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18 juillet 2025
UN HÉRITAGE, 100 HERITIERS
Figure tutélaire de la pensée africaine dont l'influence perdure, Cheikh Anta Diop fait l'objet cette semaine d'une célébration à la mesure de son héritage à l'UCAD et l'IFAN. Au programme, panels et débats pour replacer sa démarche audacieuse
Un panel sur le thème : «Sortir des sentiers battus : examen critique de l’œuvre de Cheikh Anta Diop» a été organisé hier, au Musée Théodore Monod d’art africain, pour rendre hommage à Cheikh Anta Diop, l’érudit dont l’impact sur la pensée africaine et mondiale perdure. Mais pour l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), cette célébration va bien au-delà aussi d’un simple hommage à un homme dont l’héritage intellectuel a laissé une empreinte «indélébile» sur l’académie africaine, mais représente une opportunité pour revitaliser et rediriger la pensée critique et l’initiative sur tout le continent.
Le Musée Théodore Monod d’art africain de l’Ifan est plongé dans une effervescence intellectuelle depuis quelques jours. C’est un instant pharaonique pour le monde universitaire, qui célèbre le centenaire de Cheikh Anta Diop. L’Ifan a pris vie, mêlant histoire, culture et hommage vibrant à l’un des esprits les plus éminents du continent africain. Bien plus qu’une célébration, c’était une immersion totale dans la pensée et l’héritage d’un homme qui a défié les normes et a inspiré des générations entières. Un événement qui respire l’intellect, la créativité et l’esprit de Cheikh Anta Diop. Sous le thème «Cheikh Anta, cent ans après : les défis de la reconstruction d’une pensée audacieuse pour l’Afrique», la célébration du centenaire de Cheikh Anta Diop en 2023 revêt une importance cruciale pour l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), a indiqué le Pr Mbaye Thiam qui animait le panel sur le thème : «Sortir des sentiers battus : examen critique de l’œuvre de Cheikh Anta Diop.» Du 21 au 29 décembre 2023, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Ifan célèbrent un érudit sénégalais dont l’impact sur la pensée africaine et mondiale est sans égal. Une icône dont ses contributions dans les domaines de l’archéologie, de l’histoire et de l’anthropologie continuent d’influencer les générations actuelles et futures. « Mais si nous nous arrêtons à la célébration, à la commémoration, au pèlerinage et aux autres incantations, nous aurons trahi Cheikh Anta Diop», assure le Pr Mbaye Thiam, archiviste et enseignant-chercheur à la retraite.
Cependant, pour les organisateurs, cette célébration va bien au-delà d’un simple hommage à un homme dont l’héritage intellectuel a laissé une empreinte «indélébile» sur l’académie africaine, mais représente une opportunité pour «revitaliser et rediriger la pensée critique et l’initiative sur tout le continent». Pour eux, l’actualité de ce centenaire coïncide également avec une période cruciale pour l’Afrique, qui fait face à des défis de plus en plus complexes dans un monde globalisé. Et par l’organisation de ce panel marquant le centenaire de Cheikh Anta Diop, l’objectif a été de penser Cheikh Anta et penser avec Cheikh Anta Diop. Et il a réuni des intervenants issus de différents horizons disciplinaires qui ont pris la parole, partageant leurs perspectives sur l’héritage de Cheikh Anta Diop, porté un regard critique sur son œuvre, mais aussi de repenser les enjeux du monde à partir de son œuvre monumentale.
«Il faut aller vers la création des Etats-Unis d’Afrique»
Selon Aziz Salmone Fall, politologue et membre du Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique (Grila) et du forum Tiers Monde, il faut éviter de fossiliser Cheikh Anta, de le momifier comme le font souvent certains dans ce pays. «Il faut donner ses enseignements, avoir une chaire qui porte son nom. Il faut que dans les différentes disciplines, qu’on voit comment son approche disciplinaire holistique a pu démontrer cet effort de reconstituer notre histoire pour aller vers une autre forme de civilisation beaucoup plus humaine, plus ouverte. Et surtout un Etat fédéral africain», a-t-il expliqué.
