Le maire libéral de Koul rejoint Diomaye
Modou Fall, maire libéral de la commune de Koul, département de Tivaouane, a annoncé sa décision de rejoindre le candidat Bassirou Diomaye Faye. Et liant l’acte à la parole, il a aussitôt intégré la caravane de la coalition Diomaye2024. Cette décision est tombée au moment où son parti, le PDS, n’a pas encore statué sur cette question de soutien à un quelconque candidat. «Je suis un homme libre qui a lutté pour mettre en place une base extrêmement solide et la décision a été prise en relation parfaite avec cette base. Et lors de l’assemblée générale pour décliner la conduite à tenir, un seul responsable avait opté pour un compagnonnage avec le PUR, tous les autres ayant unanimement porté leur choix sur Diomaye», a-t-il indiqué, avant de promettre une bonne correction électorale dans la commune, à tous les autres candidats. Depuis 2014, le maire Modou Fall a gagné toutes les élections dans cette commune.
Bara Ndiaye rallie la coalition «Diomaye Président»
Restons dans le département de Tivaouane pour dire qu’il y a une autre défection dans les rangs de la coalition Benno Bokk Yakaar. Il s’agit du directeur général de la Maison de la presse, Bara Ndiaye. L’ancien maire de Méouane a aussi rejoint la coalition «Diomaye Président» et selon nos sources, il a même déjà signé la charte de la coalition.
AFA abat ses cartes sur l’opposition
Le mouvement «And Fal» Amadou Ba (AFA) de Thiès est l’un des tout premiers à s’afficher ouvertement pour le candidat Amadou Bâ et à l’assumer depuis lors. Hier, en marge de l’accueil qu’il a réservé à son candidat dans la capitale du Rail, Malèye Diop, président du mouvement, par ailleurs un des piliers de l’Alliance Pour la République (APR) dans la zone nord, a tiré à bout portant sur l’opposition, incarnée par Ousmane Sonko et Cie. Selon lui, la charge la plus facile, c’est celle de ministre de la parole et du bavardage stérile et l’opposition l’assume de façon brillante. C’est pourquoi, dit-il, les supputations ne manquent pas à Thiès, mais cette opposition et tous ses nouveaux alliés recevront de la part du candidat de BBY une correction électorale jamais égalée. C’est parce que, dit-il, non seulement Amadou Bâ incarne le meilleur profil, mais aussi les troupes républicaines sont hyper motivées.
Sonko intronise Diomaye
«Bassirou Diomaye Faye sera président de la République du Sénégal, dans quelques jours». C’est la conviction exprimée hier à Tivaouane par Ousmane Sonko. Dans une brève déclaration au moment de la rupture du jeûne, il a demandé à ce que le coup des élections législatives à Tivaouane soit réédité, avec une victoire nette au soir du 24 mars. Pour lui, il faudrait que Tivaouane soit parmi les villes ayant le plus gros score pour le candidat Bassirou Diomaye Faye. Il indique que le travail politique est déjà bien fait, mais il faut veiller à ce que le processus soit achevé efficacement, pour avoir au finish un taux de 60 à 70%. Il a appelé les populations à plus de vigilance, en vérifiant qu’elles figurent sur les listes électorales et d’aller récupérer les cartes d’électeur. Sur ce registre, il a déclaré qu’il est convaincu que 90% des jeunes sont allés récupérer leurs cartes, mais il faut que les 10% qui restent en fassent de même. «Ces élections vont sceller votre avenir donc, après avoir voté, restez dans les centres de vote pour surveiller le reste du processus», a-t-il lancé aux jeunes.
Amadou Ba demande à Tening Sène de corriger Diomaye
Le message est clair. Amadou Ba veut porter l'estocade à son ancien subalterne à la Direction générale des impôts et domaines jusque dans son propre bureau de vote. Ainsi, il a missionné le maire de Ndiaganiao pour qu’il corrige le candidat Bassirou Diomaye Faye à Ndiaganiao. «Mme le maire, Tening Sène, il faut battre l'autre candidat jusque dans son bureau à Ndiaganiao. Il ne peut même pas être maire et aspire à être président de la République», a déclaré, hier à Mbour,
Amadou Amadou Ba tend la main à Hadjibou Soumaré et Idy
Le candidat Amadou Ba croit en ses chances de remporter l'élection présidentielle. Il a aussi appelé ses prédécesseurs à la Primature à le rejoindre pour sauver la République. Pour le candidat de Benno Bokk Yaakaar, la place de Idrissa Seck et Hadjibou Soumaré qui sont de grands commis de l'Etat se trouve à ses côtés.
Violences électorales à Fatick
Il n'y a pas eu école hier, à l'établissement privé Adja Dior Diongue de Fatick. Le bus qui transportait les élèves a été complètement calciné ainsi qu'une salle de classe du préscolaire. Les faits ont eu lieu tard dans la soirée. Précisément vers 3 heures du matin, selon les riverains. Les auteurs de cet acte barbare ne sont pas encore identifiés mais l'on pointe du doigt des militants de Bby qui n'auraient pas aimé la tournure qu’ont prise les choses à Fatick après le passage du candidat de la coalition Diomaye président. Selon nos informations, les jeunes auraient décidé de venger leurs jeunes frères et sœurs violemment tabassés par la sécurité de Bassirou Diomaye Faye. Pour rappel, l'école dont le bus a été calciné appartient au coordinateur communal de Pastef de Fatick, Cheikh Bitèye. Il a porté plainte et une enquête est déjà ouverte pour identifier les auteurs. Cette violence qui s'est dernièrement invitée dans la ville est juste à bannir. Pas plus tard que dimanche dernier, les militants des ministres Birame Faye et Matar Ba se sont violemment affrontés au cours d'une caravane. Ce qui a causé des blessés du côté des deux camps. Des événements profondément préoccupants et déplorables dans un Fatick où tous se connaissent.
Bilan du gouvernement sur l’accès a l’eau
Prenant prétexte de la célébration de la journée mondiale de l’Eau et de la maîtrise stratégique du secteur de l’Eau prévue ce 21 mars 2024, Macky Sall a demandé au gouvernement, notamment au ministre concerné, de présenter le bilan des investissements et réalisations de l’État depuis 2012, en matière d’accès universel à l’eau. Selon le communiqué, le chef de l’État a souligné l’importance d’accorder une attention particulière aux efforts consentis pour améliorer l’accès à l’eau des populations en milieu rural et d’accentuer le déploiement des programmes de branchements sociaux. Le président de la République a par ailleurs salué la diversification des sources d’approvisionnement en eau potable avec le développement des projets de dessalement de l’eau de mer, de même que les projets de transfert d’eau dans plusieurs localités du pays. Au regard de la forte urbanisation et des évolutions démographiques du pays, explique le communiqué, Macky Sall a demandé́ au ministre de l’Eau et de l’Assainissement de poursuivre, avec toutes les parties prenantes, les réflexions stratégiques pour garantir la sécurisation durable de l’approvisionnement en eau dans le périmètre affermé et en milieu rural, avec le renouvellement des forages et réseaux.
