Baadoolo - Kheupp souf si tiéré dji !
Douma dem, kenn dou dem ! C’est le texto que le Président a envoyé, samedi, aux Sénégalais. Ce report, quelle que soit la date, aura mis le Sénégal dans un état indescriptible. Les discours s’enchainent, la tension est palpable, l’inquiétude est réelle. C’est un pays presque ivre. Une chose est sûre, il n’y a pas eu qu’un seul report. Puisque des espoirs sont repoussés, des contrats résiliés, des dépenses perdues, des destins décalés. Une démocratie renvoyée aux calendes Macky. Parenaa, mais damay kheupp souf si tiéré dji !
Touba Sidiki Kaba et Oumar Youm reçus hier
24 heures après l’adresse à la nation du président de la République, Macky Sall, reportant la Présidentielle du 25 février 2024, les ministres de l’Intérieur et des Forces armées se sont rendus hier à Touba. Sidiki Kaba et Oumar Youm ainsi que leurs délégations ont été reçus par les dignitaires religieux de la cité mouride.
Plénière pour le report de la Présidentielle : L’opposition devant l’Assemblée pour dire non
L’opposition n’entend pas faciliter la tâche à l’Assemblée, en dépit de la répression qu’elle a subie hier sur la Vdn. Parce que, sauf surprise, la proposition de loi portant report de l’élection présidentielle, devrait passer ce lundi comme lettre à la poste. Plusieurs leaders ont appelé à un rassemblement aujourd’hui devant la Place Soweto, siège du Parlement. La Coalition «Diomaye Président» a fait face à la presse dans la soirée pour annoncer qu’elle sera devant les grilles de l’Assemblée pour dénoncer ce report. Une nouvelle tentative d’un 23 juin !
Attaque» et «humiliation» d’un médecin par la police : Le Sames observe une grève de 48h à partir de ce lundi
Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes (Sames) est très remonté, après «l’attaque et l’humiliation» d’un membre du corps médical qui a été la cible d’éléments de la police à l’hôpital Régional de Saint-Louis. Et pour exiger le respect et la considération mais aussi la réparation de cette bavure policière, les médecins ont, dans un communiqué, annoncé qu’ils vont observer une grève de 48 heures renouvelable le lundi 5 et le mardi 6 janvier 2024, avec respect des urgences. Selon le secrétaire général du Sames, Dr Mamadou Demba Ndour, le 31 janvier dernier, leur camarade Dr Massamba Guèye Fall, médecin de garde au service d’accueil des urgences de l’hôpital de St-Louis, a été la cible d’éléments de la police, en subissant «une agression par arme à impulsion électrique». Une «forfaiture» intervenue, en marge de l’installation tumultueuse d’un nouvel agent comptable contesté par une partie des travailleurs.
Pour «incitation à la violence» : «Coupure du signal» selon le ministère, «retrait de la licence» selon Walf
La Coordination des associations de presse (Cap), le Synpics et la Convention des jeunes reporters dénoncent la coupure du signal du groupe Walfadjri, hier. «Nous dénonçons avec énergie cette mesure excessive qui est inadmissible dans un pays démocratique comme le Sénégal», se sont indignés les acteurs de la presse qui évoquent «l’immixtion dangereuse et liberticide du ministre en charge de la Communication dans les programmes de la télévision» du groupe. Si le groupe Walf a annoncé sur les réseaux sociaux un «retrait définitif de sa licence par l’État», les ministre de la Communication, joint par Bés bi, reste muet sur le retrait. Mais Rfi.fr a rapporté que le Directeur de la communication, Ousseynou Dieng, interrogé par l’Afp, a indiqué que c’est «en accord avec le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra)», que le ministère a «donné l’ordre aux diffuseurs de Walf TV de couper temporairement le signal pour incitation à la violence». Par ailleurs, la Cap a dénoncé «l’interpellation des professionnels de médias, qui étaient sur le terrain pour la couverture médiatique d’une activité politique. Des femmes journalistes ont été brutalisées, arrêtées et humiliées par des éléments de la Gendarmerie nationale avant d’être relâchées ce dimanche février 2024».