Cheikh Anta, a-t-il fait savoir, «est sorti des sentiers battus. Mais ses sentiers, ils ont été piétinés par toutes sortes de gens». Coordonnateur de la Campagne internationale justice pour Sankara, M. Fall estime qu’il faut continuer à aller vers la création des Etats-Unis d’Afrique, de quelque chose qui pourrait sortir de l’Afrique de l’intégration défavorable dans la mondialisation. Et cela suppose, ajoute-t-il, un autre type de science et d’enseignement supérieur. C’est la raison pour laquelle, a-t-il laissé entendre, «il faut commencer la recherche développement dès le jeune âge, enseigner dans nos langues nationales afin d’armer nos jeunes de science parce que c’est d’abord la connaissance qui nous permet de sortir de notre condition».
Quant au Dr Dialo Diop, membre fondateur du Rassemblement national démocratique (Rnd), un parti politique fondé par Cheikh Anta Diop en 1976, il est revenu sur la démarche multidisciplinaire de Cheikh Anta Diop, né en 1923 à Thieytou et décédé le 7 février 1986. Il rappelle que Cheikh Anta a consacré sa vie à la recherche, à la réflexion et à la promotion d’une histoire africaine authentique, sur l’unité culturelle de l’Afrique noire mais aussi de sa vision novatrice qui a remis en question de nombreux préjugés historiques. «Cheikh Anta c’était un homme hors du commun. Si vous voyez, il nous est insupportable qu’on refuse obstinément dans son terroir d’origine de mettre sa production scientifique et intellectuelle au service des jeunes générations africaines, c’est un crime contre l’Afrique», a-t-il asséné, tout en soulignant que toute l’œuvre de Cheikh Anta Diop est hors des sentiers battus de l’académisme et de la science de l’Occident. «On a qu’à d’abord enseigner nos propres pensées chez nous», a conclu Dr Dialo Diop, l’un des héritiers politiques du «Pharaon». Toutefois, il faut rappeler que la célébration du centenaire sera aussi ponctuée par des activités scientifiques et culturelles.
TEUNGUETH-JARAAF, DUEL DES LEADERS
Le duel au sommet qui oppose leader du Teungueth FC et son dauphin, le Jaraaf de Dakar, va lancer ce samedi 23 décembre, la 9ème journée du championnat de Ligue 1.
Le duel au sommet qui oppose leader du Teungueth FC et son dauphin, le Jaraaf de Dakar, va lancer ce samedi 23 décembre, la 9ème journée du championnat de Ligue 1. Cette affiche phare entre les deux formations encore invaincues, s’annonce décisive pour le fauteuil puisque deux petits points séparent les deux formations. La journée qui se poursuivra demain dimanche, sera clôturée mercredi prochain par les rencontres Us Ouakam-Diambars et As Pikine-Casa Sport que le Ligue pro a décidé de reprogrammer pour une indisponibilité des forces de l’ordre.
Le face à face entre Teungueth et Jaraaf sera en vedette à la neuvième journée de Ligue 1 qui démarre ce week-end. L’affiche au sommet qui opposera respectivement le premier et le deuxième au classement sera décisive pour les commandes de la Ligue 1. Deux points séparent aujourd’hui les deux formations qui se sont fait fort de garder encore leur invincibilité en ce début de championnat.
Ralentis lors de la précédente journée lors de son déplacement sur la pelouse de la Sonacos, les Rufisquois (1er ; 16 points) tenteront devant leur public du stade Ngalandou Diouf de consolider un peu plus leur première place et espérer boucler l’année en beauté. Toutefois, la tâche s’annonce ardue devant une équipe de Jaraaf (2e ; 14 points) qui a enclenché depuis trois journées, une bonne dynamique qui le rapproche davantage de la première place.
La 9ème journée se poursuivra demain dimanche par quatre autres rencontres. Le promus Jamono de Fatick (8 ; 9 points) recevra sur sa pelouse du stade Massène Sène de Fatick, l’US Gorée (11e ; 7 points). La Linguère de Saint-Louis (5e, 11 points) de son côté accueille sur sa pelouse l’équipe de Dakar Sacré-Cœur (3e, 14 points). Après trois matchs sans victoire, Génération Foot reçoit au stade Lat Dior, une équipe de Guédiawaye FC (9e ; 9 points).
Les Banlieusards qui stagnent dans le ventre mou du classement, se sont attachés, il y a quelques jours des services de l’ex-entraineur du Casa Sports, Ansou Diadhiou pour donner un coup de fouet à leur championnat. Au même moment, le stade de Mbour (12e ; 6 points) et la Sonacos (13e, 6 points) vont en découdre au stade Caroline Faye. La 9e journée sera clôturée le mercredi 27 décembre, par deux matchs.