Menaces des libéraux de Pikine
Des libéraux de la commune de Djidah Thiaroye Kaw, proches du responsable politique Djibril Diatta, s’opposent à tout soutien au candidat de Benno Bokk Yaakaar à l’élection présidentielle. Ils estiment qu’il est derrière le rejet du dossier de leur leader Karim Wade par le Conseil constitutionnel. A les en croire, voter pour Amadou Ba serait une insulte aux Sénégalais avec toutes les accusations contre l’ex-chef du gouvernement. Djibril Diatta invite d’ailleurs la direction du Pds à ne pas soutenir BBY pour ne pas se dédire. «Comment peut-on accuser quelqu’un de corruption et faire volte-face pour le soutenir ? De qui se moque-t-on ? En tout cas, on ne l’acceptera pas. Si on soutient Amadou Ba, nous allons quitter le Pds», a menacé Djibril Diatta dans une déclaration de presse.
Aliou Sall cogne Ahmed Aïdara
L’ancien maire de Guédiawaye, par ailleurs, coordonnateur départemental de Benno Bokk Yaakaar de la localité, Aliou Sall, croit dur comme fer que son successeur à la mairie n’a peut être pas le temps de s’occuper de son institution municipale bien qu’ayant des entrées. Il pense qu’Ahmed Aïdara est plutôt préoccupé par ses intérêts personnels. Selon lui, des maires de l’opposition sont en train de faire des résultats contrairement à lui à Guédiawaye.
D. Guèye dérobe un ballot de djellabas
Agée de 36 ans, la dame Diakher Guèye a comparu hier devant la barre des flagrants délits de Dakar pour vol d'une balle de robes jellabas, d’une valeur de 350 mille francs. Face au juge, la mise en cause a plaidé coupable. Par contre, à l’enquête préliminaire, cette dame mariée et mère de 4 enfants avait contesté les faits en soulignant n’avoir rien pris. D’après le plaignant, Ngagne Seck, commerçant établi à Rufisque, le 14 mars dernier, la prévenue avait volé une balle. C’est le lendemain des faits, poursuit-il, qu’ils ont constaté le vol. «C’est ainsi qu’on a exploité les images des caméras de surveillance. Ce jour-là, la voleuse est revenue à la charge le soir. C’est ainsi qu’elle a été prise en flagrant délit de vol», a informé la partie civile. Selon toujours le plaignant, Diakher Guèye exerce son activité commerciale à Pikine. La valeur d’une balle de friperie est de 350 mille francs CFA ; mais la prévenue l’a remboursée. De son côté, le parquet a requis l’application de la loi. La défense, quant à elle, a plaidé la clémence. Finalement, la mise en cause a écopé de deux mois assortis de sursis.
Arrestation d’un agent de sécurité belliqueux
Agent de sécurité de son état, I. Kane, adepte de l’herbe qui tue, n’hésite pas à menacer ses parents et ses proches qui tentent de lui faire des remontrances. Le sieur A. K. a failli en faire les frais. Le mis en cause a pris un couteau pour menacer de mettre fin aux jours de son frère A. Kane qui a saisi les limiers de la police des Parcelles assainies qui sont alors descendus sur les lieux pour le cueillir. Les limiers ont saisi 03 paquets de chanvre indien. Devant les enquêteurs, I. Kâne a reconnu une partie des faits qui lui sont reprochés. Il a nié avoir proféré des menaces de mort. Ce qui n’a pas convaincu les limiers qui l’ont placé en garde à vue. Il a été déféré au parquet pour détention et usage de chanvre indien et menaces de mort. Agent de sécurité indélicat Chargé d’assurer la sécurité et la gestion d’une salle de sport, le vigile A. A. Dieng est dans de beaux draps. Il se trouve actuellement dans les liens de la détention pour avoir détourné des recettes estimées à 940 mille francs. Il n’hésitait pas à dire aux abonnés de la salle de sport de payer par Wave sur son numéro. Le propriétaire de la salle A. Bousso, après contrôle, a pu détecter un trou de 940 mille francs. Suffisant pour que Bousso se rende à la police des Parcelles assainies pour porter plainte contre son employé indélicat. Devant les enquêteurs, le vigile a reconnu les faits tout en demandant un moratoire pour le paiement de l’argent. Il a été ainsi placé en garde à vue puis déféré au parquet pour abus de confiance.
Par Ibou FALL
DIOMAYE N’EST PAS SONKO
Ce n’est pas le foudre de guerre qui peut faire chavirer l’opinion à coups de formules-chocs. Lorsqu’il se lance dans la campagne et que le Pros daigne lui laisser le micro, ses prestations ressemblent plus à celles du MC qui annonce la star
Nous sommes dans la dernière ligne droite et le sort en est jeté. Ça tombe bien : Bassirou Diomaye Faye, le candidat de, euh, substitution, et son mentor, l’ex-futur favori de cette truculente présidentielle, Ousmane Sonko, sortent enfin de prison, alors que ça commence à désespérer dans les bicoques indignées et sur les réseaux sociaux exaspérés.
Un candidat en prison que l’on n’a pas l’occasion d’entendre ni de voir à l’œuvre, on fait quoi avec : on vote aveuglément, pour le venger d’une hérésie administrative ou, alors, on le zappe prudemment ?
Dès le lendemain, les deux lurons font face à la presse. Il y a du nouveau depuis le Cap Manuel : changement de programme et d’ennemi ; osons le jeu de mots, de cap… Bien entendu, le crachoir, c’est Ousmane Sonko qui le tient.
Certes, l’ancien président (putatif) de la République Ousmane Sonko alias Pros, n’est pas le candidat ; il est juste là pour soutenir son petit frère en campagne, le déjà «Président» Diomaye, à qui il conseille il y a quelques jours (comprenez qu’il lui en intime l’ordre) de se tailler la barbe qu’on devine broussailleuse après tant de mois dans neuf mètres carrés de taule surpeuplés et se faire une tête d’honnête homme avant de retrouver la liberté et les électeurs.
