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5 mai 2025
MAME PENDA BA EN CONVERSATION AVEC FELWINE SARR
DU PROLONGEMENT DU POUVOIR ABSOLU AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Les institutions coercitives et idéologiques de la colonisation ont maintenu l'infériorité des colonisés et perduré au fil des générations, entravant les mouvements de décolonisation - Il est impératif de réformer ces institutions
Dans cet épisode de Chronique d’un Temps politique, engagée dans un dialogue avec l’écrivain et universitaire Felwine Sarr, la Professeure Ba explore l'histoire de l'État du Sénégal. Elle discute de la manière dont la communauté politique est organisée et fonctionne, tout en revenant sur l'histoire et la conception de l’État sénégalais, avec une attention particulière portée à ses origines coloniales.
La Professeure Mame Penda Ba, agrégée des facultés de droit et de sciences politiques, enseigne à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Elle occupe également le poste de directrice au laboratoire d’Analyse des Sociétés et Pouvoir Africain Diaspora, fondé en 2014. En plus de ses fonctions académiques, elle est rédactrice en chef de la Revue Globale Africa. Ses recherches se focalisent principalement sur la sociologie politique du religieux, les politiques publiques, et le genre.
Pouvoir tyrannique hérité de la colonisation
L'État, selon la Professeure Mame Penda Ba, n'est pas une entité statique ; il est en constante évolution et mondialisation, et son implantation et développement sont le fruit d'une longue histoire, particulièrement au Sénégal et en Afrique de l'Ouest. Elle insiste sur le fait que l'État doit être compris comme une structure dynamique et souligne que le moment colonial dans la construction de l'État sénégalais a été déterminant, un moment dont nous ne sommes pas totalement sortis.
À son avis, les principes, attributs et caractéristiques qui ont guidé la mise en place de cet État colonial persistent encore aujourd'hui. Pour comprendre l'État actuel, il est impératif de déconstruire et d'examiner en profondeur l'État colonial, qu'elle considère fascinant en tant qu'objet d'étude. Les sociologues, politologues et historiens institutionnels ont longtemps cru que l'État colonial était une structure inédite, ne correspondant ni aux métropoles ni aux colonies, et représentant une forme nouvelle et spécifique.
Cependant, des historiens montrent désormais une continuité significative entre l'État colonial et l'Ancien Régime français, voire européen. L'Ancien Régime, comme Mme Ba le note, était un modèle extrêmement hiérarchisé et violent, caractérisé par une élite dominante qui exerçait le pouvoir de manière seigneuriale, sans accorder de pouvoir ou de parole au tiers état. Elle trouve intéressant de noter que l'État colonial, en réalité, suit le modèle rejeté et renversé par les révolutions européennes, notamment la Révolution française.
Le modèle d'État de l'Ancien Régime, détruit dans les métropoles par les révolutions, a été transporté dans les colonies. Selon la Professeure Ba, il s'agit d'un modèle violent et hiérarchisé, où tous les pouvoirs étaient concentrés entre les mains du roi, dont l'autorité était incontestée et vue comme divine. De manière similaire, les administrateurs coloniaux détenaient tous les pouvoirs - judiciaires, exécutifs, législatifs - sans avoir de comptes à rendre, surtout pas aux sujets coloniaux. En fin de compte, Mme Ba conclut que notre histoire s'inscrit dans ce contexte et il est crucial de comprendre que l'État colonial était un État violent, tyrannique, injuste, et qui favorisait une petite élite au détriment de toutes les autres catégories sociales.
L’État colonial se prolonge après les indépendances
Dans sa conversation avec Felwine Sarr, la Professeure Ba souligne que les conséquences du type d'État hérité de la colonisation n'ont pas été pleinement explorées ou comprises. Selon elle, il est essentiel de nommer correctement les choses car cela représente non seulement un processus idéal mais également un processus politique. La professeure évoque que la terminologie utilisée pour parler des États, tels que les colonies, les fédérations, les associations ou les unions, ne reflète pas le fait qu'ils étaient en réalité des États d'Ancien Régime. À son avis, une révolution aurait été nécessaire pour véritablement se libérer de ce type d'État, une révolution similaire à celle qui a eu lieu en France.
Il aurait fallu, continue-t-elle, une philosophie de révolution, de refondation, et une nouvelle praxis pour démanteler complètement et remettre en question le modèle existant. Cependant, cette action n'a pas été entreprise. Les pères fondateurs de la nation ont probablement agi selon les moyens et le contexte de l'époque.
La professeure souligne que le modèle colonial était logique et efficace dans son action. Elle rappelle que le Sénégal avait des représentants à l'Assemblée nationale française dès 1848, ainsi que des écoles et d'autres institutions qui accompagnaient la soi-disant mission civilisatrice, mettant en avant les avantages de faire partie de cette civilisation.
Cependant, il est crucial de comprendre que le projet colonial était total et pernicieux, bien qu’intelligent dans son fonctionnement. La professeure cite des analystes marxistes qui ont démontré qu'il existe deux types d'actions et d'institutions dans toute colonisation : les institutions répressives, comme la police et l'armée, et les appareils idéologiques qui inculquent insidieusement aux colonisés leur infériorité naturelle et normale. Ces éléments idéologiques de la mission civilisatrice, après 350 ans de présence française au Sénégal, ont présenté le colonisateur comme un bienfaiteur, masquant et justifiant ainsi toute la violence physique et symbolique inhérente à la colonisation.
Au moment des indépendances, la population avait déjà subi divers degrés d'aliénation et de collaboration avec la métropole. Des relations profondément enracinées avaient été établies au fil des siècles, rendant difficile de rompre complètement avec un système si profondément ancré. Cela pourrait expliquer pourquoi, en particulier en Afrique francophone, l'option d'une décolonisation pacifique et négociée a été privilégiée plutôt que celle d'une révolution totale.
La séduction coloniale dans la postindépendance
La Professeure Ba fait remarquer que beaucoup des institutions postcoloniales sont issues, dans une large mesure, de la transposition et du mimétisme d'institutions qui ne sont pas nécessairement modernes. Elle insiste sur l'importance de comprendre cela.
Pour répondre à la question posée par Felwine Sarr sur la transformation des États, elle se réfère au travail de Frantz Fanon, qui propose une radicalité exigeante pour le colonisé qui aspire à l'émancipation. Il s'agit d'une nécessité impérative de conceptualiser vigoureusement et méticuleusement une contre-proposition à l'État colonial, un projet robuste et indépendant pour un nouvel État libre.
Elle souligne que cela implique de concevoir et de construire un nouveau projet de société, en prenant en compte divers aspects, tels que la paysannerie, la culture, l'éducation, etc. Parallèlement, elle mentionne d'autres penseurs, comme Cheikh Anta Diop, qui ont également formulé des propositions. Cependant, elle admet que ces idées sont difficiles à implémenter. La réalisation de ces propositions nécessite un courage politique considérable et une rupture significative avec la métropole.
La Professeure Ba note que les états et institutions sont composés d'individus qui ont leurs propres intérêts et qui ont établi des relations et formes de complicité qui rendent difficile la transition vers une posture plus radicale. Elle souligne également le coût élevé payé par ceux qui ont choisi de rejeter le modèle colonial, en citant des exemples comme la Guinée, Lumumba au Congo, ou encore l'UPC au Cameroun, où les enjeux sont littéralement des questions de vie ou de mort.
Elle suggère que le choix de nombreux pays postcoloniaux d’opter pour l'accommodation plutôt que la révolution a été motivé en partie par la rationalité de l'époque. Cependant, elle reconnaît que le coût de ce choix est toujours payé actuellement. Elle insinue qu'à l'époque, il pourrait y avoir eu des justifications rationnelles à opter pour un modèle d'accommodation plutôt que de poursuivre la révolution et la radicalité.
Un État volontariste pendant une courte période
La Professeure Ba analyse la période des années 1960 et 1970, jusqu'à la première crise pétrolière. Elle note qu’après le départ des administrateurs coloniaux, ces derniers furent remplacés par des administrateurs locaux. Cela évoque, selon elle, une observation de Frantz Fanon, selon laquelle le rêve des individus noirs aurait été de prendre la place de l’homme blanc et de coucher avec la femme blanche. Bien que ce point demeure largement inexploré, elle reconnaît que la première décennie postcoloniale était caractérisée par des ambitions développementalistes.