La Ligue sénégalaise de football professionnel a décidé de reprogrammer à mercredi les rencontres de la neuvième journée de Ligue 1, initialement prévues dimanche à Dakar pour des raisons liées à l’indisponibilité des forces de l’ordre pour la couverture des matchs.
Le Casa Sports, qui a pu relever la tête en signant son premier succès lors de la précédente journée voudra enchaîner lors de la réception de l’As Pikine (4e, 12e points). La dernière rencontre opposera au stade municipal de Ngor, l’US Ouakam (7e, 9 points) à Diambars de Saly (6e ; 9 points).
UNE NÉGLIGENCE COUPABLE
Des drames récurrents dans les structures d'accueil : de la mort tragique d'un nourrisson à la négligence choquante dans les hôpitaux, la protection de l'enfance reste un défi majeur dans la société sénégalaise
L’affaire Keur Yeurmandé de Ndella Madior Diouf rappelle les manquements qui entourent la création de structures d’accueil pour enfants. Cette pouponnière qui n’a pas les documents administratifs nécessaires, selon les premiers éléments de l’enquête, accueillait pourtant une cinquantaine de bébés au su et au vu de tous, un manquement partagé avec la cigogne bleue, une crèche d’où est mort un nourrisson en 2021.
Ce qui peut être qualifié de l’affaire Ndella Madior Diouf, remet en cause la prise en charge de l’enfance dans notre pays. Un scandale qui vient s’ajouter à bien d’autres cas similaires. Ndella Madior Diouf qui est actuellement détenue pour « homicides involontaires, maltraitance sur des enfants, et exploitation d’une pouponnière sans autorisation », chantait la légalité de sa structure d’accueil qui est fonctionnelle depuis 2022 sans qu’une voix officielle ne soit levée pour la contredire. Et pourtant, les premières éléments de l’enquête révélés par les médias montrent qu’elle n’avait pas le droit de prendre en charge des enfants. Ndella Madior Diouf continuerait-elle d’exercer son activité si les employés qu’elle avaient recrutés, n’avaient pas vendu la mèche ? La question mérite d’être posée d’autant plus qu’aucune action n’a été posée à son encontre alors qu’elle avait l’habitude d’exposer les enfants sur les réseaux et autres médiums de communication pour étayer sa bonne foi.
Cette opacité qui entoure l’ouverture de la pouponnière incriminée, n’est pas chose nouvelle. En août 2021, la mort d’un bébé à la cigogne bleue avait étalé les manquements dans la création des structures d’accueil destinées à des nourrissons. « L’enquête de la Sureté Urbaine sur l’affaire de la crèche la Cigogne bleue a révélé plusieurs zones d’ombres », informait à l’époque le quotidien l’Observateur. La nourrice et le secouriste n’avaient pas les qualifications professionnelles requises. La crèche ne disposait d’aucune autorisation. La directrice prétendait avoir un récépissé de dépôt qui lui donne « le droit d’exercer en attendant l’autorisation définitive». Ce qui est faux, car en exploitant le récépissé de dépôt de l’Agence nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits, il n’a été relevé nulle part un droit d’exercer en attendant une autorisation définitive. Le récépissé de dépôt ne tient pas lieu d’autorisation. En tout état de cause, la crèche n’en disposait pas lors de l’ouverture de l’établissement.
Cette négligence fatale est constatée dans les structures publiques. En août dernier, l’inattention d’une lingère a couté la vie à un bébé à l’hôpital, Abass Ndao et dans des circonstances dramatiques. Ces drames n’occultent pas l’incendie de la crèche de l’hôpital Maguette Lo de Linguère ou encore celui de l’unité néonatalogie de l’hôpital de Tivaouane. Des enfants sont morts emportés par les flammes. En dehors des manquements constatés sur la petite enfance, la prise en charge des questions infantiles relève d’un vrai défi en dépit des efforts fournis par certaines services de l’Etat comme la Direction de l’éducation surveillée et la protection sociale. Les abus sexuels sur les enfants se comptent à la pelle. La sanction contre les auteurs se fait désirer dans certaines situations. Rien que dans la journée d’hier, un cas de viols sur des adolescentes a été signalé à Diakhaye dans un internat où les victimes étaient forcées à entretenir des rapports sexuels et à l’usage de la contraception. Le mis à cause avait sous sa responsabilité presque une centaine de filles dans une école qui échappe encore au contrôle de l’autorité. Un cas similaire a eu lieu à Touba. Encore un pervers qui s’est recouvert du manteau de maitre coranique pour abuser de plus d’une vingtaine de filles. Que dire de ces centaines d’enfants qui mendient dans la capitale ? de simples talibés ou victimes de traite des personnes, les enfants pullulent dans les rues du Sénégal. Personne ne s’émeut de leur situation, tellement le Sénégalais est habitué à leur mal vivre permanant. Les politiques de lutte contre les enfants de la rue n’ont pas manqué. Des slogans sont brandis à tuetête sans que parfois, le résultat ne soit à la hauteur du vacarme qui accompagne les opérations de retrait.