Ce sont des détails qui vous foirent une campagne présidentielle… Heureusement qu’il pense à tout, le Pros !
Lui, pendant tout ce temps, les doigts de pieds en éventail, se la coule douce dans une suite carcérale au service de chambre irréprochable. Une faveur de la République pour le retaper après sa suicidaire grève de la faim dont l’issue serait fatale à la Nation. Dans la tourmente, on voit à l’époque ses deux épouses face à la caméra, devant le micro de l’intrépide Pape Alé Niang, plaider la clémence de Madame la «Darling Kôr» nationale alors que nos droits-de-l’hommiste locaux menacent d’apocalypse la République au bord de l’irréparable. Pour récompenser ses deux conjointes de leur solidarité à toute épreuve et leur alléger les tâches, d’ailleurs, il vient d’en rajouter une troisième.
Quand on aime, on ne compte pas…
Le président sortant, Macky Sall, que le Pros combat farouchement dès sa réélection en 2019 pour empêcher son troisième mandat (ou son deuxième quinquennat, c’est selon), est finalement quelqu’un de bien, à en croire le conférencier sublime.
La nouvelle cible se nomme Amadou Ba, une vieille connaissance.
Ils sont collègues depuis belle lurette et Ousmane Sonko, du haut de ses fonctions de simple inspecteur des Impôts, lui intime souvent l’ordre de rester dans l’orthodoxie quand les mains baladeuses d'Amadou Ba, à l’époque Directeur général des Impôts et domaines, qui est également son prof à l’Ena à ses heures perdues, cherchent à s’en mettre plein les poches.
Manifestement, le micro, les caméras et les flashes du parterre de journalistes qui lui boivent les paroles, ça lui manquait ; il est sapé comme un nabab et additionne les bravades. Le grand boubou à la couleur éclatante, la chéchia, la voix de stentor et le geste ample lui donnent de la superbe. Même quand il profère une énormité, son aplomb en bouche un coin, et personne n’ose douter.
A ses côtés, Bassirou Diomaye Faye fait un peu terne dans son p’tit costume sombre. Avec sa voix chevrotante, quand bien même il émet une évidence, elle est sujette à caution. Il a l’allure du rescapé auquel il manque des compléments nutritifs et la mine de l’intrus qui se demande ce qu’il peut bien faire dans cette galère.
Chienne de vie.
Né en 1980, il est un produit de l’école catholique, où l’on cultive la discipline, l’humilité, l’effort ; il quitte son Ndiaganiao natal muni du Bfem, destination le lycée Demba Diop de Mbour ; après quoi, il débarque à Dakar avec le Bac en poche en 2000 ; après sa Maîtrise en Droit, quatre ans plus tard, il réussit à intégrer l’Ena sur concours et en ressort en 2007. Depuis, il arpente les couloirs des Impôts et domaines où sa carrière fait de modestes petits pas.
Il n’est manifestement pas quelqu’un qui saute les étapes ou gravit les escaliers quatre à quatre. Ce n’est pas, non plus, l’exhibitionniste qui présente ses épouses ou ses enfants à la populace, comme le fait Ousmane Sonko pour que l’opinion s’indigne des injustices de la police de Antoine Félix Diome et de la Maréchaussée du Général Moussa Fall
On ne sait rien de BDF, vraiment. Il rase les murs jusque-là
C’est bien pourquoi, quand les événements le propulsent au-devant de la scène, malgré lui, il tombe comme un cheveu dans la soupe électorale de cette Présidentielle.
D’abord, lorsqu’il outrage les magistrats en les comparant à des anthropophages, tout le monde est sidéré : d’habitude, il n’a jamais un mot plus haut que l’autre. Ses rares apparitions à la télé, à l’époque où le Pros multiplie les faits divers, c’est pour défendre son mentor. Il est prêt à jurer sur un Coran que Pros est victime d’un sordide complot.
Lui, il ne tance personne, il tente de convaincre.
A n’en pas douter, ce n’est pas le foudre de guerre qui peut faire chavirer l’opinion à coups de formules-chocs. Lorsqu’il se lance dans la campagne et que le Pros daigne lui laisser le micro, ses prestations ressemblent plus à celles du Mc qui annonce la star. Le micro et les caméras ne doivent pas l’aimer.
Diomaye n’est pas Sonko. Encore moins Senghor…
DIOMAYE/AMADOU BA, COMBAT PAR PROCURATION ENTRE SONKO ET MACKY !
Le président Macky Sall et son principal opposant Ousmane Sonko se livrent une bataille à distance pour la victoire de leurs candidats à la présidentielle de dimanche prochain.
Le président Macky Sall et son principal opposant Ousmane Sonko se livrent une bataille à distance pour la victoire de leurs candidats à la présidentielle de dimanche prochain.
Le duel entre les deux titans de la scène politique sénégalaise que sont Ousmane Sonko, leader de l’opposition, et son ex-plus farouche adversaire, le président de la République sortant Macky Sall, n’aura pas lieu. Le premier n’ayant pas réussi à participer à la présidentielle pour cause de condamnation pénale invalidante, et le second empêché constitutionnellement de le faire, ils sont tout de même parvenus à placer chacun leur cheval pour la compétition électorale qui se tiendra ce dimanche. On assistera donc, pour l’essentiel, à un duel par procuration entre leurs poulains. Toutefois, si le leader de Pastef soutient résolument son candidat, Bassirou Diomaye Faye, l’actuel locataire du Palais, lui, a donné tout au début, et jusqu’au milieu de la campagne électorale, l’impression de ne pas souhaiter la victoire du sien. Pour l’heure, les deux grands favoris pour la victoire finale ont investi le terrain à la rencontre des électeurs des grandes villes et des bourgades reculées. Bassirou Diomaye Faye a, à ses côtés son leader, Ousmane Sonko, alors que Amadou Ba est sans son mentor, Macky Sall, et ne peut pas compter non plus sur le soutien e plusieurs cadres de l’APR.
Sonko, soutien indéfectible de Diomaye...
