LES DÉFIS DU 6E SOMMET UNION AFRICAINE-UNION EUROPÉENNE
En prélude au Sommet Union africaine-Union européenne prévu à Bruxelles les 17 et 18 février prochain, le président en exercice de l’Union africaine a tenu hier une tribune conjointe avec Charles Michel, président du conseil européen.

La 6e édition du Sommet Union africaine-Union européenne se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 février prochain. A cette occasion, le président en exercice de l’Union Africaine (UA), Macky Sall, a animé hier une tribune conjointe avec son homologue Charles Michel, président du Conseil européen, pour statuer sur les défis qui attendent l’Afrique, à l’occasion de ce grand rendez-vous international.
En prélude au Sommet Union africaine-Union européenne prévu à Bruxelles les 17 et 18 février prochain, le président en exercice de l’Union africaine a tenu hier une tribune conjointe avec Charles Michel, président du conseil européen.
Profitant de ce forum, Macky Sall est revenu sur les défis majeurs du continent. A l’en croire, l’objectif de ce sommet est d’établir ensemble les bases d’un partenariat renouvelé entre les deux continents, un nouvel élan dont l’idée est en gestation depuis un certain temps. Se voulant plus précis, il renseigne que la croissance, la prospérité partagée et la stabilité sont les grands objectifs de ce partenariat. Revenant sur les principes fondateurs de ce sommet, il souligne que la relation UE-UA repose sur des intérêts communs. Par conséquent, un partenariat entre les deux continents postule l’échange et le partage. «D’autant que chacun de nos deux continents dispose de possibilités gigantesques à mettre au profit de ce projet commun ».
L’UE apportera des capacités d’investissements publics et privés, ainsi qu’un savoir-faire en matière d’infrastructures et de technologies vertes, qui sont essentielles pour notre combat commun contre le changement climatique et la transformation des économies africaines. Quant à l’Afrique, le président de l’UA reste convaincu qu’elle dispose d’importantes ressources naturelles, d’une population jeune et dynamique qui ne demande qu’à être mobilisée, et de capacités d’innovation et d’inventivité impressionnantes. Aussi, Macky Sall rappelle-t-il que cette population a aussi besoin d’un meilleur accès aux ressources, y compris par la réallocation des droits de tirage spéciaux sur une base volontaire, pour financer ses énormes besoins de développement économique et social. Sur cette lancée, le président sénégalais lance un appel en faveur d’une transition énergétique juste et équitable, tenant compte des besoins spécifiques de l’Afrique, notamment pour son industrialisation et l’accès universel à l’électricité, au moment où plus de 600 millions d’Africains restent encore sans accès à l’électricité. Toutefois, il plaide pour l’allègement de la dette des pays pauvres pour soutenir les efforts de résilience et de relance des pays africains.
LE DEFI SECURITAIRE
Revenant en outre sur les défis sécuritaires à l’occasion de cette 6e édition, le président de l’UA déclare : « Notre partenariat renforcé mettra aussi la paix et la sécurité au cœur de ses priorités. Les menaces sont de plus en plus transnationales et de plus en plus complexes. Nous y sommes tous confrontés, quelles que soient leurs formes, y compris les cybers attaques et les attaques hybrides. » Pour lui, ces menaces communes interpellent tous les Etats à continuer à y faire face ensemble, y compris en Afrique, en particulier dans la lutte contre le terrorisme. D’où son invite à poursuivre ensemble la réflexion, sous l’égide de l’Union africaine et de l’Union européenne, pour une meilleure coordination des efforts dans cette lutte solidaire contre un ennemi commun. Car faire face à ce défi majeur requiert, selon lui, de partir des causes profondes, l’instabilité et la radicalisation, pour aller jusqu’à la résolution durable des crises et à la construction d’une paix réelle et durable. Alertant sur les risques de confrontation entre blocs, il invite les deux continents à travailler ensemble à l’avènement d’un monde meilleur pour tous, en privilégiant le dialogue et la coopération dans le respect mutuel.
L’ENJEU SANITAIRE
Convaincu que la pandémie a mis en évidence nos vulnérabilités communes, notre interdépendance, le président de l’Ua insiste sur la nécessité d’agir ensemble et de façon concertée pour y faire face et mieux nous préparer aux éventuelles crises sanitaires dans le futur. D’autant que la lutte contre la COVID-19 reste, pour lui, une priorité immédiate. A l’en croire, l’Europe s’est investie depuis le début pour organiser et financer la solidarité internationale en matière de vaccins, en particulier à travers l’initiative COVAX. Il révèle en ce sens que l’UE et ses États membres ont donné près de 400 millions de doses dans le monde entier, dont plus de 85% via COVAX. Faisant d’elle l’un des plus grands donateurs sur le continent, avec près de 130 millions de doses livrées en l’Afrique. Qu’à cela ne tienne, l’UE renforce aussi son soutien pour l‘administration des doses, car avec l’augmentation de l’approvisionnement, le plus grand défi sera la mise en place des plans vaccinaux. Cependant, il alerte sur l’urgence de relever ensemble le défi de la production de vaccins et d’autres produits médicaux et pharmaceutiques en Afrique pour satisfaire les besoins essentiels du continent. Nous saluons et soutenons les projets déjà en cours sur le continent, en allant au-delà de la solidarité relative au don de vaccins», dit-il. L’essentiel est pour lui d’adopter une approche concrète, celle d’identifier les obstacles, les frais aux livraisons, au stockage et à l’administration des doses, et d’y remédier.
6EME SOMMET UE-UA, LE MALI AU CŒUR DES DISCUSSIONS
La situation du Mali sera sûrement au cœur des débats lors de la 6e édition du sommet UA-UE. Surtout que le chef de la diplomatie européenne a récemment annoncé la volonté deBruxelles de poursuivre ses missions militaires de formation au Mali. Selon Josep Borrell, l’Union Européenne (UE) veut rester engagée au Mali, mais pas à n’importe quel prix. Se faisant ferme dans un tweet publié le 13 janvier dernier, il révèle que les ministres de la Défense de l’UE se sont réunis à Brest (ouest de la France) dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Pour l’instant, soulignet-il, les missions de formation et de conseil aux forces armées et de sécurité intérieures maliennes vont continuer “par le biais de l’EUTM“, alors que l’aide budgétaire aux autorités maliennes a déjà été suspendue dès qu’il a été établi que les élections n’allaient pas avoir lieu. Il se désole de ne voir aucun signe de progrès, malgré tous les avertissements de l’UE aux autorités maliennes. «Nous allons suivre de près la situation et prendre des mesures (...) dans la même ligne que les lourdes sanctions prises par les dirigeants ouest-africains réunis au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest(Cedeao)», renseigne Josep Borrell. En dehors de la situation au Mali, les participants au somment vont discuter de la concrétisation des accords financiers du dernier sommet de l’UA-UE qui s’est déroulé en Côte d’ivoire. D’autant que le Président Emmanuel Macron qui a pris la présidence tournante de l’UE au début de l’année 2022 a affirmé sa volonté de «réviser complètement» la relation entre l’UE et l’UA. Il souhaite notamment «renforcer les investissements dans les économies africaines». Lors de sa tournée en Afrique, la présidente de la Commission européenneUrsula von der Leyen a présenté àDakar la nouvelle stratégie d’investissements de l’UE, Global Gateway. Cette stratégie est mise en place afin de faire face à l’influence de la Chine sur le continent, via ses Nouvelles routes de la soie. Elle a ainsi annoncé plus de 150 milliards d’euros pour alimenter des projets d’infrastructures en Afrique, d’ici 2027.