SENELEC CASQUE 131 MILLIARDS POUR L’EQUITE TERRITORIALE
L ’Etat du Sénégal résolument engagé à rendre accessible l’électricité à toutes les populations sénégalaises partout sur le territoire national, à l’horizon 2025 vient de poser une seconde phase après celle consacrée au réseau de distribution.
Le Directeur général de Senelec, Pape Mademba Bitèye et le Président de Vinci Energies Sénégal, non moins Dg du pôle Vinci Energies Afrique de l’ouest ont procédé hier, vendredi 22 décembre, à Dakar, au lancement du programme de développement du réseau de transport et de distribution dénommé Pôle 2026 de Senelec.
L ’Etat du Sénégal résolument engagé à rendre accessible l’électricité à toutes les populations sénégalaises partout sur le territoire national, à l’horizon 2025 vient de poser une seconde phase après celle consacrée au réseau de distribution. Cette seconde phase qui vise l’équité territoriale avec la réalisation de postes hautes tensions, de réseaux hautes tensions et le développement du réseau de distribution pour l’accès universel à l’électricité a été lancé hier, vendredi 22 décembre, à Dakar par le ministre du Pétrole et des énergies, Antoine Félix Abdoulaye Diome.
Ce programme vise à accroitre la capacité installée de Senelec pour répondre à une demande croissante des populations et à étendre le réseau de transport pour assurer une bonne couverture électrique du territoire national notamment dans les zones les moins desservies. D’un coût global de 131 milliards de francs CFA, soit 200 millions d’euros, « traduit l’excellence des relations entre la France et le Sénégal », a déclaré le ministre. Ce programme qui sera mis en œuvre par le groupe Vinci Energies permettra de réaliser 4 nouveaux postes hautes tensions Wack Ngouna, Koungheul, Velingara et Pekesse ; 116 postes préfabriqués moyenne tension ; 113 km de réseaux haute tension ; 554 km de réseaux moyenne tension ; 134 km de réseaux basse tension ; un système de télé-conduite performante. En termes d’impact, «il va consolider et contribuer fortement au développement socio – économique des zones concernées», a soutenu Antoine Félix Abdoulaye Diome. Le président de Vinci Energies Sénégal, Abdellah Sabri, par ailleurs, Dg du pôle Vinci Energies Afrique de l’ouest saluant ledit projet qu’il qualifie de projet structurant fait savoir que celui-ci va mobiliser au moins 1000 personnes pendant les 36 mois d’exécution pour 350 ingénieurs et techniciens formés.
Donc, un apport professionnel aux techniciens de la Senelec. « Nous aurions quelques 2000 kilomètres hautes tensions sur l’ensemble du territoire dans ce partenariat que nous voulons gagnant-gagnant ». A terme, ce partenariat permettre de développer « l’industrie, donner de l’emploi et de la lumière à l’ensemble des populations sénégalaises», a-t-il expliqué.
AFFRONTEMENT SUR LES ARGUMENTS DE LA DÉFENSE DANS L'AFFAIRE BARTH À LA COUR SUPRÊME
Exception d'inconstitutionnalité, intime conviction du juge, aveux de l'accusé : l'audience du pourvoi en cassation de Barthélémy Dias a tourné autour de ces notions clés, au cœur d'une joute oratoire entre défense et partie civile
L’audience de la 1ère Chambre pénale de la Cour suprême hier, vendredi 22 décembre, sur le pourvoi en cassation du député-maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, a été marquée par une rude bataille juridique entre la défense et la partie civile autour des moyens de l’exception d’inconstitutionnalité et l’intime conviction du juge de la première instance.
