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14 mai 2025
par Oumar Ndiaye
QUELLE NOUVELLE POLITIQUE ÉTRANGÈRE DU SÉNÉGAL ?
Le Sénégal et le Cap Vert avec des trajectoires politiques et démocratiques similaires marquées par des alternances récurrentes et fréquentes, peuvent être les fers de lance d’une nouvelle renaissance ouest-africaine et même africaine
Allier la démocratie et l’économie dans une approche souverainiste , panafricaniste et internationaliste
À chaque changement de régime, les politiques intérieures comme extérieures sont scrutées pour savoir dans quelle direction un pays sera dirigé et drivé. La politique étrangère d’un pays est marquée par des constantes et des variables. Celle du Sénégal, ces deux dernières décennies , a été caractérisé par les constantes du bon voisinage ouest africain avec le président Wade et surtout théorisé par le président Sall par sa métaphore du « craton ouest africain » en référence à cette structure géologique de notre espace géographique sous régionale. Il y a sous Macky et Wade, comme constante, la consolidation de nos partenariats traditionnels (Maroc, France, Usa, Arabie Saoudite, etc). Il y a aussi et surtout la diversification de nos partenariats avec d’autres pays comme la Chine, la Turquie, l’Inde , le Brésil, Émirats Arabes Unis, etc, entamée par Wade et poursuivie et prolongée par Macky Sall jusqu’à faire du Sénégal , un pivot et une place de choix dans ce qui est appelé le Global South. S’agissant des variables, elles n’ont pas trop évolué sinon que cette ouverture vers d’autres partenaires. Ce qui permet de donner une direction ou encore des indications de ce que sera la politique extérieure d’un dirigeant à la quête du pouvoir, c’est dans doute son programme de gouvernance ou encore son projet de société.
La nouvelle équipe dirigeante du Sénégal a ainsi un programme qu’ils ont présenté aux électeurs, même si cette exercice dans notre démocratie est réservé à une certaine élite sachant lire et surtout comprendre les enjeux.
Connu pour leur approche souverainiste, nationaliste et panafricaniste, les nouveaux tenants du pouvoir au Sénégal dont la plupart viennent de l’ex parti Pastef, n’ont pas, à proprement parlé, penser une politique étrangère qui prend en compte la place et la dimension du Sénégal dans le monde. Dans le document qu’ils ont partagé, juste quelques lignes, sur 84 pages, sont réservées à ce qu’ils appellent : « Pour une véritable intégration sous régionale et africaine » avec entre autres des vœux pieux et radieux toujours déclarés et déclamés sous le vocable de la CEDEAO des peuples avec des reformes envisagées : « Nous porterons une initiative de réforme de la CEDEAO à travers le renforcement du Parlement de la Communauté, de la Cour de justice de la Communauté et une atténuation de la prépondérance de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement ». Il n’en demeure pas moins que la CEDEAO est une Communauté économique régionale (CER) que partagent 15 pays. Dans cette organisation, l’Article 9 du Traité qui parle de la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement des États Membres qui est l'institution suprême, dispose que : « Sauf dispositions contraires du présent Traité ou d'un protocole, les décisions de la Conférence sont prises, selon les matières, à l'unanimité, par consensus, à la majorité des deux tiers des États Membres ».
Donc quelque soit la volonté d’un pays, la valeur et la teneur de ses propositions, il sera difficile de les faire adopter dans une organisation qui traverse une crise conjoncturelle avec des contingences politiques et des divergences linguistiques. La CEDEAO qui, nous le rappellons, malgré les reproches qui lui sont faits, est l’une des meilleures sinon la meilleure Communauté économique régionale d’Afrique eu égard de plusieurs facteurs comme ces 17 % de commerce intrarégional (au-dessus de beaucoup d’autres organisations régionales) ; une libre circulation des personnes et des biens, même si les tracasseries persistent ; un attrait économique certain, etc.
La vision panafricaniste reste aussi présente et prégnante dans ce document programme avec cette phrase : « Nous renforcerons les missions diplomatiques du Sénégal dans les pays africains par la construction d’ambassades à la mesure du rayonnement international du Sénégal et l’affectation d’ambassadeurs et de diplomates expérimentés ». A voir si ce ne sera pas en contradiction avec cette volonté de réduire le train de vie de l’Etat tant chantée lors de la période de conquête du pouvoir, vu que l’élargissement de la carte diplomatique aura un coût même si le rayonnement international d’un pays n’a pas de prix.
A défaut d’avoir suffisamment d’éléments qui indiquent la direction que va prendre la politique extérieure d’un nouveau président, sa première visite officielle à l’étranger est aussi illustrative du sentier que sa diplomatie va prendre et le chantier à construire dans ce domaine. Si d’habitude, sous Wade et Macky, un pays de la sous-région et la France ont été les premières destinations, pour Bassirou Diomaye Faye, vu l’approche panafricaniste déclinée dans son programme, il est sûr qu’il se rendra en premier dans un État ouest-africain. Ce qui sera une continuité du craton cher au géologue Macky Sall. A ce niveau, nous estimons que le Cap Vert peut être un choix judicieux et aussi audacieux pour le premier déplacement du président Faye. Ce pays insulaire dont nous sommes le seul voisin immédiat, est à une heure de vol de Dakar. En plus de partager avec nous l’océan Atlantique, il est, comme le Sénégal, l’un des rares pays de notre espace ouest africain à de ne pas subir de Coup d’Etat. Cette longue tradition démocratique et de transmission pacifique du pouvoir du Sénégal et le Cap Vert doit être une phare qui illumine l’espace ouest africain assombri par des ruptures de l’ordre institutionnel qui ne font qu’occasionner un recul de la démocratie. Avec l’expérience ajoutée de nos deux pays, l’Afrique de l’Ouest peut être une terre où l’accession au pouvoir par les urnes serait une règle et non une exception.
