LE NOUVEAU FILON POUR LES LUTTEURS
Très prisée depuis quelques années par les lutteurs, la première compétition internationale de Mixed Martials Arts (MMA) a pris ses marques avant-hier, samedi 14 décembre, avec le gala organisé par la structure Ares Fighting championship à Dakar

Très prisée depuis quelques années par les lutteurs, la première compétition internationale de Mixed Martials Arts (MMA) a pris ses marques avant-hier, samedi 14 décembre, avec le gala organisé par la structure Ares Fighting championship, au Musée des Civilisations Noires de Dakar. Nombreux lutteurs en activité semblent d’ores et déjà emballés par cette spectaculaire discipline qui allie coups de pied, poing, genou et coude. Mais si pour l’ancien lutteur Boy Kairé, le MMA n’ira pas jusqu’à concurrencer et bousculer la lutte, il constitue néanmoins un tremplin ou un bon filon pour ces nombreux lutteurs en manque de compétition. Mais si cette discipline comporte autant de risques que toute autre, elle nécessite tout un accompagnement pour sa pratique, selon Me Yatma Lô, spécialiste des sports de combats.
L e succès et le spectacle rencontrés lors de la première compétition internationale de Mixed Martials Arts (MMA) organisée, le samedi 14 décembre 2019, au Musée des Civilisations Noires par la structure Ares Fighting championship et survolée par le lutteur Reug Reug a sans doute fait beaucoup d’émules aussi bien chez les lutteurs que chez les adeptes des arts martiaux. Cette discipline qui permet coups de pied, poing, genou et coude, tout comme les coups au sol et étranglements à l'intérieur d'une enceinte fermée n’a pas mis beaucoup de temps pour emballer les férus des sports de combats et de spectacle. Si les effectifs de ses nouveaux adeptes ne sont pas encore connus, il se compte plus dans le monde de la lutte où on attend un afflux de nouveaux pratiquants. Après le sulfureux combat ayant opposé Bombardier et Balboa puis la dernière sortie victorieuse de Siteu, le MMA a fini de se faire une place.
BOY KAÏRE DONNE SON ONCTION A LA DISCIPLINE
Même si elle n’est pas encore un phénomène de mode, la nouvelle discipline est partie pour trouver de nombreux adeptes dans le rang des lutteurs. C’est du moins ce qui ressort de la réaction des acteurs de la lutte. Et ils sont nombreux à l’accueillir et prêts à lui tendre les bras grands ouverts. Boy Kaïré, directeur technique de l’écurie Soumbédioune, n’hésite en tout cas pas, à donner une onction à cette nouvelle discipline. Pour l’ancien lutteur, l’arrivée de la MMA devrait constituer une bonne opportunité pour tous ces lutteurs qui sont surtout en manque de compétitions. «Cette discipline est la bienvenue au Sénégal. C’est un plus pour les lutteurs. Le MMA est une discipline internationale, elle est exportable alors que la lutte reste confinée au Sénégal. Si vous voyez le nombre de lutteurs qui évoluent dans des écuries, vous remarquez qu’il n’y a pas beaucoup qui ont la possibilité de décrocher des combats, de faire des compétitions et de gagner quelque chose. Donc, s’il y a une nouvelle discipline qui peut leur offrir cette possibilité, ils n’hésiteront pas. Je sais que c’est une discipline qui intéresse les lutteurs qui, pour la plupart, restaient deux ans ou trois ans sans lutter ou encore ceux qui n’ont plus d’avenir dans l’arène », confie-t-il. Il reste cependant à savoir si cette spectaculaire discipline n’est pas sans risques si l’on sait qu’elle est cataloguée comme une discipline violente et controversée au point d’être bannie dans des pays comme la France. «Des pays comme les Etats Unis l’acceptent. Le Sénégal va l’adopter parce que la discipline a rencontré un grand succès. Vous savez, la lutte sénégalaise est plus violente. Dans cette discipline, on porte des gants et on ne combat pas mains nues. La seule différence est que dans le combat MMA, l’adversaire continue après la chute de son adversaire. Je pense qu’il y aura une adhésion en masse dans cette discipline. Je ne vois pas un danger si l’on sait que nos lutteurs sont déjà rompus aux techniques de combat et allient la lutte, le pugilat et la maitrise même de l’adversaire au sol», assure Boy Kaïré. D’ailleurs sur initiative de Matar Séne Rock Mbalakh, un expert américain, déjà au Sénégal est attendu à l’écurie Soumbédioune en vue d’initier une dizaine de lutteurs à cet art. « Nous allons voir avec l’expert américain comment nous allons mettre à niveau nos lutteurs. Dix lutteurs seront entraînés. Le MMA et la lutte ont des similitudes. La seule différence, c’est que dans le MMA, vous continuez le combat une fois au sol », ajoute l’ancien lutteur.