Dans cette phase, les États nouvellement indépendants étaient engagés dans la construction nationale, mettant en œuvre des projets de développement tels que la construction d'écoles, de routes, le développement économique, l'établissement de bureaucraties fonctionnelles et la fondation des premières universités. Il y avait un dynamisme et des projets politiques sérieux en cours, comme en témoignent des initiatives telles que le "socialisme singulier". Avec le soutien de la communauté internationale et l'accès à des ressources financières et à des prêts, ces États avaient l’ambition et l'envie de réaliser des changements significatifs.
Cependant, la Professeure Ba signale que cette période de volontarisme étatique et de petits épisodes démocratiques fut brève. Elle mentionne que ces moments d'optimisme et d'effervescence ont été suivis d'une fermeture rapide du champ civique et d'un glissement vers des régimes à parti unique.
Malgré tout, elle souligne qu'il y avait une sorte de quasi-État providence en place à cette époque, avec des programmes visant à démocratiser l'éducation et à fournir un accès ouvert et gratuit à la santé. Des initiatives comme la mise en place progressive de la sécurité sociale, des efforts pour promouvoir l'éducation, la médicalisation par l'État, et des tentatives d'industrialisation étaient manifestes.
Cette période d'effervescence a été interrompue assez rapidement, mentionnant également que l'agriculture avait été subventionnée au début, soulignant ainsi les tentatives diverses et complexes d'établissement et de développement dans les nouveaux États postcoloniaux.
De l’impossible État-nation postcolonial
La Professeure Ba identifie ce qu'elle considère comme des erreurs historiques commises par les dirigeants africains. Elle explique qu'ils ont adopté le modèle de l'État-nation, un produit d'un processus historique long et complexe en Europe, comme si c'était un modèle naturel et facilement transposable en Afrique. Ce modèle européen a émergé à la suite de guerres prolongées et violentes, tant externes qu'internes, et un processus d'homogénéisation autour de la langue et de la culture quotidienne qui a pris des siècles.
Selon la Professeure Ba, les dirigeants africains ont tenté d'implanter ce modèle d'État-nation en une ou deux décennies dans des régions extrêmement diverses et plurielles en termes de culture et de communauté. Ce faisant, ils ont tenté d'effacer ces différences pour construire des identités nationales unifiées, telles que le citoyen ivoirien, sénégalais, béninois, ou camerounais, sans reconnaître la diversité inhérente à ces territoires.
Selon elle, il aurait été plus approprié de conceptualiser ces États comme multinationaux et de réfléchir à la cohabitation au sein de cette diversité. Elle note que les processus d'homogénéisation entraînent inévitablement des perdants et des gagnants, et que les perdants finissent par exprimer leurs revendications, parfois de manière brutale. Elle cite des exemples comme le Nord du Mali et le Sud du Sénégal, où les conflits, enracinés dans ces dynamiques, ont persisté pendant des années.
En parlant de la devise du Sénégal, "Un peuple, un but, une foi", la Professeure Ba se demande quel peuple est représenté, qui a défini ce "but", et qui a été inclus dans ces conversations fondatrices. Elle souligne que les nations sont des communautés imaginées, souvent conceptualisées par les élites sans la participation active des peuples, sauf peut-être après des crises, des révolutions ou des moments de refondation.
Selon elle, une perspective à court terme et une focalisation sur l'immédiat nous empêchent de comprendre la puissance des dynamiques à long terme. La Professeure Ba conclut en observant que les changements significatifs en Afrique ne résultent pas nécessairement des actions des gouvernants ou du contexte international, mais sont souvent impulsés par les citoyens et les sociétés. Ces derniers, affirme-t-elle, influencent de plus en plus les gouvernements, que ce soit au niveau local ou national, reflétant ainsi le dynamisme et la complexité des sociétés africaines contemporaines.
Les rapports entre pouvoir et société
La Professeure Ba aborde l'inadéquation persistante de la forme étatique, faisant référence aux erreurs historiques qu'elle a mentionnées précédemment. Selon elle, bien que l'État colonial ait dévalué et écarté certaines institutions traditionnelles et zones de pouvoir significatives, ces entités n'ont pas disparu ; elles ont plutôt opéré en arrière-plan. Ces structures continuent d'influencer la société, en dépit des tentatives de l'État colonial de les rendre invisibles et sans pouvoir.
Le cas du Sénégal est particulièrement révélateur à cet égard. En dépit de la puissance militaire et idéologique de l'État colonial, ce dernier finit par rencontrer une résistance, illustrée par une société qui devient silencieuse, refuse de communiquer, de partager et de respecter les ordres, sauf sous la contrainte extrême, comme l'emprisonnement ou la violence physique. Dans ce contexte, l'administration coloniale se retrouve contrainte de faire appel aux autorités traditionnelles qu'elle avait initialement dévalorisées et délégitimées, pour servir de médiateurs.
Ces pouvoirs intermédiaires jouent un rôle crucial, offrant du sens et facilitant la cohésion au sein de sociétés diverses. Au Sénégal, cela explique pourquoi le pouvoir religieux a acquis une importance considérable, surtout pendant les deux guerres mondiales. Par exemple, des révoltes ont éclaté en Casamance lorsqu'on a exigé des paysans qu'ils cèdent leur récolte de riz, déclenchant des mouvements comme celui d’Aline Sitoe Diatta.
La Professeure Ba illustre également comment, dans la région du Bassin arachidier, la colonisation a réussi à imposer une monoculture de l'arachide, souvent par la médiation des chefs religieux et traditionnels. Ces derniers, dans le processus d'accommodation réciproque, ont joué un rôle crucial dans le renforcement spirituel, moral et idéologique de leurs communautés face à la domination coloniale.
Elle conclut en soulignant comment, dans ce contexte, la diffusion de l'islam et des confréries islamiques au Sénégal a été particulièrement notable durant la période coloniale, utilisant la "paix coloniale" pour étendre leur influence. Cette période a également été témoin d'un effort concerté pour préserver l'identité, l'histoire, la langue, et d'autres aspects culturels des communautés, malgré les pressions économiques et politiques de la colonisation.
Le pouvoir religieux confrérique comme co-production coloniale
Dans ce passage, la Professeure Ba continue d'analyser la complexité des dynamiques coloniales au Sénégal, en soulignant le processus de coproduction qui a façonné le modèle étatique du pays depuis environ 1856. Elle argumente que cet état, tel que nous le connaissons aujourd'hui, résulte d'une collaboration et d'une négociation entre les autorités coloniales et les autorités religieuses locales.
Selon la Professeure Ba, l'État colonial, en l'absence d'autorités politiques locales légitimes, s'appuie sur les autorités religieuses comme substituts pour exercer son pouvoir. Ces autorités religieuses, tout en étant instrumentalisées par les colonisateurs, trouvent également des opportunités dans cette relation.
Elles utilisent la « paix coloniale », une période où les conflits internes entre royaumes locaux sont réduits, pour diffuser leur influence religieuse et résister à l'intérieur du système colonial.
Elle explique que le modèle colonial, tout en étant initialement étranger et imposé, commence à faire sens et à être intégré dans la société locale grâce à l'engagement et à la participation de groupes tels que les confréries religieuses. Ces groupes, tout en facilitant le fonctionnement de l'État colonial, s'approprient et adaptent les structures et les processus de cet État pour répondre à leurs propres objectifs et visions.
La Professeure Ba insiste sur le fait qu'il est crucial de comprendre la dimension économique de ces dynamiques. Dans le contexte colonial, les intérêts économiques sont prédominants, et les autorités religieuses locales comprennent et naviguent habilement dans ces eaux, collaborant avec l'État colonial lorsque cela sert leurs intérêts.
En conséquence, le modèle colonial sénégalais évolue et se transforme progressivement en une entité qui fait sens pour ceux qui y vivent, en intégrant des éléments appropriés et modifiés du colonialisme avec les visions et objectifs des communautés locales.
Pour une théorie de la refondation institutionnelle
Dans ce segment, la Professeure Ba souligne l'importance de la réflexion et de la théorisation autour de la notion de "refondation" à un moment critique de l'histoire : les indépendances. Elle suggère qu'il est nécessaire d'examiner et de penser profondément à la crise que représentait le moment colonial, qui était une période à la fois profonde, nouvelle et radicale. Elle exprime le besoin d’une réévaluation intellectuelle et théorique profonde sur l'état post-colonial et la refondation de la société après la domination coloniale.
Elle mentionne que le colonialisme a surpris, dominé et humilié les populations locales, et insiste sur l'importance de lire et d'engager un dialogue avec les travaux d'intellectuels africains significatifs tels que Fabien Eboussi Boulaga, Cheikh Anta Diop, Mamadou Dia, et Senghor. Selon elle, il est crucial de se familiariser avec leurs réflexions et visions, car elles offrent des perspectives diverses et profondes sur la situation politique, le panafricanisme, et l'avenir du continent.