Il sera ainsi facile d’opérer les changements souhaités à la CEDEAO qui par manque de moyens de coercition et de correction n’a pas pu juguler cette propension de conservation du pouvoir par les urnes avec les troisièmes mandats et sa conquête par les armes avec les Coups d’Etat. Depuis les années 90, l’Afrique de l’Ouest a traversé des crises majeures avec en toile de fond, la question de la démocratie. Lors de cette période, la plus grande menace venait des pays dits du Mano River (Libéria, Sierra Leone, Guinée) avec des rébellions sanglantes et des coups d’État à répétition. Ces pays ont pu sortir la tête de l’eau et amorcer une vague de démocratisation qui est en train de faire son chemin malgré quelques houles. Il y a eu aussi, depuis le début des années 2000, le terrorisme djihadiste qui est en train de consumer certains États ouest-africains. Aujourd’hui les crises ont changé de fusil d’épaules pour ne plus provenir des armes mais plutôt des urnes.
Il nous faut donc une stabilité institutionnelle dans tous les pays ouest africains afin de faire face à tous les défis sécuritaires, humanitaires, climatiques et économiques qui se posent avec avec acuité et dont la résolution ne sera pas sans difficultés.
Nos deux pays, le Sénégal et le Cap Vert, partagent surtout un espace maritime qui peut et va être prochainement un pivot de notre économie avec l’exploitation des hydrocarbures. Même si nous partegons avec la Mauritanie un des nos plus grands gisements de gaz, Grande Tortue Ahmeyim (GTA), il reste toujours dans notre bassin sédimentaire des poches pas encore explorées et qui pourraient être proches des côtes Cap-verdiennes. Sans ajouter que le Sénégal abrite depuis des siècles une diaspora cap-verdienne qui s’est totalement intégrée avec dans ses bagages son patrimoine culturel surtout musical que nous avons aussi adopté.
Dans le domaine sécuritaire, la mer est devenue un espace criminogène et le terreau fertile de plusieurs trafics (drogue, migrants, piraterie maritime). Il s’y ajoute qu’après leur implantation dans la zone continentale, les groupes terroristes visent le littoral c’est-à-dire la mer comme leur nouvel espace de projection. D’où l’importance de développer et de densifier notre coopération avec le Cap Vert avec qui beaucoup de choses nous lient : de la démocratie à l’économie.
Nous osons espérer que ces deux pays dans l’espace ouest-africain, le Sénégal et le Cap Vert avec des trajectoires politiques et démocratiques similaires marquées par des alternances récurrentes et fréquentes, peuvent être les fers de lance d’une nouvelle renaissance ouest-africaine et même africaine.
Oumar Ndiaye est journaliste, diplômé en Relations internationales et études de sécurité.
LE SÉNÉGAL DE SENGHOR À SONKO, UNE GESTION PARADOXALE DE L'ÈRE POSTCOLONIALE
Nous assistons à l’ouverture de la troisième République, celle de la renaissance, mais surtout de la fierté d’être africain avec ou sans l’onction de l’ancien maître. On survivra sans le dessert. Et l’on retrouve ici comme la réhabilitation de Mamadou Dia
Gaston Kelman et Jemal M Taleb |
Publication 07/04/2024
Le Sénégal ne laisse aucun Africain indifférent parce qu’il s’est toujours présenté comme un modèle unique. Unique, il l’a été dans l’approche mémorielle de l’histoire de l’Afrique. En effet, avec la porte de non-retour de l’île de Gorée, on a le mémorial qui a su imposer à tous les présidents américains de s’incliner devant le drame de la traite négrière. On se serait attendu à ce que chaque côte africaine ait le sien. Le Sénégal l’a fait. L’honneur est sauf. Un jour peut-être… Un jour qui sait… Les autres comprendront que les âmes des déportés attendent cela de nous pour devenir respectables au pays des ombres. Après le mémorial pour l’histoire, la bien nommée Statue de la Renaissance dont l’espérance de vie est plus que millénaire, pointe le doigt vers un avenir radieux et offre au continent qui en manque cruellement, une trace de notre génération pour la postérité.
Mais le Sénégal est aussi unique dans sa gestion paradoxale de l’ère postcoloniale, mélange d’une aliénation outrancière à l’Occident et du plus bel espoir de changement. En effet, la gouvernance des nations africaines postcoloniales s’inscrit sur quelques axes majeurs. Les frontières entre ces axes ne sont pas étanches. Nous allons nous contenter d’en illustrer trois ici, parce qu’ils comportent des des éléments assez forts non perceptibles à première vue. Tous ces axes sont des suites bien logiques d’une histoire unique, celle de l’Afrique et de l’Afrique francophone en particulier, faite de violence, de soumission, d’humiliation, d’aliénation, de traumatisme. Il y a au cœur de tout cela, cette difficulté de la France à comprendre que le monde évolue, même l’Afrique. Puis on voit poindre quelque chose comme une aube nouvelle au pays des énigmatique Signares.
Premier axe : le temps des coups d’état.
Le coup d’état est un mode assez répandu d’accès au pouvoir en Afrique. C’était le modèle le plus logique. Le colon avait fait signer des accords iniques par des dirigeants dont il avait organisé l’accession au pouvoir. Si quelqu’un ne correspondait pas ou plus à son modèle, il le faisait déposer par un plus docile. Tenus par la peur, les dirigeants espéraient ne pas devoir assister à la destruction programmée de leur pays comme ce fut le cas pour la Guinée, parce que Sékou Touré avait osé dire non au plan unilatéral de la France sur son pays.