Report de la Présidentielle : L’Apr salue la «posture républicaine» de Macky
Le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Apr est convaincu que le chef de l’Etat, en reportant la Présidentielle, «s’est conformé à son serment en assumant avec courage et lucidité, les obligations de sa charge». Dans un communiqué publié hier, l’Alliance pour la République s’est prononcée ainsi sur la situation que traverse le pays. «Audelà de la confusion née de cette situation inédite, les accusations de corruption à l’endroit de juges constitutionnels représentent de graves menaces qui pourraient entamer ou nuire gravement à la crédibilité et à la sincérité du scrutin d’autant que s’y ajoute la polémique sur la bi-nationalité d’une candidate retenue sur la liste définitive publiée par le Conseil Constitutionnel», ont justifié les camarades de Macky Sall.
Démarrage de la campagne électorale malgré le report : Pr Daouda Ndiaye brutalisé, son cortège gazé
L’opposition a joint l’acte à la parole. Après le discours du président Macky Sall annonçant le report de l’élection présidentielle, les opposants avaient fait face à la presse pour informer l’opinion qu’ils vont bel et bien battre campagne ce dimanche à partir de 15 heures. C’est ainsi que le professeur Daouda Ndiaye et son cortège se sont dirigés vers le rond-point Saint Lazare, lieu de rencontre des opposants. Cependant, ils ont été gazés par les gendarmes déployés un peu partout sur la Vdn. «J’ai été attaqué, brutalisé et mes véhicules arrêtés. Mes hommes sont arrêtés par les gendarmes à la place Saint Lazare. Les élections auront lieu ce 25 février 2024», a réagi le professeur Daouda Ndiaye sur sa page Facebook.
par rené lake
PLONGÉE DANS L’INCONNU
EXCLUSIF SENEPLUS - La stratégie de Macky, axée sur la survie politique et incarnée par le « Tout sauf Sonko », a engendré une situation bien plus périlleuse pour le pouvoir avec la validation inattendue de la candidature de Bassirou Diomaye Faye
Le Sénégal se trouve actuellement immergé dans une réalité qui lui est étrangère. L'ajournement indéfini de l'élection présidentielle prévue pour le 25 février 2024 intensifie une crise de confiance déjà palpable entre une part significative de la population et les dirigeants de la nation, notamment le président Macky Sall.
Macky Sall diffère les élections, prétextant une crise dont il omet délibérément de préciser la nature, empêchant ainsi une compréhension claire de ses implications et de sa portée. Il évoque d'abord un « affrontement ouvert entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel », puis mentionne une « controverse autour de la double nationalité d'une candidate », avant de décrire la situation comme étant de « conditions ambiguës ».
Sur ce fond contextuel, il justifie le report de l’élection, arguant que l'Assemblée nationale a proposé une « loi constitutionnelle à suivre en procédure d'urgence ».
Trois termes décrivent la situation : Conflit, Controverse, et Conditions ambiguës. Comment est-il envisageable de suspendre l'ordre électoral, l'ordre républicain, et l'ordre constitutionnel sur des bases aussi peu pertinentes et convaincantes ?
Aux États-Unis, malgré plus de 620.000 décès en quatre ans, de 1861 à 1865, durant la guerre civile – un bilan supérieur aux pertes cumulées lors de multiples conflits historiques –, les scrutins se sont tenus à la date prévue. Le 8 novembre 1864, les citoyens américains ont voté, réélisant Abraham Lincoln.
Même en temps de crise sanitaire, comme lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918 qui a fait 615.000 victimes, les États-Unis n'ont pas reporté leurs élections. Le 5 novembre 1918, les citoyens ont été appelés aux urnes, conformément à la tradition des élections fédérales tenues le premier mardi suivant le premier lundi de novembre.