En considérant que "mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde", elle souligne l'importance cruciale de nommer et d'identifier correctement les crises et les défis auxquels les sociétés africaines sont confrontées, car cela est fondamental pour comprendre, centrer et répondre adéquatement à ces problèmes. La Professeure Ba appelle à une réflexion profonde et à ne pas répéter les erreurs du passé, invitant à une réflexion collective et critique sur la situation actuelle et sur les voies possibles de refondation et de reconstruction.
L’urgence de la refondation
La professeure Mame Penda Ba articule clairement que l'importance de réfléchir aux réformes et transformations nécessaires dans les États africains est cruciale. Selon elle, il est indispensable d'aborder ces réformes avec un profond sens de refondation et d’innovation, tout en évitant de reproduire les erreurs passées. Elle mentionne les Assises nationales du Sénégal, ayant eu lieu entre 2008 et 2010, comme un moment significatif et inspirant pour le continent.
Madame Ba souligne que ce processus inclusif de consultation populaire sur la Constitution du pays est un exemple lumineux de démarche démocratique ouverte et participative. Elle met en relief que tous les citoyens étaient sollicités à réfléchir et s'exprimer sur le projet commun de la société, indépendamment de leur âge.
La professeure Ba indique que l'initiative visait à créer un dialogue national autour de la notion de « bien-vivre » ou de « décence », qui transcende les cadres institutionnels et politiques pour englober l'ensemble de la société, les interactions humaines, et même les relations internationales.
La notion de "bien-vivre" ou de "décence" doit être, d’après elle, le phare guidant la réflexion sur les institutions politiques et sociales. Cela signifie repenser non seulement qui doit gouverner, mais également la manière de gouverner. Mame Penda Ba insiste sur le fait qu'il faut adopter une approche qui dépasse la simple démocratie électorale et procédurière pour envisager les finalités qui se cachent derrière ces procédures.
Elle plaide également en faveur d'une participation plus large et plus équitable dans le discours public. Pour Madame Ba, il est essentiel d'inclure les voix souvent marginalisées, comme celles des femmes, des jeunes filles, des marchands ambulants, des personnes handicapées et des populations rurales. La professeure encourage vivement à tirer des leçons des expériences passées et à valoriser ces enseignements dans le processus de refondation et de réforme. Elle souligne l'importance de ne pas toujours chercher à innover ou découvrir, mais plutôt à apprendre de ce qui a déjà été expérimenté et mis en œuvre.
En résumé sur cette question, les propos de la professeure Mame Penda Ba appellent à une réflexion profonde et inclusive sur la refondation et la réforme des États africains, en mettant l'accent sur les leçons apprises du passé et en intégrant activement les voix des groupes souvent exclus du discours public.
Capitaliser sur les Assises nationales
Selon la professeure Mame Penda Ba, les Assises nationales du Sénégal et le travail de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) représentent une avancée significative, bien que non exemptes de critiques. Elle les perçoit comme une amélioration notable par rapport aux anciennes méthodes de rédaction et de mise en œuvre des textes législatifs.
Madame Ba met en avant la nécessité d'affiner, de prendre soin et de renforcer ces processus et contenus, soulignant qu'il y a des éléments importants dans le contenu même si des améliorations sont nécessaires.
Elle regrette notamment que la voix des femmes n'ait pas été suffisamment entendue, et d’autres groupes ont également été négligés dans ces discussions, selon elle. La professeure Ba souligne qu'un élément crucial a été mis sur la table, mais déplore que l'ensemble de la classe politique sénégalaise, indépendamment de son affiliation, ait montré une incapacité à réaliser pleinement les promesses énoncées pendant cette période.
Elle exprime également son inquiétude quant à la perte de l'espoir vital qui s'est manifesté lorsque certains leaders politiques, comme les présidents ivoirien et guinéen, ont décidé de se représenter. Selon elle, ces actes retirent à leurs citoyens, et plus largement à leurs pays, l'espoir d'un avenir meilleur, quelque chose qu'elle considère comme inexcusable. L'érosion de cet espoir, selon Madame Ba, constitue une violation profonde et dévastatrice.
Est également évoqué la frustration et le désespoir palpable chez les jeunes, particulièrement lors des manifestations. Elle interprète cette colère et ce désespoir comme une réaction à la perte de l'espoir et à un sentiment de stagnation, où les jeunes ont l'impression d'être retenus par des combats qui ne sont pas les leurs. Elle souligne que les véritables batailles à mener concernent l'amélioration de la qualité de vie, la participation active des voix africaines dans les débats internationaux, et la réflexion sur les systèmes de santé, d'éducation, et sur le type de société que les citoyens souhaitent construire.
Selon Madame Ba, le débat institutionnel actuel empêche d'avoir des discussions profondes et significatives sur des questions sociales vitales comme l'éducation, la santé, l'économie, la coexistence pacifique et la prospérité partagée. Elle exprime le sentiment d'un retour en arrière et d'une stagnation qui, à son avis, entrave le progrès et crée un vide dans lequel les citoyens se sentent coincés. La professeure perçoit dans la colère des jeunes une volonté fervente de rompre avec cette stagnation, manifestant un désir profond de mouvement, d'action et de dynamisme.
Une crise porteuse d’opportunités
La professeure Mame Penda Ba suggère qu'il est crucial d'envisager les situations actuelles dans une perspective dynamique. Elle est en accord avec le Professeur Felwine Sarr qui exprime l'idée que, bien que nous puissions avoir l'impression de stagner, il se pourrait que nous soyons à la fin d'un cycle, avec une crise indiquant un possible renouveau démocratique à venir.
Selon elle, les demandes démocratiques actuelles sont bien plus fortes qu'elles ne l'étaient il y a 10 ou 12 ans. Mme Ba partage la perspective que de nouveaux types de citoyens sénégalais émergent, avec des exigences et une volonté de changement plus prononcées. Elle estime que les sociétés sont en avance sur les États, les gouvernements, les élites, ainsi que sur les universitaires et chercheurs.
À Felwine Sarr qui critique la tendance de certains universitaires à se considérer déconnectés de la société, alors qu’ils font intégralement partie d'une société intégrée, parlant les langues nationales et étant en phase avec les problèmes rencontrés par les Sénégalais, Mame Penda Ba réagit en exprimant son aspiration à une sociologie approfondie des jeunes, observant un manque de recherches détaillées sur les jeunes et sur des sujets comme la magistrature au cours des 25 dernières années. Elle souligne le besoin de travaux sociologiques et anthropologiques qui explorent en profondeur la Justice, les magistrats et les juges au Sénégal, ainsi que leur formation, socialisation, cooptation et intégration dans la société.
Enfin, la professeure Ba et l’économiste Sarr s’accordent sur le besoin de théories politiques, d'épistémologies et de philosophies politiques nouvelles. Ils appellent à la production et à la mise à disposition de nouvelles formes de connaissances pour le corps social, afin de permettre une refonte et une reconsidération de la situation actuelle, suggérant que le domaine politique a aussi un rôle crucial à jouer dans cette période de refondation.
Comment la junte au Niger a-t-elle dribblé tout le monde pour se rendre sympathique ? La CEDEAO est-elle une organisation inutile et à la botte des Occidentaux? N'est-elle pas dans son rôle contre tous? Quels sont ses hauts faits depuis sa naissance ?
Tirant vraisemblablement des leçons des situations malienne, burkinabé et guinéenne, Aux premières heures du coup d'État, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a brandi rapidement la menace d'une intervention sur le Niger, afin de rétablir le président déchu Mohamed Bazoum Mais cette menace n'a pas ému le moindre du monde, les miliaires qui se sont emparés du pouvoir à Niamey.
En revanche, le Général Tchiani et ses camarades se sont renforcés en dribblant la CEDEAO et en jouant sur l'autodétermination du Niger, exigeant notamment le départ de l'armée française du pays.
Ce faisant, ils ont réussi assez rapidement à mobiliser les Nigériens autour de leur pouvoir contre la CEDEAO qui prétend intervenir pour réinstaller Bazoum et contre la France, déjà chassée du Burkina et du Mali et qui semble abois et presque sans perspectives sur le continent.
Mais en vérité, la CEDEAO n'est-elle pas dans son rôle contre tous ses détracteurs ? Est-elle une organisation inutile et à la solde l'Élysée et Cie comme beaucoup d'Africains le pensent ?
Comment la junte nigérienne a-t-elle dribblé tout le monde pour se rendre sympathique aux yeux des Nigériens ? Après le départ de la France, Bazoum peut-il continué à être gardé en résidence surveillée par la junte ?