Un autre aspect justifiait le coup d’état. Le colon a usé de la violence comme seul modèle d’exercice de pouvoir sur les indigènes. Le gouverneur venu d’un pays démocratique n’était pas élu par ceux qu’il dirigeait. Il leur était imposé par la force et exerçait cette force sur eux comme unique outil de gouvernance. C’est donc le seul modèle de dévolution et de conservation de pouvoir que le dirigeant africain connaissait.
Il convient de noter que le coup d’état n’est pas mort. Il reprend même de la vigueur. Pourtant, le concept a très fortement évolué. Jadis, c’est l’Occident qui fomentait des coups d’état pour mettre des dirigeants à sa solde. Il n’a d’ailleurs pas abandonné cet axe. Mais aujourd’hui, les coups d’état sont aussi organisés localement pour déposer les dirigeants que l’on juge trop à la solde de l’Occident.
Deuxième axe : la tentation dynastique.
Il y a quelques années, le coauteur de ce texte, Gaston Kelman, publiait un article intitulé « La tentation dynastique ». Il soutenait que c’était le modèle de gouvernance le plus conforme aux aspirations des humains. C’est celui dont on trouve la trace dans tous les peuples non acéphales. En Occident, il était déjà en cours pendant la période de barbarie médiévale. On le retrouve à la renaissance et il assure le développement de l’Occident. La démocratie inventée cinq siècles avant l’ère chrétienne ne séduit personne et n’a absolument pas ébranlé ce modèle qui allait de pair avec la monarchie. C’est quand il a achevé son développement avec ce système aux contours clairs – je suis le chef et je lègue le pouvoir à mon fils – que l’Occident a mis en place ce fourre-tout qui a pour nom « démocratie » dont on ne trouve pas une application identique dans deux pays. Ici, on a recours à la votation-référendum, ailleurs la démocratie est dite représentative, avec une élection par les individus ou par les grands électeurs, au scrutin uninominal ou de type proportionnelle, elle même totale ou partielle. Et après avoir démocratiquement élu ses représentants, le peuple est obligé de descendre dans la rue tous les jours pour se faire entendre, pour faire respecter ses droits, parce que quelques lobbies n’en font qu’à leur tête et se paient la sienne.
La tentation dynastique est logique dans les nations en construction comme les nations africaines ou les… Etats-Unis d’Amérique. Qui peut imaginer que Georges W. Bush aurait été président si son père ne l’avait été avant lui ! Hilary Clinton aurait-elle rêvé de la Maison blanche si elle ne l’avait connue à travers son Bill ! On sait que Barack Obama y a pensé – et peut-être y pense encore – pour sa Michelle et que les Kennedy un instant ont été convaincus qu’ils allaient se céder le bail les uns après les autres, par ordre d’aînesse sur plusieurs générations. En Occident et en France en particulier, les présidents de la république créent souvent une véritable cour familiale autour d’eux.
Fort logiquement, le modèle dynastique a le vent en poupe en Afrique. Il ne s’agit point d’approuver ou de désapprouver. Personne ne se félicitait des coups d’état. Ils étaient logiques parce que le dominant ne voulait pas lâcher le dominé. Le modèle dynastique qui s’insinue dans le paysage africain charrie toute la panoplie de personnages qui va avec, le dauphin, le régent et même Brutus. Parfois elle prend des formes qui pourraient échapper aux statistiques. Sur une vieille photo en noir et blanc des années 1960/1970 (à voir en illustration 2), on voit divers personnages. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils ont tous exercé le pouvoir suprême et continuent à se léguer le palais présidentiel. Il y a la Jomo Kenyatta, premier président du Kenya (1964/1978) qui tient un gamin de cinq ans par la main. On y voit Daniel Arap Moï qui sera le deuxième président (1978/2002) et Mwaï Kibaki (2002/2013) qui sera le troisième. L’enfant que Jomo tient en main, c’est son fils Uhuru, qui avait été élu en 2013.
Point n’est besoin de faire l’inventaire de la situation actuelle. Les cas sont nombreux. On a – ou on a eu – au pouvoir des régences, des Brutus et des dauphins. Il paraît que le président camerounais, un modèle assez exceptionnel de longévité, caresserait le rêve – ou y serait poussé par la courtisanerie – de voir son fils Franck lui succéder.
L’axe majeur : les nervis de l’Occident et de la France en particulier.
L’Afrique est secouée par des mouvements de révolte. On a l’impression d’assister au deuxième acte des indépendances. Ces mouvements sont-ils identiques partout ? Ce qui est certain, ils sont tous placés sous un commun dénominateur, le sentiment anti français. C’est ce bel euphémisme qu’ont choisi les médias hexagonaux. Mais hélas, la situation est bien plus explosive, beaucoup plus préoccupante qu’un pâle sentiment. Il s’agit de la haine suscitée et entretenue par l’arrogance des gouvernants français, leur autisme face aux évolutions en Afrique. Cette situation est décriée même par certains élus et inconditionnels de la France. Cette situation a créé un sentiment de ras-le-bol qui frise l’asphyxie au sein de la jeunesse.
Il existe sur le continent des dirigeants que l’on considère à la solde de la France. Ils seraient plus là pour les intérêts du maître que pour le développement de leur pays. Ce sentiment a été renforcé récemment par le soutien que ces dirigeants on apporté à l’Eco, cette monnaie que l’on a proposé pour remplacer le CFA.
