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14 mai 2025
LE PROGRAMME DU NOUVEL EXÉCUTIF
Protection du pouvoir d'achat, accès à l'emploi des jeunes, souveraineté économique: Ousmane Sonko définit les grands axes sur lesquels devra se concentrer la nouvelle équipe gouvernementale
Le nouveau gouvernement sénégalais dont la composition a été rendue publique, vendredi soir, va travailler sur cinq priorités majeures dont la jeunesse, la vie chère, la justice, a indiqué le Premier ministre Ousmane Sonko.
La nouvelle équipe gouvernementale va s’atteler aux questions de la jeunesse, de l’éducation, de la formation, de l’entreprenariat, et l’emploi des jeunes et des femmes, a-t-il dit.
Le Premier ministre a évoqué ”la lutte contre la vie chère et l’amélioration du pouvoir d’achat des populations”.
A cela s’ajoutent ”la justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l’amélioration d’un système démocratique et électorale’’.
Selon Ousmane Sonko, le gouvernement aura comme priorité ”la souveraineté économique, l’exploitation optimale des ressources naturelles, la prospérité et le développement endogène et durable du Sénégal”.
Il a également évoqué ”la consolidation de l’unité nationale de la cohésion sociale et territoriale ainsi que le renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays”.
Le nouveau gouvernement compte 25 ministres et cinq secrétaires d’Etat.
LE PREMIER MINISTRE EXIGE LA DÉMISSION DES MINISTRES CUMULARDS
Ultimatum d'un mois aux ministres élus. Ousmane Sonko souhaite que ces derniers se consacrent exclusivement à leurs tâches gouvernementales, préférant l'efficacité à la polyvalence des fonctions
Les membres de la nouvelle équipe gouvernementale exerçant un mandat électif devront se démettre dans un mois, a indiqué le Premier ministre.
”Il a été donné instruction à tous ceux qui ont été retenus dans cette équipe gouvernementale et qui exercent par ailleurs un autre mandat électif, un délai d’un mois (1) pour se démettre de toute autre responsabilité élective qu’elle soit au niveau des Collectivités locales ou de l’Assemblée nationale”, a annoncé Ousmane Sonko juste après la publication de la liste du nouveau gouvernement.
Selon lui, cette décision permettra aux ministres de se consacrer exclusivement à la lourde responsabilité gouvernementale afin de mieux faire face aux enjeux et de répondre efficacement aux attentes des populations.
SONKO DÉVOILE SON GOUVERNEMENT
25 ministres, 5 secrétaires d'État : la nouvelle équipe gouvernementale est désormais connue. Elle introduit des visages issus du monde militaire à des positions stratégiques comme la Défense ou l'Intérieur
Un gouvernement composé de 25 ministres et 5 secrétaire d’Etat a été formé vendredi, a annoncé le Secrétaire général de la Présidence de la République, Oumar Samba Ba.
Le gouvernement est marqué par la présence d’officiers supérieurs dans des postes clés à l’image de l’ancien chef d’Etat major général des armées, le général Birame Diop au poste de ministre des Forces armées et de l’ancien haut commandant de la gendarmerie et directeur de la justice militaire, Jean Baptiste Tine, qui va occuper le poste de ministre de l’Intérieur.
Le magistrat Ousmane Diane, jusque-là procureur général à la Cour Suprême hérite du poste de Garde des Sceaux, ministre de la Justice.