Par ailleurs, selon les propres termes du président Macky Sall, la stabilité nationale n'est pas en jeu. Qu'il estime que le pays « ne peut se permettre une nouvelle crise » relève de son plein droit, mais rien n'indique, à la date du 3 février 2024, l'existence ou la potentialité d'une crise susceptible de déstabiliser le pays et de menacer la cohésion sociale.
Au contraire, la majorité des candidats se montraient prêts pour une campagne électorale dynamique. Cependant, il est de notoriété publique que le camp présidentiel était, à cette date, empêtré dans des conflits internes si profonds que les ponts d'alliance et de collaboration entre Macky Sall et Amadou Ba, son Premier ministre et candidat désigné, étaient rompus. Depuis une semaine, les spéculations abondaient sur le conflit ouvert entre les deux hommes et ses répercussions sur l'élection.
En vérité, une analyse plus approfondie des rapports de cause à effet suggère une inversion de la logique apparente. La stratégie de Macky Sall, axée sur la survie politique et incarnée par la devise « Tout sauf Sonko », a engendré une situation bien plus périlleuse pour le pouvoir avec la validation inattendue par le Conseil constitutionnel de la candidature de Bassirou Diomaye Faye, numéro deux du parti dissous de Sonko. Ce retournement de situation, totalement imprévu, transforme la stratégie du « Tout sauf Sonko » en une réalité impensable pour Macky Sall, aboutissant à une élection « Sans Sonko mais avec Diomaye ».
Au-delà de la crainte des divergences idéologiques et philosophiques entre Macky Sall et Diomaye Faye, il est rapidement devenu évident que le remplaçant de Sonko, bénéficiant non seulement du soutien des membres et sympathisants de Pastef, jouissait également d'une sympathie due à sa condition de victime, surtout en tant que prisonnier politique détenu sous des accusations discutables dans un contexte démocratique ou d'État de droit.
Cependant, la situation se complique davantage pour Macky Sall et ses alliés face à la prise de conscience que depuis sa cellule, le candidat acquiert un avantage supplémentaire, celui d'éviter des erreurs politiques lors d'une campagne électorale. La détention devient ainsi un atout politique majeur pour le remplaçant d'Ousmane Sonko.
Il est devenu manifestement clair au sommet de l'État que la stratégie du « Tout sauf Sonko » a engendré, involontairement, une menace encore plus grande pour Macky Sall et ses alliés. Il devient essentiel de trouver une solution. Face à l'irréversibilité des décisions du Conseil constitutionnel, la seule option restante pour Macky Sall est de reporter l’élection afin de neutraliser la candidature de Diomaye Faye.
Quelle démarche adopter ? Guidé par un instinct de préservation, c'est ici que se révèle une partie importante de l’objectif politique qui sous-tend la décision du report. Plusieurs sources proches de Macky Sall indiquent que celui-ci considère que son candidat est pour le moins inapte à affronter Diomaye Faye ou encore Khalifa Sall, leader de la coalition Taxawu Senegal dans cette élection. C’est ainsi qu’il devient aisé d’utiliser Amadou Ba comme bouc émissaire pour provoquer une crise au sommet de l'État, justifiant l’ajournement de l’élection présidentielle.
Pour arriver à ce résultat, une crise est fabriquée artificiellement, exacerbée, créant les conditions d'une instabilité au sommet de l'État afin de pouvoir ainsi justifier un ajournement du rendez-vous électoral le plus important du pays.
Pour couronner le tout, Macky Sall se voit confronté à deux possibilités imprévues, celles liées à la double nationalité de Karim Wade et de Rose Wardini. Ces nouvelles circonstances offrent des justifications semblant plus pertinentes, plus crédibles et plus aisées à avancer pour parvenir au but visé, comparées à celle d’un « lynchage planifié du candidat de la coalition présidentielle », selon les mots d’un proche d’Amadou Ba. Il a judicieusement ajouté : « Parfois, même dans les méandres, les étoiles s'alignent ».
