iGFM – (Dakar) Le monde politique sénégalais est en deuil suite au décès tragique de Mamadou Yatassaye, entrepreneur et candidat recalé à la Présidentielle du 24 mars. Le décès est survenu, ce jeudi 21 mars 2024.
À la tête du mouvement « S’unir pour demain », Mamadou Yatassaye avait initié sa candidature à la prochaine élection présidentielle avec ambition et détermination.
Malheureusement, malgré ses efforts, il n’a pas réussi à obtenir le nombre de parrainages requis, ce qui l’a conduit à être recalé de la course à la magistrature suprême.
par Makhtar Diouf
LE FRANC CFA OU LE CHAOS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Garantie théorique, dévaluations récurrentes : derrière la façade de la stabilité, cette monnaie a en réalité freiné le développement du continent africain. Un lourd héritage dont il est temps de s'affranchir
D’éminents économistes africains et français ont attiré l’attention sur le franc Cfa avec des éclairages pertinents. Mais bon nombre d’Africains francophones sont sceptiques, résistants au changement, pensant que le franc Cfa est la panacée, et que les pays africains de la zone franc (pazf) sont incapables de prendre en mains leur destinée monétaire. Sans le franc Cfa, ce sera le chaos. Ils sont comme cet esclave dont parlait Cheikh Anta Diop : libéré par son maître, il va jusqu’à la porte, puis revient ; il ne sait pas où aller, il a perdu tout repère, toute idée d’émancipation, pensant que la servitude est sa condition naturelle.
Par conséquent, le devoir d’information et de sensibilisation doit continuer. Commençons par attirer l’attention sur l’historique du franc Cfa, dans ses aspects techniques, mais d’abord dans son côté crapuleux jonché de délits et de crimes, pour voir qui y tenait vraiment et pourquoi.
La face crapuleuse de l’historique du franc Cfa
Deux présidents français pourtant assez différents, le général de Gaulle et Nicolas Sarkozy ont fait du franc Cfa un cactus : qui s’y frotte s’y pique. Comme le montrent les exemples suivants.
Guinée : Faux monnayage contre Sékou Touré
Lorsque Sékou Touré proclame l’indépendance de la Guinée en 1958 et sort de la zone franc en 1960 pour créer sa monnaie nationale (syli, franc guinéen) il devient pour de Gaulle l’homme à abattre. Le témoignage nous vient d’un de ses hommes de main pour les affaires africaines, surnommé « ministre de l’Afrique », Maurice Robert, un des piliers de la Françafrique, moins connu que Jacques Foccart dont il est un proche collaborateur. Il est chargé du secteur Afrique du Sdece (Service de documentation extérieure d’espionnage et de contre-espionnage).
En 2004, un an avant sa mort, il libère sa conscience en publiant un ouvrage (Entretiens avec Jacques Arnault) intitulé Maurice Robert, ministre de l’Afrique. Voici ce qu’il écrit sur leurs rapports avec Sékou Touré :
Nous devions déstabiliser Sékou Touré, le rendre vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition... Parmi ces actions de déstabilisation, je peux citer l’opération “Persil”, par exemple, qui a consisté à introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie... Cette méthode du faux monnayage est en revanche redoutablement efficace : les billets (fabriqués en France), de très bonne qualité, font tabac à Conakry, où le climat humide détériore la monnaie (guinéenne) imprimée à Prague, et inondent le marché guinéen. Cette phase de l’opération ‘’Persil’’ est un succès, ce qui ne fut pas le cas des autres.
Les ‘’autres cas’’, c’est l’armement et l’entraînement de mercenaires pour faire tomber Sékou Touré, comme l’écrit Maurice Robert, ajoutant que sa liquidation physique avait même été envisagée.
Le faux monnayage est un délit contre lequel la police internationale Interpol dont le siège est à Lyon a été créée en 1923. De Gaulle s’y est livré contre Sékou Touré, pour défendre son franc Cfa.
Togo : Sylvanus Olympio assassiné
Sylvanus Olympio n’a pas le profil du « président africain ami de la France ». Par ses origines lointaines (Brésil, Nigéria). Par sa formation : diplômé de la London School of Economics and Political Science, ancien cadre de la multinationale Unilever. Il est polyglotte : anglais, français, allemand (né à Lomé sous l’occupation allemande).
En mai 1960, il déclare à l’Agence France Presse : Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. Selon Maurice Robert, à l’Elysée, Olympio est considéré comme plus dangereux que Sékou Touré. Début janvier 1963, il décide de quitter la zone franc pour créer une monnaie togolaise indexée sur le deutchmark allemand. Le 13 de ce mois, il est criblé de balles à 7 h du matin, alors que la radio France Inter a annoncé sa mort une heure plus tôt. Selon le vétéran togolais Goodwin Teteh, il a été tué par des militaires français. L’ambassadeur de France au Togo Henri Mazoyer avait demandé à un légionnaire français Gnassingbé Eyadéma (futur président) d’endosser le crime contre paiement de 300 000 francs, une fortune à l’époque.
Mali : Coup d’État contre Modibo Keita
Au Mali, le président Modibo Keita quitte la zone franc en 1962 et crée une monnaie nationale. En 1968 il est renversé par un coup d’Etat qui installe au pouvoir un autre ancien légionnaire de l’armée française Moussa Traoré qui fait revenir le Mali dans la zone franc. Modibo Keita meurt en détention en 1977 dans des conditions non élucidées. Selon certaines sources, il aurait été empoisonné à petits feux dans son alimentation.
Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo enlevé et déporté
A la suite des élections controversées de 2010 en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo au pouvoir se voit refuser les caisses de la BCEAO pour les besoins de son administration. Il décide de quitter la zone franc et de créer une monnaie ivoirienne, ce qui aurait sonné le glas du franc Cfa. Aussitôt le 3 avril 2011, Sarkozy lui envoie son armée pour l’enlever et le déporter aux Pays-Bas (Cour pénale internationale). Il installe au pouvoir A. Ouattara, ancien cadre du FMI, ancien sous-gouverneur puis gouverneur de la BCEAO, intégriste du franc Cfa.
