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9 août 2025
LE RENDEZ-VOUS DE TOUS LES ESPOIRS
Ce match Qatar-Sénégal, on l’aime tout autant qu’on le craint. Car l’intérêt n’est pas seulement sénégalais, il est aussi qatari. Et si battre le Qatar peut ne pas être un prestige pour des champions d’Afrique, la victoire par contre relancera les Lions
Abdoulaye Thiam et Khalifa Ababacar Gueye |
Publication 25/11/2022
Ce match, on l’aime tout autant qu’on le craint. Car l’intérêt n’est pas seulement sénégalais, il est aussi qatari. Et si battre le Qatar peut ne pas être un prestige pour des champions d’Afrique, la victoire par contre relancera les «Lions». Le cas échéant, ils poursuivront leur fou rêve de faire mieux que jouer un quart de finale d’une Coupe du monde. On verra bien…
On n’a pas nécessairement besoin du flair d’Habib Bèye ou de Lilian Gatounes pour analyser ce match. Inutile également de sortir les calculettes. Ce match, le Sénégal devra le gagner ou tout simplement disparaître. C’est à la vie à la mort. Pas de compromis possible.
Il y a quatre jours, les Hollandais ont atteint les «Lions» de plein fouet, dans les ultimes minutes d’une rencontre pourtant bien maîtrisée par les poulains de Cissé. Il n’y a plus place au regret, le destin est toujours entre les godasses de Kalidou Koulibaly et compagnie. Et du coup, cette rencontre contre le Qatar qui était visiblement considéré comme le match le plus facile au sortir du tirage au sort des phases de poules du Mondial, est devenue incontestablement le rendez-vous de tous les espoirs. Parce qu’autant les «Lions» chercheront à prendre le dessus dans cette rencontre, autant l’adversaire voudra aussi marquer le coup en se relançant. Et ce n’est pas la motivation qui manquera au Qatar. Pays hôte de la compétition, il a certes été étouffé par une équipe déterminée et engagée d’Equateur. Seulement, il ne voudra pas abdiquer si facilement et devant son public. Surtout que son voisin saoudien a déjà crée la sensation en battant l’Argentine.
D’un côté les «Lions» ont l’occasion de se relancer dans la poule A sans se préoccuper du résultat Pays-Bas Equateur qui se joue à la même heure. Pour cela, il faut impérativement prendre l’option de la victoire. Peu importe (pour le moment) le score. D’un autre côté ils auront un espoir qui se tient sur du beurre. Le nul y mène. Sans ces deux résultats, les «Lions» diront bye-bye au second tour en attendant de disputer la mort dans l’âme le dernier match prévu le 29 décembre prochain.
On sait l’épreuve difficile, mais tout le monde est convaincu que le Sénégal est à la hauteur du défi. Vu sa prestation de lundi dernier face aux PaysBas, il suffira juste à Aliou Cissé de faire quelques réglages notamment au niveau de la défense, trouver un milieu plus offensif dans le triangle et fouetter l’orgueil de Krépin Diatta et Ismaila Sarr pour qu’ils alimentent à merveille Boulaye Dia. Ce dernier est appelé à être décisif et opportuniste. Car il pourrait ne pas y avoir beaucoup d’occasions de marquer. Mais il reviendra aux «Lions» d’exploiter toutes actions menées jusqu’aux alentours de la surface de vérité du Qatar. Car dans une compétition pareille, il arrive de marquer sans se créer de véritables occasions. Du coup, c’est une grande équipe du Sénégal qui pourra en sortir avec les honneurs. Des «Lions» engagés et qui donnent le ton et la mesure sans oublier le geste juste dans les moments décisifs. C’est impératif si on veut éviter des regrets comme ce fut le cas au coup de sifflet final de la première sortie des «Lions».
PAS DE CHAMBOULEMENTS, JUSTE QUELQUES RETOUCHES
Tout le monde peut jurer sans risques de se tromper que Cissé n’alignera pas le même onze ce vendredi. Rien qu’avec le forfait de Kouyaté, un changement du onze s’impose. Sauf que ce changement devra être léger avec quelques retouches. Car il n’y a pas eu beaucoup de reproches individuels sur le match passé. En dehors de Mendy qui est sûr de rempiler, pas de coupables désignés. Du coup, ce serait bien de reconduire l’équipe à 80% ne serait-ce que pour une mi-temps. Histoire de voir comment ils vont se comporter. Car parfois, il est plus facile d’enchainer que de démarrer. Pour les retouches, ce serait bien de faire confiance à Ismael Jacobs sur le flanc gauche. Du coup, bien que rétabli, Abdou Diallo pourrait démarrer sur le banc, histoire de laisser la place à ceux qui sont à 100%. Au milieu, Gana Guèye devra retrouver sa position d’antan prenant la place de Kouyaté pour laisser le sommet à un profil plus offensif. Pathé Ciss pourrait faire l’affaire. L’attaque devrait être reconduite à 100%. Il va falloir cependant à Aliou Cissé de fouetter leur orgueil tout en les mettant devant leur responsabilité. Car s’ils sortent de leur torpeur de lundi dernier, ils seront des atouts sûrs pour vaciller la défense du Qatar. Et si les balles arrivent au bon moment, on pourra juger Boulaye Dia de son vrai degré d’efficacité par rapport à la concurrence.