Ci-dessous la liste complète
Madame Yassine Fall : ministre de l’intégration africaine et des affaires étrangères
Général Birame Diop : ministre des forces armées
Monsieur Ousmane Diagne : ministre de la justice, garde des Sceaux
Général Jean-Baptiste Tin : ministre de l’intérieur et de la sécurité publique
Monsieur Birame Souleil Diop : ministre de l’énergie, du pétrole et des mines
Monsieur Abdourahmane Saad : ministre de l’économie, du plan et de la coopération
Monsieur Cheikh Diba : ministre des finances et du budget
Monsieur Malik Ndiaye : ministre des infrastructures et des transports terrestres et aériens
Monsieur Daoud Ngom : ministre de l’environnement et de la transition écologique
Monsieur Amadou Moustapha Ndiak Saré : ministre de la formation professionnelle, porte-parole du gouvernement
Monsieur Cheikh Tizian Ndiaye : ministre de l’hydraulique et de l’assainissement
Monsieur Alioun Sal : ministre de la communication, des télécommunications et du numérique
Monsieur Elhaj Abdourahmane Diouf : ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Monsieur Serigne Gueye Diop : ministre de l’industrie et du commerce
Madame Fatou Diouf : ministre des pêches, des infrastructures maritimes et portuaires
Madame Maïmouna Diaye : ministre de la famille et des solidarités
Monsieur Yankoba Diemi : ministre du travail, de l’emploi et des relations avec les institutions
Monsieur Balla Moussa Fofana : ministre de l’urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires
Monsieur Moustapha Mambagirasi : ministre de l’éducation nationale
Monsieur Ibrahim Sy : ministre de la santé et de l’action sociale
Monsieur Olivier Boukal : ministre de la fonction publique et de la réforme du service public
Madame Fadi Diengay : ministre de la jeunesse, d’espoir et de la culture
Monsieur Mahbouba Diagne : ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage
Monsieur Alioun Djon : ministre de la micro-finance et de l’économie sociale et solidaire
Monsieur Montaga Djaou : ministre du tourisme et de l’artisanat.
En vertu de l’article 2, sont nommés secrétaires d’État :
Monsieur Ahmadou Cherif Djouf : secrétaire d’État au Sénégalais de l’extérieur
Monsieur Ibrahim Tchab : secrétaire d’État au développement des petites et moyennes industries
Monsieur Mohamed Talandaou : secrétaire d’État à l’urbanisme et au logement
Monsieur Alpha Ba : secrétaire d’État au coopératif et à l’encadrement paysan
Monsieur Bakarissa : secrétaire d’État à la culture, aux industries créatives et au patrimoine historique.Le présent décret sera publié au journal officiel de la République du Sénégal.2
LE DESTIN POLITIQUE DE DIONNE, L'INDÉFECTIBLE COMPAGNON DE MACKY
Économiste de formation, Dionne s'était fait un nom en politique en gravissant tous les échelons à l'APR. De directeur de cabinet à Premier ministre, il aura été l'un des artisans majeurs du premier mandat de Macky Sall
L’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, décédé vendredi en France où il avait été évacué pour des soins à la veille de l’élection présidentielle à laquelle il était candidat, était un technocrate tombé en politique à la faveur d’une proximité et d’un compagnonnage de longue date avec l’ancien président de la République Macky Sall.
Il avait longtemps joué les premiers rôles aux côtés de l’ancien président de la République dont il a été un ardent défenseur, un véritable fusible en tant que Premier ministre. Mahammed Boun Abdallah Dionne avait fini par prendre ses distances avec Macky Sall après que ce dernier a porté son choix sur Amadou Ba comme candidat de la coalition Bennon Bok Yaakar à l’élection présidentielle du 24 mars.
Sur le réseau social X, Macky Sall se dit ”peiné d’apprendre le décès de l’ancien PM Mahammed Boun Abdallah Dionne”. ”Le Sénégal perd un cadre de grande valeur et moi un compagnon de longue date. Mes condoléances émues à sa veuve Caty et à sa famille. Je salue sa mémoire. Paix à son âme”, a t-il écrit.
D’aucuns avaient pu apercevoir sa santé déclinante durant la campagne électorale. Au point même que des rumeurs de son décès avaient vite fait le tour de la toile avant d’être démenties par ses proches.
Né le 22 septembre 1959 à Gossas, dans la région de Fatick, M. Dionne, économiste et informaticien de formation était notamment un des hommes de confiance du leader de l’Alliance pour la République dont il a été à deux reprises directeur de cabinet, d’abord à la Primature de 2005 à 2007 ensuite à l’Assemblée nationale de 2007 à 2008, sous le régime d’Abdoulaye Wade.
Membre de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien fonctionnaire de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) y a joué un rôle de premier plan pendant une dizaine d’années.
Il avait ainsi dirigé aux élections législatives de juillet 2017, la liste de la mouvance présidentielle, sortie largement victorieuse de ce scrutin en raflant 125 des 165 sièges de députés en jeu.
Mahamad Boun Abdallah Dionne deviendra, deux ans, plus tard, le directeur de campagne du candidat Macky Sall à la présidentielle que le chef de l’Etat sortant a remporté dès le premier tour avec avec 58,27% des suffrages.
Son passage à la tête du gouvernement avait coïncidé avec la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE), devenu le référentiel des politiques publiques du pays.