Le maintien des élections présidentielles à leurs dates prévues est un pilier fondamental de la démocratie et de la stabilité politique dans n'importe quel pays. Ce n’est pas principalement une question juridique ou de droit mais bien plus une question politique et de gouvernance. Les raisons pour lesquelles les élections présidentielles ne devraient jamais être reportées sont multiples et d'au moins cinq ordres :
Précédent dangereux : Le report d'une élection peut créer un précédent dangereux, permettant à des gouvernements de futurs reports sous des prétextes non justifiés. Cela peut ouvrir la porte à des abus de pouvoir et à l'érosion des institutions démocratiques.
Légitimité du pouvoir : La légitimité des dirigeants élus repose sur le respect du calendrier électoral. Tout retard jette un doute sur la légitimité du pouvoir en place et alimente des tensions politiques, des contestations, voire des conflits.
Respect des principes démocratiques : Les élections sont le fondement de la démocratie représentative. Elles permettent aux citoyens d'exprimer leur volonté et de choisir leurs dirigeants. Reporter une élection est une atteinte aux droits démocratiques fondamentaux et une violation de la confiance du public envers ses institutions.
Gestion des crises : Bien que des circonstances exceptionnelles (catastrophes naturelles, crises sanitaires) puissent présenter des défis logistiques, l'histoire a montré que les élections peuvent être adaptées plutôt que reportées. Des mesures appropriées ou l'ajustement des procédures de vote peuvent permettre la tenue d'élections même dans des contextes difficiles.
Prévisibilité et stabilité : Un calendrier électoral constant et prévisible contribue à la stabilité politique et économique. Les investisseurs, les partenaires internationaux et les citoyens eux-mêmes s'appuient sur cette régularité pour planifier leur avenir.
En somme, la décision de reporter, en réalité d’annuler les élections, prise par le président Macky Sall, ce 3 février 2024, s'apparente à une plongée dans l'inexploré qui expose le Sénégal à des turbulences extrêmes, dangereuses et indésirables.
René Lake est journaliste et analyste politique à Washington.
DEMAIN SÉNÉGAL APPELLE AU RESPECT DE LA CONSTITUTION
L'association citoyenne dénonce une violation "indiscutable" de la loi fondamentale sénégalaise et appelle à la vigilance contre toute "subversion" démocratique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
L'association Demain Sénégal, une structure de la société civile sénégalaise, a fait part de sa "profonde consternation" face à l'annulation de l'élection présidentielle du 25 février 2024 par le président Macky Sall. Dans une déclaration rendue publique le 4 février, l'association dénonce une "violation indiscutable" de la Constitution sénégalaise.
Pour Demain Sénégal, cette décision "qui est une première regrettable dans l’histoire politique de notre pays, bafoue la volonté du peuple sénégalais et son droit souverain à des élections libres et équitables, ainsi que la stabilité démocratique que notre pays a chèrement acquise au fil des années". L'association estime qu'elle "va à l'encontre des principes démocratiques, de l'État de droit, et viole les engagements internationaux ainsi que les normes constitutionnelles de notre nation".
Citant directement la Constitution sénégalaise, Demain Sénégal souligne que "la démocratie sénégalaise se fonde sur le pluralisme politique, la séparation des pouvoirs, et le respect des échéances électorales" et qu'"aucun individu, aucun parti politique, aucune institution n'a le droit de se substituer à la volonté souveraine de la population qui s’exprime par les urnes".
Dans cette déclaration signée par une centaine de personnalités membres, l'association "renouvelle (son) appel à la vigilance et à l'action contre cette subversion de nos institutions démocratiques" et "exhorte le gouvernement et appelle les partis politiques, l’Assemblée nationale, la société civile et tout le peuple sénégalais à s’accorder" notamment sur le maintien du processus électoral et le respect du calendrier prévu.
