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14 mai 2025
LE DESTIN POLITIQUE DE DIONNE, L'INDÉFECTIBLE COMPAGNON DE MACKY
Économiste de formation, Dionne s'était fait un nom en politique en gravissant tous les échelons à l'APR. De directeur de cabinet à Premier ministre, il aura été l'un des artisans majeurs du premier mandat de Macky Sall
L’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, décédé vendredi en France où il avait été évacué pour des soins à la veille de l’élection présidentielle à laquelle il était candidat, était un technocrate tombé en politique à la faveur d’une proximité et d’un compagnonnage de longue date avec l’ancien président de la République Macky Sall.
Il avait longtemps joué les premiers rôles aux côtés de l’ancien président de la République dont il a été un ardent défenseur, un véritable fusible en tant que Premier ministre. Mahammed Boun Abdallah Dionne avait fini par prendre ses distances avec Macky Sall après que ce dernier a porté son choix sur Amadou Ba comme candidat de la coalition Bennon Bok Yaakar à l’élection présidentielle du 24 mars.
Sur le réseau social X, Macky Sall se dit ”peiné d’apprendre le décès de l’ancien PM Mahammed Boun Abdallah Dionne”. ”Le Sénégal perd un cadre de grande valeur et moi un compagnon de longue date. Mes condoléances émues à sa veuve Caty et à sa famille. Je salue sa mémoire. Paix à son âme”, a t-il écrit.
D’aucuns avaient pu apercevoir sa santé déclinante durant la campagne électorale. Au point même que des rumeurs de son décès avaient vite fait le tour de la toile avant d’être démenties par ses proches.
Né le 22 septembre 1959 à Gossas, dans la région de Fatick, M. Dionne, économiste et informaticien de formation était notamment un des hommes de confiance du leader de l’Alliance pour la République dont il a été à deux reprises directeur de cabinet, d’abord à la Primature de 2005 à 2007 ensuite à l’Assemblée nationale de 2007 à 2008, sous le régime d’Abdoulaye Wade.
Membre de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien fonctionnaire de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) y a joué un rôle de premier plan pendant une dizaine d’années.
Il avait ainsi dirigé aux élections législatives de juillet 2017, la liste de la mouvance présidentielle, sortie largement victorieuse de ce scrutin en raflant 125 des 165 sièges de députés en jeu.
Mahamad Boun Abdallah Dionne deviendra, deux ans, plus tard, le directeur de campagne du candidat Macky Sall à la présidentielle que le chef de l’Etat sortant a remporté dès le premier tour avec avec 58,27% des suffrages.
Son passage à la tête du gouvernement avait coïncidé avec la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE), devenu le référentiel des politiques publiques du pays.
A partir de mai 2019, à la suite à la suppression de la fonction de Premier ministre au Sénégal, il continua d’assurer les activités de coordination du gouvernement en qualité de ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence du Sénégal, du 6 avril 2019 au 28 octobre 2020, date à laquelle il quitte le gouvernement.
Il se lance en 2021 dans la consultation internationale avant d’être nommé, en avril 2023, président du Conseil d’administration de la Banque industrielle pour le commerce et l’industrie (BICIS), d’où il démissionne, le 25 septembre de la même année, après avoir pris la décision de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
LE SÉNÉGAL ORPHELIN DE DIONNE, LE BRILLANT HOMME D'ÉTAT
Du président de la République à ses anciens rivaux politiques, des voix s'élèvent pour saluer la mémoire de l'ex-Premier ministre, rappelé par Dieu ce vendredi. Ses qualités humaines et son dévouement au service du pays sont largement soulignés
Des acteurs politiques ont fait part de leur tristesse à la suite de l’annonce du rappel à Dieu, vendredi, de l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne.
M. Dionne, candidat l’élection présidentielle du 24 mars, est décédé ce vendredi en France où il avait été évacué à la veille du scrutin pour des soins.
”Avec le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne, la Nation perd l’un de ses plus éminents serviteurs, un homme dévoué et précieux. À sa famille, je présente mes plus sincères condoléances. Mes pensées les accompagnent dans cette période de tristesse. Puisse Le Bon Dieu l’accueillir dans son Paradis par la Bénédiction de ce vendredi saint du mois béni de Ramadan où les musulmans s’apprêtent à célébrer la nuit du destin”, a écrit le président de la République Bassirou Diomaye Faye sur le réseau social X.