A partir de mai 2019, à la suite à la suppression de la fonction de Premier ministre au Sénégal, il continua d’assurer les activités de coordination du gouvernement en qualité de ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence du Sénégal, du 6 avril 2019 au 28 octobre 2020, date à laquelle il quitte le gouvernement.
Il se lance en 2021 dans la consultation internationale avant d’être nommé, en avril 2023, président du Conseil d’administration de la Banque industrielle pour le commerce et l’industrie (BICIS), d’où il démissionne, le 25 septembre de la même année, après avoir pris la décision de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
LE SÉNÉGAL ORPHELIN DE DIONNE, LE BRILLANT HOMME D'ÉTAT
Du président de la République à ses anciens rivaux politiques, des voix s'élèvent pour saluer la mémoire de l'ex-Premier ministre, rappelé par Dieu ce vendredi. Ses qualités humaines et son dévouement au service du pays sont largement soulignés
Des acteurs politiques ont fait part de leur tristesse à la suite de l’annonce du rappel à Dieu, vendredi, de l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne.
M. Dionne, candidat l’élection présidentielle du 24 mars, est décédé ce vendredi en France où il avait été évacué à la veille du scrutin pour des soins.
”Avec le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne, la Nation perd l’un de ses plus éminents serviteurs, un homme dévoué et précieux. À sa famille, je présente mes plus sincères condoléances. Mes pensées les accompagnent dans cette période de tristesse. Puisse Le Bon Dieu l’accueillir dans son Paradis par la Bénédiction de ce vendredi saint du mois béni de Ramadan où les musulmans s’apprêtent à célébrer la nuit du destin”, a écrit le président de la République Bassirou Diomaye Faye sur le réseau social X.
L’ancien Premier ministre Aminata Touré déclare avoir appris avec ‘’une grande tristesse’’ le rappel à Dieu de Mahammad Boun Abdallah Dione”, son successeur à la Primature. Elle a rendu hommage à ”un homme d’Etat accompli et un gentleman de grande valeur”, priant que ”Dieu l’accueille au Paradis parmi les Valeureux’’.
Le candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle du 24 mars, l’ancien chef du gouvernement, Amadou Ba a salué la mémoire d’un ‘’fidèle serviteur de l’Etat’’ qui ‘’aura marqué notre pays par son amabilité et son sens du devoir’’.
‘’J’ai appris avec beaucoup de tristesse le rappel à Dieu du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne. Fidèle serviteur de l’Etat, il aura marqué notre pays par son amabilité et son sens du devoir. Sa disparition constitue une grosse perte pour le Sénégal. Je présente à sa famille et au peuple tout entier mes sincères condoléances’’, a dit le candidat à la dernière élection présidentielle sur la même plateforme.
Le président du parti Awalé, Abdourahmane Diouf, a lui aussi exprimé sa ”tristesse”. Il a présenté ses ‘’condoléances émues à sa famille, ses proches et à toute la Nation Sénégalaise’’ et prié pour que Dieu l’accueille dans ‘’Son Paradis céleste en cette fin de mois béni de ramadan’’.
La responsable de la coalition “Alternative pour la relève citoyenne” (ARC), Anta Babacar Ngom se dit attristée par cette nouvelle et présenté ses ‘’plus sincères condoléances à sa famille, ses proches et à tout le peuple sénégalais’’.
Selon elle, ‘’M. Dionne était un homme d’État dévoué et un leader visionnaire qui a servi son pays avec passion et intégrité. Sa contribution significative au développement du Sénégal restera gravée dans l’histoire. En ces moments difficiles, que le souvenir de son engagement et de sa sagesse apporte un peu de réconfort’’.
”C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de l’ancien Premier Ministre Mohammed Boun Abdallah Dione. Je rends hommage à son dévouement et son service à l’État. En ces moments difficiles, mes pensées vont à sa famille et à ses proches. Que son âme repose en paix”, a dit Khalifa Sall de Taxawu Sénégal.
Pour l’ancien candidat à la présidentielle, El Hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao, la ‘’contribution’’ de Mahammad Boun Abdallah Dionne’’ à la nation restera gravée dans nos cœurs’’.
Le Candidat de la Coalition ”Diao 2024” a rappelé la ‘’relation particulière’’ qu’il entretenait avec ce ‘’grand homme d’État, serviteur de la République, brillant, pragmatique, humble et l’impact qu’il a eu sur (sa) vie’’.