Fondée en décembre 2021, Demain Sénégal se présente comme une association non partisane de la société civile ayant pour mission de contribuer au développement du Sénégal sur des piliers comme l'état de droit, la santé, l'éducation ou encore l'emploi. Elle dit s'être donnée pour objectif de recueillir les attentes des citoyens et de faire des propositions aux futurs candidats à la présidentielle de 2024.
POUR THE ECONOMIST, LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE NE TIENT PLUS QU'À UN FIL
Selon l'influente publication britannique, le report de l'élection par Macky Sall constitue un coup dur et jette un trouble important sur l'avenir du pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/02/2024
Selon le magazine britannique The Economist, la démocratie sénégalaise ne tient plus qu'à un fil. En effet, juste quelques semaines avant l'élection présidentielle prévue le 25 février, le président Macky Sall a annoncé son report sans donner de nouvelle date.
Cette décision a provoqué une crise constitutionnelle majeure et porté un coup dur à la démocratie en Afrique de l'Ouest aux yeux de The Economist. L'opposition sénégalaise a vivement réagi, à l'image de Khalifa Sall, qui a dénoncé "un coup d'État constitutionnel". Un autre candidat, Thierno Alassane Sall, cité par l'hebdomaire, a quant à lui évoqué "une haute trahison".
Pourtant, le Sénégal était longtemps considéré comme un modèle de stabilité et de démocratie dans la région. Contrairement à de nombreux autres pays ouest-africains, il avait su éviter les guerres civiles et les coups d'État militaires. The Economist souligne également que le pays a toujours organisé des élections de manière pacifique jusqu'à présent.
Mais pour le magazine, la crédibilité démocratique de Macky Sall a commencé à s'effriter ces dernières années, avec une restriction des libertés au Sénégal. Le report du scrutin, sans indication de calendrier, laisse craindre selon The Economist que le président cherche en réalité à s'accrocher au pouvoir au-delà de son mandat, qui expire le 2 avril prochain.
Dans ce contexte dangereux pour la démocratie sénégalaise, l'avenir politique du pays apparaît plus qu'incertain. Pour The Economist, la démocratie exemplaire du Sénégal ne tient désormais plus qu'à un fil, Macky Sall semblant prêt à enfreindre la constitution pour rester au pouvoir.
par Thierno Alassane Sall
LE MOMENT DE RÉAFFIRMER NOTRE ENGAGEMENT POUR LE SÉNÉGAL
Il est impératif de se lever contre la perspective d'une prolongation anticonstitutionnelle du mandat de Macky. Dès demain, devant l'Assemblée, soyons encore plus nombreux pour rappeler aux députés BBY/WALLU l'importance d'être du bon côté de l'histoire
Notre marche dans les rues, initiée pour marquer le début symbolique de la campagne présidentielle, s’est muée en une démonstration d'unité et de détermination sans précédent. Le peuple sénégalais, dans toute sa diversité, s'est levé aujourd’hui, partout au Sénégal pour défendre les fondements de notre démocratie, et s'opposer résolument au coup d'État constitutionnel que tente d'imposer Macky Sall.
Face aux violations de nos droits fondamentaux, à l'intimidation et aux arrestations illégitimes, je suis d'autant plus fier de la réaction pacifique et déterminée de nos concitoyens.
Les atteintes récurrentes à la liberté d'expression, notamment la coupure arbitraire du signal de Walfadjri, sont une preuve de plus de ce qu'est devenu le Sénégal : une dictature.
Sénégalaises, Sénégalais, l'avenir de notre nation repose entre nos mains. Il est impératif de se lever contre la perspective d'une prolongation anticonstitutionnelle du mandat de Macky Sall. Ensemble, mobilisons-nous pour la défense de notre démocratie, pour nos droits et pour l'avenir de notre pays.
Dès demain, devant l'Assemblée nationale, soyons encore plus nombreux pour rappeler aux députés de la nouvelle coalition BBY/WALLU l'importance de se tenir du bon côté de l'histoire, celui de la vérité et de la justice. Ils doivent comprendre que valider cette supercherie équivaudrait à trahir la confiance du peuple sénégalais.
