MARCHÉS PLEINS, BUDGETS SERRÉS POUR LA TABASKI
Alors que l'offre de moutons et de denrées rassure, la cherté du bétail local interroge sur l'accessibilité sociale d'une fête symbole de solidarité

À la veille de la célébration de la Tabaski pour la majeure partie des musulmans sénégalais, les marchés affichent un approvisionnement satisfaisant, tant en moutons qu'en denrées alimentaires de première nécessité, notamment la pomme de terre et l'oignon. À quelques heures de la fête, la disponibilité générale de ces produits rassure les consommateurs, malgré un contexte économique tendu.
Dans la région de Dakar, plus de quarante points de vente officiels ont été mis en place par les autorités pour faciliter l'accès au bétail. À ces espaces organisés s'ajoutent les nombreuses zones informelles, ruelles et carrefours où l'on observe une forte concentration de moutons. Cette large distribution reflète les efforts soutenus des éleveurs et des autorités pour assurer la satisfaction de la demande à l'échelle nationale.
Le ministre de l'Élevage, Mabouba Diagne, s'est exprimé sur la question en soulignant que l'approvisionnement a été structuré en amont, grâce à une coordination entre les services étatiques, les éleveurs et les collectivités territoriales.
Le mouton élevé localement : un gage de qualité, mais un coût élevé
Une tendance marquante cette année est la forte présence du mouton élevé localement, apprécié pour sa robustesse, sa taille et la qualité de sa viande. Toutefois, cette qualité a un prix. Ces moutons, bien qu'esthétiquement impressionnants et nourris dans de bonnes conditions, demeurent onéreux.
Moussa Diop, père de famille rencontré au marché de Liberté 6, confie : « Les moutons élevés sont de très bonne qualité, mais ils restent hors de portée pour de nombreux ménages aux revenus modestes. La situation économique actuelle, marquée par une baisse du pouvoir d'achat, complique davantage les préparatifs de la fête. »
Les éleveurs justifient ce coût élevé par les charges supportées tout au long du cycle de production : alimentation, soins vétérinaires, transport, et logistique. Ce modèle d'élevage, bien qu'il réponde aux standards de qualité, soulève des interrogations sur l'accessibilité sociale à un moment symbolique de solidarité et de partage.
Pommes de terre et oignons : des produits disponibles et abordables
En ce qui concerne les denrées alimentaires, la pomme de terre et l'oignon, qui occupent une place centrale dans la préparation des mets de la Tabaski, sont largement disponibles sur l'ensemble du territoire, notamment dans les grands marchés urbains tels que Castors, Tilène, Kermel et Pikine.
Le ministre du Commerce s'est félicité de l'efficacité des dispositifs mis en place pour éviter toute pénurie. Grâce à une régulation concertée entre les importateurs, les distributeurs et les services de contrôle, les prix sont demeurés stables, permettant aux consommateurs d'accéder à ces produits essentiels à des tarifs raisonnables.
Un équilibre fragile à préserver
Si la disponibilité globale des produits de Tabaski 2025 témoigne des efforts des pouvoirs publics et du secteur privé, elle met également en lumière les disparités économiques au sein de la population. Entre satisfaction de l'offre et préoccupations liées au pouvoir d'achat, cette fête religieuse illustre les défis permanents de la souveraineté alimentaire, de la résilience économique et de la justice sociale.
Il revient désormais aux autorités de renforcer les politiques publiques d'appui à l'élevage local et à l'agriculture, tout en veillant à ce que l'équité dans l'accès aux ressources demeure une priorité.