SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
9 juin 2025
LE CNCR REVIENT SUR LES DEFIS ET FORMULE DES RECOMMANDATIONS
Atteinte de la souveraineté alimentaire au Sénégal, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) a fait face à la presse hier, jeudi 25 janvier
Malgré les avancées significatives notées dans le secteur de l’agriculture, de nombreux défis persistent et appellent à une action urgente et concertée. C’est l’avis du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) qui a fait face à la presse hier, jeudi 25 janvier. Cette conférence de presse marque le lancement officiel d’une mobilisation qui rassemblera plus de 2000 paysans, à travers le pays.
De nombreux défis entravent les capacités des exploitations familiales à nourrir les Sénégalais et à assurer la sécurité alimentaire à notre pays. C’est du moins l’avis du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) qui a tenu une conférence de presse hier, jeudi 25 janvier. Cette rencontre avec la presse marque le lancement officiel d’une mobilisation qui rassemblera plus de 2000 paysans, à travers le pays. « Le statut juridique des exploitations familiales n’est pas toujours formalisé. Les personnes qui exercent les métiers de l’agriculture ne disposent pas de régime de protection sociale.
Le Conseil supérieur agro-sylvo-pastoral ne s’est jamais réuni. Ce qui impacte le dialogue entre les organisations professionnelles et les plus hautes autorités. Le système de financement agricole et rural reste encore peu efficace et peu efficient. Les réponses en faveur des interventions des jeunes souffrent encore de cohérence et de synergie. Ce qui nécessite de repenser leurs approches », a relevé Nazirou Sall président du Cncr. Selon lui, augmenter durablement la productivité des exploitations familiales en résilience face aux changements climatiques, énumérer mieux leur travail et protéger les consommateurs supposent des politiques publiques définies et mises en œuvre d’une manière concertée qui responsabilise les acteurs privés et surtout les organisations professionnelles agricoles.
Face à cette situation, le Cncr formule des propositions. Il s’agit de promulguer et mettre en application un décret qui formalise les statuts juridiques des exploitations familiales en application du chapitre 5 de la loi agro-sylvo-pastorale afin de faciliter leur accès aux crédits ainsi que de favoriser l’autonomisation des femmes et l’emploi des jeunes. Le Cncr suggère de mettre à jour et faire appliquer le décret relatif à la protection sociale des personnes exerçant les métiers d’agriculture pour garantir une protection sociale adaptée aux paysans ; d’organiser la première session du conseil supérieur agro-sylvo-pastoral en 2024 conformément aux dispositifs prévus par le décret 2007-11-47 afin d’améliorer la gouvernance des politiques agricoles ; d’améliorer de façon quantitative et qualitative les financements destinés aux exploitations familiales en mobilisant davantage des ressources publiques et en favorisant l’accès aux crédits aux structures financières ; d’améliorer la mobilisation des ressources publiques destinées au secteur agricole.
Le Cncr recommande également l’allégement des coûts du crédit par une bonification des taux d’intérêt de 7,5 à 5% et une baisse des frais de connexes; la bonification de la prime d’assurance agricole de 50 à 70% avec un délai de règlement de 6 mois maximum. Le Cncr appelle ainsi les autorités sénégalaises actuelles et futures à prendre en considération ces propositions et à les intégrer dans leurs politiques et programmes en faveur du monde rural. L’organisation reste convaincue que seule une action concertée de tous les acteurs concernés pourra permettre de relever les défis actuels et de garantir un avenir prospère pour le monde rural sénégalais.
HUIT CANDIDATS S’ENGAGENT
Auditionnés par la Coalition de la société civile, huit prétendants à la présidence se sont exprimés sur l'application des conclusions des Assises et de la CNRI, dont la mise en place d'une Cour constitutionnelle et le renforcement de l'État de droit
La Coalition de la société civile pour l’application des recommandations de la Commission de réforme des institutions (Cnri) a procédé hier, jeudi 25 janvier, à l’audition des candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain. Sur les 20 candidats retenus par le Conseil constitutionnel dans sa liste du 20 janvier dernier, seuls huit ont répondu présents à l’invitation de cette coalition présidée par l’ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum.
