ÊTRE FILS DE PRÉSIDENT NE SUFFIT PAS POUR LE DEVENIR
Qu’il commente la succession de Paul Biya, les ambitions que l’on prête à son fils Franck, l’affaire Zogo ou l’arrivée des Russes sur le continent, l’artiste camerounais ne craint pas de mettre les pieds dans le plat

On l’a connu rappeur engagé puis activiste politique. Aujourd’hui, c’est en tant que vloggeur que Valsero défraye la chronique. Chaque jour, il se met en scène en psychiatre de la société et diffuse sur sa page Facebook des vidéos enregistrées dans sa clinique virtuelle. Des images visionnées quotidiennement par des dizaines de milliers de personnes et qui régalent ses très nombreux abonnés sur les réseaux sociaux.
Installé en Italie, loin de son Yaoundé natal, Valsero croise ces jours-ci le fer avec les autorités camerounaises. Fin mars, il annonçait en effet que la police de son pays avait refusé de renouveler son passeport, qui arrive à expiration début juin. Une affaire politique, selon « le général », qui n’a jamais hésité à défier publiquement Paul Biya.
Jeune Afrique : Votre passeport arrive à expiration et n’a toujours pas été renouvelé. Vous estimez qu’il s’agit d’une décision politique. Pourquoi ?
Valsero : Parce que l’ambassadeur du Cameroun en Italie l’a dit à mon avocat. Si mon passeport n’a pas été fabriqué, c’est en raison d’une décision de sa hiérarchie, a-t-il expliqué. On lui a demandé pourquoi, il a répondu que ce devait être « à cause des problèmes politiques ».
C’est une réponse très claire, qui ne laisse pas de place à la nuance. À cause d’une divergence d’opinion, des gens peuvent se servir de la machine de l’État pour rendre des citoyens apatrides, comme je suis en train de le devenir. On ne peut que regretter que la démocratie ait autant régressé au Cameroun et que certains citoyens soient contraints à l’exil.
Derrière ce refus de renouvellement de passeport, il y a aussi ce besoin de me disqualifier, de m’isoler, et de rendre ma parole moins puissante. Ils se disent qu’en m’enlevant mon passeport et donc ma nationalité, ils vont parvenir à diluer mon impact.
Vous faites partie de ceux qui réclament que la vérité soit établie sur l’assassinat de Martinez Zogo. Pourquoi cela vous tient-il tant à cœur ?
Parce qu’il s’agit de justice, de droits humains et de sécurité publique. Regardez la qualité des acteurs qui sont impliqués ou qui sont soupçonnés de l’être. On parle de personnes qui sont au plus haut sommet de notre pays. Nous sommes dans une situation où un citoyen a utilisé les moyens de l’État, en l’occurence ses services de sécurité et de renseignement, pour assassiner froidement un autre citoyen à l’intérieur même du territoire. L’affaire Zogo, c’est bien plus qu’une histoire d’assassinat, et c’est pour cela qu’elle a choqué les Camerounais.