Libye : Khadafi assassiné
Le journaliste américain Sydney Blumenthal est le conseiller technique de Hilary Clinton, ministre des affaires étrangères (Secretary of State) sous l’administration Obama 2009 - 2013. Il envoie à celle-ci secrètement par courrier électronique privé ‘’email’’ (ce qui est illégal) plus de 3 000 mémos. En 2015, la justice américaine découvre l’affaire qui fait scandale (Hilary email-gate). Un de ces mémos du 2 avril 2011 révèle les véritables raisons de l’intervention française en Libye sur ordre de Sarkozy et de l’assassinat de Khadafi le 20 octobre 2011 :
Selon des sources autorisées, Khadafi disposait d’une masse de 143 tonnes d’or et du même montant d’argent équivalent à plus de 7 milliards de dollars qu’il comptait utiliser pour créer une monnaie africaine qui aurait entre autres été une alternative au franc Cfa. C’est lorsque Sarkozy a été informé de ce plan par ses services de renseignement qu’il a déclenché l’attaque en Libye en soutien des ‘’rebelles’’. Il déclare alors que Khadafi est une menace pour la sécurité financière du monde et que la France a décidé d’assumer son rôle devant l’histoire.
Cette monnaie africaine devait aussi « mettre fin à la tyrannie du dollar, monnaie de compte du pétrole » et c’est Hilary Clinton de mèche avec Sarkozy qui a persuadé Obama d’intervenir aussi en Libye avec le mensonge amplement médiatisé d’action humanitaire contre Khadafi qui « était en train de massacrer son peuple ».
Pourquoi diantre cet acharnement de gouvernements français à défendre le franc Cfa jusqu’au crime ? Quel est le mobile du crime ? Et si François Mitterrand avait mis sur une piste ? Dans un ouvrage de 1957 Présence française et abandon, l’ancien ministre des colonies (1950-51), écrivait : Sans l’Afrique il n’y aura pas d’Histoire de France au 21ème siècle ... Déjà la France sait combien l’Afrique lui est nécessaire » (p. 237).
Dans l’antre du franc Cfa
Pour pénétrer l’antre du franc Cfa, sans risque d’erreur ou de subjectivisme, prenons comme boussole deux ouvrages écrits par des Français ardents défenseurs de la zone franc : Bernard Vinay, ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique Centrale, auteur de Zone franc et coopération monétaire, ministère de la Coopération, 1980 ; Patrick et Sylviane Guillaumont, professeurs d’Economie à l’université de Clermont- Ferrand, consultants des autorités monétaires françaises, auteurs de Zone franc et développement africain, 1984.
Bernard Vinay dit d’emblée que la zone franc est une organisation unique au monde (p.3) et qu’elle repose sur trois principes : parité du franc Cfa avec le franc français en libre convertibilité ; centralisation des devises africaines (réserves de change) au Trésor français avec garantie du franc Cfa ; libre circulation des capitaux. Le pivot de la zone franc est la centralisation des devises. C’est pour cela que la zone franc a été créée en 1939 par la France avec toutes ses colonies d’Afrique et d’Indochine pour se constituer un fonds de guerre.
Compte d’opérations et garantie de la France
Selon B. Vinay, La France s’engage à fournir sur simple demande des francs français avec lesquels les agents économiques des pays partenaires pourront, soit régler leurs achats de biens et services, soit acquérir sur le marché des changes de Paris toutes les devises dont ils pourraient avoir besoin...
Que deviennent alors les devises des pays africains au Trésor français ? :
Les conventions que les banques centrales (de la zone franc) ont passées avec le Trésor français leur font obligation de centraliser toutes leurs ressources de change en francs français dans les ‘’ comptes d’opérations’’ que cet organisme leur a ouverts ... La Banque de France devait se porter acheteur de la monnaie dont le cours en francs français risquait en fonction d’un excédent des demandes sur les offres de dépasser la limite haute. Dans ces conditions les opérations de change sur le marché des changes de Paris pouvaient conduire la Banque de France à intervenir et éventuellement à accumuler des ressources de change provenant de cessions par des agents économiques des pays partenaires de la zone franc (p.225).
Ce qui signifie que les devises africaines ne sont pas des stocks dormants au Trésor français. Elles sont converties en francs français pour soutenir le cours du franc français au jour le jour, contribuant ainsi, autant que possible, à la stabilité de cette monnaie.
Rappelons qu’en juillet 1944, 44 pays se réunissent à Bretton-Woods aux Etats-Unis pour se pencher sur l’instabilité monétaire. Le Fmi et la Banque mondiale sont créés. Une mesure moins connue qui y est prise est la fin de l’étalon- or (émission de monnaie gagée sur l’or). Les Américains dont l’économie n’a pas été affectée par la guerre qui a eu lieu en Europe ont l’économie la plus puissante et peuvent imposer le dollar comme gage de toute émission monétaire. C’est l’avènement du ‘’gold exchange standard’’ (étalon change or) : l’émission du dollar est gagée sur l’or, mais l’émission des autres monnaies est gagée sur le dollar jugé aussi bon que l’or (« as good as gold »), à un taux fixe autour d’une marge de fluctuation de plus ou moins 1 pour cent (passé à plus ou moins 2,25 pour cent). Ces monnaies doivent être soutenues sur le marché des changes par des opérations d’achats et de ventes de devises pour rester dans ces limites afin d’éviter la dévaluation.
Le gouvernement du général de Gaulle, par son représentant Pierre Mendès-France, signe l’accord de 1944, mais ne le ratifie qu’un an après, le 26 décembre 1945, après avoir la veille (25 décembre) créé le franc Cfa (Colonies françaises d’Afrique, par la suite Communauté financière africaine). Ce qui est édifiant.
La garantie a-t-elle été effective ?
Suivons B. Vinay : La garantie est virtuelle aussi longtemps que les instituts d’émission (africains) disposent de réserves (p. 116) ... Lorsque les pays de la zone franc disposent de réserves de change, cette garantie est purement nominale puisqu’elle n’est pas mise à contribution (p.117).
P. et S. Guillaumont présentent l’évolution des avoirs extérieurs des pays de l’Uemoa (p. 68 – 69) : de 1963 à 1979 ils ont été créditeurs et en progression. Et ils écrivent : Lorsque le solde est positif, il constitue un gain de devises pour la France (p. 57).