La colère a franchi un cran avec la levée de bouclier de la CEDAO contre le coup d’état au Niger. La lecture que le continent a fait de la position de la CDEAO était qu’elle obéissait à la France qui gigotait dans des positionnements ubuesques, d’un comique troupier. Certains de ces présidents vont jusqu’à dire qu’ils doivent tout à la France et que leurs pays vivent sous perfusion grâce à l’aide au développement. L’obstination de la France à s’appuyer sur ces nervis, plutôt que de concevoir un autre système de relations avec l’Afrique, voilà le carburant du ressentiment de la jeunesse africaine. Et parmi cette jeunesse, on compte le nouveau pouvoir du Sénégal.
Le Sénégal, un cas à part.
Puis il y a le Sénégal qui apparaît au départ comme la terre de l’aliénation et de l’adaptation simiesque au modèle occidental, et français en particulier. Paradoxalement au fil de l’évolution de la gouvernance de ce pays, on observe un mouvement ascendant, comme irrésistible, espoir de désaliénation. Avec l’avènement du nouveau pouvoir, nous avons réparti l’ère post coloniale du Sénégal en trois républiques.
1. Senghor et la république de l’aliénation.
Qu’est-ce qui a pu pousser ce Sérère dans cet inattendu degré d’aliénation pour un intellectuel ! En effet, l’on conçoit fort bien que le traumatisme de l’impérialisme pousse le dominé à se croire inférieur. Mais dans toutes les situations, l’essence de l’intellectuel est de prêcher la libération, ce bien vers lequel aspire tout individu. Et du temps de la lutte pour la libération, on n’imaginait pas un intellectuel digne de ce nom qui ne soit pas « engagé ». L’engagement était le signe distinctif de l’intellectuel colonisé et toutes les dissertations de français tournaient autour de ce thème.
Des compagnons de route de Senghor qui ont connu la même histoire (Mamadou Dia le colonisé) ou même des situations plus complexes (Césaire, descendant d’esclave et colonisé) ont eu des discours plus libres, plus engagés. On n’oubliera pas Le discours sur le colonialisme de Césaire et son cri selon lequel, le malheur de l’Afrique c’est d’avoir rencontré la France. On n’oubliera pas non plus le Cahier d’un retour au pays natal, véritable manifeste de la libération et de la grandeur future de l’Afrique qu’il voit « multiple et une, verticale dans sa tumultueuse péripétie, avec ses bourrelets et ses nodules, un peu à part, mais à portée du siècle comme un cœur de réserve ».
Senghor ne voit l’Afrique que sous la tutelle de la France. Il est dans une allégeance assumée, revendiquée, professée. Il veut y embarquer le Sénégal et toute l’Afrique qui pour lui est «attachée à la France par le nombril». Le plaidoyer du premier président par rapport à la langue française est tout simplement inqualifiable. Le Français, cet outil merveilleux qu’il aurait trouvé dans les décombres du colonialisme, il voudrait l’ériger en trésor africain, dont les langues maternelles occuperaient désormais la même place que le basque ou l’occitan. La fascination de Senghor par rapport à la langue française – et l’allégeance à la France qu’elle reflète – est sans borne. « Le français, offre une variété de timbres dont on peut tirer tous les effets : de la douceur des alizés la nuit sur les hautes palmes, à la fulgurance de la foudre sur la tête des baobabs_ ». Désormais, après avoir fait verdir les chênes et rougir les vignes, la poésie française sifflera sur la cime des palmiers et des baobabs d’Afrique. On a l’impression que pour lui, son sérère natal, le wolof, le bambara, la langue de Servantes ou celle de Dante ne peuvent pas exprimer la poésie. En un mot, c’est la France et la colonisation qui ont créé l’Afrique. La France elle-même n’en demandait pas tant.
On a de la peine a penser qu’un intellectuel, de surcroit président d’un état, ignore que les deux fondements d’une nation sont justement le territoire et la langue ; que comme le lui opposera Sembene Ousmane, «on ne décolonisera pas l’Afrique avec les langues étrangères». Justement, Senghor ne demande pas la décolonisation de l’Afrique, mais son effacement et sa dissolution dans la francophonie. Vous avez dit francophonie ! On lui offre généreusement d’avoir été le créateur de cette supposée unité culturelle. On lui offre une place à l’Académie française et un peu partout, on pense au timeo danaos_ du grand prêtre troyen Laocoon. Après le poète qui voudrait assujettir le culture africaine à la francophonie, l’homme politique va défendre les intérêts de la France et pour atteindre cet objectif, rien ne va l’arrêter.
Même pas son compagnon de route, Mamadou Dia. Avec le père de la Négritude, il fonde en 1948 le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS). Les rôles sont repartis. Senghor sera président de la république et lui Président du conseil des ministres dès 1956. C’est lui qui signera quatre ans plus tard les accords d’indépendance du Sénégal. Le modèle de gouvernement est un régime parlementaire bicéphale où les deux hommes se partagent le pouvoir exécutif. Senghor président de la République et gardien de la Constitution, a une fonction de représentation, surtout au niveau international. Mamadou Dia élabore la politique intérieure et économique du pays. Plus radical que Senghor, il veut rompre le vis-à-vis avec la France en diversifiant les partenaires. Pour Senghor c’est non-négociable. Il organise le renversement de Dia pour sauvegarder les intérêts de la France et le condamnera à la prison à perpétuité dont il purgera douze années.