Le moment est venu de réaffirmer notre engagement pour notre Sénégal.
SURSAUT CITOYEN DÉNONCE LE COUP DE FORCE DE MACKY SALL
"Les arguments avancés pour justifier cet acte sans précédent, lourd de conséquences pour la stabilité du pays, sont peu convaincants. Le président remet en cause de manière fondamentale la souveraineté du peuple"
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'organisation citoyenne Sursaut citoyen reçu ce dimanche 4 février à propos de la situation sociopolitique nationale marquée par le report sine die de la présidentielle :
"À quelques heures seulement de l’ouverture de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, le président Macky Sall a profondément choqué le peuple sénégalais en annonçant sa décision de suspendre par décret le processus électoral qui se déroulait normalement.
Les arguments avancés pour justifier cet acte sans précédent, lourd de conséquences pour la stabilité du pays, sont peu convaincants : une initiative d’un groupe parlementaire exigeant une enquête parlementaire sur une prétendue corruption de deux juges constitutionnels, faussement présentée comme un conflit entre deux institutions de la République, et une certaine « confusion » susceptible, selon lui, d’engendrer des contestations pré- et post-électorales. Ces événements, fabriqués de toutes pièces par le pouvoir en place en complicité avec le PDS, ont servi de prétexte à Macky Sall pour invoquer une « crise institutionnelle » et plonger le Sénégal dans une crise réelle.
Dans son entêtement déraisonnable à vouloir conserver le pouvoir à tout prix, en dépit du cadre légal, Macky Sall n’a montré aucun scrupule à violer les droits collectifs et individuels des citoyens, à forcer l’adoption de décisions électorales et à recourir à une répression sanglante contre toute opposition à sa politique.
Pour ceux qui s'interrogeaient sur la portée de sa logique de violence et de sa gouvernance autocratique, il vient de donner une réponse claire : « Je fais ce que je veux et ne respecte aucune limite ». En définitive, il remet en cause de manière fondamentale la souveraineté du peuple, qui s’exerce par le renouvellement périodique des mandats présidentiels. Il n’est donc pas exagéré de qualifier l’acte commis par Macky Sall de coup d’État institutionnel.
Mais quelle est la raison de cette démarche extrême ? Encore une fois, il est question pour lui de conserver directement ou indirectement le pouvoir pour éviter de rendre des comptes sur de nombreux crimes commis à la tête de l’État. C’est pratiquement une question de survie pour lui. Tous les sondages d'opinion sont unanimes à ce jour pour prédire la défaite du candidat qu’il soutient. Il est évident que, selon lui, ces élections ne doivent pas avoir lieu, quitte à plonger le pays dans le chaos.
Face à cette situation, Sursaut citoyen :
rejette les prétextes fallacieux avancés par Macky pour justifier la suspension du processus électoral ;
condamne fermement le putsch institutionnel qu’il a perpétré ;
s’engage dans l’organisation de la résistance à l’oppression pour éviter au pays de chuter dans le chaos que la suspension du processus électoral semble inévitablement provoquer ;
appelle les citoyens soucieux de démocratie et leurs organisations à participer activement aux luttes populaires pour restaurer la souveraineté du peuple ;
invite les diverses organisations et mouvements citoyens, syndicaux et politiques engagés dans cette bataille à mutualiser leurs ressources pour établir un large front démocratique capable de générer le rapport de force nécessaire à la victoire ;
propose de mettre en place une cellule de réflexion tactique et stratégique chargée de conseiller et d’accompagner le leadership de ce front."
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
LIBÉRALISME AFRICAIN ET DICTATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye Faye et nullement Karim Wade, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir
La famille libérale est au pouvoir depuis 24 ans sur les 50 ans promis par Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, ces libéraux sont tétanisés par la perspective de l’arrivée au pouvoir d’un parti avançant un programme radical et un renouvellement générational. La dernière entourloupe qu’ils poussent n’a rien à voir avec l’invalidation de la candidature de Karim Wade mais plutôt avec la validation de la candidature de Diomaye Faye. Ils pensaient en avoir fini avec le Pastef en écartant Ousmane Sonko et n’ont pas vu venir le tacle de ce dernier.