L’ancien Premier ministre Aminata Touré déclare avoir appris avec ‘’une grande tristesse’’ le rappel à Dieu de Mahammad Boun Abdallah Dione”, son successeur à la Primature. Elle a rendu hommage à ”un homme d’Etat accompli et un gentleman de grande valeur”, priant que ”Dieu l’accueille au Paradis parmi les Valeureux’’.
Le candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle du 24 mars, l’ancien chef du gouvernement, Amadou Ba a salué la mémoire d’un ‘’fidèle serviteur de l’Etat’’ qui ‘’aura marqué notre pays par son amabilité et son sens du devoir’’.
‘’J’ai appris avec beaucoup de tristesse le rappel à Dieu du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne. Fidèle serviteur de l’Etat, il aura marqué notre pays par son amabilité et son sens du devoir. Sa disparition constitue une grosse perte pour le Sénégal. Je présente à sa famille et au peuple tout entier mes sincères condoléances’’, a dit le candidat à la dernière élection présidentielle sur la même plateforme.
Le président du parti Awalé, Abdourahmane Diouf, a lui aussi exprimé sa ”tristesse”. Il a présenté ses ‘’condoléances émues à sa famille, ses proches et à toute la Nation Sénégalaise’’ et prié pour que Dieu l’accueille dans ‘’Son Paradis céleste en cette fin de mois béni de ramadan’’.
La responsable de la coalition “Alternative pour la relève citoyenne” (ARC), Anta Babacar Ngom se dit attristée par cette nouvelle et présenté ses ‘’plus sincères condoléances à sa famille, ses proches et à tout le peuple sénégalais’’.
Selon elle, ‘’M. Dionne était un homme d’État dévoué et un leader visionnaire qui a servi son pays avec passion et intégrité. Sa contribution significative au développement du Sénégal restera gravée dans l’histoire. En ces moments difficiles, que le souvenir de son engagement et de sa sagesse apporte un peu de réconfort’’.
”C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de l’ancien Premier Ministre Mohammed Boun Abdallah Dione. Je rends hommage à son dévouement et son service à l’État. En ces moments difficiles, mes pensées vont à sa famille et à ses proches. Que son âme repose en paix”, a dit Khalifa Sall de Taxawu Sénégal.
Pour l’ancien candidat à la présidentielle, El Hadji Mamadou Diao dit Mame Boye Diao, la ‘’contribution’’ de Mahammad Boun Abdallah Dionne’’ à la nation restera gravée dans nos cœurs’’.
Le Candidat de la Coalition ”Diao 2024” a rappelé la ‘’relation particulière’’ qu’il entretenait avec ce ‘’grand homme d’État, serviteur de la République, brillant, pragmatique, humble et l’impact qu’il a eu sur (sa) vie’’.
Le leader du mouvement politique Tekki, Mamadou Lamine Diallo a rendu hommage à son ‘’ami de 55 ans’’ qu’il a présenté comme ‘’un brillant sujet’’.
Boubacar Camara, président du Parti de Construction et de la Solidarité PCS/JENGU-TABAX a salué la mémoire d’un ‘’homme courtois et cultivé’’ qui ‘’s’en est allé après un dernier combat pour le Sénégal’’.
”Le destin a voulu qu’il n’ait pas pu voter pour lui-même pour des raisons de santé. Aujourd’hui, il est arraché à notre affection, quelques jours après l’installation d’un nouveau Président de la République. Jusqu’au bout, il nous a laissé le souvenir d’un homme dont la vaste culture est le trait frappant et qui aura mené un combat sans répit pour le Sénégal, avec courtoisie et détermination’’, a-t-il dit.
Le Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, a relevé que l’engagement du défunt avait permis de faire avancer plusieurs questions relatives aux droits humains.
”Nous sommes peinés par le décès de l’ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdalah Dionne survenu ce jour à Paris. A la primature, il s’était entouré d’un groupe de conseillers particulièrement efficaces avec qui nous avons fait avancer plusieurs questions relatives aux droits humains’’, a-t-il témoigné.
par Jean-Louis Corréa
DE LA PROTECTION DES LANCEURS D’ALERTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le lanceur d’alerte est-il cette « balance » des temps modernes adepte de « la vindicte à portée de clics » ou est-ce plutôt ce citoyen épris de justice et de vérité que sa conscience martyrise à ne pas dénoncer les abus ?