En quoi la position du poète président est-elle exceptionnelle ? L’Afrique a connu et connaît encore des dirigeants assujettis. Mais chez les uns et les autres, on sent plus la peur que la conviction. Il y a parfois aussi des aliénés naïfs qui pensent que l’aide de l’occident leur est nécessaire. Avec Senghor, nous sommes en présence du complexe du dominé qui n’arrive pas à se libérer de l’emprise du maître. L’aliénation de Senghor est unique. Il n’a pas peur de la France, il l’aime. Il lui est dévoué. Il est convaincu qu’elle est supérieure et que l’Afrique doit l’accepter et s’arrimer à elle, faire partie comme au temps jadis, de l’empire colonial, de la même façon que la Martinique ou Wallis et Futuna.
L’ère de l’aliénation Senghorienne se terminera avec l’appendice Abdou Diouf, roi fainéant, qui récoltera lui aussi pour services rendus, une retraite dorée au sommet de l’organisation de la… francophonie.
Abdoulaye Wade le bâtisseur ou la deuxième république.
Après l’intermède Diouf, un géant de l’Afrique contemporaine prend le pouvoir au Sénégal. C’est aussi un ancien et permanent opposant à Senghor. Abdoulaye Wade arrive au pouvoir à la faveur de la démocratie, ce canevas de la culture occidentale supposé universel et panacée du développement. C’est occidental, donc c’est excellent pour cette annexe de l’Occident que le Sénégal a toujours rêvé d’être. Les longues années de l’opposition, et l’indéniable intelligence de Gorgui, cet homme plein d’ambition pour son pays, vont faire le reste. L’homme est un prince bâtisseur. Il ne veut rien de moins que de changer la face du Sénégal. Il ouvre des chantiers pharaoniques dans l’urbanisme et les infrastructures. La puissance symbolique de certaines de ses réalisations est inégalée. La statue de la Renaissance est la première merveille de l’Afrique contemporaine et les monuments qu’il envisage de bâtir sous le nom des sept merveilles sont une ambition de grand homme.
Abdoulaye Wade va solliciter un troisième mandat pour terminer l’œuvre engagée. Il ne l’aura pas. Si Senghor a réussi à positionner son dauphin, Wade sera éjecté par le sien, Brutus Macky Sall. L’homme mènera une campagne farouche contre son ancien mentor pour soutenir contre vents et marrées cette nouveauté qu’est la limitation des mandats. Le Sénégal y tient mordicus, car ce doit être un indicateur des sociétés civilisées. Le discours le plus courant de Dakar à l’époque était le suivant. « Wade est excellent. On n’aura pas mieux, mais il a fait ses deux mandats, il doit partir ».
Que retiendrons-nous du règne appenditiel de Macky Sall ? Qu’il a poursuivi vaille que vaille quelques chantiers de Wade ; qu’il a construit un TER trop utile mais trop coûteux, ou qu’il se félicitait de l’amour que la France a toujours manifesté pour le Sénégalais, puisque les soldats sénégalais avaient le dessert et les autres rien. Peut-être on retiendra aussi cet alignement caricatural et attristant à l’option dictée par Paris sur les coups d’état qui secouent le Sahel. Mais on retiendra surtout sa volonté farouche de ne pas s’appliquer la limitation de mandats. Et tout y est passé, l’interprétation très opportuniste des textes constitutionnels, le harcèlement et l’emprisonnement arbitraire des opposants, la répression sanglante des soulèvements populaires…
Bassirou Diamoye Faye et la rupture de la troisième république.
Une image a fait le tour de la planète. Un jeune homme arpente une plateforme, une femme à sa droite, une femme à sa gauche. Cet jeune homme, c’est le nouveau président du Sénégal le soir de son élection. Et ces deux jeunes dames, ce sont ses épouses. Nous sommes au Sénégal, un pays africain où la polygamie est autorisée. Nous sommes en présence de Bassirou Diamoye Diakhar Faye, le tout nouveau président de la république et de deux jeunes dames, en beauté, en grâce et au port altier. On écrirait une encyclopédie en plusieurs volumes pour analyser la puissance de cette image. En Afrique, beaucoup de présidents ont plusieurs épouses. Mais la pensée unique leur interdit d’assumer leur culture. La même pensée unique ici vante parfois son charme et l’appelle affectueusement « poly amour ». Alors, ces présidents et hauts responsables tartuffent à qui mieux-mieux et laissent leurs épouses dans l’ombre. Le jeune président assume. Mais ce n’est pas tout.
Le jeune homme qui parade avec ses deux épouses n’est pas celui qui était prévu à cette place. En fait, le père de cette aventure se nomme Ousmane Sonko, l’homme a abattre du régime Sall. Il aurait pu mettre le Sénégal à feu et à sang. Il a choisi une voie inédite. Puisqu’il est l’homme a abattre, puisqu’il ne cherche pas le pouvoir mais le bien du Sénégal, il trouve parmi ses compagnons celui que le magnat Sall ne pourra pas récuser. Et comme l’équipe est porteuse d’une vision et que nous sommes au Sénégal où on ne court pas derrière un messie mais derrière un programme de changement, le choix du parti est plébiscité par le peuple. On a connu des situations en Afrique où des candidats demandaient le boycott des élections présidentielles quand ils ne pouvaient pas se présenter ou celui des autres scrutins pour qu’il n’y ait pas un conseiller municipal de leur parti, encore moins un maire ou un député qui pourraient leur faire de l’ombre.