Le leader du mouvement politique Tekki, Mamadou Lamine Diallo a rendu hommage à son ‘’ami de 55 ans’’ qu’il a présenté comme ‘’un brillant sujet’’.
Boubacar Camara, président du Parti de Construction et de la Solidarité PCS/JENGU-TABAX a salué la mémoire d’un ‘’homme courtois et cultivé’’ qui ‘’s’en est allé après un dernier combat pour le Sénégal’’.
”Le destin a voulu qu’il n’ait pas pu voter pour lui-même pour des raisons de santé. Aujourd’hui, il est arraché à notre affection, quelques jours après l’installation d’un nouveau Président de la République. Jusqu’au bout, il nous a laissé le souvenir d’un homme dont la vaste culture est le trait frappant et qui aura mené un combat sans répit pour le Sénégal, avec courtoisie et détermination’’, a-t-il dit.
Le Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a relevé que l’engagement du défunt avait permis de faire avancer plusieurs questions relatives aux droits humains.
”Nous sommes peinés par le décès de l’ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdalah Dionne survenu ce jour à Paris. A la primature, il s’était entouré d’un groupe de conseillers particulièrement efficaces avec qui nous avons fait avancer plusieurs questions relatives aux droits humains’’, a-t-il témoigné.
par Jean-Louis Corréa
DE LA PROTECTION DES LANCEURS D’ALERTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le lanceur d’alerte est-il cette « balance » des temps modernes adepte de « la vindicte à portée de clics » ou est-ce plutôt ce citoyen épris de justice et de vérité que sa conscience martyrise à ne pas dénoncer les abus ?
Le président de la République, dans son adresse à la Nation du 3 avril 2024, a indiqué la nature des réformes institutionnelles qu’il souhaitait, dans les temps proches, entreprendre. Parmi ces différentes mesures, une en particulier a, plus que les autres, retenu mon attention. L’idée d’une loi visant la protection des lanceurs d’alerte.
Plus connu sous la dénomination anglaise de whistleblower, le lanceur d’alerte est un individu qui adopte une posture en raison de sa conscience heurtée par des faits contraires à la loi au sens large. Un tel vœu, s’il venait à se concrétiser, ferait entrer le Sénégal dans une ère de gouvernance ouverte et citoyenne, rarement promue sous nos latitudes. Toutefois, cet outil de renforcement de la redevabilité et de la transparence sera plus efficace si accompagné par une loi consacrant les libertés publiques en général et l’espace civique en particulier.
Dans un contexte de production de pétrole et de gaz, la protection des lanceurs d’alerte participe d’un contrôle citoyen accru, afin de veiller à ce que les ressources nationales soient gérées de façon orthodoxe. On pourra entendre la volonté d’élaborer une loi sur la protection des lanceurs d’alerte en contemplation de la directive n°1/2009/CM/UEMAO portant Code de la transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA.
L’annonce présidentielle a donné lieu à une grande joie sur les réseaux sociaux, les justiciers numériques et autres détectives digitaux à la petite semaine se pensant découvrir un nouveau créneau : lanceur d’alerte. On pouvait lire sur X d’aucuns dire qu’avec la loi à venir sur la protection des lanceurs d’alerte, le métier de « balance » avait un avenir au Sénégal et d’autres d’ergoter sur la possibilité de filmer et divulguer les sempiternelles scènes quotidiennes de civils corrupteurs encanaillés avec les corrompus à habits imposés.
Mais le lanceur d’alerte est-il cette « balance » des temps modernes, adepte de « la vindicte à portée de clics » ou est-ce plutôt ce citoyen épris de justice et de vérité que sa conscience martyrise à ne pas dénoncer les abus et autres violations qu’il constate ?
Que nos justiciers des réseaux se calment. Le lanceur d’alerte est une réalité autre, bien comprise sous d’autres cieux que nous allons passer en revue, sans prétention à l’exhaustivité.
Contexte d’émergence
Plaçons l’apparition des lanceurs d’alerte dans un contexte global marqué par un besoin accru de transparence, remède principal contre les théories du complot qui ont la vie dure et dont certains « professeurs » médiatiques sont les prophètes au Sénégal. Contre les théories du complot favorisées par l’époque à laquelle nous sommes rendus, le meilleur remède est la transparence d’autant plus que « nos contemporains se sentent coupés du passé, incertains face à l’avenir, méfiants et désorientés à l’égard du présent ». Entre experts officiels, contre-experts et alter-experts, pour s’éviter que l’on puisse valider ce type d’assertion conspirationniste « ce n’est pas le gouvernement qui gouverne le Sénégal, on ne sait pas qui tire les ficelles », il est important de faire la promotion de l’open governance.