Le président de la République, dans son adresse à la Nation du 3 avril 2024, a indiqué la nature des réformes institutionnelles qu’il souhaitait, dans les temps proches, entreprendre. Parmi ces différentes mesures, une en particulier a, plus que les autres, retenu mon attention. L’idée d’une loi visant la protection des lanceurs d’alerte.
Plus connu sous la dénomination anglaise de whistleblower, le lanceur d’alerte est un individu qui adopte une posture en raison de sa conscience heurtée par des faits contraires à la loi au sens large. Un tel vœu, s’il venait à se concrétiser, ferait entrer le Sénégal dans une ère de gouvernance ouverte et citoyenne, rarement promue sous nos latitudes. Toutefois, cet outil de renforcement de la redevabilité et de la transparence sera plus efficace si accompagné par une loi consacrant les libertés publiques en général et l’espace civique en particulier.
Dans un contexte de production de pétrole et de gaz, la protection des lanceurs d’alerte participe d’un contrôle citoyen accru, afin de veiller à ce que les ressources nationales soient gérées de façon orthodoxe. On pourra entendre la volonté d’élaborer une loi sur la protection des lanceurs d’alerte en contemplation de la directive n°1/2009/CM/UEMAO portant Code de la transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA.
L’annonce présidentielle a donné lieu à une grande joie sur les réseaux sociaux, les justiciers numériques et autres détectives digitaux à la petite semaine se pensant découvrir un nouveau créneau : lanceur d’alerte. On pouvait lire sur X d’aucuns dire qu’avec la loi à venir sur la protection des lanceurs d’alerte, le métier de « balance » avait un avenir au Sénégal et d’autres d’ergoter sur la possibilité de filmer et divulguer les sempiternelles scènes quotidiennes de civils corrupteurs encanaillés avec les corrompus à habits imposés.
Mais le lanceur d’alerte est-il cette « balance » des temps modernes, adepte de « la vindicte à portée de clics » ou est-ce plutôt ce citoyen épris de justice et de vérité que sa conscience martyrise à ne pas dénoncer les abus et autres violations qu’il constate ?
Que nos justiciers des réseaux se calment. Le lanceur d’alerte est une réalité autre, bien comprise sous d’autres cieux que nous allons passer en revue, sans prétention à l’exhaustivité.
Contexte d’émergence
Plaçons l’apparition des lanceurs d’alerte dans un contexte global marqué par un besoin accru de transparence, remède principal contre les théories du complot qui ont la vie dure et dont certains « professeurs » médiatiques sont les prophètes au Sénégal. Contre les théories du complot favorisées par l’époque à laquelle nous sommes rendus, le meilleur remède est la transparence d’autant plus que « nos contemporains se sentent coupés du passé, incertains face à l’avenir, méfiants et désorientés à l’égard du présent ». Entre experts officiels, contre-experts et alter-experts, pour s’éviter que l’on puisse valider ce type d’assertion conspirationniste « ce n’est pas le gouvernement qui gouverne le Sénégal, on ne sait pas qui tire les ficelles », il est important de faire la promotion de l’open governance.
L’ouverture (open) et la transparence (transparency) sont devenues de critères de mesure des politiques publiques et de leur aptitude à servir utilement les populations. La lutte contre la corruption a trouvé dans les lanceurs d’alerte un puissant allié.
Pratiques comparées du lanceur d’alerte
On ne saurait parler de lanceur d’alerte sans commencer par les États-Unis d’Amérique, terre de naissance et lieu de la pratique la plus aboutie du whistleblowing. Dans le système américain, le whistleblowing permet de lutter contre toute sorte d’abus, les gaspillages, les actes illégaux, les mauvais comportements et autres traitement inadéquats.
Dans ce pays, il existe plus d’une dizaine de lois au niveau fédéral et bien plus au niveau des États fédérés visant la protection des lanceurs d’alerte, entre garantie de confidentialité, récompenses financières et protection contre les mesures de rétorsion. L’objectif visé est d’encourager les citoyens à dénoncer les fraudes et autres pratiques illicites ou illégales.