Quelle que soit la suite que ce gouvernement donnera à son aventure, nous assistons à une authentique révolution dans le modèle de gestion du pouvoir en Afrique. Nous assistons à l’ouverture de la troisième république, celle de la renaissance, mais surtout de la fierté d’être africain avec ou sans l’onction de l’ancien maître. On survivra sans le dessert. Et l’on retrouve ici comme la réhabilitation de Mamadou Dia.
Tout le monde peut se revendiquer de Mamadou Dia puisque l’aliénation senghorienne ne fait plus recette. Le baptême d’un bâtiment ou d’une rue en son nom, c’est bon à prendre. Mais l’ancien président du Conseil posait l’autonomie de son pays par rapport à la France comme un impératif. Depuis son éviction, aucun président sénégalais, même pas Abdoulaye Wade, n’a osé relever le défi, viser ce niveau d’émancipation mentale. C’est donc à ce rendez-vous avec l’histoire que l’on attend de cette équipe de jeunes au profil de baba cool. Elle aussi revendique l’héritage de Dia. Le discours de campagne allait dans ce sens. Ousmane Sonko et ses camarades ont martelé leur exigence : que la France nous laisse tranquille comme les autres anciennes puissances coloniales le font pour leurs anciennes colonies. Les premiers gestes de la nouvelle équipe sont prometteurs et portent une puissance symbolique novatrice. Et en filigrane, on croit entendre comme ces mots d’Aimé Césaire quand il hurle aux autres, accommodez-vous de moi, je ne m’accommoderai point de vous.
Gaston Kelman est écrivain.
Jemal M Taleb est avocat au barreau de Paris, Diamantis & Partners.
LA DÉPOUILLE DE BOUN DIONNE ARRIVE MARDI
Auparavant, après la toilette rituelle musulmane, une cérémonie de recueillement suivie de la levée du corps est prévue le lundi 8 avril 202 à 14 heures 30 à la chambre funéraire de l’hôpital Pitié Salpêtrière à Paris
La dépouille de l’ancien premier ministre et candidat à la dernière élection présidentielle, Mahammad Boun Abdallah Dionne (22 septembre 1959-05 avril 2024), décédé vendredi dernier à Paris des suites d’une maladie, arrive au Sénégal le mardi 9 avril 2024 prochain par vol HC 404 de la compagnie aérienne nationale « Air Sénégal ». L’annonce est Christophe Lever du service Assistance Funéraire de l’hôpital Pitié Salpêtrière où il était interné.
Auparavant, après la toilette rituelle musulmane, une cérémonie de recueillement suivie de la levée du corps est prévue le lundi 8 avril 202 à 14 heures 30 à la chambre funéraire de l’hôpital. L’inhumation de l’ancien Premier ministre est prévue à Gossas, sa terre natale.
Agé de 65 ans à son décès, l’informaticien de formation diplômé de l’université Pierre-Mendès de Grenoble fut un fervent Talibé de Serigne Touba Khadimou Rassoul RTA. Après avoir passé cinq ans à la Primature pour devenir ensuite le Secrétaire général de la Présidence de la République, le défunt a été par la suite Président du conseil d’administration (Pca) de la Bicis après le rachat de « BNP Paribas » par feu Pathé Dionne.
L’ancien responsable de l’Alliance pour la république et de la coalition « Bennoo Bokk Yaakaar » s’était démarqué de la mouvance présidentielle pour aller à la conquête du pouvoir sous sa propre bannière pour la dernière élection présidentielle. Le candidat à la présidentielle et leader de la « coalition Dionne 2024 », qui devrait voter au centre Samba Youmba de Gossas (région de Fatick), n’a pas pu finalement effectuer son devoir civique le dimanche 24 mars 2024, 1er tour du scrutin présidentiel. Pour cause ? Ratrappé par un état de santé dégradant, il a été évacué en France pour une meilleure prise en charge. Son évacuation sanitaire à bord d’un avion médicalisé de la compagnie Airlec médical a été rendue possible par le président sortant, Macky Sall.
LE JOUR OÙ PAUL BIYA A FRÔLÉ LA CHUTE
Le 6 avril 1984, Biya a échappé de peu à une tentative de putsch orchestrée par des officiers de la garde républicaine. Cet épisode survenu il y a tout juste quarante ans, continue d'influencer la stratégie de maintien au pouvoir du président camerounais
(SenePlus) - Le 6 avril 1984, le Cameroun a retenu son souffle. Ce jour-là, le président Paul Biya a échappé de peu à une tentative de coup d'État orchestrée par des officiers de la garde républicaine. Cet épisode dramatique, survenu il y a tout juste quarante ans, a profondément marqué le chef de l'État et continue d'influencer sa stratégie de maintien au pouvoir, selon le récit publié dans les colonnes de Jeune Afrique.
D'après le magazine panafricain, Paul Biya se doutait depuis quelques jours qu'un putsch se préparait. Il en avait été prévenu par son directeur de cabinet Philippe Mataga, à qui il avait demandé de régler la situation discrètement. La veille des événements, par prudence, le président avait éloigné sa femme Jeanne-Irène et son fils Franck de la capitale Yaoundé à bord d'un hélicoptère piloté par le capitaine Joseph Feutcheu.
Mais le 6 avril, les putschistes, des officiers de la Garde républicaine originaires du nord du Cameroun et bénéficiant du soutien de l'ancien président Ahmadou Ahidjo, ont pris le contrôle de points névralgiques de la ville. Ils ont notamment arrêté et emprisonné le directeur de la Sûreté nationale Martin Mbarga Nguélé. Refusant de croire à l'ampleur du complot, Paul Biya s'est réfugié dans le bunker du palais présidentiel.