Lorsque le solde du compte d’opérations des pays de l’Uemoa devient négatif en 1979, la France s’écarte pour faire passage au Fmi qui intervient pour la première fois dans ces pays avec des financements assortis de conditionnalités : les programmes d’ajustement structurel. P. et S. Guillaumont en rendent ainsi compte :
La conditionnalité du Fmi modérait les risques que pouvait faire courir à la France l’automaticité du recours au compte d’opérations (p. 209).
Quels risques pour la France ? Pour une fois qu’il lui est donnée l’occasion de faire jouer sa garantie, elle se décharge sur le Fmi tout en ayant durant des décennies conservé les devises des pays africains convertis en francs français. (C’est la France qui en 1962 avait parrainé l’admission de ses anciennes colonies au Fmi). S’il est vrai que les avoirs extérieurs des pazf n’ont jamais atteint 10 pour cent des avoirs extérieurs français, la Banque de France les utilisait tout de même sur le marché des changes pour soutenir le cours du franc français. Autre mise à contribution des pays africains. Lorsqu’en 1940 les Allemands occupent Paris, les autorités françaises de peur de les voir s’emparer des lingots d’or de la Banque de France en transfèrent une partie sur l’axe Dakar-Thiès-Kayes.
Franc Cfa et développement
L’argument sempiternellement avancé pour le franc Cfa est la stabilité. Quelle stabilité ? Sûrement pas politique, au regard du record détenu de coups d’Etat. Au plan économique, dans l’Uemoa, 6 pays sur 8 sont classés PMA (pays moins avancés). La stabilité se réduit en fait à l’octroi de crédits au compte-gouttes aux économies africaines, pour soi-disant éviter l’inflation. Entre la restriction poussée et la profusion de crédits il y a bien un optimum qui n’a pas été mis en œuvre pour que la monnaie puisse contribuer au développement de ces pays.
Lisons B. Vinay : Les politiques de crédit expansionnistes sont généralement inadaptées dans ces pays. Les structures de production sont insuffisamment diversifiées, et en tout état de cause manquent d’élasticité : elles ne sont pas prêtes à répondre à une croissance rapide de la demande provoquée par le développement du crédit. Un développement rapide du crédit est de ce fait plus enclin sur le plan intérieur à peser sur les prix qu’à générer l’activité (p. 95).
Autrement dit, il faut laisser les pays africains dans le statu quo du sous-développement. Il ajoute : Les banques centrales de la zone franc ont pendant longtemps fixé des taux d’intérêt parmi les plus bas du monde (p.98). Une bonne manière d’encourager la fuite de capitaux vers des sites plus rémunérateurs.
Le cheminement avec le franc Cfa a été parsemé d’autres embûches non favorables au développement. Par exemple, les entreprises françaises ont longtemps disposé d’un quasi-monopole sur les importations de produits manufacturés des pazf. Avec l’osmose entre le franc français et le franc Cfa, traiter avec un fournisseur français, c’est comme aller faire ses courses au marché du quartier. Alors que son concurrent allemand peut être plus compétitif en prix et qualité, mais éloigné par les complexités de change monétaire, et aussi la langue.
Les dévaluations du franc français, 8 fois depuis 1948, compte tenu de la parité fixe avec le franc Cfa, ont entraîné des pertes importantes pour les pazf. Surtout au niveau de la dette contractée en d’autres devises. Des milliards de francs sont ainsi partis en fumée.
Il n’est pas étonnant que le franc Cfa n’ait pas contribué au développement des pazf. Les derniers Rapports 2018 et 2019 sur l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement sont accablants. Les 8 pays de l’Uemoa figurent tous dans le peloton de queue, derrière le Cap Vert et la Mauritanie, pays hors zone franc. L’indice de développement humain prend en compte le revenu par tête, mais aussi les indicateurs d’éducation et de santé. Parmi les 12 premiers pays africains figure un seul de la zone franc, le Gabon classé 7ème grâce à son revenu par tête généré par d’importants pétrodollars et une faible population d’un peu plus de 2 millions d’habitants.
Les obstacles au développement des pays africains de la zone franc sont certes nombreux. Mais le franc Cfa en est un. Le sort de l’homme se joue sur la monnaie, écrivait Jacques Rueff, conseiller monétaire du général de Gaulle, dans son livre L’âge de l’inflation (1963).
Quand la France lâche du lest
L’appartenance à la zone franc a longtemps fait fi de la souveraineté des membres africains. Comme le dit B. Vinay :
Jusqu’en 1973, les gouverneurs généraux des banques centrales étaient désignés par le gouvernement français (p. 126). Après l’africanisation des postes de direction, un accord entre la France et les pays membres stipule que deux administrateurs désignés par le gouvernement français participent au Conseil d’administration de la Bceao dans les mêmes conditions et avec les mêmes attributions que les administrateurs désignés par les Etats membres (p.127)... Il est des circonstances où les décisions des conseils d’administration ne peuvent être prises qu’avec l’appui effectif de la représentation française (p. 129).
La sortie de Madagascar et de la Mauritanie en 1973 n’a pas été sans effet sur les mesures de concession partielle de souveraineté qui allaient suivre. Sans doute pour ne pas donner des idées à d’autres. Le premier Africain gouverneur de la Bceao est nommé en 1974, et en 1977-78, le siège est transféré de Paris à Dakar. Il est créé la Banque ouest-africaine de développement (siège Lomé, avec capital réparti entre Bceao, Etats Uemoa, pays européens dont France, Chine...) pour, contrairement à la Bceao, s’intéresser aux problèmes de développement.
L’année 2019 a été marquée par des attaques sans précédent contre le franc Cfa : manifestations, écrits documentés d’intellectuels africains appuyés par des démocrates français, accusations de responsables politiques italiens contre la France dans sa politique avec les pays africains ... La coupe était devenue trop pleine. Ce qui a conduit au projet de remplacer le franc Cfa par l’éco, avec comme principales mesures la fin de la détention des réserves de change de l’Uemoa en France et de la représentation française dans la Bceao.
Du franc Cfa à l’éco
Le projet éco court circuite le projet initial de dirigeants africains de la sous-région qui consistait à procéder en deux étapes : dans un premier temps, au niveau de l’Uemoa remplacer le franc Cfa par une monnaie indépendante de la France, adopter une monnaie commune entre les pays à monnaies autonomes, pour dans un second temps fusionner les deux monnaies dans le cadre de la Cedeao, à l’horizon 2005.
