le zirconium est aussi employé pour la gaine des pastilles de combustible nucléaire dans les réacteurs à eau pressurisée, selon le site. Qui ajoute : “La zircone, oxyde de zirconium, sert également à fabriquer de faux diamants. En traitement de surface sur les lunettes, il protège des rayures. L'oxyde de zirconium est aussi présent dans certains couteaux en céramique’’. Mais attention, dans le site, on apprend également que le zirconium peut avoir des effets pervers sur la santé. “Ni cancérogène ni cancérogène potentiel, le zirconium semble générer une sensibilisation ainsi qu'une allergie. Quant au zirconium 93, issu des essais nucléaires atmosphériques, il est un facteur de risque de cancer’’. Face à la passion autour de l’exploitation du zircon, l’Administrateur général de GCO, Daniel Marini, dans Fianancial Afrique précisait : Ce produit n’est pas du diamant. A titre de comparaison, un kilo de diamant coûte actuellement environ 200 millions de dollars (c’était en 2017), un kilo d’or 40 000 dollars… Eh bien un kilo de zircon est échangé à 0,8 dollar. Il renseignait par la même occasion que le kilo d’ilménite coutait 0,14 dollar.

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