Dans cet entretien, le politologue Serigne-Bamba Gaye nous fait le décryptage sur AfricaGlobe Tv.
par Cheikh Omar Diallo
QUAND LE SÉNÉGAL S’ÉVEILLERA AVEC GUY MARIUS-SONKO
Tout concorde entre "Ousmane Sagna et Guy Marius-Sonko". Ce duo incarne une certaine forme d’espoir et de renouveau politique. Guy Marius-Sonko, ce bon faiseur de roi, pourrait posséder les clés du second tour
Guy Marius Sagna, 43 ans, activiste, député et travailleur social, candidat à la présidentielle, incarne incontestablement le reflet d'Ousmane Sonko. Il pourrait être la révélation et l'attraction de la campagne électorale de 2024 et il risquerait de porter malheur à ceux qui le sous-estimeraient.
L'avenir politique se dessine quelquefois dans les similitudes et les différences entre deux âmes complémentaires. Dans quelques semaines, Guy Marius Sagna pourrait bien se transformer en Guy Marius-Sonko. Ce trait entre les deux patronymes symbolise parfaitement l'union de deux fortes personnalités qui se complètent à tous égards. Leur identité de vue, leurs origines, leurs parcours, leur licenciement de la fonction publique, leur statut de député, et même leur première participation à la présidentielle.
Tout concorde entre "Ousmane Sagna et Guy Marius-Sonko".
Cette convergence de caractéristiques est une force qui pourrait bouleverser le paysage politique et électoral, dans la mesure où ce duo incarne une certaine forme d’espoir et de renouveau politique.
Sur une terrasse surplombant l'océan Atlantique, lors d'un week-end paisible, tandis que je peaufinais mon dernier ouvrage positionné dans les librairies, ce lundi 9 octobre, le hasard m'a fait croiser le légendaire El Hadj Diouf, l'ancien international qui avait fait rêver tout un peuple lors de la Coupe du monde 2002. Notre conversation s'est naturellement tournée vers l'élection présidentielle de 2024, un sujet brûlant d'actualité.
Au milieu des 200 candidats en lice, El Hadj Diouf m'a pris à part pour me faire une prédiction audacieuse. Selon lui, son candidat l'emporterait dès le premier tour. J'ai répliqué en affirmant que même si Macky Sall se lançait à nouveau dans la campagne, il serait difficile pour lui de gagner dès le premier tour. Cela signifierait que son candidat devrait conquérir toutes les grandes villes à fort potentiel électoral, de Dakar à Thiès, en passant par Mbour, Diourbel, Mbacké, Touba, Saint-Louis, Kaolack, Kolda, Ziguinchor, et bien d'autres encore. Puis dans une lecture latérale, je lui demandais de prêter attention au député Guy Marius Sagna, le parfait doublon d’Ousmane Sonko… Il m’a ri au nez. J’en ai souri.
Mais au-delà de cette conversation anodine, il faut dire que depuis la mise en quarantaine de Sonko, Sagna se démarque du lot. Cet improvisateur téméraire et parfois maladroit, ce débatteur brutal et puissant tire le maximum de son charisme physique. Immense acharné du travail, GMS n’est pas devenu cet animal de scène, cette bête vivante de l’hémicycle en dormant sur ses lauriers.
Sa réputation repose sur un engagement indéfectible dans la lutte contre l'injustice, une quête qui le pousse à persévérer, peu importe, les obstacles qui se dressent devant lui. La cinquantaine de fois où il a été arrêté et emprisonné atteste de sa détermination à dénoncer toute forme d'injustice. Bien qu'il puisse susciter des opinions tranchées, il est essentiel de regarder au-delà des apparences pour comprendre le show Sagna, ce "guerrier" moderne, dont la force d'âme égale celle de ses muscles.
Guy Marius Sagna n'est pas un acteur politique préfabriqué, mais plutôt un individu façonné par une histoire et une éducation politique profonde. Il a puisé dans les enseignements des grandes figures politiques telles que : Lénine, Mao, Trotski, Brejnev, Confucius, Tito, Gandhi, Majmouth Diop, Cheikh Anta Diop, et bien d'autres encore. Son environnement familial et éducatif l'a exposé très tôt à des idées et des idéaux révolutionnaires.
Son parcours à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), où il a brièvement étudié à la faculté de droit et des sciences juridiques, lui a offert une diversité de perspectives politiques. Sa chambre d'étudiant était devenue un lieu de débats intellectuels animés, décorée de posters de Lénine et de Karl Marx. Lieu de rendez- vous pour des discussions intenses sur la révolution et les mouvements politiques.
De plus, Guy Marius-Sonko est diplômé de l'École Nationale de Développement Sanitaire et Social (ENDSS). Tout au long de sa vie, ce travailleur social a milité pour de nombreuses causes sociales et politiques, notamment en tant que membre actif du Rassemblement des travailleurs africains/Sénégal (RtaS). En tant que rédacteur en chef du journal de gauche de ce mouvement, il a contribué à écrire des articles éclairés sur des sujets liés au Sénégal, à l'Afrique et au tiers-monde en général.
Guy Marius-Sonko pittoresque, imprévisible, menaçant, gouailleur, souffle alternativement le chaud et le show. Irrésistiblement, il en est venu à incarner la lutte intransigeante pour les idéaux nobles : la cause des travailleurs, des démunis et des faibles. Bien qu'il puisse être critiqué pour ses positions, il demeure fidèle à ses convictions et refuse de se compromettre. Son rejet de l'endoctrinement et sa détermination à rester un défenseur intransigeant de ses convictions font de lui une figure polarisante, mais indéniablement authentique.
Alors qu'il se présente à la présidentielle, il appartient désormais à la jeunesse de décider si elle est prête à soutenir au nom et pour le compte d'Ousmane Sonko, cet homme qui sait parler peuple au peuple. Il pourrait être le seul, à côté du grand favori Amadou Ba à compter des représentants dans tous les 16 000 bureaux de vote au Sénégal et dans les 750 à l’étranger, grâce à la machine d’Ousmane Sonko. C’est là la principale unité de mesure de la représentativité électorale d’un candidat sérieux.
Qu'il soit aimé ou détesté, Guy Marius-Sonko occupe désormais une place centrale dans l'arène politique.
Quoi qu'il en soit, Guy Marius-Sonko est un homme de rupture et de fracas prêt à affronter les défis qui se dressent sur son chemin avec une détermination inébranlable.
C'est pourquoi il pourrait être la révélation de février 2024.
Les chances de GMS d'être dans le trio de tête
Outre le fait que 13 députés vont le parrainer les yeux fermés, sa candidature à la présidentielle est une certitude quasi-mathématique. Ouvrons à présent, le chapitre de ses chances.
Soutien d'Ousmane Sonko : En tant que parfait doublon du chef de file de l'opposition sénégalaise, Guy Marius-Sonko bénéficiera de toute évidence de l'appui considérable du maire de Ziguinchor et de son aura politique nationale et internationale. Le soutien de Sonko depuis la prison peut élargir son électorat.
Réputation de défenseur des sans dents : Guy Marius Sagna a acquis une solide réputation en tant que défenseur des opprimés, des pauvres et des faibles. Cet atout pourrait attirer les électeurs qui cherchent un candidat engagé et déterminé.
Détermination inébranlable : Son historique d'arrestations et de lutte indique une détermination inébranlable à poursuivre ses convictions. Son discours de rupture pourrait inspirer les jeunes électeurs et renforcer sa crédibilité en tant que candidat.
Alignement sur la même ligne d’attaque : En adoptant les valeurs, les principes et les convictions politiques de Sonko, Guy Marius [ayant déjà montré qu'il pouvait donner sa vie pour son mentor] captera des centaines de milliers d'électeurs en tant que candidat de substitution. Et le leader de l’ex-Pastef sera pour les besoins de la cause, son directeur de campagne depuis la prison, au même titre que Macky Sall le deviendra pour Amadou Ba. « Le mortal kombat » entre les deux mastodontes continuera de plus belle.
Audience internationale : Ousmane Sonko est déjà une figure populaire adulée dans la diaspora et connue à l'échelle internationale, en raison de son « souverainisme social » et de la lutte anti-impérialiste. Dans le même sillage, le polyglotte Guy Marius-Sonko qui parle couramment anglais, français, diola, ouolof et créole, pourrait facilement capter l'attention des médias internationaux et des sympathisants de la diaspora sénégalaise. Il est en tournée internationale en France, en Italie, en Espagne et bientôt aux Etats-Unis.