Les pays de la Cedeao hors zone franc ont été pris de court par l’initiative eÉco dans laquelle la main française n’est pas absente. La France depuis de Gaulle a toujours tenu à éloigner ses anciennes colonies d’un Nigeria qu’elle ne peut pas contrôler. C’est pour tenir le Nigeria à distance que Mitterrand avait en 1994 créé l’Uemoa (ne pas confondre avec Umoa) en remplacement de la Ceao moribonde. Ceci, à la suite de la décision des chefs d’Etat de ne plus avoir que la Cedeao comme communauté d’intégration dans la sous- région.
Dans l’immédiat, les pays Uemoa doivent lancer leur expérience de monnaie autonome, quitte à ce que des pays de la Cedeao viennent y adhérer par la suite individuellement.
Pour une monnaie ouest-africaine non-Cfa
Faut-il brûler le palais présidentiel de Dakar parce qu’il a été la résidence des gouverneurs de l’Afrique occidentale française ? Personne n’y pense. Alors, gardons notre BCEAO, expurgée de ses scories coloniales, pour mener notre première expérience de monnaie commune indépendante.
Quid des critères de convergence ?
Les critères de convergence (CDC) sont des normes présentées comme devant être respectées par chacun des pays engagés dans une expérience de monnaie commune : taux d’inflation, taux de déficit budgétaire, taux d’endettement, à ne pas dépasser. Le traité de Maastricht de 1992 instituant l’Union européenne en remplacement de la Communauté économique européenne incorpore les CDC sur conseil de l’économiste canadien Robert Mundell, théoricien de la ‘’zone monétaire optimale’’ (article publié en 1961 dans American Economic Review).
Cependant, au moment de lancer la monnaie commune euro en janvier 2000, la moitié des pays membres ne remplit pas les exigences des CDC. Mais il faut faire vite et on ferme les yeux. L’histoire de l’euro est par la suite truffée de manipulations et maquillages de statistiques par certains membres pour se conformer aux CDC.
Il est certes préférable dans une zone monétaire que chaque économie fonctionne avec une bonne maîtrise de l’inflation, du déficit budgétaire, de l’endettement ..., pour éviter de grandes disparités. Mais il n’y a pas lieu de faire des critères de convergence une obsession, de s’y focaliser au point de bloquer l’avènement de monnaies communes africaines. Depuis les années 1960, l’inflation est devenue le cauchemar des pays occidentaux. La lutte contre l’inflation est ainsi le premier objectif de politique économique dans ces pays développés. Cet objectif, quelle que soit son importance, peut-il constituer la priorité des priorités dans des pays africains qui cherchent à se développer ?
Mythe autour de la convertibilité
Certains Africains se confortent dans la possibilité de pouvoir convertir leurs francs Cfa en d’autres monnaies. Encore que cette convertibilité soit limitée, même entre le franc Cfa d’Afrique de l’Ouest et le franc Cfa d’Afrique centrale. Il existe actuellement dans le monde 180 monnaies différentes, dont 18 totalement convertibles sans restriction, le reste étant constitué par des monnaies partiellement convertibles et des monnaies non convertibles. Ce sont les gouvernements et leurs banques centrales qui chaque année décident du degré de convertibilité de leurs monnaies, tenus d’en informer le Fmi.
Les monnaies classées les plus convertibles (dollar US, euro, franc suisse, livre sterling, yen japonais) sont certes celles de grandes puissances économiques. Mais la monnaie du Kenya, le shilling, est totalement convertible, alors que le réal, monnaie du Brésil émergent, n’est que partiellement convertible. Pourtant le produit intérieur brut du Brésil fait 27 fois celui du Kenya, et le revenu par tête d’habitant 4,5 fois (chiffres 2019). En Chine, il a été décidé que la monnaie le renminbi (unité de compte yuan) ne soit que partiellement convertible.
Ce n’est pas la monnaie qui fait elle-même sa convertibilité. C’est le gouvernement qui en décide. Il n’existe aucun critère unanimement établi pour conférer la convertibilité à une monnaie. On aurait tort de penser que la convertibilité, même limitée, du franc Cfa est un gage de monnaie forte qu’il serait aventureux d’abandonner.
Atouts d’une monnaie Uemoa non-Cfa
Les pays de l’Uemoa sont parfaitement en mesure de battre monnaie par la Bceao sans ingérence de la France. Ce ne sont pas les atouts qui manquent.
(1) Selon le ‘’Rapport sur la politique monétaire de l’Uemoa, Bceao, juin 2019’’, le montant des réserves de change est de 8 874,5 milliards francs Cfa en mars 2019, soit un taux de couverture de l’émission monétaire de 77,1 pour cent et près de 5 mois d’importations de biens et services. Ce qui est largement suffisant pour émettre une monnaie solide et crédible.
(2) Un facteur important d’une expérience monétaire est l’indépendance de la banque centrale. Une banque centrale commune à un groupe d’Etats est une garantie. Elle ne peut être manipulée par un seul chef d’Etat jusqu’à déclencher une spirale inflationniste.
(3) La Bceao dispose d’une quarantaine d’années d’expérience en sol africain. Les banques centrales des pays africains à monnaies autonomes n’avaient pas une telle expérience en matière de gestion monétaire au moment de s’affranchir de la tutelle monétaire coloniale. Pourtant, par leurs performances économiques ces pays n’ont rien à envier aux pazf.
(4) La monnaie commune non-Cfa ne risque pas d’être perturbée par le voisinage avec les monnaies inconvertibles des pays frontaliers. L’insularité géographique a été un facteur non négligeable de la réussite monétaire du Cap Vert, à la différence de la Guinée-Bissau qui a fini par adopter le franc Cfa.
Le gouverneur de la banque centrale de Mauritanie dans une interview à ‘’La Tribune Afrique’’ en juillet 2018 déclarait : « Nous avons quitté le Franc Cfa et nous ne le regrettons pas ». Il ajoutait que l’inflation y est bien maîtrisée autour de 3 pour cent. Rappelons que lorsque la Mauritanie crée sa propre monnaie (ouguiya) en 1973, ses avoirs extérieurs au Trésor français ne sont que de 3. 136 millions francs Cfa, le montant de loin le plus faible des membres de la Bceao où le montant total est de 72.192 millions francs Cfa, soit 4 pour cent seulement.