L’ouverture (open) et la transparence (transparency) sont devenues de critères de mesure des politiques publiques et de leur aptitude à servir utilement les populations. La lutte contre la corruption a trouvé dans les lanceurs d’alerte un puissant allié.
Pratiques comparées du lanceur d’alerte
On ne saurait parler de lanceur d’alerte sans commencer par les États-Unis d’Amérique, terre de naissance et lieu de la pratique la plus aboutie du whistleblowing. Dans le système américain, le whistleblowing permet de lutter contre toute sorte d’abus, les gaspillages, les actes illégaux, les mauvais comportements et autres traitement inadéquats.
Dans ce pays, il existe plus d’une dizaine de lois au niveau fédéral et bien plus au niveau des États fédérés visant la protection des lanceurs d’alerte, entre garantie de confidentialité, récompenses financières et protection contre les mesures de rétorsion. L’objectif visé est d’encourager les citoyens à dénoncer les fraudes et autres pratiques illicites ou illégales.
Ce sont les lanceurs d’alerte qui ont exposé le Watergate, l’échec de la guerre du Vietnam, dénoncé les fraudes comptables massives qui conduit à la chute de Enron et WorldCom au début des années 2000 ; qui ont exposé les comptes bancaires suisses secrets et les dangers de la nicotine, entre autres scandales.
En Europe, l’Union européenne a adopté la directive 2019/1937 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union européenne. Cette directive a été transposée par plusieurs États membres de l’UE. Pour le Conseil de l’Europe : « le cadre national devrait favoriser un environnement qui encourage à faire ouvertement tout signalement ou toute révélation d'informations. Nul ne devrait éprouver de crainte de soulever librement des préoccupations d'intérêt général »
Mais en France, déjà en 2016, la loi Sapin 2 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, transposant la quatrième directive européenne de lutte contre le blanchiment et la corruption, assurait la protection des lanceurs d’alerte. Selon ladite loi « Un lanceur d'alerte est une personne physique qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d'un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d'un acte unilatéral d'une organisation internationale pris sur le fondement d'un tel engagement, de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice grave pour l'intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance. »
En Afrique, rares sont les pays à s’être doté d’une loi de protection des lanceurs d’alerte. Ce mécanisme de promotion de la bonne gouvernance semble perturber la quiétude de nos dirigeants. À notre connaissance, le Ghana a été l’un des premiers pays en Afrique de l’Ouest à se doter, dès 2006, d’un Whistleblowers Act (Act 270). Le Liberia (Whistle-blowers and witness protection bill of 2017) et l’Afrique du Sud (Protected disclosures Act n° 26 of 2000) sont aussi à identifier comme terre d’accueil du whistleblowing en Afrique. Dans ces trois pays, il y a la loi mais aussi un organe spécialement dédié à sa mise en œuvre. Dans un pays comme le Kenya, il n’existe pas de loi spécifique mais des dispositions législatives sont applicables aux lanceurs d’alerte.
Comme on peut le constater, jusqu’à plus ample informé, il n’y a pas, en Afrique noire francophone, d’État ayant une loi ou un dispositif de protection des lanceurs d’alerte, ce que des recherches approfondies pourraient infirmer ou confirmer.
Portrait-robot du lanceur d’alerte
La qualification de lanceur d’alerte est réservée à une catégorie de personnes. Entre les personnes physiques et les personnes morales, seules les premières sont concernées. Ce qui exclut les associations, les syndicats, a fortiori les dénonciations anonymes.
Dans certaines législations, comme au Liberia, en Afrique du Sud, le lanceur d’alerte doit être un employé (ou ex-employé) d’un service public ou privé. Dès lors, avant de dénoncer en public, il doit saisir sa hiérarchie afin de trouver des solutions aux faits constatés. En cas d’inaction de l’autorité publique, la divulgation publique est légitime.
En outre, le lanceur d’alerte ne peut révéler ou dénoncer que des faits dont il a une connaissance personnelle, ce qui exclut les faits portés à sa connaissance par un tiers dont il se fait le porte-parole.