C’est une image que beaucoup de personnes rêvaient de voir. Sonko aux côtés de Bassirou Diomaye Faye, debout sur leur véhicule au milieu d’une foule déchaînée, les mains levées en signe de victoire, les deux hommes, ex-prisonniers libérés le même jour, battant ensemble compagne. C’est devenu réalité depuis leur libération dans la nuit de jeudi dernier. Ainsi, dès que leur sortie de prison a été annoncée, des foules immenses avaient envahi les rues de Dakar et de sa banlieue. Des milliers de militants et sympathisants ont convergé devant le domicile de leur idole politique Ousmane Sonko à la cité Keur Gorgui. Durant toute cette procession carnavalesque qui avançait à un rythme de caméléon, le nom de Ousmane Sonko était chanté par des militants pressés de revoir leur leader. C’est arrivé à la mythique place Soweto que le candidat Bassirou Diomaye Faye a fait son apparition pour s’adresser à la foule contrairement à son leader qui tout le long du parcours s’est éclipsé. Ceci a été interprété par un choix délibéré de Ousmane Sonko qui voulait lancer un message fort à ceux qui doutaient de sa constance dans son choix. C’est pourquoi il a agi de la sorte pour permettre à Bassirou Diomaye Faye, candidat de la coalition «Diomaye Président, d’être en contact direct avec les militants du Pastef. Cette confiance a été renouvelée dès le lendemain à travers une conférence de presse. Au cours de cette rencontre, les deux hommes ont accordé leurs violons pour s’exprimer sur leur situation carcérale, apporter des éclaircissements sur les discussions avec le régime, et dégager les principaux axes de leur programme... Chacun des deux en a profité pour faire des témoignages très appréciés par l’assistance l’un sur l’autre. Depuis samedi donc, en compagnie des leaders de la coalition, ils sont à l’intérieur du pays pour rencontrer leurs militants. Autant dire qu’entre les deux hommes le slogan «Sonko Moy Diomaye, Diomaye Moy Sonko» est plus qu’une réalité.
Macky/ Amadou : mieux vaut tard que jamais...
C’est un secret de Polichinelle de dire que l’APR a traversé une zone de turbulences depuis que le chef de l’État Macky Sall, qui en est le chef, a dévoilé le nom de Amadou Ba comme étant son choix pour lui succéder. Aussitôt, trois responsables de premier plan de la formation ont décidé de faire acte de candidature à l’élection présidentielle. Ensuite, on a assisté à des tirs groupés contre l’ex-Premier ministre et venant de grands responsables pour exprimer leur désaccord sur le choix porté sur lui. On a assisté alors à une guerre interne pro et anti-Amadou Ba, sous les yeux du chef de l’Etat qui semblait l’encourager. Mieux, son candidat était tellement chahuté par des gens qui lui sont très proches que d’aucuns l’ont soupçonné de vouloir se débarrasser de Amadou Ba au profit d’un autre candidat. D’ailleurs, c’est ce qui constituerait la véritable raison du report de l’élection présidentielle et non pas comme annoncé la crise institutionnelle entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. A l’origine de cette crise, des accusations d’avoir corrompu deux membres de ce Conseil pour invalider la candidature de Karim Wade portées contre Amadou Ba. Mais, malgré tous ces coups bas, l’exPremier ministre est resté debout et résilient face à ses détracteurs. Une des preuves c’est sa position déclarée lors du dernier dialogue national où il a exprimé, contre toute attente, sa préférence pour la tenue de l’élection présidentielle avant le 2 avril. C’est dans ce climat très confus et compliqué que le candidat de la mouvance présidentielle a débuté sa campagne alors qu’il était lâché par la plupart de ses camarades de parti. Lesquels ont brillé par leur absence lors de la réunion de son directoire de campagne convoquée la veille du démarrage de la campagne. Comme si cela ne suffisait pas, il a été limogé de son poste de Premier ministre en même temps qu’étaient virés du gouvernement ses plus proches souteneurs comme les ministres Lat Diop, Doudou Ka, Cheikhou Oumar Anne et Fatou Diané. Ce n’est que quatre jours après me début de la campagne qu’il s’est entretenu avec Macky Sall pour arrondir les angles. Lequel a finalement accepté de revenir à de meilleurs sentiments pour lui exprimer son soutien et a demandé à tous les responsables de son parti et de la coalition d’accompagner le candidat Amadou Ba. On parle même du déblocage de gros moyens financiers qui seraient mis à sa disposition pour les dépenses liées à la campagne, des fonds qui étaient jusque-là indisponibles. Peut-être que d’ici la fin de la campagne, prévue ce vendredi, le Président Macky Sall descendra sur le terrain aux côtés de Amadou Ba. Ne serait-ce que pour rassurer son camp et mettre fin à toute suspicion sur les relations entre lui et son cheval.
MAURICE SOUDIECK DIONE LIVRE SON DIAGNOSTIC
Programmes de gouvernance des présidentiables, occupation du terrain politique, duo Sonko-Diomaye, choix de candidat du Pds… le professeur agrégé de Science politique, Maurice Soudieck Dione, nous livre sa lecture du bilan de la prestation des candidats
A presque deux jours de la fin de la campagne électorale, le professeur agrégé de Science politique, Maurice Soudieck Dione, nous livre sa lecture du bilan de la prestation des différents candidats du point de vue de l’animation et de l’occupation du terrain politique. Dans cet entretien, il se prononce également sur l’entrée en scène du duo Sonko-Diomaye, la remobilisation des responsables du parti au pouvoir autour de leur candidat Amadou Ba et l’équation du Pds appelé à choisir son candidat.
Que retenez-vous de la campagne électorale en cours à moins de 48 heures de la fin ?
Les candidats ont fait de leur mieux pour présenter leurs idées aux électeurs, de même que les axes programmatiques pour régler les problèmes des Sénégalais. Mais il faut dire qu’il y a eu beaucoup de contraintes relatives aux incertitudes du processus électoral avec de nombreuses péripéties politiques et judiciaires qui n’ont pas manqué de jouer sur la préparation et l’organisation des différents candidats. Ensuite, il y a que la durée de la campagne a été réduite à 12 jours au lieu de 21 jours en raison de la situation exceptionnelle liée à l’arrêt brutal et illégal du processus par le Président Sall le 3 février dernier. À cela il faut ajouter la période du ramadan qui se prête moins à des activités de campagne électorale. Mais les candidats sont obligés de s’adapter à cette situation.
Comment appréciez-vous les différentes offres de programmes de gouvernance ?