Ce que le Cap Vert et la Mauritanie ont fait individuellement, pourquoi les 8 pays de l’Uemoa ne peuvent pas le faire, et en mieux, avec une banque centrale commune indépendante des Etats et sans tutelle extérieure ? Les citoyens de cette zone monétaire peuvent se rassurer. Il n’y a pas péril en la demeure.
Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Une nouvelle monnaie n’a jamais et nulle part été plébiscitée par les populations. La défiance à l’égard de l’euro avant son lancement, ‘’euro-scepticisme’’ a prévalu dans tous les pays de l’Union européenne. Les Suédois ont par référendum rejeté l’adhésion de leurs pays à l’euro. Pour les Britanniques, il n’était pas question d’abandonner la livre sterling. L’euro a tardé à être accepté par des Européens habitués à leurs monnaies nationales, et a encore ses détracteurs. Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Suède, Tchéquie, bien que membre de l’UE n’ont pas encore adopté l’euro.
Il en sera de même avec la nouvelle monnaie non-Cfa. C’est partout le phénomène humain psychologique de résistance au changement.
L’appréhension des populations à l’égard d’une nouvelle monnaie a surtout prévalu tant que la mass monétaire était constituée pour l’essentiel par la monnaie liquide dite fiduciaire (billets et pièces métalliques). Cette inquiétude peut être dissipée en partie avec l’avènement de la monnaie électronique qui permet les transactions (paiement de factures, envois d’argent, achats sur Internet... etc.) sans contact physique avec des signes monétaires.
Pour plus d’indépendance, la nouvelle monnaie non-Cfa, peu importe le nom à lui donner, devra être indexée à un panier de monnaies et non au seul euro. Cela évitera en tout cas à la nouvelle Bceao dêtre présentée comme la Banque centrale européenne en Afrique de l’Ouest.
NB. J’avais publié ce texte il y a quelques années. Je le remets en selle pour coller à l’actualité sur le problème monétaire, pour appuyer les excellentes contributions de Ndongo Samba Sylla et de Pierre Sané sur la même question. Je compte sous peu rédiger un texte sur la perspective de monnaie nationale au Sénégal. Il fallait d’abord déblayer le terrain.
LE PLAIDOYER S'INTENSIFIE AUTOUR DU PACTE DE BONNE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE
Quartier général, conversations citoyennes, recommandations : le mouvement Sursaut citoyen multiplient les initiatives pour faire des Assises nationales l'enjeu principal de la présidentielle et au-delà
Le mouvement « Sursaut citoyen », cadre de concertation composé de sommités intellectuelles du pays, s'est penché, avant-hier, sur les stratégies à développer pour une mise en œuvre du pacte de bonne gouvernance. C'est dans le cadre d'un Quartier général qui se tient du 14 au 26 mars, avec comme objectif majeur de donner corps à la centralité citoyenne.
Les débats ont été intenses, avant-hier, lundi 18 mars, lors d'une rencontre initiée par la plateforme « Sursaut citoyen », pour l’application du pacte de bonne gouvernance démocratique. Ce collectif de mouvements citoyens est en train de travailler pour une application, au bénéfice du Sénégal, des conclusions des assises nationales, tenues en 2008-2009, ainsi que des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) mise en place en 2013 à travers une charte de bonne gouvernance démocratique.
Les explications sont de l’ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum, qui a présidé la séance du lundi 18 mars. La rencontre a permis de passer en revue les grandes lignes de ce document paraphé par 11 des 19 candidats en lice pour la présidentielle.
À travers la mise en place d’une cellule de veille en charge de piloter une série de conversations citoyennes, du 18 au 26 mars, des universitaires, des membres de mouvements citoyens et d’anciens Ministres ont relevé l’importance d’une mobilisation citoyenne, d’une appropriation par les populations de leur combat, mais aussi la mise en œuvre par le futur Président de la République des onze principes du Pacte national de bonne gouvernance pour induire les changements attendus. Ce document dégage, selon leurs explications, des pistes permettant d’entreprendre des réformes institutionnelles majeures. Il met le focus sur les exigences des citoyens et parle de centralité citoyenne.
D’ailleurs, selon l’ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum, il est nécessaire de miser sur des stratégies appropriées, à la veille de l’élection présidentielle, pour une bonne prise en charge de leurs recommandations par les différents candidats. Il sera question d’œuvrer pour le respect du droit, des règles constitutionnelles, le renforcement de la cohésion sociale, la préservation des biens publics et la refondation des institutions sur des bases démocratiques. « Les assises nationales sont redevenues comme des enjeux pour la présidentielle de 2024. Le pacte constitue une charpente solide pour la préservation du patrimoine et des derniers publics, le respect de l’État de droit et des principes démocratiques », a-t-il indiqué.
Selon ses explications, cette charte vise une meilleure prise en charge d’une demande citoyenne bien articulée et en mesure de challenger l’offre politique. Les intervenants ont proposé, pour leur part, la vulgarisation à grande échelle de la charte de bonne gouvernance en vue de susciter une adhésion massive à cette cause.
AMADOU BA, LE DAUPHIN PROBLÉMATIQUE DE MACKY SALL
Désignation tardive, soutien ambigu du président de la République et chef de la majorité, tentatives de déstabilisation de ses rivaux... rien n'a été épargné à l'ancien Premier ministre dans sa quête de l'investiture de BBY
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/03/2024
La course à la présidentielle du 24 mars au Sénégal a été tumultueuse pour le candidat de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY). Amadou Ba, l'ancien Premier ministre désigné dauphin par le président Macky Sall, a dû surmonter la défiance de certains ténors de la majorité avant d'asseoir sa candidature.
Lors de son premier meeting de campagne à Kaolack le 18 mars, Amadou Ba est apparu conquérant, haranguant une foule de milliers de partisans sous les acclamations. Pourtant, les semaines précédentes ont été éprouvantes pour le candidat du pouvoir. Plusieurs hauts responsables de BBY ont brillé par leur absence lors de meetings et entretenu le trouble sur le soutien réel du président. Certains médias évoquaient même l'hypothèse d'un changement de candidat en faveur de l'ex-Premier ministre Mahammed Dionne.