Ce sont les lanceurs d’alerte qui ont exposé le Watergate, l’échec de la guerre du Vietnam, dénoncé les fraudes comptables massives qui conduit à la chute de Enron et WorldCom au début des années 2000 ; qui ont exposé les comptes bancaires suisses secrets et les dangers de la nicotine, entre autres scandales.
En Europe, l’Union européenne a adopté la directive 2019/1937 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union européenne. Cette directive a été transposée par plusieurs États membres de l’UE. Pour le Conseil de l’Europe : « le cadre national devrait favoriser un environnement qui encourage à faire ouvertement tout signalement ou toute révélation d'informations. Nul ne devrait éprouver de crainte de soulever librement des préoccupations d'intérêt général »
Mais en France, déjà en 2016, la loi Sapin 2 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, transposant la quatrième directive européenne de lutte contre le blanchiment et la corruption, assurait la protection des lanceurs d’alerte. Selon ladite loi « Un lanceur d'alerte est une personne physique qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d'un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d'un acte unilatéral d'une organisation internationale pris sur le fondement d'un tel engagement, de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice grave pour l'intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance. »
En Afrique, rares sont les pays à s’être doté d’une loi de protection des lanceurs d’alerte. Ce mécanisme de promotion de la bonne gouvernance semble perturber la quiétude de nos dirigeants. À notre connaissance, le Ghana a été l’un des premiers pays en Afrique de l’Ouest à se doter, dès 2006, d’un Whistleblowers Act (Act 270). Le Liberia (Whistle-blowers and witness protection bill of 2017) et l’Afrique du Sud (Protected disclosures Act n° 26 of 2000) sont aussi à identifier comme terre d’accueil du whistleblowing en Afrique. Dans ces trois pays, il y a la loi mais aussi un organe spécialement dédié à sa mise en œuvre. Dans un pays comme le Kenya, il n’existe pas de loi spécifique mais des dispositions législatives sont applicables aux lanceurs d’alerte.
Comme on peut le constater, jusqu’à plus ample informé, il n’y a pas, en Afrique noire francophone, d’État ayant une loi ou un dispositif de protection des lanceurs d’alerte, ce que des recherches approfondies pourraient infirmer ou confirmer.
Portrait-robot du lanceur d’alerte
La qualification de lanceur d’alerte est réservée à une catégorie de personnes. Entre les personnes physiques et les personnes morales, seules les premières sont concernées. Ce qui exclut les associations, les syndicats, a fortiori les dénonciations anonymes.
Dans certaines législations, comme au Liberia, en Afrique du Sud, le lanceur d’alerte doit être un employé (ou ex-employé) d’un service public ou privé. Dès lors, avant de dénoncer en public, il doit saisir sa hiérarchie afin de trouver des solutions aux faits constatés. En cas d’inaction de l’autorité publique, la divulgation publique est légitime.
En outre, le lanceur d’alerte ne peut révéler ou dénoncer que des faits dont il a une connaissance personnelle, ce qui exclut les faits portés à sa connaissance par un tiers dont il se fait le porte-parole.
De même, les révélations ou les dénonciations faites par le lanceur d’alerte sont généralement désintéressées, ce qui exclut toute forme de rémunération (dans le modèle américain, une récompense est envisageable), et faites de bonne foi, sans intention de nuire. Ce qui se comprend aisément, le lanceur d’alerte dénonce des faits portant gravement atteinte à l'intérêt général.
Afin de garantir sa protection, la qualité de lanceur d’alerte est une cause d'irresponsabilité pénale. Sa qualité le rend irresponsable pénalement de l'atteinte qu'il porterait à un secret protégé par la loi, à l’exclusion du secret de la défense nationale, du secret médical ou du secret des relations entre un avocat et son client, en divulguant son information.
Pour vivre heureux, il faut vivre caché
Assertion ne saurait être plus fausse dans la gestion de la chose publique. Pour vivre heureux, il ne faut plus vivre caché. A l’ère de l’ouverture, se traduisant par l’anglicisme « open » préfixe à la mode et prétexte à de nombreuses politiques publiques, open access, open data, open science, l’action non révélée équivaut à une action suspecte voire non réalisée.
Le désir de transparence à partie liée avec l’idéal déclaré d’un monde où le soupçon serait déclaré impossible, « l’apparence étant parfaitement conforme à la réalité ». Mais comme le révèle P.-A Taguieff, « l’impératif de transparence est porteur d’équivocité…dans le monde de la transparence…les authentiques vertueux et les naïfs de bonne volonté côtoient les Tartuffe, les manipulateurs, les menteurs, les démagogues ».