La Coalition de la société civile pour l’application des recommandations de la Commission de réforme des institutions (Cnri) lance sa campagne pour la mise en œuvre des réformes institutionnelles préconisées par les Assises nationales. A une semaine environ du démarrage de la campagne électorale en vue de la présidentielle du 25 février prochain, elle a procédé hier, jeudi 25 janvier, à l’audition des candidats retenus par le Conseil constitutionnel dans sa liste du 20 janvier dernier, lors d’une session publique tenue dans les locaux de la maison d’édition Harmattan Sénégal. Huit des 20 candidats validés pour ce scrutin ont répondu à l’invitation de cette coalition présidée par l’ancien Premier ministre, Mamadou Lamine Loum, non moins ancien modérateur des Assises nationales. Parmi ces derniers, quatre se sont fait représenter et quatre autres ont fait le déplacement. Il s’agit entre autres de Cheikh Tidiane Dièye de la coalition Président Bi Ñu Begg, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo, candidat de la coalition « Tekki » et Serigne Mboup. Les candidats représentés sont Bassirou Diomaye Faye en détention préventive, l’ancien Pm Mahammed Boun Abdallah Dionne, Rose Wardini, candidate de « Sénégal nouveau » et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Devant les responsables de cette Coalition de la société civile pour l’application des recommandations de la Cnri, chacun de ces prétendants à la succession du président Macky Sall s’est engagé à mettre en application toutes les propositions de réformes s’il est élu au soir du 25 février. Premier à prendre la parole, Cheikh Tidiane Dièye de la coalition Président Bi Ñu Begg a indiqué que son programme de gouvernance est basé sur les recommandations des Assises nationales et de la Cnri. « Je n’ai pas enlevé une virgule de ce qui a été dit dans la Commission de réforme des institutions (Cnri) sur les mécanismes à mettre en place pour refonder les institutions : la justice, l’Etat de droit, la charte des libertés dans la Constitution et le pacte à mettre en place pour garantir le vivre ensemble entre Sénégalais », a-t-il annoncé avant de faire remarquer. « Nous avons également prévu la mise en place d’une Cour constitutionnelle à la place de l’actuel Conseil constitutionnel avec un changement dans sa composition et son mode de fonctionnement. Nous avons repris tout ce que la Cnri a proposé et il ne reste qu’à attendre le moment venu pour réunir tous les acteurs du système judiciaire et discuter de la réactualisation de certaines choses ».
Prenant la parole à son tour, Thierno Alassane Sall a proposé une grille de mise en œuvre des conclusions des Assises sous le contrôle d’un comité d’évaluation dont les membres ne seront pas nommés par le président de la République nouvellement élu mais issus de toutes les sensibilités parties prenantes des Assises. Poursuivant son intervention, l’ancien ministre de l’Energie a également suggéré un engagement de tous les candidats à mettre en œuvre les réformes de la Cnri avant les prochaines élections législatives et territoriales pour dit-il, éviter que le président nouvellement élu ne profite de ces scrutins pour se construire une forte majorité et se détourner ainsi de ses engagements, comme cela a été le cas. « Il faut que les gens s’engagent indépendamment du calendrier électoral à mettre en œuvre toutes les réformes substantielles avant les élections législatives et locales, quitte à repousser ces échéances électorales pourvoir réaliser une fois pour toutes ces réformes », a-t-il prôné. Abondant dans le même sens, Mamadou Lamine Diallo, leader du mouvement Tekki, soulignant qu’en tant que membre actif des Assises nationales, il ne peut pas renier les conclusions du travail auquel il a pris part, invite l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum et ses collègues du comité à prendre toutes les dispositions pour éviter ce qui s’est passé avec le président Macky Sall. « Nous avons vécu douloureusement l’expérience Macky Sall. J’espère que cette fois-ci, on ne va pas ouvrir une fenêtre pour qu’on puisse signer avec des réserves même oralement. Sinon ce n’est pas la peine. Nous devons être sérieux devant notre peuple et devant l’histoire ».
Dernier à prendre parole parmi les candidats ayant fait le déplacement à cette audition, Serigne Mboup s’engageant à mettre en œuvre toutes les réformes institutionnelles préconisées par la Cnri a indiqué avoir anticipé sur la question de la dissociation de la fonction de président de la République à celle de chef de parti politique en choisissant de mettre sur pied un mouvement en lieu et place d’un parti politique. Poursuivant son exposé, l’homme d’affaires et maire de la ville de Kaolack s’est engagé à mettre en application toutes les recommandations de la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales. Il a annoncé dans ce sens sa volonté de supprimer la liste proportionnelle aux législatives pour que tous les députés de l’Assemblée nationale soient élus directement à la base au niveau des départements.
Représentant du candidat Bassirou Diomaye Faye en détention préventive, Sidy Alpha Ndiaye professeur agrégé en Droit public tout en exprimant l’adhésion de son candidat aux conclusions de la Cnri a fait état d’une proximité idéologique et pragmatique entre les conclusions des Assises et de la Cnri et le programme Diomaye notamment pour ce qui est de l’Appel à candidature pour certains postes administratifs, de la question des réformes judiciaires et du système hyper présidentialiste.
Prenant à son tour la parole, son collègue professeur de Droit, Mounirou Sy, représentant du candidat Mahammed Boun Abdallah Dionne, a indiqué que son leader et sa coalition adhèrent totalement aux conclusions de la Cnri.