Pendant quelques heures, l'issue du coup d'État a semblé incertaine. Mais les partisans du président ont finalement réussi à reprendre la main, notamment grâce au général Pierre Semengue. "J'ai fait mon travail. Reprenez le vôtre", a-t-il lancé à Paul Biya en le sortant de sa cachette. Immédiatement, ce dernier a dissous la Garde républicaine et ordonné des enquêtes.
Du 27 au 30 avril, un tribunal militaire a condamné à mort 35 putschistes, exécutés quelques jours plus tard. Ahmadou Ahidjo, instigateur présumé du coup d'État depuis l'étranger, a également écopé de la peine capitale par contumace. Cet épisode a durablement changé le visage du Cameroun et marqué le règne de Paul Biya, qui n'a depuis cessé de resserrer son emprise sur le pays.
PAR Ismaila Madior Fall
ANNULATION DES DÉCRETS EN CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE : UNE DÉCISION À RECONSIDÉRER
Il ne peut, aux termes de la loi organique relative au statut des magistrats, être mis fin aux fonctions du Premier Président de la Cour suprême et du Procureur général près ladite Cour qu'avec leur consentement
Il nous est revenu que les décrets de nomination du premier président de la Cour suprême et des membres du Pool judiciaire financier (PJF) lors du dernier conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont été abrogés. Je souhaite vivement, en ma qualité de Professeur de droit et 2 fois Garde des Sceaux, que la mesure d'abrogation (ça devrait d'ailleurs être de retrait) soit reconsidérée pour plusieurs raisons :
D'abord, les mesures abrogées ont été prises dans le strict respect de la loi: décrets pris en CSM présentiel alors qu'une consultation à domicile aurait suffi.
Ensuite, il s'agit de décrets intervenant dans l'intervalle temporel du mandat du président de la République Macky Sall, soit avant le 2 avril 2024. Aucune disposition de la Constitution n'empêche la prise de ces mesures courantes qui pouvaient, au surplus, être prises quelques jours auparavant et destinées à assurer la continuité du service public de la justice.
Enfin, il ne peut, aux termes de la loi organique relative au statut des magistrats, être mis fin aux fonctions du premier président de la Cour suprême et du Procureur général près ladite Cour qu'avec leur consentement.
Au total, le président de la République, si, telle est sa volonté, peut bien, en vertu du parallélisme des formes, revenir sur la nomination des membres du PJF et les affectations en nommant d'autres magistrats auxdits postes dans le cadre d'un CSM régulièrement convoqué ou par consultation à domicile.
Cependant, pour ce qui concerne le premier président de la Cour suprême, il est juridiquement impossible de revenir sur sa nomination. Ce serait une première et un précédent dangereux sur lesquels il faut attirer l'attention du nouveau gardien de la Constitution. Aussi est-il souhaitable que ces décrets d'annulation soient retirés de l'ordonnancement juridique pour éviter, de la part des ayant intérêt à agir (les intéressés ou tout membre du CSM ou de l'UMS), un recours contre le décret d'un président fraîchement élu. La magistrature suprême ne s'inaugure pas par un contentieux de l'excès de pouvoir.
LES FÉMINISTES DÉNONCENT UNE CLAQUE POUR L'ÉGALITÉ
Le choix d’enlever le terme “femme” du ministère nous amène à penser que le statu quo sera maintenu. Il n’est pas concevable de parler d’un approfondissement du processus démocratique sans que la participation de la moitié de la société soit effective
Le Réseau des féministes du Sénégal déplore, dans un communiqué daté du 6 avril 2024, la faible représentation des femmes dans le nouveau gouvernement, en contradiction avec les engagements du Sénégal pour l'égalité et la parité :
"C’est avec consternation que nous avons reçu l’annonce de la composition du gouvernement ce 5 Avril 2024. Une composition ne nommant que 4 femmes sur une liste de 25 ministres et 5 secrétaires d’Etat. Les femmes ne représentent donc que 13,33% dans ce gouvernement dit de rupture, d’inclusion et d’équité.
Un gouvernement paritaire était effectivement possible, attendu et souhaité surtout venant d’un régime qui dit vouloir travailler pour plus de justice sociale. Nous constituons la moitié de la population du Sénégal. Ce poids démographique ne se reflète pas dans la représentation des femmes aux instances et processus de prise de décision. Rappelons que le Sénégal a ratifié, sans réserve, le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Maputo). Depuis 2001, la Constitution sénégalaise reconnaît que « les hommes et les femmes sont égaux en droit ». Ces instruments garantissent l’accès équitable des hommes et des femmes à la prise de décision et à l’exercice des responsabilités civiques et politiques.
Par ailleurs, nous constatons également le changement d’appellation du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Equité et du Développement communautaire en ministère de la Famille et des solidarités. Le choix d’enlever le terme “femme” du ministère nous amène à penser que le statu quo sera maintenu, que des compromis seront faits avec nos droits. Cela ne présage ni d’un engagement clair pour l’équité et l’égalité ni d’une réelle prise en compte de nos besoins spécifiques. Nous espérons qu’avec le décret portant répartition des services de l’Etat, la direction de l’équité et de l’égalité de genre demeurera.
La nécessité d’une amélioration tant qualitative que quantitative de la participation des femmes au niveau gouvernemental se pose avec acuité. Il se pose d’autant plus qu’il n’est pas concevable de parler d’un approfondissement du processus démocratique sans que la participation de la moitié de la société soit effective et croissante. Nous nous attendions à des mesures claires pour la concrétisation de nos droits et non pas à la mise en place d’un dispositif qui va contribuer à la marginalisation de nos voix des femmes."