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DIATOU CISSE ÉTRILLE LES PRIVILÈGES DES ÉLITES
La journaliste dénonce les dérives d'un système rongé par une caste au sommet de l'État. Fonds politiques indécents, retraites présidentielles faramineuses, avantages matériels injustifiés... Son plaidoyer pour l'équité fait des vagues
Le débat sur les privilèges accordés aux anciens responsables politiques sénégalais est à nouveau relancé. Lors d'une émission télévisée sur la TFM, la journaliste Diatou Cissé a souligné qu'il était nécessaire de "revoir ces points-là".
Selon elle, "rien ne justifie que vous soyez président du conseil économique, vous partez, on vous donne trois millions par mois. Un ancien président de la République, on lui donne si je ne m'abuse, cinq millions. C'est du détournement légalisé."
Diatou Cissé fait ici référence aux larges privilèges financiers attribués aux anciens présidents de la République et présidents d'institutions au Sénégal. Elle dénonce des sommes "excessives" et "au non de quoi" ces personnalités perçoivent de tels montants.
"Il y a des agences, les gens, certains ont sept millions, d'autres ont cinq millions. Les hausses salariales par-ci et par-là ont déstabilisé la grille de salaire de la fonction publique. Comment on peut être ancien président et ne pas avoir une maison ?", s'interroge-t-elle, pointant le caractère "gabégique" de l'État sénégalais depuis les libéraux.
Selon la journaliste, ces privilèges "induits ou excessifs" contribuent à "vampiriser" l'État sénégalais et mobilisent des ressources qui pourraient être allouées à des politiques publiques prioritaires comme l'emploi des jeunes.
DÉCÈS DE BOUN DIONNE, MACKY SALL SALUE LA PERTE D’UN GRAND CADRE ET COMPAGNON
Sa réaction ne pouvait tarder. Le Président Macky Sall a dit toute sa peine d’apprendre le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne à Paris.
Sa réaction ne pouvait tarder. Le Président Macky Sall a dit toute sa peine d’apprendre le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne, hier, à Paris.
Dans un post sur X, l'ancien chef de l'Etat du Sénégal écrit : «Le Sénégal perd un cadre de grande valeur et moi un compagnon de longue date. Mes condoléances émues à veuve Caty et à sa famille. Je salue sa mémoire. Paix à son âme.» La politique les a éloignés depuis quelques mois. Son ancien Premier ministre avait choisi d’être candidat et donc de ne pas soutenir Amadou Ba.
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AYIB DAFFÉ APPORTE DES PRÉCISIONS SUR LA FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
La liste du premier gouvernement du nouveau régime n’est pas encore dévoilée. Au moment où les supputations fusent, Ayib Daffé, le secrétaire général adjoint de Pastef a apporté quelques précisions.
La liste du premier gouvernement du nouveau régime n’est pas encore dévoilée. Au moment où les supputations fusent, Ayib Daffé, le secrétaire général adjoint de Pastef a apporté quelques précisions.
«À mon avis, on est dans les délais raisonnables pour former un gouvernement», a déclaré Ayib Daffé. Le secrétaire général adjoint du parti Pastef, qui s’exprimait sur la Rfm, estime que dans cette situation, «parler de retard est inapproprié». Car, dit-il, que «des gouvernements ont été formés sur plus d’une semaine».
La question que l’on se pose aujourd’hui, c’est à quelle date ou à quelle heure sera diffusée la liste du gouvernement de Ousmane Sonko : «Elle peut être publiée aujourd’hui comme demain», a-t-il indiqué.
LES CONFESSIONS D'UN GARDIEN DE BUT SÉNÉGALAIS VICTIME DE RACISME EN ESPAGNE
Cheikh Sarr, gardien sénégalais du Rayo Majadahonda (D3 Espagne), a été suspendu deux matchs après avoir réagi à des insultes racistes lors d'une rencontre de football en Espagne.
iGFM (Dakar) Cheikh Sarr, gardien sénégalais du Rayo Majadahonda (D3 Espagne), a été suspendu deux matchs après avoir réagi à des insultes racistes lors d'une rencontre de football en Espagne. Cet incident, survenu le week-end dernier lors d'un match contre Sestao, soulève une fois de plus la question du racisme dans le sport. Le joueur de 23 ans a décidé de s'exprimer sur cette épreuve et sur son engagement contre le racisme, lors d'une interview dans Marca reprise par Afrikfoot.