Les programmes des différents candidats sont en général intéressants : des propositions pertinentes sont faites. Le thème de la souveraineté alimentaire revient très souvent, avec l’accent mis sur le secteur primaire : agriculture, pêche, élevage ; de même que la transformation structurelle de l’économie à travers une politique d’infrastructures et une politique judicieuse d’aménagement du territoire. La nécessité de transformer les produits primaires à travers l’industrialisation ; le développement de l’artisanat ; l’appui au secteur privé local ; la promotion de champions industriels nationaux ; la formalisation du secteur informel par la professionnalisation graduelle ; la dynamisation de l’économie numérique ; la réforme de la fiscalité ; la recherche scientifique et l’innovation comme leviers de croissance économique, sont autant d’idées qu’on retrouve dans les programmes des candidats.
A votre avis, ces programmes sont-ils réalisables ?
Il faut dire qu’en général, les programmes sont peu chiffrés et se ramènent souvent à des propositions ou des mesures sans pour autant expliquer de manière claire et convaincante leur faisabilité et préciser les sources de financement. Il faut cependant remarquer que le programme d’un candidat comme Aly Ngouille Ndiaye est très chiffré et pragmatique, mais les sources de financement ne sont pas bien développées ; il met l’accent sur l’or du Sénégal estimé à 700 milliards par an et sur les hydrocarbures. À cela s’ajoute une insuffisante contextualisation et problématisation des programmes, qui doivent être construits à partir d’un bilan de ce qui existe, de ce qui a été fait ou n’a pas été fait, pour ensuite apporter des solutions aux problèmes dans le cadre global d’une vision et d’un projet de société. Cette démarche méthodologique qui me semble plus pertinente n’est pas privilégiée dans beaucoup de programmes.
Que vous inspire l’entrée en scène de cette campagne du duo Sonko et son candidat Diomaye ?
L’entrée en scène d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye libérés de prison change fondamentalement la dynamique de la campagne. D’abord parce que c’est une grande coalition qui a su fédérer d’éminentes personnalités politiques, fort expérimentées dans les joutes électorales. Il y a également que le duo Sonko-Diomaye bénéficie d’une ressource politique cruciale qui est celle de la rente victimaire. En effet, dans la culture politique sénégalaise, les opposants persécutés emportent généralement sympathie et forte adhésion populaire.
Mais, il faut admettre que Bassirou Diomaye n’est pas Sonko ?
Oui mais, il peut bénéficier du coefficient personnel d’Ousmane Sonko qui lors des élections locales du 23 janvier 2022 a facilité le triomphe de beaucoup de candidats de la coalition Yewwi askan wi, en faisant une campagne nationale, au-delà de la circonscription communale de Ziguinchor où il était candidat. Ousmane Sonko avait joué un rôle déterminant dans les résultats remarquables obtenus par l’opposition aux élections législatives du 31 juillet 2022, alors même que la composante des titulaires de la liste de la coalition Yewwi askan wi où il figurait avait été invalidée. L’opposition avait obtenu en effet 83 sièges contre 82 pour Benno bokk yakaar, la majorité au pouvoir. Celle-ci doit son salut à l’adhésion à son groupe parlementaire du député de la coalition Bokk gis gis lig géey, qui avait compéti dans les rangs de l’opposition. Il faut préciser également qu’en raison du scrutin majoritaire à un tour au niveau départemental, l’entente stratégique entre les deux principales coalitions de l’opposition à savoir la coalition Wallu Sénégal dirigée par le PDS et la coalition Yewwi askan wi a été déterminante dans l’obtention de ces résultats.
Quel impact la remobilisation des responsables du parti au pouvoir autour du candidat Amadou Ba peut avoir sur sa campagne surtout après les accusations de corruption qu’ils avaient portées contre lui ?
La remobilisation des responsables du parti au pouvoir revitalise la campagne du candidat Amadou Ba dont le principal atout, est que soit mis à sa disposition l’appareil que constitue l’APR, et plus largement, la coalition Benno bokk yakaar. Sans la mobilisation et la fidélisation de cette machine politique, la pêche aux suffrages ne risque pas d’être fructueuse. Mais il faut souligner qu’il y a eu plein de contradictions dans le soutien de la coalition Benno bokk yakaar au candidat Amadou Ba, qui sont dues au fait que cette alliance politique a été mise en place pour servir les ambitions de pouvoir du Président Sall ; et que le soutien de celui-ci à Amadou Ba est pour le moins paradoxal.
En quoi, surtout quand on sait que c’est lui-même qui l’a choisi librement ?
On a senti comme une sorte de dualité au sein de l’APR consistant à opposer de manière contre-productive le candidat de la coalition Benno bokk yakaar à la présidence, Amadou Ba, et le Président sortant, Macky Sall. Il faut remarquer que le Président Sall est resté Président de l’APR à l’issue du Conseil national du parti en date du 21 décembre 2023, même s’il a dû renoncer à son projet de troisième candidature illégale au regard de la Constitution, en raison des nombreuses pressions nationales comme internationales. Ensuite, le Président Sall a demandé à sa majorité de soutenir l’initiative du groupe parlementaire dirigé par le PDS pour clouer au pilori le candidat Amadou Ba, leur candidat, soupçonné d’avoir corrompu deux juges constitutionnels, sans aucune preuve ni même commencement de preuve. De telles accusations sont d’autant plus incompréhensibles que le Conseil constitutionnel est composé de 7 membres qui délibèrent et décident collégialement. Dès lors, pareilles accusations ne sont pas du tout crédibles d’un point de vue logique, car deux juges ne peuvent pas imposer leur position aux cinq autres membres du Conseil. On voit bien qu’à travers cette affaire, la majorité au pouvoir, Benno bokk yakaar, avec la bénédiction du Président Sall, a choisi délibérément de jeter le discrédit sur la haute juridiction qui arbitre le jeu électoral et sur son propre candidat, à qui le Président Sall a ensuite renouvelé sa confiance comme Premier ministre ! En plus, des membres du gouvernement du Premier ministre Amadou Ba l’ont frontalement attaqué pour contester sa candidature avec la caution passive du Président Sall, ou tout au moins, sa neutralité à questionner. Lorsque le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba est dissous, les ministres qui étaient contre sa candidature sont renforcés dans leurs attributions dans la constitution du nouveau gouvernement ; et ses partisans sont remerciés. Le fait que le Président Sall, en pleine campagne électorale, demande à ce que le candidat de Benno bokk yakaar soit soutenu, révèle à l’évidence qu’il ne l’est pas. C’est donc autant de paradoxes dans le soutien apporté au candidat Amadou Ba par son propre camp, celui de la majorité. La remobilisation des responsables sur le terrain va certainement avantager le candidat Amadou Ba et transcender cette dualité qui n’a pas de sens entre le Président Macky Sall et lui, en ce qui concerne tout au moins l’élection présidentielle de 2024.