C'est dans ce climat délétère qu'Amadou Ba s'est entretenu dans la nuit du 12 au 13 mars avec Macky Sall au palais présidentiel, annulant au passage une étape de campagne à Saint-Louis. "Il semblait clair que la défiance des anti-Ba était si ce n'est entretenue, du moins tolérée par le président", affirme un conseiller du chef de l'Etat, cité par le journal Le Monde. Le lendemain, Macky Sall a convoqué une centaine de cadres de l'APR pour ramener de l'ordre. Depuis, les ténors de BBY affichent publiquement leur soutien à Amadou Ba.
Pourtant, la défiance envers ce dernier est tenace au sein de la majorité. Dès sa nomination comme Premier ministre en septembre 2022, l'ancien ministre des Finances a suscité une fronde, certains le jugeant illégitime. La crise a atteint son paroxysme en janvier quand le PDS l'a accusé de corruption pour éliminer leur candidat Karim Wade. Une partie de sa propre majorité s'est alors liguée contre lui, entraînant le report de l'élection.
Même si Macky Sall a récemment resserré les rangs derrière Amadou Ba, certains ont pu interpréter son attitude initiale comme un signe d'ambiguïté. Le ministre Mame Mbaye Niang est notamment resté l'un de ses plus virulents détracteurs. Lors de cette présidentielle perturbée, Amadou Ba devra réussir, à en croire Le Monde, à rassembler durablement sa coalition, tout en convainquant l'électorat jeune tenté par l'opposition radicale d'Ousmane Sonko. Un défi de taille pour le ticket "continuité" dans ce climat incertain.
HABIB SY SE RETIRE
Le désistement de l’ancien ministre d’Etat était attendu. A chacune de ses apparitions publiques au cours de cette campagne électorale, l'ancien maire de Linguère, a appelé à voter pour le candidat du parti dissout, Pastef
Habib Sy, candidat à l’élection présidentielle du 24 mars, a appelé, jeudi, dans son fief, à Linguère (centre), à voter pour Bassirou Diomaye Faye, après avoir annoncé sa décision de retirer de la course.
‘’Je déclare solennellement que j’ai décidé de retirer ma candidature et de soutenir celle de Bassirou Diomaye Faye’’, a-t-il dit devant une foule de militants venus l’acclamer, debout sur le toit ouvrant de sa voiture, accompagné de Diomaye Faye. ‘’Aujourd’hui qu’il [Bassirou Diomaye Faye] est là, présent, et que sa candidature est sauvegardée, ma mission est terminée dans le cadre de la candidature à l’élection présidentielle’’, a-t-il ajouté.
Habib Sy s’est retiré de la course au profit du candidat de l’opposition Bassirou Diomaye Faye. Il s’agit du deuxième désistement en faveur du candidat de Diomaye Président, après celui de Cheikh Tidiane Dièye intervenu mercredi. Ainsi il reste 17 candidats en lice pour l’élection présentielle de dimanche.
Le désistement de l’ancien ministre d’Etat était attendu. A chacune de ses apparitions publiques au cours de cette campagne électorale, Habib Sy, ancien maire de Linguère, a appelé à voter pour le candidat du parti dissout, Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Il a notamment mis à profit son temps d’antenne du Journal de la campagne, diffusé quotidiennement sur la télévision publique, la RTS, pour expliquer le programme du candidat de cette formation politique dissoute, Bassirou Diomaye Faye.
”Aux militants de (son) parti, le Parti de l’espoir et de la modernité – Yaakaar U Réew Mi, (ses) amis, sympathisants, parents d’ici et d’ailleurs’’, Habib Sy a demandé, sous les vivats de l’assistance, que, ‘’le jour du vote, tout le monde mette dans l’urne le bulletin de Bassirou Diomaye Faye pour que la victoire soit assurée au premier tour’’.
QUATRE MILLIARDS DE CITOYENS IRONT CETTE ANNÉE AUX URNES DANS 68 PAYS, UN RECORD
”En 2024, la population vivant dans les pays où ont lieu des élections s’élèvera à 4,1 milliards de personnes – soit la moitié des habitants de la planète"
Quatre milliards d’individus, soit la moitié de la population mondiale, sont appelés aux urnes cette année, un fait inédit.
”2024, année électorale record”, titrait le 6 janvier dernier, le quotidien français Le Monde, sur son site internet.
”En 2024, la population vivant dans les pays où ont lieu des élections s’élèvera à 4,1 milliards de personnes – soit la moitié des habitants de la planète. Des examens multiples (présidentiels, législatifs, régionaux, municipaux) seront organisés dans 68 pays”, peut-on lire dans l’article en question.
Parmi ces pays figurent le Sénégal, qui doit élire le successeur de Macky Sall, lors d’une présidentielle dont le premier tour est prévu dimanche 24 mars.
Dix-neuf candidats sont en lice pour cette élection qui se tiendra sans le président sortant, qui a décidé de ne pas briguer un troisième mandat. Et pour la première fois de l’histoire électorale du Sénégal, un président sortant organisera une présidentielle à laquelle il ne participe pas.
Un autre fait inédit est qu’en cas de second tour, le scrutin sera organisé par le président de l’Assemblée nationale, qui devrait succéder au président sortant à l’expiration de son mandat le 2 avril 2024, en vertu d’une décision du Conseil constitutionnel rejetant le report de la présidentiel au 2 juin proposé par le dialogue national de Diamniadio.
Sur le continent, le calendrier électoral de 2024 est chargé. En plus du Sénégal, 19 autres pays devraient organiser des élections présidentielles ou générales (Afrique du Sud, Algérie, Rwanda, Tchad, etc.). Les deux niveaux de ces examens se dérouleront au cours du dernier trimestre de l’année.
Le bal électoral de 2024 dans le monde a été ouvert par le Bangladesh, pays d’Asie du Sud, avec des élections législatives tenues le 7 janvier et remportées par la Ligue Awami, le parti de la cheffe du gouvernement.
A l’instar du Bangladesh, d’autres États parmi les plus peuplés du globe, iront également aux urnes en cette année 2024. La Russie, avec ses 143 millions d’habitants, vient d’organiser un scrutin présidentiel remporté par Vladimir Poutine avec 87 % des votants.