Thèmes de campagne : En tirant le plein bénéfice de la dénomination de sa coalition « Guy-Sonko 2024 », [voir article L.123 du code électoral] et en prenant le contrôle des thèmes incitatifs tels que la lutte pour la libération de Sonko, la défense des intérêts nationaux, la lutte contre la corruption, la justice sociale, la souveraineté nationale et l’anti-impéralisme, Guy Marius-Sonko pourrait susciter un soutien populaire inattendu.
En résumé, sauf tremblement de terre dans le « Sonkoland », Guy Marius-Sonko, ce bon faiseur de Roi, pourrait posséder les clés du second tour.
Cheikh Omar Diallo est Docteur en Sciences juridiques et politiques.
par Abdoulaye Bamba Diallo
L'ELDORADO OU L'ESCLAVAGE
Avez-vous remarqué que si les enseignants ont toujours des choses à dire sur la démocratie et les libertés dans le pays, peu d’entre eux ne nous proposent des ouvrages didactiques ou pédagogiques à destination de nos élèves ?
Le Sénégal est un pays merveilleux, unique au Monde quelquefois, car étant le seul où détails et accessoires prennent souvent le dessus sur l’essentiel. Ainsi, les potaches ont-ils repris le chemin de l’école tandis que les politiciens professionnels, eux, les routes sinueuses des élections.
S’il est comptabilisé, déjà, plus d’une centaine de candidatures à la candidature pour la présidentielle de Février 2024, la rentrée des classes s’est-elle effectuée avec des écoles insalubres encore sous les eaux du fait de inondations et d’une végétation sauvage sans compter les abris provisoires qui, eux, souffrent d’un déficit de tables-blancs, de tableaux et même d’enseignants. Et cela ne semble interpeller personne ni choquer grand monde à l’heure où ailleurs sur la planète, on investit dans les nouvelles technologies de l’information avec une optimisation des possibilités qu’offre l’Internet et l’intelligence artificielle afin de mettre à niveau le système éducatif et obtenir ainsi des gains dans l’acquisition de connaissance, meilleur atout pour être compétitif dans l’économie de l’intelligence qui fonde la nouvelle richesse des nations comme l’a, déjà, dit Adam Smith.
Le paradoxe sénégalais étant que la faune politique qui a accaparé les destinées du pays est constituée dans une très grande proportion d’enseignants qui ont des leçons à donner sur la gestion des affaires de la cité et des politiques publiques mais jamais ne formulent des propositions sur les réformes à mener pour faire de l’école sénégalaise une école adaptée aux exigences de son époque.
Tenez, avez-vous remarqué que si les enseignants (et surtout leurs syndicalistes) ont toujours des choses à dire sur la démocratie et les libertés dans le pays, peu d’entre eux sinon personne parmi eux ne nous proposent des ouvrages didactiques ou pédagogiques à destination de nos élèves dont tout le monde s’accorde à reconnaître la baisse de leur niveau.
Le cimetière de l’Atlantique
Les Sénégalais sont ingénieux et dégourdis, c’est connu. Mais tout de même, il fallait une certaine perspicacité pour savoir que des conventions diplomatiques de libre circulation des personnes existent entre le Sénégal et le Nicaragua. Les nouvelles routes du Mbeuk-mi qui poussent notre jeunesse à aller à la recherche d’un eldorado au prix de leur vie viennent, ainsi, de remettre au goût du jour les routes du commerce triangulaire de la Traite Négrière. Traverser l’Atlantique par les airs pour essayer de rentrer aux Etats-Unis par la terre en passant par le Nicaragua et le Mexique n’est-ce pas un remake de la tragédie des Nègres marron cherchant la liberté à tout prix au point de subir les pires châtiments des esclavagistes et les conditions de vie les plus éprouvantes en cherchant liberté et refuge dans les îles volcaniques des Caraïbes ou dans les jungles meurtrières d’Amérique centrale et du Sud. Cette nouvelle route des Amériques qu’emprunte notre jeunesse n’est-elle pas un remake des routes de l’esclavage qui contribuent, ainsi et encore, à faire du Nègre le seul damné de la terre trois siècle après le début de la traite négrière et moins d’un siècle après la fin de l’esclavage.
Politiciens comme intellectuels, artistes comme membres de la Société civile regardent cette tragédie d’une jeunesse en quête de mieux-être qui a choisi de faire de l’Atlantique un cimetière comme une chose toute banale plutôt que de rester sur la terre de leurs ancêtres où l’espoir n’existe plus. Jusqu’où allons-nous continuer à nous vautrer dans la démission et la fuite en avant ? L’Afrique est malade des Africains.
La cour des miracles
Certes, le ridicule ne tue pas, aujourd’hui, dans notre pays mais la vanité, elle, est en passe de devenir la chose la mieux partagée par tous, partout et pour tout. N’est-ce pas un Général européen qui disait que l’ambition n’est pas un crime mais ne pas avoir les moyens de son ambition peut être un grand danger pour ceux sur qui cette ambition veut ou doit s’exprimer.
Il faut dire que ce crime tel que défini par ce vaillant défenseur du leadership est inconnu pour la classe politique sénégalaise. Chez nous n’importe quel quidam se croit autoriser à toutes les audaces et outrances sans retenue au point de valser entre le risible et le ridicule car usant de la transhumance et de la volteface au gré des situations et des conjonctures afin obtenir des sinécures. Le Sénégal, un pays de 201.000 Km2 avec 17 millions d’habitants, affiche plus de 400 partis politiques reconnus, une centaine de syndicats, une dizaine de centrales syndicales, une Assemblée nationale, un Haut Conseil, un Conseil économique et social, trois chambres accueillant chacune plus de 150 personnes formant ainsi une caste politique entretenue grassement. Excusez du peu, il faudra y ajouter, dorénavant, une centaine de candidatures à la candidature suprême.
Si la Démocratie n’a pas de prix, elle a tout de même un coût. Et au Sénégal, la politique me paraît être d’un coût prohibitif et exorbitant par rapport aux moyens du pays, aux capacités de l’Etat et aux besoins et attentes des populations. Les affaires politiques entraînent énormément de dépenses, perturbent en permanence la vie sociale car l’activisme politique a lieu toute l’année même en dehors des périodes d’élection. Il faudra bien un jour procéder à l’évaluation de ce nous coûte la politique et examiner avec précision ce qu’elle nous rapporte.
Néanmoins, on peut être d’accord sur le fait que l’économie nationale paie un énorme tribut de l’overdose de l’activité politique. Pour février 2024, près de deux cent prétendants au pouvoir suprême mais, pourtant, peu parmi eux peuvent se prévaloir d’avoir initié ou réussi une activité qui a été d’une utilité quelconque pour la communauté. Bien au contraire, on peut observer au sein de cette pléthore de candidats de nombreux hauts fonctionnaires et agents de l’Etat qui affichent des fortunes colossales et des moyens extraordinaires. De véritables nouveaux riches avec des comportements les plus ostentatoires faisant de certains d’entre eux des « jet-setteurs », coqueluches des musiciens en vogue et des animateurs des médias électroniques.
Le nombre de fonctionnaires appartenant aux régies financières de l’Etat (Trésor public, Impôts et Domaines, Douanes) affichant un train de vie de milliardaires est un fait notable à relever. Depuis l’alternance de 2000, force est de constater que la Fonction publique sénégalaise génère plus de nouveaux riches que le secteur privé national.
Présidents non grata
Sarkozy en France, Trump aux Etats-Unis, deux anciens présidents encore au pouvoir, il y a peu, font face à la justice de leur pays tout comme Daddis Camara vit pareille situation en Guinée depuis l’année dernière. Aly Bongo au Gabon et Mohamed Bazoum au Niger sont ou en résidence surveillée ou pris en otage comme Kaboré au Burkina et son tombeur Damiba est, lui, exilé de force au Togo. L’après pouvoir présidentiel paraît être une vie peu paisible. Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie doit méditer sur cela tout comme Uhuru Kenyatta qui a eu le malheur d’adouber comme dauphin et successeur celui que William Ruto a battu, lui aussi, vit les mêmes affres. Alors une question se pose : être un ancien président en vie est-il un risque ?