Poursuivant son exposé, il a dans ce sens préconisé l’institutionnalisation de la charte en loi pour en faire une norme juridique insérée dans le préambule de la Constitution. De son côté, Ousmane Badiane représentant la candidate Rose Wardini, a indiqué que cette dernière s’engage non seulement à appliquer toutes les conclusions des Assises nationales mais aussi à réformer la justice et l’ouverture du Conseil constitutionnel aux anciens chefs d’Etat et Premiers ministres.
Dernier orateur à prendre la parole lors de cette rencontre qui a vu la participation de plusieurs personnalités de la société civile, Moussa Tine, représentant de Khalifa Ababacar Sall indiqué que l’ancien maire de Dakar « a déjà déclaré clairement qu’il est non seulement militant des Assises nationales mais s’est aussi engagé à appliquer tous les points des conclusions ». Poursuivant son intervention, il a annoncé que son candidat a déjà préparé un certain nombre de décrets dans ce sens qu’il va signer à partir du 3 avril, après son installation ».
LA JUSTICE DIAGNOSTIQUE LE MAL
L’exigence de protéger la vie privée des citoyens a été au cœur du débat de la rentrée solennelle des cours et tribunaux célébrée hier, jeudi 25 janvier. Les différents orateurs sont revenus sur les violations constatées.
L’exigence de protéger la vie privée des citoyens a été au cœur du débat de la rentrée solennelle des cours et tribunaux célébrée hier, jeudi 25 janvier. Les différents orateurs sont revenus sur les violations constatées.
La justice a ouvert son année judiciaire hier, jeudi 25 janvier. Pour cette année, la rentrée solennelle des cours et tribunaux avait comme thème : « la protection de la vie privée ». Le procureur Général près la Cour Suprême, Mahamadou Mansour Mbaye, parlant du sujet estime « qu’il arrive que la protection de la privée soit en concurrence avec d'autres impératifs. C'est le cas, notamment de la nécessité de publier les décisions de justice qui pourtant, touchent parfois au plus profond, l'intimité des personnes ». Il tient à rappeler toutefois que « la Cour Suprême qui a la responsabilité de la publication de ses décisions s'est engagée dans une réflexion en vue de trouver le meilleur moyen pour parvenir à élargir l'accès à la documentation judiciaire, mais elle peine à trouver la bonne formule avec les outils dont elle dispose malgré que l'anonymisation des décisions de justice ne fait pas encore l'objet d'une réglementation adéquate ». Mamadou Mansour Mbaye insiste sur le fait « qu’il reste utile et nécessaire que les décisions de justice, pour des raisons pédagogiques et de prévisibilité, notamment les arrêts de la Cour soient accessibles de façon libre et gratuite, mais cela ne doit pas pour autant mettre en péril la préservation de la vie privée des parties ».
Pour le président de la République Macky Sall, la problématique du respect de la vie privée qui se pose avec acuité «nous interpelle tous au plus haut point, pouvoirs publics, secteur privé et citoyens et citoyennes ; mettant en lumière la nécessité d’assurer l’équilibre entre le principe de liberté et l’impératif de protéger ce qui relève de la sphère privée, y compris les données personnelles ». Il tient à rappeler que « la nécessité de concilier les avancées technologiques et l’exigence de protéger les droits fondamentaux attachés à la vie privée ».
Le président de la République Macky Sall, rappelle que « des lois et institutions dédiées à cette protection ne manquent pas mais, « qu’il y a lieu d’interroger leur adéquation avec les réalités évolutives de notre temps ». En somme, estime-t-il, « il s'agit surtout d’adapter notre cadre juridique en corrigeant ses imperfections et en anticipant sur les besoins futurs, au moment où nous entrons de plain-pied dans l’ère de l’intelligence artificielle.
La protection de la vie privée n’incombe pas seulement à l'État. Elle s’impose aussi au milieu socio professionnel privé pour préserver l'équilibre entre le travail et la vie personnelle, et établir une relation de confiance et de respect mutuels entre l’employeur et l’employé ». Le président Macky Sall note par ailleurs que « la même exigence s’applique aux procédures judiciaires, de l’enquête jusqu’au jugement, afin de protéger l’intimité et la dignité des personnes poursuivies et des témoins, s’agissant notamment des informations qui touchent à la vie privée ».
Le conseiller délégué à la Cour suprême, Barou Diop, qui faisait le discours d’usage a trouvé pour sa part que « la liberté́ d’expression ne peut justifier une atteinte ̀a la vie privée et que respect de la vie privée est une obligation de la presse ». Sur ce il souligne que, l’homme des médias, comme tout autre citoyen, fût-il un personnage public ou politique, n’est pas au-dessus de la loi, car dans un État de droit, l’irresponsabilité pénale est difficilement concevable».