Le Mexique organise son élection présidentielle le 2 juin prochain. Le Brésil, le 6 octobre prochain, et la Turquie, le 31 mars, organiseront des élections municipales cruciales.
Du 19 avril au 1 er mai prochains, l’Inde, devenu le pays le plus peuplé du globe depuis un an derrière la Chine, ira aux urnes pour des élections législatives.
L’Indonésie, le pays qui compte le plus de musulmans, a déjà organisé le 14 février dernier son élection présidentielle, remportée par l’ancien général Prabowo Subianto.
En cette année 2024, l’une des élections présidentielles les plus attendues, est celle du futur président des Etats-Unis, le 5 novembre prochain. Elle devrait voir l’actuel président Joe Biden affronter son éternel rival et prédécesseur Donald Trump.
Au Sénégal, la campagne électorale ouverte avec une semaine de retard, du fait du report du scrutin initialement prévu le 25 février dernier, bat son plein.
BOUBACAR CAMARA PROMET UN FONDS REVOLVING POUR RÉGLER LA QUESTION DU FINANCEMENT
Le candidat à l’élection présidentielle, Boubacar Camara a promis, s’il accédait à la magistrature suprême, la mise en place d’un fonds revolving de 8000 milliards de FCFA entièrement consacré au secteur de l’éducation.
Le candidat à l’élection présidentielle de dimanche prochain, Boubacar Camara a promis, s’il accédait à la magistrature suprême, la mise en place d’un fonds revolving de 8000 milliards de francs CFA entièrement consacré au secteur de l’éducation pour ‘’régler définitivement la question du financement’’.
L’éducation doit être prise en charge par l’Etat avec les financements innovants à partir les ressources naturelles, on n’aura plus de problèmes de ressources mais juste des problèmes d’organisation et d’ajustement, a-t-il dit en prenant part à l’initiative jeudi à Dakar ‘’L’Education face aux candidats’’ de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation (COSYDEP) pour ‘’entendre les candidats sur leur offre programmatique en matière d’éducation’’.
Sur le financement de l’éducation, on met 8000 milliards de francs CFA en fonds revolving qu’on va tirer des ressources naturelles, une partie du pétrole, une partie de l’or une partie du Zircon avec une structuration financière qui permet de constituer le fonds qui va vivre pendant toute l’existence de l’Etat du Sénégal.
Seul candidat à répondre à l’invitation de la Coalition en Synergie pour la défense de l’éducation (COSYDEP), là où neuf autres se sont faits représenter sur les 18 candidats en lice. Pour Boubacar Camara, ‘’on ne peut pas changer l’éducation si on ne change pas le système avec un schéma innovant, un partenariat public-privé, une obligation pour les entreprises qui ont des marchés de l’Etat d’un certain montant de participer à ce fonds’’.
Les entreprises privés devront également participer à ce fonds, a-t-il souligné. ‘’Si vous devez faire une autoroute toutes les localités concernées on calcule en fonction du marché obtenu, la participation à verser au fonds revolving’’, a expliqué Boubacar Camara. ‘’On ne laissera plus aux entreprises le loisir de donner juste, au nom de la responsabilité sociétale, des fournitures, des cahiers, c’est une injure, mais ils devront participer à la construction d’écoles et de classes’’, a-t-il souligné.
En réalité, a relevé le candidat à la présidentielle, ‘’les gouvernants précédents se sont amusés avec l’éducation, ils n’ont jamais mis l’argent qu’il faut pour la réalisation de ces objectifs’’, relevant avoir tiré l’ensemble des concluions, recommandations des différentes concertations ou assises de sur l’éducation, il n’y a jamais eu dans ces documents, un plan pour trouver les moyens financiers.
Il a aussi évoqué les contenus des enseignements avec la volonté d’introduire les langues nationales, mais également l’anglais, surtout l’enseignement des matières scientifiques. ‘’C’est important puisque les publications des recherches sur les nouvelles sciences dans le monde sortent le plus souvent en anglais et il faut attendre au minimum un an pour les voir traduites en français’’, a dit Boubacar Camara. Il a ajouté qu’il y a des documents qui ne sont pas disponibles en français, relevant à ce sujet : ”on est en retard”.
‘’La finalité de l’éducation va être rediscuté pour voir quel type de personne on veut former parce que le colon voulait former des commis pour appuyer l’administration coloniale alors que nous voulons former un capital humain jeune pour développer notre pays’’, a souligné Boubacar Camara.
Les participants à la rencontre, syndicats, parents d’élèves, organisations actives dans le domaine de l’éducation et autres acteurs ont interpellé les autres candidats sur leur offre programmatique.
LES LIONS A L'ASSAUT DES PANTHERES DU GABON CE VENDREDI
Le match amical international devant opposer le Sénégal au Gabon, vendredi, à Amiens (France), intervient à un moment charnière de la vie de l’équipe nationale dont le sélectionneur, Aliou Cissé, a enclenché un processus de rajeunissement de son groupe
Amiens (France), 21 mars (APS) – Le match amical international devant opposer le Sénégal au Gabon, vendredi, à Amiens (France), intervient à un moment charnière de la vie de l’équipe nationale dont le sélectionneur, Aliou Cissé, a enclenché un processus de rajeunissement de son groupe, avec la convocation de jeunes joueurs.
La confrontation contre le Gabon, au même titre que le match amical contre le Bénin, prévu mardi, trouve son importance dans l’ambition du staff sénégalais de donner un nouveau souffle aux Lions.
C’est dire tout l’enjeu, pour les Lions et leur coach, de ces deux rencontres, loin d’être de simples matchs amicaux.
Leader du groupe B des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 avec 4 points, le Sénégal reçoit, le 3 juin prochain, la République démocratique du Congo, classée quatrième lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations.
Une compétition à l’occasion de laquelle les Lions avaient été éliminés dès les huitièmes de finale par la Côte d’Ivoire, pays organisateur du tournoi.
Cette fenêtre FIFA apparait comme un baromètre devant permettre de savoir si Aliou Cissé et ses protégés ont réussi à surmonter la déception née de cette élimination précoce. Le sélectionneur national devrait également en profiter pour ratisser large et redistribuer les cartes.