LA CURE DE JOUVENCE
D’Anta Babacar Ngom à Amadou Ba, en passant par Sonko, Karim, Pape Djibril Fall, Abdourahmane Diouf, Déthié Fall, Bougane Guèye Dani et Malick Gakou, la prochaine présidentielle s’annonce encore plus jeune et moins politicienne
D’Anta Babacar Ngom à Amadou Ba, en passant par Ousmane Sonko, Karim Wade, Pape Djibril Fall, Abdourahmane Diouf, Déthié Fall, Bougane Guèye Dani et Malick Gakou, entre autres candidats à la candidature, la prochaine présidentielle s’annonce encore plus jeune, moins politicienne, avec de nouvelles offres politiques. À côté de ces jeunes loups aux dents longues, il faudra également compter sur de vieux-jeunes comme Khalifa Ababacar Sall et Idrissa Seck. Tous, sauf l’ancien maire de Thiès qui en est à sa 4e tentative, seront candidats pour la première fois, s’ils arrivent à passer le cap des parrainages.
Nous sommes loin de l’époque où l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, répondait à ses détracteurs qu’il est prêt à aller à la retraite, mais avec Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily. En d’autres termes, cette classe d’hommes politiques qui étaient encore là avec lui sous le règne du président-poète Léopold Sédar Senghor. Cette ambition, Wade l’avait réitérée plusieurs fois avant et après la Présidentielle de 2012.
Plus de dix ans plus tard, on peut dire, sans risque de se tromper, que son rêve est en passe de devenir réalité. Des dinosaures de l’ère senghorienne, il ne reste, parmi les candidats sérieux, que Khalifa Ababacar Sall, qui va briguer le suffrage des Sénégalais le 25 février 2024. Tous les autres ont été envoyés à la retraite non pas par Wade comme il l’avait souhaité, mais plus par Macky Sall, avec notamment sa fameuse loi fixant l’âge plafond pour être candidat à la Présidentielle.
Cette réforme, adoptée à travers le référendum de 2016, a définitivement mis un terme au rêve présidentiel de Moustapha Niasse et de tant d’autres. Pour refuser d’être ensevelis avec les rêves de leurs mentors, de jeunes ambitieux ont émergé aussi bien du Parti socialiste que de l’Alliance des forces de progrès. Parmi eux, on peut citer Khalifa Ababacar Sall pour le PS, mais aussi Alioune Sarr pour l’AFP. Tous deux ont dû réaliser des parricides pour voler de leurs propres ailes. La Présidentielle 2024 sera leur baptême du feu, s’ils réussissent au parrainage.
Interpellé, le directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, invoque des facteurs politiques, sociologiques et juridiques pour expliquer le phénomène. ‘’La classe politique se renouvelle tous les 20-25 ans. Senghor a fait 20 ans et a eu l’intelligence de quitter. Diouf a fait 20 ans et a été renversé. Chaque fois qu’ils partent, on ne fait pas attention, mais ils partent aussi avec les gens de leurs générations. Wade est presque une exception. Encore qu’il a eu la chance de remporter les élections après 20 ans d’opposition avec Diouf, environ six ans contre Senghor. Vous voyez qu’on est toujours dans le cycle 20-25 ans. Et c’est tout à fait normal, c’est corolaire au renouvellement des générations. Au-delà, c’est l’usure’’.
S’y ajoute, selon le membre du Comité de pilotage du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE), qu’il y a le profil même de l’électorat qui change presque tous les 20 ans, avec de nouveaux votants qui arrivent dans le fichier, dans la vie politique et publique. Même si tous ne votent pas, leur influence est extraordinaire, prévient le représentant de la société civile. ‘’Cette génération (la jeunesse), insiste-t-il, est très impliquée, très engagée. Et c’est eux qui occupent la rue ; c’est eux qui sont dans l’espace public. Avant, l’engagement des jeunes était plus ponctuel, le temps, par exemple, d’une élection. Aujourd’hui, cet engagement est non seulement plus important, mais s’exerce de manière permanente, notamment à travers les réseaux sociaux. Leur influence est donc plus importante’’.
‘’Aujourd’hui, on ne peut plus parler de politique sans les jeunes’’
Dès lors, il n’est pas étonnant que ceux qui sont parvenus à les convaincre réussissent à s’imposer dans l’espace politique. ‘’Les autres sont en déphasage’’, analyse Moundiaye, qui ajoute : ‘’Aujourd’hui, on ne peut plus parler de politique sans les jeunes. Et ces derniers se reconnaissent plus dans le discours des plus jeunes. C’est la force de quelqu’un comme Ousmane Sonko. J’aurais pu également citer Taxawu. Khalifa Sall est le leader, mais on a l’impression que Barth lui ravit la vedette. Les partis traditionnels doivent obligatoirement s’adapter ou disparaitre. On oublie presque des partis comme AJ – Landing comme Decroix. Le processus est inéluctable et c’est une excellente chose’’, soutient le directeur exécutif de 3D qui n’a pas manqué de revenir sur l’âge limite de 75 ans pour saluer la mesure.
A l’entendre parler, on est tenté de croire que cette limitation a été comme une aubaine, une possibilité de mettre en selle tous ces jeunes qui sont dans les partis et qui parvenaient difficilement à briller devant des dirigeants éternels. ‘’Depuis la réforme, 70 ans est devenu l’âge de la dernière chance. La mesure a ainsi contribué à l’émergence de nouvelles têtes dans les partis politiques. Ceux des partis qui ne le comprennent pas encore vont vers une mort certaine’’, prédit le membre de la société civile.
Au-delà de la sphère des partis politiques, la mesure a engendré une sorte d’émulation ; la politique n’étant plus cette chasse gardée de quelques vieillards et caciques de la politique politicienne traditionnelle. Des dinosaures prenant leur retraite, ils libèrent de l’espace dans lequel de jeunes loups aux trajectoires très différentes n’hésitent pas de s’engouffrer. Ils viennent de toutes les sphères : économiques, diaspora, haute administration. Et depuis 2012, cette race de nouveaux politiciens ne cesse de se démultiplier.
Un nouveau type de discours
La Présidentielle de 2024 risque d’être une sorte d’apothéose. Le patron de 3D explique : ‘’Les gens savent que c’est possible d’arriver au pouvoir par les élections. Avant, certains n’y croyaient pas ; ils pensaient que les élections étaient un simulacre. Mais après une première alternance en 2000, puis une deuxième en 2012, pour 2024, c’est sûr qu’il y aura un nouveau président. À partir de là, les gens se disent pourquoi pas ? Tous ceux qui ont des ambitions pour leur pays et qui pensent en avoir les moyens auront le courage d’y aller. Malheureusement, cela va aussi avec les excès, c’est-à-dire ces candidatures fantoches. Mais ça peut se gérer par une jonction entre la caution citoyenne qu’est le parrainage et la caution financière de 30 millions.’’
Pour la Présidentielle de 2024, il n’y a pas que l’alternance générationnelle et celle sur les profils et parcours des aspirants au pouvoir. C’est aussi un nouveau type de discours qui émerge.
En effet, si Wade est arrivé au pouvoir avec le slogan ‘’Sopi’’ (changement en wolof), Macky Sall avec un discours essentiellement basé sur la transparence à travers le slogan ‘’Gouvernance sobre et vertueuse’’, pour 2024, il est surtout question de système avec ses implications, souveraineté avec ce que cela implique, panafricanisme, justice… mais aussi de rassemblement ou de réconciliation en tenant compte des bouleversements très profonds notés dernièrement dans le pays.
Pour Moundiaye Cissé, les idéologies sont mortes, les jeunes attendent un autre type de discours basé sur du concret, la prise en charge de leurs préoccupations réelles. ‘’L’ère des idéologies est révolue. C’est l’ère du concret, de la rupture, d’une alternative véritable. Le libéralisme, le socialisme, le marxisme… c’est le cadet des soucis de ces jeunes qui constituent la frange la plus importante de la population’’.
RAPPEL
En 2012, le refus, par Wade, de céder le témoin, avait été un prétexte pour beaucoup de ses anciens collaborateurs de prendre leurs distances, accusant leur ex-patron de vouloir céder le Parti démocratique sénégalais sur un plateau d’argent à son fils Karim Wade. A l’époque, pour se défendre, Abdoulaye Wade prétendait vouloir emporter Niasse, Tanor et Cie avec lui avant de quitter la scène.
‘’Maitre Abdoulaye Wade ne veut pas prendre sa retraite politique sans être accompagné par la vieille garde, notamment Moustapha Niass, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho’’, peut-on encore lire dans un article posté sur le site Dakaractu le 14 mai 2012, intitulé ‘’Les confessions de Me Wade devant ses partisans : qu’ils aillent tous à la retraite’’. Le portail de citer le journal ‘’L’Office’’ qui rapportait les propos d’un responsable libéral.
