VIDEOLES JOURNALISTES EN DANGER DANS LE SAHEL
Cinq assassinés et six portés disparus, En Afrique subsaharienne, exercer le métier de journaliste s’avère très dangereux, si l'on n'en croit le responsable du bureau Reporters Sans Frontières (Rsf) dans cette partie du continent.

Dans son dernier rapport intitulé «Dans la peau d'un journaliste au Sahel» et qui s’étend de 2013 à 2023, Reporters Sans Frontières (Rsf) révèle que cinq journalistes ont été assassinés alors que six autres sont portés disparus dans le Sahel.
En Afrique subsaharienne, exercer le métier de journaliste s’avère très dangereux, si l'on n'en croit le responsable du bureau Reporters Sans Frontières (Rsf) dans cette partie du continent. Selon Sadibou Marone, dans le Sahel, on assiste à l'émergence des groupes armés terroristes qui s’attaquent à des civils. «À côté, il y a la riposte des forces armées qui essaient de sauver leurs territoires. C'est dans ce contexte que le journalisme est mis à rude épreuve», souligne-t-il avant de relever que dans des endroits comme le Mali et le Burkina Faso dirigés par des juntes militaires, il devient difficile d'exercer le journalisme de manière libre, fiable et indépendant. «Dans ces contextes, si les groupes armés vous arrêtent, c'est pratiquement des assassinats parce que dans le Sahel, nous en avons répertorié cinq. Et si les forces de défense et de sécurité vous arrêtent dans des zones supposées être interdites, vous serez assimilés à un ennemi», soutient-il.
Au Sahel, dans les zones nord, il existe des radios communautaires très dynamiques qui utilisent des langues nationales. Malheureusement, se désole Sadibou Marone, les groupes armés terroristes en ont détruit beaucoup, qu'il s'agisse du nord du Burkina, ou du Mali. «Avec l'émergence des juntes qui sont arrivées au pouvoir à travers des coups d'Etat, il y a de plus en plus des expulsions de journalistes comme ceux de Libération et du Monde», dénonce-t-il avant de révéler : «Le traitement patriotique de l'information a été théorisé au Mali et dans d’autres pays comme le Burkina Faso. Tout cela pour dire que la liberté de la presse dans ce contexte difficile est fortement menacée. Le Sahel est une zone meurtrière pour les journalistes. L’espace de reportage est très réduit. Et il y a des zones que l’on ne peut pas atteindre en tant que journaliste». Malgré ces différents écueils, le responsable de Rsf Afrique de l’Ouest plaide toujours pour une information crédible, indépendante et fiable.
RSF DEMANDE AU GOUVERNEMENT SENEGALAIS D'ASSURER LA SÉCURITE DES JOURNALISTES
Même si le Sénégal est moins touché par ces dérives, il n’en demeure pas moins que Rsf demande aux autorités d'assurer la sécurité des journalistes qui sont brutalisés et emprisonnés comme c'est le cas de Yacine Thiam et Pape Ndiaye. «Nous pensons aux autres journalistes qui, dans le cadre de leur fonction dans cette période préélectorale très tendue et compliquée au Sénégal, ont été brutalisés. Nous interpellons les autorités que la sécurité des biens et des personnes leur incombe, tout autant que celle des journalistes».
LE RAPPORT EN CHIFFRES
Au Mali, trois journalistes ont été tués. Au Burkina Faso, deux confrères ont trouvé la mort. Entre le 08 avril 2021 et le 20 mars 2023, il a été relevé la prise d’otage d’un journaliste au Mali. S’agissant de la disparition de journalistes, on en a dénombré 3 au Tchad et 03 au Mali. En ce qui concerne les arrestations, le Tchad vient en tête avec 72 journalistes en prison, suivie de la Mauritanie avec 15 journalistes incarcérés. Viennent ensuite le Mali qui en compte 12, le Bénin (10), le Niger (8) et le Burkina Faso (2). Pour les autres exactions, notamment les agressions, menaces diverses, médias saccagés ou suspendus, on a répertorié trois cas en Mauritanie, 12 au Mali, 17 au Burkina Faso, 6 au Mali, 15 au Niger et 51 au Tchad.