A votre avis, peut-on faire un lien entre cette dualité supposée au sommet entre le chef de l’Etat et son candidat avec le renoncement du Président Sall à descendre sur le terrain pour faire campagne ?
Il faut admettre que cette perspective est problématique. Sur le plan juridique, le Président Macky Sall ne peut pas s’impliquer dans la campagne électorale en vertu du principe d’égalité des candidats, en ce sens que le Conseil constitutionnel dans sa décision sur les affaires n° 2, 3 et 4-E-2001 du 26 mars 2001 estime en effet : « qu’ainsi, aucun d’eux ne peut, au cours d’une compétition électorale à laquelle le président de la République n’est pas candidat, utiliser l’image et les attributs constitutionnels de celui-ci ». Sur le plan politique, l’image du Président Sall a été beaucoup écornée en raison de ses pratiques autoritaires et par rapport à la gestion des ressources publiques en raison de l’inexistence de sanctions contre la corruption, alors même que tous les rapports des corps de contrôle remontent à lui et qu’il décide seul de l’opportunité de saisir la justice. À cela s’ajoute cette décision inédite dans les annales de l’histoire mondiale des pratiques anti-démocratiques, qui a consisté le 3 février à arrêter par décret le processus électoral, brutalement et illégalement, à 10 heures de l’ouverture de la campagne officielle, plongeant le pays dans l’impasse. En plus des atermoiements relatifs à l’invitation du Conseil constitutionnel de fixer une date pour l’élection présidentielle « dans les meilleurs délais », à travers l’organisation d’un dialogue politique théâtralisé où 17 des 19 candidats étaient absents pour retenir une date, le 2 juin, qui viole les dispositions de la Constitution en son article 27 sur la durée du mandat qui est de 5 ans et de l’article 103 de la Constitution qui en fait une clause intangible. Dès lors, cette impopularité peut déteindre négativement sur le candidat de la coalition qui s’inscrit dans la continuité du Président Sall, atteint par l’usure du pouvoir. En définitive, une remobilisation des responsables du parti au pouvoir est de nature à renforcer le candidat Amadou Ba, même s’il reste à savoir le poids électoral réel de la coalition Benno bokk yakaar qui a beaucoup perdu du terrain lors des dernières compétitions électorales, celles des locales de janvier 2022 et des législatives de la même année.
Le Pds, après l’échec de sa tentative de faire reporter cette élection fait, aujourd’hui, face à l’équation du choix du candidat à soutenir. A votre avis, quel est le choix le plus efficient ?
Le PDS est un grand parti qui a marqué l’histoire politique du Sénégal avec 12 ans d’expérience du pouvoir et 38 ans d’opposition. Il aurait pu participer à cette élection, d’autant plus qu’il conserve une popularité certaine. La Constitution du Sénégal dispose en son article 28 : « Tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise (…) ». Dès lors, il appartenait au candidat du PDS, Karim Wade, de prendre toutes les dispositions utiles et nécessaires pour se départir à temps de sa nationalité française, afin d’être en phase avec la Charte fondamentale du pays. Le décret qui établit et prouve la perte de sa nationalité française est datée du 16 janvier 2024 et publié le 17 janvier 2024 alors que sa déclaration sur l’honneur est datée et signée de sa main le 21 décembre 2023. Cette déclaration sur l’honneur était donc inexacte, tout comme celle faite en 2019. Le candidat du PDS a eu tout le temps pour se conformer à la loi, il ne l’a pas fait, le Conseil constitutionnel a invalidé sa candidature. Maintenant quelle va être la posture du PDS pour la présidentielle de 2024 ? Il faut rappeler que le candidat du PDS n’avait pas pu participer à la compétition en 2019 en raison de sa condamnation par la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite), une juridiction d’exception qui viole les principes fondamentaux d’un procès équitable avec le renversement de la charge de la preuve, la substitution d’une présomption de culpabilité à la présomption d’innocence, la violation du principe du double degré de juridiction à travers la rupture d’égalité entre le procureur spécial qui seul peut interjeter appel contrairement à l’accusé. Il y a eu également une violation du privilège de juridiction reconnue par la Cour de justice de la CEDEAO, sans compter les nombreuses autres violations du droit lors du procès de Karim Wade. Sa détention avait été considérée comme arbitraire par le Groupe des Nations Unies contre la détention arbitraire. Le PDS avait alors appelé à s’opposer à la tenue du scrutin dans un premier temps, pour finalement ne soutenir aucun candidat de l’opposition. Dans la configuration actuelle des forces politiques, il sera également très difficile au Pds de choisir un candidat.
JE N'AI PAS D'EXCUSES À PRESENTER, PUISQUE JE N'AI PAS COMMIS DE FAUTE
Le président de la République Macky Sall monte à nouveau au créneau devant la presse internationale pour donner sa version des faits sur les événements ayant conduit au report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier.
A onze jours de son départ à la tête de l’Etat le 2 avril prochain, le président de la République Macky Sall se prononce sur l’actualité politique sénégalaise fortement marquée par le report de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier au 24 mars prochain.
Dans un entretien accordé à nos confrères de Bbc et publié hier, mercredi 20 mars, le chef de l’Etat a dégagé sa responsabilité sur le report de la date du présidentielle en pointant l’Assemblée nationale, tout en précisant qu’il a aucune excuse à présenter pour toutes les vies humaines perdues et les dommages occasionnés par sa décision d’abroger le décret convoquant le corps électoral le 3 février dernier.
Le président de la République Macky Sall monte à nouveau au créneau devant la presse internationale pour donner sa version des faits sur les événements ayant conduit au report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier.
Dans un entretien accordé à nos confrères de Bbc et publié hier, mercredi 20 mars, le chef de l’Etat a toutefois précisé qu’il a aucune excuse à présenter pour toutes les vies humaines perdues et les dommages occasionnées par sa décision d’abroger le décret convoquant le corps électoral le 3 février dernier. « Je n'ai pas d'excuses à faire puisque je n'ai commis aucune faute. Je vous parle en tant que président de la République, je suis le responsable de ce pays jusqu'au 2 avril. Toutes les actions qui ont été posées l'ont été dans le cadre de la loi et du règlement. Aucune institution juridique ou judiciaire du Sénégal n'a remis en cause ou mis en doute la sincérité des actions qui ont été posées. Le débat est mal posé. Ce n'est pas une affaire de pardon. Il faut voir ce qui s'est passé s'il n'y avait pas eu de contestations sur le processus des élections, sur les candidatures, il n'y aurait pas eu tout ce débat par la suite. On ne peut pas avoir un fait, on l'ignore et on parle des conséquences. C'est ça le problème », a-t-il martelé.