Ils savent qu’ils vont perdre l’élection et perdre tous leurs privilèges et prébendes. En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye et nullement Karim, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir. C’est à vomir.
Aujourd’hui, le président dans son discours nous dit en 3 minutes : (1) dysfonctionnement des institutions qui ne fonctionnent pas de manière régulière, (2) annulation de l’élection, (3) dialogue et (4) élection inclusive …un de ces jours. Autrement dit, nous sommes en “crise”. Mais en vérité cela relève de son fait.
Car nous savons que nos institutions ont été rendues dysfonctionnelles par les cafouillages d’Abdoulaye Wade qui a introduit des ajustements de salaires arbitraires, décidé de nominations fantaisistes, s’est complu dans un népotisme éhonté, à créer des agences à tour de bras, a installé une corruption généralisée. A telle enseigne que des Assises nationales ont été convoquées et que son successeur nous a promis une gestion sobre et vertueuse.
Si aujourd’hui le président Macky Sall a constaté des dysfonctionnements, il en est pleinement responsable. Ceci étant, en quoi des dysfonctionnements peuvent-ils être assimilés à une crise ? Quand des décisions de justice sont royalement ignorées par la Direction des élections, c’est un dysfonctionnement créé par l’Executif mais ce n’est pas une crise. Quand Macky Sall enjoint à ses hauts fonctionnaires d’aller contester des élections, cela crée des dysfonctionnements dans l’Administration. Quand Macky Sall choisit le président de l’Assemblee nationale en violation du principe de la séparation des pouvoirs, il crée des sources de dysfonctionnements répétitifs. Nous sommes donc habitués depuis le magistère de Macky Sall à un dysfonctionnement des institutions institué en norme de fonctionnement. Ou est la crise ?
Comment peut-il se dédouaner de ses propres turpitudes ? Qui a fermé l’Université ? Qui a décidé du blocus de la Casamance ? Qui a décidé de la fermeture de Wal’Fajiri ? Qui a décidé de l’interdiction systématique de toutes les manifestations pacifiques ? Un régime aux abois.
À défaut du “chaos” tant souhaité, le président nous informe tel un illusionniste de l’existence d’un “chaos institutionnel “ pour justifier sa décision d’annuler l’élection présidentielle.
“Chaos institutionnel “? Il est où ce chaos ? Le Conseil constitutionnel a achevé la première partie de son travail et quelques soient les frustrations ses décisions ne sont pas susceptibles de recours. Donc on avance. Que l’APR et le PDS imposent à l’Assemblée nationale de mettre sur pied une Commission d’enquête sur des accusations qu’ils ont eux mêmes porté sans preuves contre deux membres du Conseil constitutionnel, qu’a cela ne tienne. Allons-y. Où est la crise ? Où est le chaos ?
Il n’y a donc aucune, je répète aucune raison institutionnelle de reporter et à plus forte raison d’annuler l’élection présidentielle. C’est tout simplement une forfaiture, une de plus de la part d’un président qui nous a habitués à ses mensonges, ses trahisons et le mépris dans lequel il tient le peuple sénégalais. De toutes pièces, il manufacture une crise, annule l’élection et nous propose un énième dialogue. A-t-il perdu la raison au point de ne compter que sur la force, la violence et la peur ?
En tous cas, il a décidé de rejoindre le camp des dictateurs africains. Comment ont ils tous fini : la fuite, la prison ou le coup d’État ! Qu’est-ce qui lui fait croire que son sort sera différent ? Parce qu’il est plus intelligent ? S’il était intelligent, il n’aurait pas choisi de verser dans la dictature.
par Abdoulaye Dieye
CE QUE JE SAIS
Ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances la durée des mandats pouvait être réduite ou prolongée
En abrogeant le décret n°2023-2283 portant convocation du corps électoral, le président de la République a reporté sine die la présidentielle prévue le 25 février 2024. Cette décision fondée sur des motifs d’une légèreté inouïe, place le Sénégal dans une ère d’incertitudes et d’interrogations sans réponses.