ATTENTION AU MAUVAIS SOUVENIR DU PAYS HÔTE
Il y a de ces statistiques qu’on n’aime pas sortir le jour d’un match aussi important que Qatar-Sénégal. Mais puisqu’un homme averti en vaut deux, ces stats feront peut-être du onze de départ de Cissé 22 acteurs contre onze Qatari sur le terrain. Elles constitueront de sources de motivations et piqûres rappels. Car jouer contre le pays hôte est toujours difficile dans une phase finale de compétition majeure.
Le pays organisateur ne réussit pas souvent les «Lions». A part le match nul concédé contre la Tunisie (1-1) hôte de la Can-1965 et la victoire acquise au Caire contre l’Egypte (1-0) à l’édition 1986, tous les autres matches (5) disputés contre les Pays hôtes en phases finales de compétition sont sanctionnés par des défaites. Seulement, en Coupe du monde, le chemin des «Lions» ne s’est jamais croisé avec celui du pays organisateur. Sauf ce vendredi où les «Lions» devront croiser le fer avec un Qatar touché à domicile et qui voudra sans aucun doute se relancer dans sa compétition. Reste à savoir si les «Lions» auront assez de crinière pour remporter ce duel et se relancer a leur tour dans cette compétition.
UNE PRECAMPAGNE AVANT L’HEURE
La course pour la prochaine élection présidentielle semble déjà officiellement lancée, à quelque quatorze mois de février 2024.
La course pour la prochaine élection présidentielle semble déjà officiellement lancée, à quelque quatorze mois de février 2024. En effet, depuis quelque temps, l’ambiance au niveau des états-majors de la plupart des partis politiques que sont l’Apr, le Pastef, le Grand parti et le Pur pour ne citer que ces derniers est dominée par des opérations de vente de cartes et des tournées politiques et autres congrès d’investiture.
A quatorze mois de la prochaine élection présidentielle de février 2024, ça sent déjà la précampagne. En effet, depuis quelque temps, l’ambiance au niveau des états- majors de la plupart des partis politiques est dominée, soit par des opérations de vente de cartes, soit par des tournées politiques et autres congrès d’investiture. La formation politique de l’actuel maire de Ziguinchor est la première à donner les couleurs à travers sa jeunesse.
Sous l’égide de son coordonnateur, Serigne Mor Bousso, la Jeunesse patriotique du Sénégal de Dakar (Jps) a lancé au mois d’avril dernier une vaste opération d’enrôlement de 500 mille primo votants et de collecte de fonds de 26 millions FCfa à l’horizon 2024 pour « élire son leader, Ousmane Sonko ».
Cette campagne de massification et d’enrôlement est depuis lors mise en œuvre dans les 19 communes du département de Dakar et dans certaines communes à l’intérieur du pays. Dans cette même dynamique, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a annoncé, dans un communiqué, rendu public le 23 novembre dernier et relatif aux opérations de placement et de vente des cartes lancées le 11 septembre dernier, avoir déjà distribué plus d’un million de cartes.
Dans ce document, la cellule de Communication de l’ancien parti au pouvoir sous le magistère du président Abdoulaye Wade par ailleurs son Secrétaire général national, a précisé que « l’objectif est d’assurer un meilleur ancrage des bases du parti et un meilleur maillage du territoire national pour pouvoir remporter les prochaines échéances électorales dont les élections du 24 février 2024 ».
Actuellement aux commandes de la coalition Benno Bokk Yakaar au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) du Président, Macky Sall dont la candidature pour un troisième mandat est au centre de toutes les tensions, n’est pas en reste. Le samedi 14 novembre dernier, le chef de l’Etat par ailleurs président de l’Apr a procédé au lancement officiel des opérations de vente de 1 million 500 mille des cartes de son parti au prix de 100 FCFA l’unité.
S’exprimant lors de cette cérémonie tenue au siège de l’Apr sis à Mermoz, l’ancien ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye, par ailleurs directeur des structures du parti a indiqué que « l’objectif est d’ajouter ce nombre au coefficient de Macky Sall pour espérer plus de 3 millions de voix pour la candidature de l’APR/Yaakaar et de la mouvance présidentielle en 2024 ».