Pour avoir sauté dans la tribune adverse pour s'expliquer avec l'individu l'ayant insulté à plusieurs reprises, Cheikh Sarr a été expulsé. Choqués par l'incident, ses partenaires avaient d'ailleurs refusé de poursuivre le match, retournant aux vestiaires en signe de solidarité envers leur gardien, condamnant des “insultes racistes inacceptables” et une “honte absolue“. Cette attitude lui a donc valu une suspension mais elle a également été payée au prix fort par son club du Rayo Majadahonda, qui a vu trois points retirés de son classement en plus d'une défaite par forfait et de 6000 euros d'amende.
Mercredi, Cheikh Sarr s'est exprimé dans une interview avec Marca, discutant des conséquences de l'acte qui a mené à sa suspension. “Les trois points perdus me font beaucoup souffrir“, confie-t-il, soulignant l'impact de la sanction sur lui et son équipe. Dans son verdict, la Fédération de football espagnole a admis que Cheikh Sarr avait subi une “offense grave“, mais a jugé inappropriée sa manière de réagir, suggérant qu'il aurait dû “suivre les procédures officielles“.
"J'ai agi ainsi parce que j'étais affecté..."
Dans son témoignage, l'ancien international U20 avec le Sénégal révèle son désarroi. “Nous, qui sommes sur le terrain, parfois nous ne pouvons pas endurer et nous agissons sans réfléchir. J'étais affecté et c'est pour cela que j'ai agi ainsi“, dit-il, reconnaissant l'importance de lutter contre le racisme et l'effet de ses actions.
“Si cela m'arrive à nouveau, je ne réagirai pas comme je l'ai fait et je saurai comment me comporter. Ma fille mérite un monde meilleur. Je me bats et je me battrai pour elle“, avait-il aussi communiqué dans un post sur Instagram publié avant l'annonce de sa suspension.
Quoi qu'il en soit, sa suspension intervient alors que les médias ibériques encourageaient les instances à ne pas sanctionner Cheikh Sarr si l'Espagne “souhaitait vraiment mettre fin au racisme” dans ses stades. “La victime ne peut pas être sanctionnée“, titrait par exemple le très connu quotidien sportif Marca mercredi, avant la décision de la RFEF. Cheikh Sarr s'était également exprimé mardi lors d'une conférence de presse, indiquant que ce qu'il avait subi “était quelque chose d'horrible, quelque chose que je ne pouvais pas supporter, d'une grande tristesse“.
“Défendre ma dignité vaut plus que tout”
La situation du natif de Dakar souligne les défis rencontrés par les athlètes face au racisme. En choisissant de s'exprimer, Sarr lutte non seulement pour sa propre dignité mais aussi pour celle de tous ceux qui ont été confrontés au racisme dans le sport et ailleurs. Ses mots, “défendre ma dignité vaut plus que tout“, agissent comme un appel à combattre le racisme sous toutes ses formes.
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LA FIN DE LA PROCRASTINATION MONÉTAIRE AU SÉNÉGAL ?
Martial Ze Belinga déconstruit le mythe de la "pérennité" du franc CFA. Pour le chercheur camerounais, l'argument de la continuité défendu par les partisans du statu quo monétaire ne tient plus face aux aspirations de souveraineté des nations africaines
Pendant des décennies, les autorités africaines ont repoussé l'échéance d'une réforme des systèmes monétaires hérités de la colonisation. Selon Martial Ze Belinga, chercheur indépendant en économie et en sciences sociales, cette attitude relève de la « procrastination », un report permanent d'une décision pourtant nécessaire.
"On est habitué à fonctionner dans un système dont on sait qu'il n'est pas optimal, dont on sait qu'à terme on devra changer, mais on diffère en permanence le moment de décider et de faire un choix", analyse- t-il à propos du franc CFA.
Le chercheur camerounais considère que malgré les discours rassurants sur la stabilité apportée par cette monnaie, les faits sont têtus : en près de 80 ans d'existence, le franc CFA n'a pas permis l'émergence économique des pays qui l'utilisent. Un constat cuisant pour les défenseurs d'un outil vendu comme protecteur des économies africaines.