« CERTAINS FERONT TOUT POUR INTEGRER LA DISCIPLINE »
Pour Me Yatma Lô, spécialiste des arts martiaux et des sports de combats, le MMA est parti pour se développer et enregistrer beaucoup d’adhésions au Sénégal. «Au Sénégal ; le MMA est encore assez timide. L’homme a un côté animal. Quand il voit le sang, il est souvent content. Pour l’instant, ceux qui organisent font beaucoup de bruit pour organiser. Je ne peux pas imaginer qu’un jour, cette discipline parvienne à atteindre un grand niveau. Il est en voie de développement et les gens qui l’organisent font tout pour qu’il se développe. A ce rythme là, quand il faut mettre de l’argent, on n’hésitera pas à s’engager. Ce qui est sûr est que cela commence à prospérer au Sénégal. Certains feront tout pour intégrer la discipline. Tout dépend des acteurs qui ont envie de participer aux combats. Si on y gagne, les gens participeront.»
SENSEI YATMA LO : « TOUS LES SPORTS SONT A RISQUE»
Sensei Yatma Lô relativise cependant ce facteur risque que l’on empresse de mettre en avant lors que l’on évoque le MMA. « Si le combattant se trouve dans une situation inconfortable, il doit pouvoir abandonner. C’est généralement le cas. Sinon, il court des risques terribles. Ceux qui pratiquent le MMA, le font d’une manière confiante. La lutte est un genre de MMA mais pratiquée d’une autre manière. Quand il y a chute, on n’arrête pas », indique t-il, avant d’expliquer : « Tous les sports sont à risque. C’est à différents niveaux. Il y a des risques au football car on peut se casser la jambe, avoir des problèmes au dos ou à la tête. En athlétisme, vous pouvez avoir des élongations si vous n êtes pas bien échauffés. Maintenant, comment faire pour protéger les combattants. Un boxeur qui est mis KO peut rester six mois sans boxer. Il va rester en surveillance médicale. Si on peut le faire avec la boxe, pourquoi pas avec le MMA qui est beaucoup plus dangereux. Il y a Reug Reug qui a gagné, il y a Siteu. A la lutte avec frappe, on peut te payer 50 millions et même 100 millions de FCfa et il y a moins de dangers au MMA».
« IL Y A POSSIBILITE DE METTRE DES GARDEFOUS POUR PROTEGER LES COMBATTANTS »
Me Yatma Lô pense toutefois qu’il faudra que la pratique du MMA exige un minimum d’accompagnement. « Je déconseille de le faire parce que c’est un sport où si tu n’a pas de médecins, de kiné, de préparateur mental, de préparateur physique, tu fais ta compétition et tu rentres chez toi, tu ne fais pas long feu. Dans certaines zones comme en Europe, les combattants ont des staffs qui vous contrôlent. On contrôle le côté alimentaire, ton poids et ta forme physique. Pour pratiquer une discipline comme le MMA, il faudra avoir les moyens de payer un médecin ou un préparateur physique Les promoteurs de cette discipline réfléchiront certainement à encadrer la discipline. Il y a possibilité de mettre des garde-fous pour protéger les combattants.»