Qu’adviendra –t-il le 2 avril à l’expiration du mandat actuel ?
Toute idée de prolongation de mandat doit être écartée. D’abord parce que la durée du mandat de cinq ans ne peut faire l’objet de révision aux termes de l’article 103 de la Constitution ; ensuite parce que le Conseil constitutionnel a dit en 2016 que la durée des mandats politiques en cours, régulièrement fixée au moment où ceux-ci ont été conférés (ne) pouvait, quel que soit au demeurant l’objectif recherché, être réduite ou prolongée (Considérant 32 de la « décision » n°1/C/2016). C’est cet argument que le juge constitutionnel avait brandi pour rejeter toute possibilité, pour le président Macky Sall, de réduire son mandat conformément à son engagement. Pour le juge, ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances la durée des mandats pouvait être réduite ou prolongée.
On nous a dit et bien dit en 2016 que le Conseil constitutionnel, même s’il n’est saisi que d’une demande d’avis, statue par des décisions motivées (loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016) et que ses décisions s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles (Article 92 al 3 de la Constitution de 2001), nous devons considérer alors que le Droit a été dit.
Même si la proposition de loi déposée est adoptée, elle ne cherche à modifier que la disposition aux termes de laquelle le scrutin pour l'élection du président de la République a lieu quarante-cinq jours francs au plus et trente jours francs au moins avant la date de l'expiration du mandat du président de la République en fonction.
Peut-être aussi que l’on ira vers l’allongement du délai prévu pour organiser l’élection en cas de démission, le 2 avril du président Sall et, en attendant, faire suppléer le président de la République par le président de l’Assemblée nationale.
C’est bien cet acte de folie d’hier qui va installer le Sénégal dans une crise institutionnelle.
LE SIGNAL DE WALF COUPÉ, LES RÉACTIONS DE LA CAP ET DU SYNPICS
La Coordination des associations de presse (CAP) s’inquiète de la situation actuelle avec la coupure du signal du groupe Walfadjri, avant de « dénoncer avec énergie cette mesure excessive qui est inadmissible dans un pays démocratique comme le Sénégal ».
« Après le coup d’Etat constitutionnel, désormais il convient d’ajouter ce coup d’Etat médiatique avec le retrait définitif de notre licence. Une honte pour le dictateur Macky, il a tout osé, on doit répondre à cet affront. RÉVOLUTION REKK ». Me Cheikh Niass
La Coordination des associations de presse (CAP) s’inquiète de la situation actuelle avec la coupure du signal du groupe Walfadjri, avant de « dénoncer avec énergie cette mesure excessive qui est inadmissible dans un pays démocratique comme le Sénégal ».
Selon le communiqué parvenu à Emedia, « les Associations de presse qui apportent un soutien sans réserve au groupe Walfadjri condamnent par la même occasion l’immixtion dangereuse et liberticide du ministre de la Communication dans les programmes de la télévision Walfadjri ».
Le Synpics, pour sa part, de dit pas autre chose que condamner « fermement la coupure du signal de Walf Tv ». Pour le syndicat des professionnels de l’information, « Walf Tv est en droit de tenir un plateau spécial sur la situation politico-institutionnelle du pays, marquée par la suspension du processus électoral décidée par le Président de la République ».
Après e avoir appelé au sens de la responsabilité de l’organe de régulation et invité les médias à une couverture professionnelle de l’actualité politico-institutionnelle, rappelle aux forces de défense et de sécurité leur impérieux devoir de veiller à la libre pratique du métier de journaliste par les personnes habilitées et identifiées comme telles, sans entrave autre que les limites éthique et déontologique.