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2 mai 2025
«LA DETTE AVOISINE LES 77% DU PIB»
Les finances publiques actuelles sont désolantes, soutient l’économiste et enseignant à l’Ucad, Meissa Babou. Le président Bassirou Diomaye Faye (BDF) doit revoir à la baisse les charges publiques et mettre en place une assiette fiscale équitable
Le président Bassirou Diomaye Faye (BDF) et son gouvernement doivent revoir à la baisse les charges publiques et mettre en place une assiette fiscale équitable qui ne défavorise personne pour faire face aux difficultés pressantes et prégnantes des populations en quête d’un meilleur vivre. Car, les finances publiques actuelles sont désolantes, soutient l’économiste et enseignant à l’Ucad, Meissa Babou.
En rencontrant les leaders de sa coalition le samedi 6 avril à Dakar, le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye avait laissé entendre que la situation économique du pays est lamentable. « Nous allons traverser beaucoup d’épreuves à cause de la situation déplorable que nous avons trouvée… », avait-il prévenu. Une situation économique alarmante qu’il entend tirer au clair. Et pour ce faire, le 9 avril dernier dans le communiqué sanctionnant le tout premier Conseil des ministres du nouveau pouvoir, le président de la République Bassirou Diomaye Faye demandait à son chef du gouvernement Ousmane Sonko de « procéder à une revue générale des programmes et projets et de dresser la situation générale des finances publiques, de la coopération internationale et des partenariats public-privé».
Interrogé sur la gouvernance des finances publiques, l’économiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Meissa Babou conforte le président Bassirou Diomaye Faye, faisant ainsi entendre que «la dette tourne autour de 15 000 milliards, soit environ 77% du Produit intérieur brut (Pib)», sous réserve que les autorités actuelles donnent la situation exacte des finances publiques du Sénégal.
A l’en croire, le mal, c’est sans doute les dépenses publiques (service de la dette et masse salariale) qui envoisinent 250 milliards par mois. D’où la question de savoir est-ce que l’Etat du Sénégal a les capacités fiscales pour mobiliser ces ressources ? Ce qui, aux yeux de l’économiste, n’est pas chose facile. Pour se tirer d’affaires, il dégage deux options à savoir aller sur le marché financier pour lever des fonds et combler le gap. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur beaucoup de projets qui vont être arrêtés ou remis aux calendes grecques ou alors développer une politique fiscale équitable. Ce qui suppose un abandon des subventions sur les produits pétroliers, l’électricité entre autres. Mais, cette deuxième option n’est pas viable. Parce qu’elle serait totalement en déphasage avec le projet des tenants du pouvoir. Ce qui risque de causer beaucoup de problèmes au régime en place. C’est dire que le régime actuel est dans toutes les difficultés et il urge de baisser les charges publiques et accroitre les ressources en obligeant « toutes les entreprises de plein droit à payer les impôts et surtout mettre en place une nouvelle politique fiscale qui ne désavantage personne mais qui favorise l’équité fiscale », a soutenu l’économiste Meissa Babou.
L’ETAT SOUS TENSION
Lourdement endetté, le Sénégal peine à financer son développement. Si la dette extérieure dépasse les normes, les facteurs internes plombent aussi la reprise
L’Etat du Sénégal est aujourd’hui sous tension financière à cause du niveau d’endettement qui tourne autour de 70%, à peu près à hauteur de 15000 milliards de Fcfa, selon certains économistes. Pour faire face à cette situation, le nouveau régime envisage de réaliser un vaste état des lieux de la situation économique et financière du pays et d’élaborer un plan d’action.
A la fin de l’année 2023, la dette du Sénégal était estimée à 72,2%, incluant le sur-financement des quatre (4) premiers mois de l’année 2024. En excluant ce financement ponctuel, la dette du Sénégal reste en deçà des 70% de la norme communautaire, puisque celle-ci (dette) «ressortirait à 69,2%.
Selon la Fmi, l’économie Sénégalaise n’est toujours pas en pleine reprise d’activités économiques. Ce retard est lié aux facteurs externes et internes. Pour les facteurs exogènes, on note la pandémie à Covid-19, la crise Russo-ukrainienne, la hausse du prix du baril de pétrole, la crise alimentaire, l’inflation et actuellement la crise au Moyen-Orient. Au niveau interne, on relève, entre autres, les tensions sociopolitiques, le report de la production du pétrole jusqu’au second semestre 2024. Ce qui n’est pas sans conséquences sur le taux de croissance de 2023 qui a été révisé de 5,3% à 4,1% pour l’année.
Cette situation alarmante a poussé le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, à demander mardi 9 avril à son Premier ministre, Ousmane Sonko, de réaliser un vaste état des lieux de la situation économique et financière du pays et d’élaborer un plan d’action.
Pourtant, lors du vote du budget de l’année 2024 à l’Assemblée nationale, l’ancien ministre des Finances et du budget Mamadou Moustapha Ba avait indiqué, concernant la dette, que « le Sénégal, suivant le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), publié le 12 avril 2023, fait partie des pays à risque de surendettement modéré. » Il revenait sur les seuils du Sénégal estimant que « la valeur actuelle nette de la dette extérieure rapportée au PIB est à 55% et le Sénégal était à 46% en 2022 et 45% en 2023. Pour la valeur actualisée de la dette extérieure par rapport aux exportations, le Sénégal est à 187% en 2022 et 191% en 2023 alors que le seuil est de 240% ».
Relativement à la rationalisation des dépenses, Mamadou Moustapha Bâ a rappelé qu'il y avait des indicateurs qui permettent de mesurer « si le pays vit en fonction de ses moyens ». Il s'agit, en effet des dépenses de fonctionnement rapportées au PIB. Ce taux qui était de 12% est maintenant, selon le ministre, de 8,78%. Ce qui atteste de la baisse du train de vie de l’État.
Toutefois, il faut préciser qu’en matière d’endettement, ce qui est important, ce n’est pas le taux. Il y a des pays qui sont à 100% d’endettement. Beaucoup de pays développés ont dépassé la barre des 60% qui est fixée en Europe.