De même, les révélations ou les dénonciations faites par le lanceur d’alerte sont généralement désintéressées, ce qui exclut toute forme de rémunération (dans le modèle américain, une récompense est envisageable), et faites de bonne foi, sans intention de nuire. Ce qui se comprend aisément, le lanceur d’alerte dénonce des faits portant gravement atteinte à l'intérêt général.
Afin de garantir sa protection, la qualité de lanceur d’alerte est une cause d'irresponsabilité pénale. Sa qualité le rend irresponsable pénalement de l'atteinte qu'il porterait à un secret protégé par la loi, à l’exclusion du secret de la défense nationale, du secret médical ou du secret des relations entre un avocat et son client, en divulguant son information.
Pour vivre heureux, il faut vivre caché
Assertion ne saurait être plus fausse dans la gestion de la chose publique. Pour vivre heureux, il ne faut plus vivre caché. A l’ère de l’ouverture, se traduisant par l’anglicisme « open » préfixe à la mode et prétexte à de nombreuses politiques publiques, open access, open data, open science, l’action non révélée équivaut à une action suspecte voire non réalisée.
Le désir de transparence à partie liée avec l’idéal déclaré d’un monde où le soupçon serait déclaré impossible, « l’apparence étant parfaitement conforme à la réalité ». Mais comme le révèle P.-A Taguieff, « l’impératif de transparence est porteur d’équivocité…dans le monde de la transparence…les authentiques vertueux et les naïfs de bonne volonté côtoient les Tartuffe, les manipulateurs, les menteurs, les démagogues ».
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DIATOU CISSE ÉTRILLE LES PRIVILÈGES DES ÉLITES
La journaliste dénonce les dérives d'un système rongé par une caste au sommet de l'État. Fonds politiques indécents, retraites présidentielles faramineuses, avantages matériels injustifiés... Son plaidoyer pour l'équité fait des vagues
Le débat sur les privilèges accordés aux anciens responsables politiques sénégalais est à nouveau relancé. Lors d'une émission télévisée sur la TFM, la journaliste Diatou Cissé a souligné qu'il était nécessaire de "revoir ces points-là".
Selon elle, "rien ne justifie que vous soyez président du conseil économique, vous partez, on vous donne trois millions par mois. Un ancien président de la République, on lui donne si je ne m'abuse, cinq millions. C'est du détournement légalisé."
Diatou Cissé fait ici référence aux larges privilèges financiers attribués aux anciens présidents de la République et présidents d'institutions au Sénégal. Elle dénonce des sommes "excessives" et "au non de quoi" ces personnalités perçoivent de tels montants.
"Il y a des agences, les gens, certains ont sept millions, d'autres ont cinq millions. Les hausses salariales par-ci et par-là ont déstabilisé la grille de salaire de la fonction publique. Comment on peut être ancien président et ne pas avoir une maison ?", s'interroge-t-elle, pointant le caractère "gabégique" de l'État sénégalais depuis les libéraux.
Selon la journaliste, ces privilèges "induits ou excessifs" contribuent à "vampiriser" l'État sénégalais et mobilisent des ressources qui pourraient être allouées à des politiques publiques prioritaires comme l'emploi des jeunes.
DÉCÈS DE BOUN DIONNE, MACKY SALL SALUE LA PERTE D’UN GRAND CADRE ET COMPAGNON
Sa réaction ne pouvait tarder. Le Président Macky Sall a dit toute sa peine d’apprendre le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne à Paris.
Sa réaction ne pouvait tarder. Le Président Macky Sall a dit toute sa peine d’apprendre le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne, hier, à Paris.
Dans un post sur X, l'ancien chef de l'Etat du Sénégal écrit : «Le Sénégal perd un cadre de grande valeur et moi un compagnon de longue date. Mes condoléances émues à veuve Caty et à sa famille. Je salue sa mémoire. Paix à son âme.» La politique les a éloignés depuis quelques mois. Son ancien Premier ministre avait choisi d’être candidat et donc de ne pas soutenir Amadou Ba.
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AYIB DAFFÉ APPORTE DES PRÉCISIONS SUR LA FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
La liste du premier gouvernement du nouveau régime n’est pas encore dévoilée. Au moment où les supputations fusent, Ayib Daffé, le secrétaire général adjoint de Pastef a apporté quelques précisions.
La liste du premier gouvernement du nouveau régime n’est pas encore dévoilée. Au moment où les supputations fusent, Ayib Daffé, le secrétaire général adjoint de Pastef a apporté quelques précisions.