Une des principales formations politiques de la coalition Yewwi askan wi qui a réalisé une percée considérable lors des dernières élections locales et législatives, en l’occurrence le Parti de l’unité et du rassemblement du marabout politicien Serigne Moustapha Sy s’est également inscrite dans cette ambiance de remobilisation des troupes en perspective de février 2024. La preuve, le 14 novembre dernier, le directoire national et l’ensemble des responsables dudit parti se sont réunis à Dakar pour lancer leurs activités pour l’année 2023 en même temps que l’opération vente des cartes de membres.
Toujours dans cette liste des partis en précampagne pour 2024, nous pouvons citer le Grand parti de Malick Gakou, ex-numéro de l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse, ancien président de l’Assemblée nationale. Cette formation politique semble avoir pris de l’avance sur tout le monde après avoir officiellement investi son leader Malick Gakou comme candidat à la présidentielle de 2024 lors d’un congrès d’investiture tenue le 13 novembre au Centre international du Commerce extérieur du Sénégal (CICES).
DES MAUX ET DES MOTS REDUITS EN POUSSIERE
La maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec a été soumise ces dernières semaines à la furie destructrice du « Cartepillar
La maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec a été soumise ces dernières semaines à la furie destructrice du « Cartepillar ». Comme les autres services de cet hôpital, elle a été cognée, rasée, pour les besoins d’une reconstruction à travers un édifice plus moderne qui répondrait aux besoins de la prise en charge de la mère et de l’enfant. Dans ce projet, c’est toutefois un pan d’histoire qui disparaît.
Créé en 1913, l’hôpital Aristide Le Dantec se retrouve aujourd’hui, après plus de cent ans d’existence, complètement rasé, mis à terre pour dit-on, les besoins d’une reconstruction. Aucun service n’a été épargné par le gouvernement du Sénégal qui compte y ériger un établissement de santé de dernière génération. Longtemps considéré comme un hôpital social, du fait qu’il était resté fidèle au concept de sa création comme « hôpital des indigènes », Le Dantec prenait en charge plus de 60% des malades sociaux qui venaient le plus souvent de la banlieue dakaroise, des régions de l’intérieur du pays, mais aussi de la sous-région. La maternité ne faisait pas exception car la majorité des références de la région de Dakar y était orientée. Première maternité africaine, elle a aussi abrité la première crèche et accueilli les premières consultations de femmes enceintes et de nourrissons en Afrique occidentale française ( A.O.F.).
PR PAUL CORREA, UNE REFERENCE AFRICAINE
Premier professeur agrégé des facultés en gynécologie obstétrique d’Afrique francophone, Paul Corréa a été le premier directeur africain de la maternité Le Dantec. Reconnaissable par sa belle architecture soudano-sahélienne, elle était devenue un véritable centre de formation pour les étudiants de l’Afrique sub-saharienne et du nord.
Le Pr Corréa avait ainsi formé plusieurs promotions de médecins gynécologues et sage-femmes d’État du Sénégal, du Mali, de Guinée Conakry, du Cameroun, du Rwanda, du Maroc, de l’Egypte qui pour la plupart, sont devenus d’éminents spécialistes de santé reproductive, de renommée continentale et mondiale. Leader principal du dispositif sanitaire néonatal, la maternité a ainsi vu naître plusieurs autorités du Sénégal et de la sous-région comme l’ancien directeur de Dantec, le colonel Massamba Diop.
Après 13 ans de fermeture de cette maternité, des gens de sa trempe ont beaucoup œuvré pour porter le plaidoyer de sa réouverture auprès des plus hautes autorités. Une démarche qui avait porté ses fruits, car la maternité de l’hôpital Le Dantec fermée depuis le 25 août 2005 sera réhabilitée et remise en service en 2018. Les pensionnaires tout heureux, avaient ainsi retrouvé leur joyau qui continuait d’offrir des services de qualité à moindre coût. La chimiothérapie du cancer du sein était ainsi logée dans le service de la maternité.
Mme Bigué Ba Mbodj, présidente de l’Association nationale des Sage-femmes du Sénégal, par ailleurs maîtresse sagefemme de Le Dantec, de se souvenir : « Nous avons vécu une première fermeture de la maternité qui a duré 13ans. Durant cette période, nous avons reçu la visite d’éminentes personnalités étrangères qui sont venues pour s’enquérir de la situation de cette maternité qui les a vus naître. Et ces dernières, sous la houlette du colonel Massamba Diop, ont beaucoup contribué pour la réouverture de cet édifice ».