Poursuivant son propos, le chef de l’Etat Macky Sall soulignant que le « décret que j'ai pris pour abroger la convocation du corps électoral a pour motivation la saisine de l'Assemblée et le vote d'une loi constitutionnelle pour reporter l'élection » invite donc à chercher les responsables de ce report du côté de l’Assemblée nationale. « Je dois préciser qu'il y a beaucoup de confusion dans ce qui se passe au Sénégal. On a dit que le président a reporté les élections. Rien n'est plus faux. Parce qu'en réalité, il y a eu une décision qui est venue du Parlement de l'Assemblée nationale, où un groupe de l'opposition a saisi le bureau de l'Assemblée pour demander le report de l'élection. C'est à partir de l'Assemblée nationale que le président de la République a été saisi pour dire que nous avons un projet, un projet de loi constitutionnelle qui va reporter les élections. Et le président est saisi. J'ai dit je prends acte de votre proposition et j'avais le choix de voir avec le gouvernement, est-ce qu'il faut laisser le temps à l'Assemblée comme il est d'usage ? », s’est-il interrogé.
Avant d’ajouter : « Il y a une chronologie justement, C'est ça le problème. La chronologie, c'est que l'Assemblée m'a saisi. D'ailleurs, le décret que j'ai pris pour abroger la convocation du corps électoral a pour motivation la saisine de l'Assemblée et le vote d'une loi constitutionnelle pour reporter l'élection. C'est sur cette base que le décret a été pris et le Conseil constitutionnel lui-même dit que dès lors qu'il considère que la loi est non conforme à la Constitution, le décret n'a plus de base légale parce qu'il s'appuyait sur cette loi pour retirer la convocation du corps électoral. Donc il faut quand même qu'on rétablisse les faits dans leur chronologie et dans leur exactitude. C'est exactement cela. S'il n'y avait pas eu cette loi constitutionnelle, il n'y aurait pas eu un report, le retrait du décret. Donc il faut remettre les choses à l'endroit et ne pas inverser l'ordre des choses ».
Par ailleurs, interpellé sur son engagement de quitter le pouvoir le 2 avril prochain, Macky Sall n’est pas allé par quatre chemins pour réaffirmer sa position. « Bien sûr, le pays ira aux élections le dimanche, s’il plaît à Dieu. J'espère que le processus tel qu'il a été entamé va se dérouler dans la paix et dans la transparence, comme le Sénégal sait faire des élections libres et transparentes. Et après, le président sera élu. S'il est élu dès le 24, nous aurons la chance que je lui passe le témoin, mais s'il n'est pas élu dès le 24, moi le 2 avril, je m'en vais parce que c'est le terme de mon mandat et je n'entends pas rester un jour de plus comme je l'ai déjà dit. Mais j'espère que tout cela va bien se passer et que le président élu prendra fonction pour continuer l'œuvre qui a été faite par ses prédécesseurs, quel qu'il soit. Naturellement, je lui souhaite plein succès ».
Interpellé sur son implication dans les malheurs judiciaires des opposants, le Président Macky Sall s’est également lavé à grande eau allant jusqu’à prononcer le nom d’Ousmane Sonko, chose qu’il n’a jamais fait. « Je le dis très clairement. La preuve tous les jours au tribunal, l'État a perdu. Le dernier cas, c'est avec Ousmane Sonko lui-même au tribunal en première instance en appel. Donc, il ne faut pas croire que le Sénégal est une république bananière, ça, je m'inscris en faux. L'État du Sénégal perd souvent des procès devant des tribunaux. Le Conseil constitutionnel lui-même vient de casser mon décret. Donc, c'est la preuve qu'on a une justice libre et indépendante, une justice libre et indépendante. Il ne faut pas lorsque les gens ont des difficultés avec la loi, qu'ils disent que non c'est politique, c'est la main du président, Ça, c'est l’alibi. C'est vraiment très facile comme argument. Mais quels sont les faits qui ont été à l'origine de toutes ces difficultés ? Il faut interroger les faits. Vous verrez bien que la main du président n'a rien à voir avec ce qui leur est arrivé ».
LE DÉSISTEMENT DE CHEIKH TIDIANE DIEYE NE CHAMBOULERA PAS L'ORGANISATION DU VOTE
Le retrait du candidat Cheikh Tidiane Dieye ne devrait pas avoir de grandes répercussions sur le scrutin. Selon Cheikh Omar Diallo, avec seulement cinq millions de bulletins de vote en moins à imprimer, la machine électorale devrait pouvoir s'adapter
Alors que le candidat Cheikh Tidiane Dieye a officialisé hier mercredi 20 mars 2024 son retrait de la course à la présidentielle à quelques jours du scrutin, le Dr Cheikh Omar Diallo se veut rassurant quant aux conséquences sur l'organisation du vote du 24 mars.
Selon cet enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques, le retrait de dernière minute de l'un des 19 candidats en lice ne devrait engendrer que de "simples formalités techniques" pour le Conseil Constitutionnel.
"Dès réception de l'acte de retrait par le greffe, le Conseil Constitutionnel se réunira rapidement pour entériner cette décision et modifier la liste des candidats. C'est une procédure normale prévue par la loi", explique le constitutionnaliste.
Autre "formalité" évoquée par Cheikh Omar Diallo : la mise à jour du fichier des bulletins de vote. "Sur les 100 millions de bulletins déjà imprimés, seul 5 millions porteront le nom de Cheikh Tidiane Dieye. Le retirer est une simple gestion de stocks", affirme-t-il.
L'expert se veut rassurant quant au déroulement du scrutin du 24 mars. Il confirme que "les conséquences du retrait de Dieye sont sans conséquence sur l'organisation et le déroulement du premier tour de la présidentielle".
Les Sénégalais pourront bel et bien désigner dimanche leur prochain président parmi les 18 candidats restants.