En l’absence des défenseurs Abdou Diallo et Fodé Ballo-Touré, forfaits, et avec l’arrivée de jeunes pousses comme Mikayil Ngor Faye (Barca B, Espagne), la rencontre face au Gabon, prévue à partir de 19 h GMT au stade La Licorne, à Amiens, va donner l’opportunité d’explorer de nouvelles pistes, comme autant d’alternatives en direction des prochaines échéances.
De la défense à l’attaque, le jeu est ouvert pour marquer les esprits et convaincre Aliou Cissé.
S’agissant des confrontations directes avec le Gabon, la balance penche pour le Sénégal, avec six victoires, un nul et une seule défaite.
Le dernier match amical entre les deux équipes remonte à 1986 avec une victoire des Lions par un but à zéro.
QUATRE MILLIARDS DE CITOYENS IRONT CETTE ANNEE AUX URNES DANS 68 PAYS, UN RECORD
Quatre milliards d’individus, soit la moitié de la population mondiale, sont appelés aux urnes cette année, un fait inédit. ”2024, année électorale record”, titrait le 6 janvier dernier, le quotidien français Le Monde, sur son site internet.
Quatre milliards d’individus, soit la moitié de la population mondiale, sont appelés aux urnes cette année, un fait inédit.
”2024, année électorale record”, titrait le 6 janvier dernier, le quotidien français Le Monde, sur son site internet.
”En 2024, la population vivant dans les pays où ont lieu des élections s’élèvera à 4,1 milliards de personnes – soit la moitié des habitants de la planète. Des examens multiples (présidentiels, législatifs, régionaux, municipaux) seront organisés dans 68 pays”, peut-on lire dans l’article en question.
Parmi ces pays figurent le Sénégal, qui doit élire le successeur de Macky Sall, lors d’une présidentielle dont le premier tour est prévu dimanche 24 mars.
Dix-neuf candidats sont en lice pour cette élection qui se tiendra sans le président sortant, qui a décidé de ne pas briguer un troisième mandat. Et pour la première fois de l’histoire électorale du Sénégal, un président sortant organisera une présidentielle à laquelle il ne participe pas.
Un autre fait inédit est qu’en cas de second tour, le scrutin sera organisé par le président de l’Assemblée nationale, qui devrait succéder au président sortant à l’expiration de son mandat le 2 avril 2024, en vertu d’une décision du Conseil constitutionnel rejetant le report de la présidentiel au 2 juin proposé par le dialogue national de Diamniadio.
Sur le continent, le calendrier électoral de 2024 est chargé. En plus du Sénégal, 19 autres pays devraient organiser des élections présidentielles ou générales (Afrique du Sud, Algérie, Rwanda, Tchad, etc.). Les deux niveaux de ces examens se dérouleront au cours du dernier trimestre de l’année.
Le bal électoral de 2024 dans le monde a été ouvert par le Bangladesh, pays d’Asie du Sud, avec des élections législatives tenues le 7 janvier et remportées par la Ligue Awami, le parti de la cheffe du gouvernement.
A l’instar du Bangladesh, d’autres États parmi les plus peuplés du globe, iront également aux urnes en cette année 2024. La Russie, avec ses 143 millions d’habitants, vient d’organiser un scrutin présidentiel remporté par Vladimir Poutine avec 87 % des votants.
Le Mexique organise son élection présidentielle le 2 juin prochain. Le Brésil, le 6 octobre prochain, et la Turquie, le 31 mars, organiseront des élections municipales cruciales.
Du 19 avril au 1 er mai prochains, l’Inde, devenu le pays le plus peuplé du globe depuis un an derrière la Chine, ira aux urnes pour des élections législatives.
L’Indonésie, le pays qui compte le plus de musulmans, a déjà organisé le 14 février dernier son élection présidentielle, remportée par l’ancien général Prabowo Subianto.
En cette année 2024, l’une des élections présidentielles les plus attendues, est celle du futur président des Etats-Unis, le 5 novembre prochain. Elle devrait voir l’actuel président Joe Biden affronter son éternel rival et prédécesseur Donald Trump.
Au Sénégal, la campagne électorale ouverte avec une semaine de retard, du fait du report du scrutin initialement prévu le 25 février dernier, bat son plein.
CENTRE DE TRANSFUSION SANGUINE, LES COLLECTEURS EN ARRET DE TRAVAIL POUR EXIGER LE PAIEMENT DE LEURS PRESTATIONS
Les prestataires de services des collectes mobiles du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), réunis au sein d’un collectif, ont décidé, jeudi, d’arrêter leurs activités jusqu’au paiement des frais de quatre mois de prestations.
Dakar, 21 mars (APS) – Les prestataires de services des collectes mobiles du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), réunis au sein d’un collectif, ont décidé, jeudi, d’arrêter leurs activités jusqu’au paiement des frais de quatre mois de prestations.
‘’Nous avons décidé aujourd’hui de boycotter toutes les activités de collecte mobile de sang et les collectes de la cabine fixe du CNTS et la banque de sang’’, a déclaré El Hadj Malick Gueye porte-parole du collectif lors d’un sit-in. Depuis plus de 4 mois, les prestataires peinent à percevoir correctement leur dû journalier qui s’élève à 5000 Fcfa, a-t-il précisé.
‘’En période de jeûne, le centre souffre énormément à cause du manque de donneurs. A cela s’ajoute une grève du personnel chargé de collecter ce liquide vital ô combien précieux pour la vie et la survie humaine’’, a expliqué le laborantin, contrôleur qualité et prestataire au CNTS.
Il a prévenu que cette situation ”ne sera pas sans conséquences auprès des patients” et qu’ils tiendront ”les services compétents pour responsable’’. ‘’La mission humanitaire que nous nous sommes assignée nous a toujours motivé à travailler des années sans contrat d’embauche avec plaisir la satisfaction d’avoir assister des malades aux urgences n’nonobstant nos conditions de travail qui nous exposent le plus souvent à des risques sanitaires et sécuritaires’’, a-t-il regretté.
Il a également déploré les ”piètres conditions” de travail, une rémunération ”insatisfaisante” qui les exposent ”de plus en plus au chômage et au manque de motivation à servir les patients qui n’y sont pour rien responsables”. ”Nous avons toutes les compétences requises pour être recrutés, parfois à la demande du CNTS de couvrir les collectes’’, a par ailleurs signalé El Hadj Malick Gueye.