«À mon avis, on est dans les délais raisonnables pour former un gouvernement», a déclaré Ayib Daffé. Le secrétaire général adjoint du parti Pastef, qui s’exprimait sur la Rfm, estime que dans cette situation, «parler de retard est inapproprié». Car, dit-il, que «des gouvernements ont été formés sur plus d’une semaine».
La question que l’on se pose aujourd’hui, c’est à quelle date ou à quelle heure sera diffusée la liste du gouvernement de Ousmane Sonko : «Elle peut être publiée aujourd’hui comme demain», a-t-il indiqué.
LES CONFESSIONS D'UN GARDIEN DE BUT SÉNÉGALAIS VICTIME DE RACISME EN ESPAGNE
Cheikh Sarr, gardien sénégalais du Rayo Majadahonda (D3 Espagne), a été suspendu deux matchs après avoir réagi à des insultes racistes lors d'une rencontre de football en Espagne.
iGFM (Dakar) Cheikh Sarr, gardien sénégalais du Rayo Majadahonda (D3 Espagne), a été suspendu deux matchs après avoir réagi à des insultes racistes lors d'une rencontre de football en Espagne. Cet incident, survenu le week-end dernier lors d'un match contre Sestao, soulève une fois de plus la question du racisme dans le sport. Le joueur de 23 ans a décidé de s'exprimer sur cette épreuve et sur son engagement contre le racisme, lors d'une interview dans Marca reprise par Afrikfoot.
Pour avoir sauté dans la tribune adverse pour s'expliquer avec l'individu l'ayant insulté à plusieurs reprises, Cheikh Sarr a été expulsé. Choqués par l'incident, ses partenaires avaient d'ailleurs refusé de poursuivre le match, retournant aux vestiaires en signe de solidarité envers leur gardien, condamnant des “insultes racistes inacceptables” et une “honte absolue“. Cette attitude lui a donc valu une suspension mais elle a également été payée au prix fort par son club du Rayo Majadahonda, qui a vu trois points retirés de son classement en plus d'une défaite par forfait et de 6000 euros d'amende.
Mercredi, Cheikh Sarr s'est exprimé dans une interview avec Marca, discutant des conséquences de l'acte qui a mené à sa suspension. “Les trois points perdus me font beaucoup souffrir“, confie-t-il, soulignant l'impact de la sanction sur lui et son équipe. Dans son verdict, la Fédération de football espagnole a admis que Cheikh Sarr avait subi une “offense grave“, mais a jugé inappropriée sa manière de réagir, suggérant qu'il aurait dû “suivre les procédures officielles“.
"J'ai agi ainsi parce que j'étais affecté..."
Dans son témoignage, l'ancien international U20 avec le Sénégal révèle son désarroi. “Nous, qui sommes sur le terrain, parfois nous ne pouvons pas endurer et nous agissons sans réfléchir. J'étais affecté et c'est pour cela que j'ai agi ainsi“, dit-il, reconnaissant l'importance de lutter contre le racisme et l'effet de ses actions.
“Si cela m'arrive à nouveau, je ne réagirai pas comme je l'ai fait et je saurai comment me comporter. Ma fille mérite un monde meilleur. Je me bats et je me battrai pour elle“, avait-il aussi communiqué dans un post sur Instagram publié avant l'annonce de sa suspension.
Quoi qu'il en soit, sa suspension intervient alors que les médias ibériques encourageaient les instances à ne pas sanctionner Cheikh Sarr si l'Espagne “souhaitait vraiment mettre fin au racisme” dans ses stades. “La victime ne peut pas être sanctionnée“, titrait par exemple le très connu quotidien sportif Marca mercredi, avant la décision de la RFEF. Cheikh Sarr s'était également exprimé mardi lors d'une conférence de presse, indiquant que ce qu'il avait subi “était quelque chose d'horrible, quelque chose que je ne pouvais pas supporter, d'une grande tristesse“.
“Défendre ma dignité vaut plus que tout”
La situation du natif de Dakar souligne les défis rencontrés par les athlètes face au racisme. En choisissant de s'exprimer, Sarr lutte non seulement pour sa propre dignité mais aussi pour celle de tous ceux qui ont été confrontés au racisme dans le sport et ailleurs. Ses mots, “défendre ma dignité vaut plus que tout“, agissent comme un appel à combattre le racisme sous toutes ses formes.