‘’C’est l’unique but qui l’a poussé à se présenter à nouveau (en tant que tête de liste du PDS aux Législatives de 2012). En homme de défis, le président Wade n’est pas prêt à abdiquer. Il suivra sa logique jusqu’au bout. D’ailleurs, durant la campagne électorale, il n’a de cesse de répéter cette ambition qui lui tient à cœur’’, écrivait le journal, invoquant comme fondement de cette décision la présence de Niasse à la tête de la liste de Benno Bokk Yaakaar, Ousmane Tanor Dieng tête de liste dans le département de Mbour.
‘’Lorsque Wade a eu connaissance des listes de Benno Bokk Yaakaar, il a convoqué séance tenante des responsables libéraux qui lui sont toujours favorables. Très révolté par les positions de Moustapha Niasse et d’Ousmane Tanor, il a dit d’une voix triste : ‘Il faut qu’ils (les responsables de Benno) aillent tous à la retraite, c’est mon seul souhait.’’’. D’autres diront que c’était juste un excellent alibi, mais toujours est-il qu’aujourd’hui, tout ce beau monde, pour ceux qui sont encore en vie, ne sont que des figurants sur la scène politique sénégalaise.
MEUBEUS, UNE DÉCHARGE À 3000 TONNES DE DÉCHETS PAR JOUR
Près de 3 000 tonnes de déchets sont, en moyenne déposées à la décharge de Meubeuss, un site situé dans le département de Keur Massar dans la banlieue de Dakar, a révélé samedi à Saly, l’expert en Génie civile, Ousmane Koné
Près de 3 000 tonnes de déchets sont, en moyenne déposées à la décharge de Meubeuss, un site situé dans le département de Keur Massar dans la banlieue de Dakar, a révélé samedi à Saly (Mbour), l’expert en Génie civile, Ousmane Koné.
« En moyenne, la décharge de Meubeuss reçoit entre 2 500 et 3000 tonnes de déchets par jour », a-t-il indiqué lors d’un atelier de renforcement de capacités organisé à l’intention de plusieurs journalistes membres d’associations de presse intervenant dans les départements de Pikine, Guédiawaye, Keur Massar et Rufisque (banlieue de Dakar).
La rencontre de deux jours, est organisée, par le Projet de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides au Sénégal (Promoged).
L’objectif est de partager avec les membres du cercle des associations de journalistes et communicants en banlieue, “des concepts clés de terminologie de la gestion des déchets solides’’.
L’expert en Génie civile du PROMOGED a assuré que sa structure est en “bonne voie’’ en termes de réalisation d’infrastructures de gestion des déchets.
« On produit des déchets. On vit avec les déchets. Il est important que tous s’engagent dans ce grand chantier de la gestion des déchets. Et la communication nous permettra d’atteindre cet objectif », avait déclaré le directeur du PROMOGED, Ibrahima Diagne à l’ouverture de la session.
Il a réitéré son engagement à travailler avec les journalistes, communicants et les autres acteurs dans sa mission de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides au Sénégal.
Le Sénégal avec le soutien de la banque mondiale, de l’agence française de développement, de l’agence espagnole pour la coopération internationale et de la Banque européenne d’investissement, a initié la deuxième phase du Programme national de gestion des déchets (PNGD), à travers le PROMOGED.
Ce projet vient compléter les acquis du Projet de gestion des déchets solides urbains, selon ses responsables.
Cette deuxième phase cible spécifiquement le pôle de Dakar avec un vaste programme de mise en place d’infrastructures dans les pôles de gestion des déchets dans les autres pôles que sont Thiès, Saint-Louis (Matam) et Casamance (Sédhiou, Kolda et Ziguinchor).
MAYORO FAYE REVIENT AU PDS
L’ancien chargé de communication du Parti démocratique sénégalais, qui avait quitté la formation politique de Wade, a annoncé hier que les membres de son parti lui ont donné carte blanche pour se "fondre dans le PDS"
Mayoro Faye est de retour au Pds. L’ancien chargé de communication du Parti démocratique sénégalais, qui a quitté pendant quelques mois la formation politique de Me Abdoulaye Wade, a annoncé hier que les membres de l’Alliance nationale pour le développement du Sénégal (Alpds) lui ont donné carte blanche pour «fondre l’Alpds dans le Pds et redevenir militant du Parti démocratique sénégalais à part entière». Dans une déclaration lue au siège du Pds, M. Faye est revenu sur les péripéties qui ont conduit à ce retour au bercail. Selon lui, des rencontres ont été tenues avec la base, et cette dernière a dans un premier temps accepté de soutenir la candidature de Karim Meïssa Wade, avant d’aller plus loin, en acceptant de revenir au Pds.
Dans son document, ce proche de l’ancien Président Wade explique : «Nous avons réussi le miracle, la baraka de l’unanimité pour soutenir la candidature de Karim Meïssa Wade à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Par la suite, les membres de l’Alpds, particulièrement ceux dont le cœur n’a cessé et ne cessera de battre pour le Président Abdoulaye Wade, le Patriarche, le père du libéralisme africain, notre maître, notre guide et notre inspirateur, m’ont donné carte blanche pour discuter avec le Pds, ce parti qui nous a formés, façonnés et qui nous a appris à gérer toute situation dans la sérénité et la responsabilité.»
Poursuivant ses propos, il précise que tout ceci a été fait avec «l’accord du Comité directeur et de l’Assemblée générale transformée en congrès, tenu à Saint-Louis le lundi 25 septembre 2023». Se projetant sur la prochaine Présidentielle, Mayoro Faye informe qu’il a été déjà «demandé à l’ensemble des militants de prendre toutes les dispositions utiles afin de s’engager sans délai, dans les opérations de parrainage du candidat Karim Wade, l’espoir du Peuple».
Cette information a été confirmée par le Pds. Dans un communiqué, la cellule communication dudit parti renseigne : «Mayoro Faye, responsable politique à Saint-Louis, ayant momentanément écarté ses pas de notre formation en 2022, a choisi de revenir au bercail.» Son retour, ajoutent les auteurs du document, «n’est pas seulement la réintégration d’un membre, c’est le symbole d’un appel vibrant à l’union de toutes les forces du Pds». Et d’ajouter : «La grandeur du Parti démocratique sénégalais réside dans sa capacité à évoluer tout en restant ancré dans ses valeurs fondamentales.»
Profitant de ce retour de Mayoro Faye, le Pds a appelé à l’union. «Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel que chaque membre du parti, qu’il soit ancien ou actuel, jeune ou vieux, reconnaisse la nécessité impérieuse de cette unité. La candidature de Karim Wade mérite le soutien indéfectible de tous, car elle incarne l’avenir radieux que nous envisageons pour notre pays», soutient la cellule de communication. Dans cette dynamique, un appel est lancé aux «responsables, militants et sympathisants, en particulier ceux qui ont pris la décision de quitter le parti», parce que, indique le Pds, «le moment est venu de renouer avec tous ceux mus par le progrès du Sénégal et de l’Afrique, de se rassembler et de conjuguer nos efforts pour une victoire retentissante».
Pour marquer son retour au Pds, Mayoro Faye informe qu’un «grand meeting» sera tenu aujourd’hui «à Saint-Louis, dans l’unité et la fraternité». Ce, d’après lui, pour montrer à leurs «adversaires politiques que le Pds est debout et uni».
POURQUOI MACKY A RECONDUIT AMADOU BA
Le chef de l'État veut laisser le terrain à son candidat, qui va utiliser les apparats de l’Etat pour se donner les chances de gagner la présidentielle. C’est un avantage évident sur les autres
Après avoir dissous le gouvernement, le Président Sall a reconduit Amadou Ba à la tête de la Primature. La stratégie est simple : Macky veut laisser le terrain à son candidat, qui va utiliser les apparats de l’Etat pour lui donner les chances de gagner la présidentielle de 2024. C’est un avantage évident sur les autres : s’il lui avait arraché ce titre, Amadou Ba aurait été logé à la même enseigne que les quelques 200 candidats qui ont retiré leurs fiches de parrainage. Comme Queen Biz…
C’était devenu inéluctable depuis le départ des ministres de Rewmi et la démission de M. Aly Ngouille Ndiaye du ministère de l’Agriculture. La décision de dissoudre le gouvernement a même tardé, surtout que le Premier ministre assurait l’intérim des ministres de l’Elevage et des Sports, depuis le départ de Idrissa Seck de la coalition présidentielle pour se présenter à la Présidentielle de 2024. Amadou Ba, qui a été reconduit comme Premier ministre, va être délesté de ces deux béquilles.
Pour le Président Sall, c’est un acte de soutien supplémentaire à son candidat. Depuis la désignation de Ba comme tête de file de Benno, le chef de l’Etat s’est retiré presque de la scène publique.