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SONKO INVITE LES MEMBRES DE LA COALITION DIOMAYE PRÉSIDENT À FAIRE BLOC
Après la publication de la liste des membres du gouvernement, Ousmane Sonko, le premier ministre du Sénégal, et le président Diomaye Faye se sont réunis avec les alliés membres de leur coalition.
Après la publication de la liste des membres du gouvernement, Ousmane Sonko, le premier ministre du Sénégal, et le président Diomaye Faye se sont réunis avec les alliés membres de leur coalition. Le leader de Pastef les a invité à faire bloc.
L'INVITE DE GUY MARIUS SAGNA AU NOUVEAU GOUVERNEMENT
"Soyez des ministres au service des Sénégalais.e.s ! Soyez des ministres de rupture! Soyez des ministres de la bonne gouvernance ! Soyez des ministres au service de la justice et de la vérité...", a-t-il dit.
Le député Guy Marius Sagna a adressé un message d’encouragement aux nouveau gouvernement dont la liste a été proclamée vendredi soir. Le parlementaire a exhorté la nouvelle équipe dirigée par le Premier ministre Ousmane Sonko à se mettre exclusivement au service des Sénégalais.
« Soyez des ministres au service des Sénégalais.e.s ! Soyez des ministres de rupture! Soyez des ministres de la bonne gouvernance ! Soyez des ministres au service de la justice et de la vérité ! Soyez des ministres au service des plus vulnérables ! Soyez des ministres au service d’un Sénégal souverain dans une Afrique souveraine et unie ! », a-t-il écrit sur ses réseaux
Avant de conclure : « Vous avez tous mes encouragements ».
UNE INJUSTICE VIENT D'ÊTRE RÉPARÉE AVEC LA NOMINATION DE JEAN BAPTISTE TINE
Jean Baptiste Tine a été le Haut commandant de la Gendarmerie nationale. Il a été à la tête de l’institution durant les événements de mois de mars 2021 impliquant le leader du Pastef. Il a été par la suite démis de ses fonctions
Le Général Jean Baptiste Tine a été choisi comme ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement d’Ousmane Sonko. Il va désormais gérer la sécurité publique de tout le territoire sénégalais. Ce choix porté sur sa personne est selon l’ancien capitaine de la gendarmerie une injustice réparée. Pour Seydina Oumar Touré, ce n’est que justice rendue.
«J’adresse mes sincères et vives félicitations aux nouveaux membres du gouvernement du Sénégal, particulièrement au général de corps d’armée Jean Baptiste Tine, nouveau ministre de l’Intérieur. Une injustice vient d’être réparée ce soir. Dieu est juste », a-t-il témoigné.
Pour rappel, Jean Baptiste Tine a été le Haut commandant de la Gendarmerie nationale. Il a été à la tête de l’institution durant les événements de mois de mars 2021 impliquant le leader du Pastef. Il a été par la suite démis de ses fonctions par le président sortant Macky Sall pour être nommé ambassadeur.
KHADY DIENE GAYE, UNE PREMIERE FEMME AU DEPARTEMENT DES SPORTS
Le président Bassirou Diomaye Diakhare Faye et son premier ministre Ousmane Sonko ont choisi Madame Khady Diène Gaye pour diriger les secteurs que sont les sports, la jeunesse et la culture. Une première depuis l’accession du Sénégal à l’indépendance
L’histoire peut enfin commencer au ministère des sports. Hier, vendredi 5 avril 2024, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhare Faye et son premier ministre Ousmane Sonko ont choisi Madame Khady Diène Gaye pour diriger les secteurs que sont les sports, la jeunesse et la culture. Une première depuis l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale.
À la demande générale de nos internautes, wiwsport répond à leur question «qui est Khady Diene Gaye ?» On les appelle les «hommes ou dames de l’ombre». Dans leur exercice au quotidien, ils se chargent de la mise en œuvre et de l’évaluation des politiques du ministre de leur secteur. Ils sont les inspecteurs de la jeunesse et des sports, la compétence de Khady Diène Gaye.
Juriste de formation, elle a obtenu son Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en droit. C’est après une formation à l’INSEPS que l’ancienne étudiante de l’UGB est devenue Inspectrice de la Jeunesse et des Sports. Une compétence qui l’amènera au ministère des sports où elle travaillera à la direction de la formation puis au service régional de Dakar, de nombreuses années avant une décision inopinée.
UNE AFFECTATION A KAOLACK EN RAISON DE SA PROXIMITE AU PARTI PASTEF !
Auparavant chef de service régional de Dakar, Madame Khady Diène Gaye a été affectée dans une autre région en raison de son soutien au parti PASTEF. Avec la nomination d’un nouveau ministre des Sports Yankhoba Diatara à l’époque, ce dernier mis au parfum de la proximité de la dame avec le parti PASTEF dont elle est membre de la coordination des cadres, a décidé de l’affecter à Kaolack. Une décision qui n’aura aucun impact sur les convictions de cette dame qui a d’ailleurs travaillé sur le programme sportif de la Coalition Diomaye Président. Elle est décrite comme une dame de fer, qui est à cheval sur les principes du travail organisé et bien fait. Aujourd’hui, elle fait partie des 4 femmes choisies pour faire partie du premier gouvernement du duo Diomaye – Sonko. Mieux, elle brise le plafond de verre parce que c’est la première fois dans l’histoire du Sénégal indépendant qu’une femme occupe le département des sports qui retrouve par la même occasion, son intitulé originel, c’est à dire ministère de la Jeunesse et des Sports. Elle aura aussi la lourde charge de gérer en même temps le département de la Culture. Un énorme challenge à relever.