Par Abdoulaye THIAM
KHALIFA SALL, LE DERNIER BAROUD D’HONNEUR
Doyen parmi les favoris ! A 68 ans depuis le 1er janvier dernier, Khalifa Ababacar Sall joue sa dernière carte pour se faire élire président de la République le 24 mars prochain
Doyen parmi les favoris ! A 68 ans depuis le 1er janvier dernier, Khalifa Ababacar Sall joue sa dernière carte pour se faire élire président de la République le 24 mars prochain. Après avoir raté la Présidentielle de 2019 dont il était donné ultra-favori, à côté de Macky Sall, l’ancien maire de Dakar va donc livrer son premier et dernier ( ?) combat en tant que candidat pour la magistrature suprême. Un énorme paradoxe au vu de la longévité politique de ce poulain de Abdou Diouf, puis de Ousmane Tanor Dieng.
Socialiste dans l’âme, homme d’Etat convaincu, Khalifa Ababacar Sall a toutes les prédispositions pour la station présidentielle. Son parcours force le respect. Responsable des Jeunesses socialistes, Secrétaire général chargé des élections et de la vie politique du Parti socialiste (PS), il a été élu député en 1983 alors que Bassirou Diomaye Faye n’avait que… 3 ans
Ministre chargé des relations avec les institutions, puis ministre du Commerce, son expérience et son sens élevé de l’Etat et du respect des principes et valeurs de la République, lui créditent un bon score. Cette confiance s’est d’abord installée lors de son passage à la mairie de Dakar lors des élections municipales du 22 mars 2009. «Khaf», alors leader de la coalition Benno Siggil Senegaal (s’unir pour un Sénégal debout, en langue wolof) adresse à Me Abdoulaye Wade (président de la République) un coup de Jarnac et se fait élire maire avec 81 des 100 voix exprimées. Inédit ! Pour la première fois, le parti au pouvoir perd la capitale. Khalifa Sall commence alors à tisser sa toile vers les sommets. Alors que son parti, le PS, rejoint avec armes et bagages la coalition Benno Bokk Yaakar ; pis, décide même de renoncer à sa raison d’être, c’est à dire la conquête du pouvoir, celui qui se dit «Boy Grand Yoff», par opposition à «Boy Dakar» pour ne pas dire un «dandy», décide de naviguer à contre-courant. Ce, après avoir remporté haut la main les Locales du 29 juin 2014. Tel un tsunami, sa coalition Taxawu Dakar balaie tout sur son passage et s’adjuge quinze (15) des dix-neuf (19) communes d’arrondissement de la ville de Dakar.
Un véritable camouflet pour Macky Sall et surtout son Premier ministre, Aminata Touré «Mimi», qui va mordre la poussière jusque dans son fief de Grand-Yoff. Avec le projet du pavage, le déguerpissement des marchands ambulants à Dakar, l’éclairage, la distribution gratuite du lait à l’école, Khalifa Sall commence à entrevoir un destin présidentiel. Il est adulé, adopté, cité en exemple. Malheureusement pour lui, il va déclarer très tôt son ambition de briguer la magistrature suprême. Un péché de lèse-majesté que le Chef de l’Etat ne pouvait accepter. La machine judiciaire s’emballe et broie le maire de Dakar.
Accusé d’avoir profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliard de francs CFA (2,7 millions d’euros) de la régie d’avance de la mairie de Dakar, «Khaf» sera incarcéré le 7 mars 2017. Le tribunal va par la suite le condamner à une peine de 5 ans de prison ferme, assortie d’une amende pénale de 5 millions francs CFA, sans dommages et intérêts. Un procès en mode fask-track qui va battre tous les records de célérité dans le seul et unique but de lui rendre inéligible.
Réélu, après l’élimination de Khalifa Sall et de Karim Wade, Macky Sall accorde la grâce à l’ancien maire de Dakar le 29 septembre 2019 avec une «remise totale des peines principales». La grâce n’effaçant pas les faits, Khalifa Sall se lance dans la conquête de ses droits civiques et politiques qu’il obtiendra au détour d’un dialogue politique en prélude duquel il va pêcher par égard de langage. «L’essentiel, c’est que je puisse faire partie» de la course présidentielle, soutenait-il. Ce, après une «brouille» au sein de Yewwi particulièrement entre Ousmane Sonko et lui. Ce dimanche, Khalifa Sall saura si sa popularité entre 2009 et 2021 est restée intacte ou pas pour son dernier baroud d’honneur.
par Félix Nzale
RENVERSEMENT DE PERSPECTIVES
A qui parle-t-on donc d’une société sénégalaise en lambeaux qu’il a fallu reconstruire et réconcilier ? A quoi fait-on référence ?
«Léguer un Sénégal réconcilié et en paix», telle est la raison qui aurait motivé la décision du Président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle au dimanche 24 Mars, alors qu’elle devait se tenir le 25 février. Le concerné l’a encore réaffirmé à l’occasion d’un entretien qu’il a accordé à la Bbc.
Réconciliation et paix. Le refrain est entonné partout par les hommes et femmes du président dans quasiment toutes leurs sorties de campagne électorale. De même que par des membres de la société dite civile. Mais que l’on nous permette d’émettre quelques objections. Pour dire que le Sénégal n’a jamais été un pays divisé : pas de conflits inter-ethniques, ni de conflits inter-confrériques, ni de conflits inter-religieux… toutes choses qui sont le fondement de notre vivre-ensemble. A qui parle-t-on donc d’une société sénégalaise en lambeaux qu’il a fallu reconstruire et réconcilier ? A quoi fait-on référence ?
Les tragiques événements survenus en 2021 et qui ont couru jusqu’en 2024 ne sont rien moins que la conséquence de l’irresponsabilité de nos hommes politiques, entretenue par certaines entités dont les médias. Et des Sénégalais ont dû se lever pour exercer leur devoir citoyen de renversement de paradigmes et de perspectives.
Il s’est alors agi de se dresser contre ceux qui se sont assurément trompé en pensant que le bien commun consistait exclusivement dans leur réussite personnelle, leur pouvoir et dans la satisfaction de leur avidité.
Il s’est agi de la défense du registre moral contre le rapport de force instauré par les réalistes-cyniques où les forts et les puissants l’emportent, et les faibles perdent toujours. Il s’est agi de manifester contre les sautes d’humeur qui gagnent la vie politique au détriment de la rationalité et du long terme.
Il s’est agi de s’opposer au mépris des lois qui conduisent à l’ochlocratie.
Il s’est agi de faire barrage aux imposteurs qui, une fois au pouvoir, s’emploient à noyauter toutes les institutions.
Il s’est agi d’exiger la moralisation de la vie publique, d’aller à la chasse aux conflits d’intérêts, aux arrangements douteux… et de réaffirmer la moralité au poste de commande de l’action politique. C’est de tout cela qu’il a été question. C’est de tout cela qu’il sera question…