TRAVAIL DOMESTIQUE, KANORA LANCE UNE PLATEFORME POUR SORTIR DE L’INFORMEL
La plateforme ambitionne de transformer en profondeur le quotidien des travailleuses domestiques au Sénégal. Portée par la vision de sa fondatrice Mame Awa Mbaye et soutenue par l’État, cette initiative se veut à la fois humaine, sociale et économique.

« Plus de 90 % des travailleurs domestiques évoluent dans l’informel. Ce manque de structuration entraîne une faible spécialisation et une précarité professionnelle. » C'est le diagnostic fait par Mame Awa Mbaye, fondatrice de KaNora Services. La plateforme KaNora Services ambitionne de transformer en profondeur le quotidien des travailleuses domestiques au Sénégal. Portée par la vision de sa fondatrice et soutenue par l’État et les bénéficiaires eux-mêmes, cette initiative se veut à la fois humaine, sociale et économique.
Tout a commencé par une prise de conscience intime. « Un jour, j'ai posé une question à une jeune femme qui travaille avec moi depuis plusieurs années. Je lui ai demandé de quoi tu rêves. Elle m’a regardée avec douceur et m’a répondu tout naturellement : je n’ai pas de rêve. Cette phrase m’a bouleversée », raconte Mame Awa Mbaye, fondatrice de KaNora Services. Derrière cette réponse simple, c’est tout un pan de la société invisible qui s’est révélé à elle : celui des jeunes femmes, souvent venues de milieux précaires, qui accomplissent les tâches essentielles au sein des foyers, sans droits, sans reconnaissance, et sans perspective d’avenir.
De ce choc est née KaNora, une plateforme de services à domicile, mais surtout un levier d’autonomisation pour ces travailleuses de l’ombre. « KaNora, c’est la volonté de changer ce récit. De faire en sorte que ces jeunes femmes puissent travailler dans la dignité, se protéger, apprendre, épargner, bâtir et surtout rêver », affirme-t-elle. L’initiative s’inscrit dans la dynamique portée par le ministère du Travail sénégalais, représenté lors du lancement par Mme Katy Sow, conseillère technique.
Selon Mme Mbaye, au-delà du simple placement de personnel de maison, KaNora propose un accompagnement global. Couverture maladie, retraite, formation continue, professionnalisation des agences de placement : tout un écosystème est mis en place pour sécuriser et valoriser ces jeunes femmes. « Notre ambition va au-delà de la plateforme. Nous espérons générer un effet de transformation en chaîne capable de toucher des centaines de milliers de jeunes femmes à travers le pays », explique la fondatrice.
L’approche est saluée par les premiers utilisateurs du service. Pour Mame Aby Seye, cliente de KaNora, la plus-value est évidente : « Ce qui m’a plu, c’est cette approche à 360 degrés. On ne s’occupe pas uniquement de ceux qui demandent le service, mais aussi de ceux qui travaillent. Ils ont des droits, des besoins, et cette plateforme y répond avec rigueur et humanité. »
Un prolongement de la politique publique
Présente à la cérémonie, Mme Katy Sow du ministère du Travail a tenu à souligner la convergence entre l’approche de KaNora et les réformes en cours au sein de l’État sénégalais. « C’est juste un prolongement de ce que l’État est en train de faire. On travaille sur la réforme du Code du travail, la protection sociale et l’intégration du secteur informel. Le ministère est très intéressé pour accompagner ce genre d’initiatives. »
Elle insiste aussi sur la nécessité d’un déploiement territorial : « J’aimerais bien voir KaNora dans les pôles de développement territoriaux. Ils font un travail remarquable, et leur impact peut s’étendre bien au-delà de Dakar. »
Avec KaNora, il ne s’agit pas seulement de créer de l’emploi. Il s’agit de restaurer une dignité, de construire un avenir, d’ouvrir un champ des possibles. « Aujourd’hui, nous lançons KaNora. Et avec elle, nous redonnons à des centaines de milliers de jeunes femmes le pouvoir de rêver et de réaliser leur rêve », conclut Mame Awa Mbaye.