Au nombre de 5 contre leur confrère Me Pape Mor Niang, seul avocat du côté de la partie civile, les avocats de la défense du député-maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, lors de leurs plaidoiries, ont fondé leur argumentaire sur deux moyens : l’exception d’inconstitutionnalité et l’intime conviction. Premier à prendre la parole devant la chambre pénale pour présenter ses observations sur le jugement de la Cour d’appel et de la première instance, Me Demba Ciré Bathily a déploré la non prise en compte par la Cour d'appel de cette exception d'inconstitutionnalité qu’ils ont soulevée. « On observe qu' Il y a une résistance manifeste de cette Cour. Ici, nous avons un refus du juge d'appliquer la loi. Donc, notre appel c'est de mettre fin à la résistance de la Cour d'appel de transmettre les exceptions. L'autre observation est de motiver les rejets », a fait remarquer l’avocat qui déplore également le fait que la Cour d’appel n’a pas pris en compte ses propres constatations dans la culpabilité Barthélémy Dias ».
Confirmant la plaidoirie de son confrère, Me Khoureyssi Ba au sujet des observations, a déclaré : « Moi personnellement, le moyen contenant l’intime conviction, c’est un frein à la puissance du juge. Le juge n’est tenu que par son intime conviction qui est encadrée par L’article 414 du Code de procédure de pénale. Et celui-ci ne devrait pas être résumé par l’aveu ». Abondant dans le même sens, Me Ciré Clédor Ly a commencé par rappeler aux membres de la chambre pénale le caractère important des décisions qu’ils rendent en ce sens qu’elles indiquent « les voies à emprunter à d’autres juridictions pour une application de la loi de manière uniforme ». Sous ce rapport, il a demandé à la chambre de casser l’arrêt et renvoyer l’affaire vers une autre juridiction d’appel ». Car, argumente-il, « le juge avait la loi de la Cour suprême, l’exception d’inconstitutionnalité qu’il n’a pas transmise au Conseil constitutionnel. L’appel était irrecevable parce qu’il se heurte à l’inconstitutionnalité. Quand le juge se heurte à l’exception d’inconstitutionnalité, l’affaire est directement transmise à la Cour constitutionnelle».
Poursuivant sa plaidoirie, il ajoutera « qu’une analyse balistique dit que les balles extraites du corps de défunt ne provenaient pas des armes du prévenu qu’est Barthélémy Dias . Donc le juge ne peut pas se fonder sur sa propre constatation. On vous demande de casser l’arrêt, annuler et renvoyer vers une autre juridiction ». Dernier avocat de la défense à prendre la parole, Me Borso Pouye a insisté sur le fait que les deux moyens se recoupent. «Je ne vois pas comment on pourrait rejeter cette exception d’inconstitutionnalité. La Cour d’appel est tenue de se prononcer là-dessus. La contrariété de motif est flagrante. Elle est criarde. Ce sont les premiers juges qui relèvent que l’analyse balistique et celle des blessés ne proviennent des armes remises par Dias. La conséquence aurait voulu qu’il n’y ait pas une déclaration de culpabilité. Au contraire, on l'évoque, on l'énonce et on prend le contrepied de ce qu’on évoque. A l’heure actuelle, le droit est devenu une exception », a-t-elle déploré. Cependant, invité à prendre la parole à son tour à la suite de ses confrères de la défense, Me Pape Mor Niang a commencé par marquer son étonnement de la ligne de défense adoptée par la partie adverse. Car, selon lui, « jamais il n’a été soulevé au cours d’un délibéré » l’exception d’inconditionnalité brandie par ses confrères. Sous ce rapport, il a invité la chambre à « rejeter ce moyen qui ne figure nullement dans l’arrêt sur lequel ils ont fondé leur pourvoi. ». Abordant le second moyen développé par la partie adverse : « l’ultime conviction », Me Pape Mor Niang conforte le juge de la première instance et assure que les aveux de Barthélémy Dias suffisent.
« Il a déclaré devant la barre que j’ai tué un homme et que je présente mes condoléances ». Pour sa part, l’Avocat général dans son réquisitoire a également balayé en touche les deux moyens soulevés par les avocats de Barth. « Le premier moyen qui comporte l’exception d’inconstitutionnalité n’est pas fondé. Pour le 2e moyen qu’est l’intime conviction, les avocats de la défense ont parlé d’un rapport balistique pour soutenir leur argumentaire. Ce n’est pas ça le débat et le juge qui a condamné le prévenu n’a pas fondé sa décision sur ce rapport, mais plutôt sur le comportement de leur client qui ne plaide pas en leur faveur. Parce que la première arme a été remise 24 heures après, la deuxième 4 mois après, et la 3e n’a jamais été remise aux enquêteurs. D’ailleurs, elle a été jetée dans la mer de Rufisque, selon un des témoins », a fait remarquer le représentant du ministère public Oumar Gueye lors de cette audience.