Il a laissé toute la lumière à Amadou Ba : il est partout. En pleine journée, il préside le lancement de grands travaux, rencontre des khalifes généraux, préside des rencontres étatiques. Hier, il a ouvert le 6ème Forum Galien qui a toujours obtenu la présidence du chef de l’Etat au moment de lancer ses travaux. A la fin de la journée, il préside ses activités politiques, enchaîne les visites de proximité… Alors que d’autres leaders comme Malick Gackou, chef du Grand parti, et Bougane Guèye ont été contraints, par arrêté préfectoral, de cesser leur «précampagne».
Aujourd’hui, il a l’avantage de présenter un double ticket : Premier ministre-candidat.
Il n’est plus nécessaire de faire le distinguo pour lui mettre une casquette après cette nouvelle décision présidentielle. Certains analystes et même militants de la mouvance présidentielle avaient pensé que ce cumul serait un handicap. Or, c’est un avantage même si cela déséquilibrait la compétition, comme l’assurent certains. Dans une bataille électorale, il n’y a pas de règles qui disent que les différents candidats doivent partir à chance égale ou il devra y avoir un «gentleman agreement» au-delà des lois établies dans le Code électoral. Si le Président lui avait retiré ce «poids supplémentaire», il l’aurait ramené au rang de n’importe quel candidat. Comme Queen Biz ou les quelques 200 autres personnes qui ont retiré leurs fiches de parrainage. Quelle différence pourrait-il alors y avoir entre le candidat du pouvoir et les… autres ? Car il lui aurait été très difficile, voire impossible, de tenir des rencontres politiques sous le couvert des déplacements administratifs et économiques institutionnels dévolus au chef du gouvernement. A 4 mois de la Présidentielle, le pari aurait été risqué. Et l’impact allait être réel, car il allait perdre une partie de toute cette exposition politico-médiatique.
Aujourd’hui, le Président Sall, après cette décision, tente d’enlever à son candidat les embûches qui se dressent sur le chemin de 2024. Surtout que la conservation du pouvoir ne sera pas une simple formalité comme en 2019. Guidé par son leader, Amadou Ba vient de bénéficier de ressources additionnelles pour poursuivre les chantiers Sall au-delà de 2024. Placé en septembre 2022, à la tête d’une équipe «de défi et de combat» de 38 membres, le Premier ministre sera accompagné de quels joueurs dans cette nouvelle équipe pour le match décisif programmé le 25 février 2024 ?
PAR Ciré Clédor Ly
INFORMATION ET CLARIFICATION SUR LE PROCÈS SONKO VS ÉTAT DU SÉNÉGAL DEVANT LA COUR SUPRÊME
Afin d'éviter toute confusion et pour rassurer les citoyens sénégalais résidant dans le pays ou à l'étranger, il importe de clarifier l'objectif visé par cette saisine de la Cour suprême
Le juge des référés de la Chambre Administrative de la Cour Suprême a été saisi d’un recours dont l'objectif n’était pas de le faire statuer sur la légalité ou la légitimité de la radiation d’office du président Ousmane Sonko des listes électorales. Ceci relève en effet de la compétence exclusive du tribunal d’instance de Ziguinchor, déjà saisi du dossier et devant statuer sous 6 jours.
Le recours ne visait pas non plus à obtenir une décision concernant la participation ou l’élimination de M. Sonko en tant que candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Cette responsabilité incombe exclusivement au Conseil constitutionnel.
Afin d'éviter toute confusion et pour rassurer les citoyens sénégalais résidant dans le pays ou à l'étranger, déterminés à ne pas laisser l’administration organiser une élection ne respectant pas les exigences de loyauté, de légalité constitutionnelle et le respect des Droits et libertés fondamentaux, il importe de clarifier l'objectif visé par cette saisine de la Cour suprême.
L’objectif était que la Cour suprême reconnaisse l'urgence de délivrer les fiches de parrainages à un potentiel candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Ceci afin de préserver l'égalité des citoyens souhaitant déposer leurs candidatures auprès du Conseil constitutionnel pour l’élection présidentielle à venir.
Le but recherché était d'obtenir une ordonnance du juge des référés pour la délivrance des fiches de parrainage à M. Sonko par le ministère de l’Intérieur et ses services. Ces derniers, en tant que simples délégataires de la puissance publique, n’ont pas l’autorisation légale de refuser la délivrance de ces fiches à un candidat.
Madame l’avocate générale Mareme Diop Gueye, représentante de la société à cette audience, a souligné que le comportement des services du ministère de l’Intérieur s'apparentait à des voies de fait et constituait une grave illégalité, violant les droits fondamentaux de M. Sonko. Elle a donc conseillé la délivrance des fiches de parrainages demandées par ce dernier.
Cependant, l’Etat du Sénégal, s'engageant dans un discours incertain, n’a pas convaincu . le juge des référés a, sans hésitation, lu une décision dont la construction juridique et intellectuelle semble, à mon avis, incompatible avec la conclusion de refuser la demande de M. Sonko.
Il est crucial que l’opinion publique, tant nationale qu’internationale, comprenne que cette décision ne fait que retarder la délivrance des fiches de parrainages à M. Sonko. Cela n’a aucune incidence sur sa candidature ; il demeure électeur et éligible en vertu de la loi. Par ailleurs, le tribunal compétent est saisi pour contester la légalité de la radiation d’office, et ce n’est pas la prérogative des services du ministère de l’Intérieur.
De plus, la CEDEAO est saisie d’une demande de référé. Sa décision, attendue sous l’angle de la violation des droits politiques de M. Sonko, est d'autant plus cruciale qu'il n’a pas accepté sa condamnation, annulant ainsi le jugement par contumace. Le procureur de la République est également saisi d’une demande d’enrôlement du dossier.
M. Sonko conserve ainsi ses droits politiques et le droit de se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024. La question demeure : la violence d'un État, apparemment sans limite, peut-elle vaincre la volonté tenace et déterminée du peuple ?
Au Sénégal, il existe des individus qui ne se soumettent qu'à l’autorité de la loi, servant celle-ci sans céder aux tentations déviantes. Leur vie a du sens et mérite respect et reconnaissance pour les générations futures.
Maître Ciré Clédor Ly est membre du collectif de la défense de M. Ousmane Sonko."
LE SENEGAL, DANS UN ABORDABLE GROUPE C
Le tirage au sort de la Coupe du Monde Emirats arabes unis 2024 a eu lieu hier, vendredi à Dubaï. Contrairement au groupe D que l’on peut qualifier de groupe de la mort, le groupe C du Sénégal est plus abordable.
Le tirage au sort de la Coupe du Monde Emirats arabes unis 2024 a eu lieu hier, vendredi à Dubaï. Contrairement au groupe D que l’on peut qualifier de groupe de la mort, le groupe C du Sénégal est plus abordable.
L’équipe nationale du Sénégal de Beach Soccer va participer pour la 7e fois à la coupe du monde. La 12e édition se jouera en février prochain et les 16 équipes participantes sont reparties en 4 poules de 4 équipes. Si le tenant du titre (la Russie) est bien absent, il faut compter sur les grands noms de cette discipline. Le Brésil, quintuple champion du monde, et le Portugal champion en 2015 et 2019, qui se retrouvent dans le groupe D en font une poule relevée. Plusieurs équipes vont découvrir la compétition à l’image du deuxième représentant de l’Afrique, l’Egypte et la Colombie futur adversaire du Sénégal dans le groupe C.
LE JAPON, LA MENACE
Il faut noter que c’est la seule équipe capable de rivaliser avec le Sénégal dans ce groupe. Lors de la précédente édition, il avait éliminé le Sénégal en demi-finale (5-2). Les Japonais se sont inclinés sur le même score en finale. L’équipe a toutefois essuyé un revers en mars passé. Elle s’est fait battre par l’Iran (qui n’est pas un petit poucet du Beach Soccer) en mars passé lors de la finale de la Coupe d’Asie de Beach Soccer de l’AFC (6-0).
LA BIELORUSSIE ET LA COLOMBIE PRENABLES
La Coupe du Monde EAU 2024 sera un baptême du feu pour la Colombie. Si c’est un novice à ce niveau du beach soccer mondial, il ne faudrait pas le minimiser. On parle tout de même de l’équipe qui a terminé 3e lors de la Copa America de cette année. Avec une seule victoire et deux défaites, la Biélorussie n’avait pas pu dépasser la phase des groupes lors de la précédente édition. Une étape qu’elle n’a pas franchi en deux participations.
VOICI LES GROUPES POUR LA CDM EAU 2024
Groupe A : Émirats arabes unis, Égypte, États-Unis, Italie