L’EGYPTE «PARRAINE» LES «LIONS»
«Sadio Mané number one !» «Sénégal is a good team !» «Friday, you’ll win». Beaucoup de sénégalais ont entendu ces phrases sortir de la bouche des Egyptiens.

Dans les restaurants, les marchés, les compatriotes de Mohamed Salah ne ratent une seule opportunité pour montrer aux sénégalais qu’ils souhaitent les voir brandir le trophée continental au soir du 19 juillet prochain.
Leur équipe étant prématurément sortie de la compétition dès les huitièmes de finale, par les Bafana Bafana de l’Afrique du Sud, les supporters des Pharaons semblent vouloir poursuivre la compétition à côté des Lions. Même si pour l’heure, ils restent scotchés sur leur divan pour suivre les matches à la télévision au lieu de se rendre au stade. La star nationale, Mohamed Salah a déjà indiqué la voix, en soutenant ouvertement que le Sénégal et son coéquipier à Liverpool Sadio Mané. Une sortie qui a été très mal perçue chez les supporters des Fennecs.
Toutefois, un tel soutien du peuple égyptien aux Lions du Sénégal ne devrait étonner personne, tellement la rivalité entre les deux pays en matière footballistique est féroce. L’AFFAIRE BELLOUMI Selon les historiens, la rivalité entre les deux footballs pourrait prendre racine dans la tournée de l'équipe du FLN algérien au Moyen-Orient en 1958.
En effet, par solidarité pour la cause algérienne, les pays du bloc de l'Est et les pays Arabes bravaient l'interdiction de la FIFA de jouer avec cette équipe clandestine. Cependant, les autorités égyptiennes soucieuses de ne pas froisser la FIFA dans un contexte délicat avec la création en 1957 de la Confédération Africaine de Football au Caire, refusent de jouer des matchs d'exhibition. La génération de l'équipe FLN serait marquée par cet épisode. Mais le cas le récent et encore vivace dans les esprits, c’est ce qu’il était convenu l’affaire Lakhdar Belloumi (ex-international algérien). Lors des éliminatoires de la coupe du monde italienne en 1990, les Pharaons réussissent à tenir en échec les Fennecs à Alger.
Lors de la manche retour, les Egyptiens s’imposent (1-0) et compostent leur ticket pour le Mondial. Seulement, des échauffourées vont éclater dans les vestiaires. Un autre incident se produira aussi à l’hôtel où résidait les Fennecs et un médecin se trouvera éborgné. Il accuse, l’ancienne vedette du football algérien, Lakhtar Belloumi, qui sera condamné par la justice égyptienne d’une peine par contumace à cinq ans de prison assortie d’une amende. Un mandat d’arrêt sera même lancé contre lui.
Son cauchemar n’a pris fin que le 24 mars 2009, lors que victime d’alors, Dr Ahmed Abdelmoumen Ahmed Abdelhadi, a accepté dans une lettre de renoncer à toutes les poursuites contre Lakhdar Belloumi. Ce dernier sera ainsi appelé à retourner en Egypte la même année, sur invitation du quotidien égyptien Al-Ahram. Il importe d’ailleurs de noter que c’est par une crainte de représailles, selon certains, par manque de considération de la CAN 90, pour d’autres, que la Fédération égyptienne de football avait décidé d’envoyer une sélection de jeunes en Algérie. Elle sera battue (2-0) par les Fennecs.
LES DEMONS DE LA HAINE REFONT SURFACE EN 2009
L’Algérie, alors en concurrence contre le Sénégal pour une place à la coupe du monde Corée du Sud-Japon 2002, espérait aussi compter sur l’Egypte, pour composter son ticket. Mais, les «Pharaons» avaient refusé de se présenter en victimes expiatoires. Leur match s’était achevé par un nul (1-1) pendant que les «Lions» avaient fini de surclasser la Namibie (5-0). Lors des éliminatoires de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, les deux équipes s’affrontent à nouveau dans une série de matches. Un cas rarissime. Puisque Pharaons et Fennecs sont obligés de s’affronter à trois reprises (aller-retour-appui). Les deux équipes (groupe C de la zone Afrique) avaient terminé à égalité de points (13) et avec la même différence de buts (+5), rappelle-ton.
Dans un contexte tendu, l’Algérie n’ayant plus participé à une Coupe du monde depuis 1986, l’Egypte depuis 1990, le bus des Fennecs sera victime d’un "caillassage" par des supporters des Pharaons à l’aéroport entrainant trois blessés du côté des joueurs algériens. Le président égyptien d’alors, Hosni Moubarak et son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika se câblent au téléphone. Les médias s’en mêlent et attisent le feu. Le quotidien gouvernement Al-Ahram, parle d’une «crise montée de toutes pièces». Pendant ce temps, à Alger, le journal El-Watan chauffe à blanc les supporters et qualifie l’incident «de guet-apens». Dans ce contexte, la Fifa renvoie les deux équipes au stade d’Omdurman, en banlieue de Khartoum pour un match d’appui. Le défenseur Antar Yahia va permettre à l’Algérie de prendre sa revanche 20 ans après une défaite sur le même score devant l’Egypte, qui lui avait barré la route du Mondial-1990. Voici autant de faits qui expliqueraient la préférence des supporters. Sans occulter l’étiquette de «violence» qui leur colle à la peau. Ici et ailleurs. Pourvu juste que les «Lions» puissent en tirer bénéfice.