LA COUR SUPREME MET BARTHELEMY DIAS EN DANGER
Le député-maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias est dans la tourmente
La 1ère Chambre pénale de la Cour suprême qui statuait hier, vendredi 22 décembre, sur le pourvoi en cassation du député-maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, a déclaré irrecevables tous les moyens soulevés par ses avocats de la défense du député-maire dont l’exception d’inconstitutionnalité et l’ultime conviction tout en le condamnant aux dépens. Avec ce verdict, Barthélémy Toye Dias qui ne pourrait désormais plus continuer à refuser de payer les 25 millions de francs CFA de dommages à la partie civile, la famille de Ndiaga Diouf, est désormais livré aux mains du chef de l’Etat, Macky Sall, et son ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, son ex-avocate dans cette affaire, désormais seuls habilités à décider de la nécessité ou non de lui laisser continuer ses mandats de député et de maire de Dakar.
Le député-maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, est dans la tourmente. La 1ère Chambre pénale de la Cour suprême qui statuait hier, vendredi 22 décembre, sur son pourvoi en cassation pour obtenir l’annulation de la confirmation de sa condamnation par la Cour d’appel de Dakar à deux ans de prison, dont six mois ferme dans l’affaire Ndiaga Diouf, un des nervis tué en 2011 lors de l’attaque de la mairie de Mermoz Sacré-cœur alors dirigé par Barthélémy Toye Dias, a tranché en sa défaveur. Présidée par le magistrat Abdourahmane Diouf qui avait comme conseillers : Seynabou Ndiaye, Malang Cissé, Mamadou Diouf, Amed Fall, Barou Diop, Latyr Niang et Fatou Faye Lecor Diop, la 1ère Chambre pénale a déclaré irrecevables tous les moyens soulevés par les avocats de la défense du député-maire de Dakar dont l’exception d’inconstitutionnalité, l’ultime conviction tout en le condamnant aux dépens. Il faut dire que ce verdict risque de ne pas arranger les choses pour le député-maire de Dakar.
Et pour cause, du fait du caractère non suspensif de cette décision, Barthélémy Toye Dias, est aujourd’hui exposé à toutes les pénalités retenues contre lui par le juge de la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Dakar. Autrement dit, les dommages et intérêts fixés à 25 millions de francs CFA qu’il a toujours juré de ne jamais payer à la partie civile, la famille de Ndiaga Diouf, lui seront désormais opposables. En effet, un juriste qui a requis l’anonymat, a précisé que cette décision de la 1er chambre criminelle de la Cour suprême est exécutoire et la partie civile, autrement dit la famille de feu Ndiaga Diouf, à partir du moment où l’arrêt est disponible, peut l’exécuter sur les intérêts civils en contraignant Barthélémy Dias.
Pour se faire, notre source souligne que la partie civile pourrait exploiter plusieurs voies dont les fonds de créances, hypothèques sur ses biens immobiliers pour recouvrer les 25 millions de francs CFA. A cela, il faut également ajouter les conséquences pénales de la condamnation de Dias à deux ans de prison, dont six mois ferme pour coup mortel sur ses mandats actuels de député à l’Assemblée nationale et de maire de Dakar.
En effet, l’article 51 du chapitre 13 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dispose : « Le député qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des députés de l’Assemblée nationale sur demande du ministre de la Justice ». Pour rappel, c’est cet article qui avait été visé en 2019 pour révoquer le mandat de député de son mentor, Khalifa Ababacar Sall, après la confirmation de sa condamnation par la Cour suprême. Outre le mandat de député, il y’a également un risque sur son poste de maire de Dakar. Car, nonobstant le fait que le délit de « coup mortel » objet de sa condamnation n’est pas visé par l'article 140 du Code général des collectivités territoriales portant sur des fautes énumérées pouvant entraîner une révocation d’un chef d’exécutif local, le risque n’est pas écarté.
En tout état de cause, le sort de Barthélémy Toye Dias est désormais entre les mains du président de la République et son ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, son ex-avocate dans cette affaire, lesquels devront apprécier de la nécessité de l’exécution ou non de cette condamnation définitive en prenant un décret de révocation ou la lettre de demande de sa radiation de la liste des députés de la 14e législature.