Désormais, l'élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal pourrait marquer la fin de cette longue tergiversation. Portée par un vent de souveraineté, la nouvelle équipe dirigeante affiche sa ferme intention de tourner la page du franc CFA, perçue comme un vestige néocolonial.
Deux options sont sur la table selon Ze Belinga : une sortie collective au sein de la CEDEAO vers l'éco, la future monnaie commune, ou une sortie en solitaire pour doter le Sénégal de sa propre invention. Une perspective qui effraie certains observateurs, redoutant d'éventuelles représailles à l'instar de celles subies par des dirigeants récalcitrants par le passé.
Mais pour le chercheur, le Sénégal, de par son poids démographique, économique et sa légitimité démocratique, à tous les atours pour être le pays pionnier qui entraînera d'autres nations africaines sur la voie de la souveraineté monétaire.
DÉCÈS DE BOUN DIONNE
L'évacuation précipitée de l'ex-Premier ministre en France pour raisons médicales avait alimenté les spéculations. Premier ministre de 2014 à 2019, le candidat à la présidentielle avait dû interrompre sa campagne, frappé par la maladie
(SenePlus) - L'ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne est décédé vendredi 5 avril 2024 en France à l'âge de 65 ans, des suites d'une maladie. Candidat à l'élection présidentielle du 24 mars dernier, sa mort plonge le Sénégal dans le deuil.
Tombé malade durant la campagne électorale, il avait été évacué en France dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 mars 2024 pour des soins. De quoi le contraidre notamment à interrompre sa campagne électorale. La dégradation de son état de santé avait alors alimenté diverses rumeurs.
Acteur de la vie politique sénégalaise, Mahammad Boun Abdallah Dionne aura notamment occupé le poste stratégique de Premier ministre pendant plus de 5 ans, soit de juillet 2014 à mai 2019 auprès de l'ex-président Macky Sall. L'ingénieur informaticien et auditeur libre a dernièrement pris ses distances avec Macky Sall, en décidant de briguer la magistrature suprême après le choix par ce dernier d'Amadou Ba comme candidat de la majorité présidentielle.
OUSMANE SONKO VA DÉMISSIONNER DE SON POSTE DE MAIRE, AFFIRME CHEIKH OUMAR DIAGNE
Pour le président du parti Rassemblement pour la Vérité/And Ci Dëgg et allié, le Premier ministre va démissionner de son poste car la charge de maire est incompatible avec celle de Premier ministre.
Très attendu pour démissionner de son poste de maire de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko est toujours dans l’élaboration de la liste de son nouveau gouvernement qu’il doit soumettre au Président Diomaye Faye.
Des critiques qui commencent à enfler et qui proviennent du camp de l’ancien régime.
Cependant, pour Cheikh Oumar Diagne, président du parti Rassemblement pour la Vérité/And Ci Dëgg et allié, le Premier ministre va démissionner de son poste car la charge de maire est incompatible avec celle de Premier ministre.
«Je ne sais pas s’il a démissionné ou pas de sa mairie mais je sais qu’il va le faire car il est foncièrement contre le cumul de postes. Pour preuve, pour le cas de Birame Souleye Diop, il a parlé à plusieurs reprises avec lui pour lâcher un de ses postes de maire ou de député. En plus, sa charge de Premier ministre est incompatible avec celle de Premier ministre. Le président Bassirou Diomaye Faye a démissionné de son poste de secrétaire général de PASTEF et Sonkova en faire de même. De plus les textes du PASTEF leur interdisent le cumul », a-t-il affirmé
Il estime également que l’équipe derrière le nouveau président va respecter ses promesses faites avant d’accéder à la magistrature suprême car pour lui «ceux qui veulent créer cette polémique devraient trouver mieux puisque il y a d’autre combat qui attendent et qui devraient les intéresser que d’agiter la question du cumul de poste déjà réglé».
Concernant les lenteurs dans la publication de la liste du nouveau gouvernement, Cheick Oumar Diagne estime qu’il n’y a pas de lenteur. Ousmane Sonko est toujours dans les délais d’autant qu’il est en train de peaufiner sa liste qui doit refléter leur politique. Pour le chercheur, «le nouveau gouvernement sera réduit, il ne sera pas un gouvernement de partage de gâteau mais de travail».