DES TRACES D’HISTOIRE QUI S’EFFACENT
Aujourd’hui encore, les pensionnaires de cette maternité revivent le même phénomène qu’avant. « C’est vrai que c’est difficile pour moi d’en parler. C’est avec une grande émotion, quand on a passé plus de 35ans dans une structure, que l’on ait fait sa formation, toute sa carrière dans cette maternité, c’est vrai que tous ces souvenirs et voix, ces histoires, toutes ces anecdotes qui sont passées, c’est toute une vie qui est partie », se désole Bigué Ba Mbodji. Et de poursuivre : « maintenant, on a comme consolation l’espoir que cela va se reconstruire dans les délais promis et que le nouvel hôpital sera un établissement sanitaire qui nous fera oublier toutes les misères que nous sommes en train de vivre ».
Seulement, avec la reconstruction de l’établissement Aristide Le Dantec qui se situe au plus haut niveau de la pyramide sanitaire, il risque sans nul doute de changer de statut pour passer d’hôpital social à un hôpital de haute facture. Pour la maîtresse sage-femme de cette maternité : « la maquette renseigne d’un hôpital de très haut niveau avec des soins et des actes de pointe et avec un coût qui va impacter sur les tarifs. Et qui dit impactés sur les tarifs dit aussi sur l’accès à une certaine catégorie de la population et services ».
Et de se désoler : « Dantec était l’endroit où la population était assurée de trouver les plus éminents professionnels tous corps confondus, des soins à moindre coût, parfois même des tarifs sociaux, des cas sociaux pris en charge gratuitement et ce sera très difficile qu’avec le coût et le standing que va avoir Dantec que les malades bénéficient de cela ». Avec la destruction de la maternité de Le Dantec, c’est des pans de vie, des traces d’histoire qui s’effacent à jamais.
Par Fadel DIA
QATAR 2022, HYPOCRISIES DES PUISSANTS
C'est avec la complicité des dirigeants et des entreprises de leurs pays que le Qatar s’est offert, pour son plaisir, la manifestation la plus regardée du monde, comme jadis en France les puissants se payaient une danseuse de l’Opéra
Depuis des mois, et jusqu’au jour fatidique, on a assisté à un déferlement de critiques formulées par des citoyens ou des collectivités d’Europe et d’Amérique du Nord qui s’élèvent contre la tenue au Qatar de la phase finale du championnat du monde de football.
Mais les mots d’ordre qu’ils préconisent ont-ils des chances d’être observés par tous ceux dont les pays réaliseraient des performances au cours du tournoi ? D’ores et déjà les Français ont boycotté le boycott, dès le premier match opposant leur pays, champion en titre, à l’Australie, qui n’est qu’au 38e rang mondial, plus de 12 millions d’entre eux ont suivi la confrontation, avant de célébrer Olivier Giroud comme un héros national.
Ensuite, et surtout, les contempteurs de Qatar 2022 ne crient-ils pas trop tard leur indignation et ne se sont-ils pas trompés de cible ? La moitié des équipes présentes à Doha viennent de chez eux, le choix du Qatar remonte à douze ans et découle d’une décision d’une organisation qui a son siège au Nord, dont leurs pays qui contrôlent le fonctionnement et auquel ils fournissent ses principaux sponsors, dont certains (Coca-Cola, Mc Donald…) ,soit dit en passant, ne sont pas des modèles en matière de bien être. On peut donc dire en conclusion que c’est avec la complicité des dirigeants et des entreprises de leurs pays que le Qatar s’est offert, pour son plaisir et pour la gloire, la manifestation la plus regardée du monde, comme jadis en France les hommes riches ou puissants se payaient une danseuse de l’Opéra.
A savoir :
1. Que ce petit émirat, à peine plus étendu que la Corse, n’est qu’une protubérance, vénéneuse pour certains, de la péninsule arabique, un pays désertique, avec un climat très chaud et, en été, période pendant laquelle se sont depuis toujours déroulés les championnats du monde de football, la température oscille entre 40 et 50 degrés ;
2. Qu’il n’est pas un pays de vieille tradition footballistique et n’a aucune légitimité pour abriter une manifestation dans laquelle il n’a jamais brillé et qui nécessite des équipements lourds, surdimensionnés à son échelle et dont il n’aura que faire à la fin de la compétition ;
3. Qu’il compte quelque 300 000 citoyens, concentrés à 80 % dans une seule agglomération et qui n’ont aucune envie de servir d’ouvriers pour la construction des infrastructures. Le pays devra donc, comme à son habitude, faire appel à une main-d’œuvre étrangère, laquelle devra, comme c’est le cas dans la région, se soumettre à un assujettissement total, sans garantie de sécurité, avec des risques de pertes humaines dont seule l’ampleur était imprévisible ;
4. Que le Qatar est un pays musulman, conservateur en matière de mœurs, une monarchie peu soucieuse du respect de la démocratie et des droits de l’homme, où la consommation d’alcool est prohibée et l’homosexualité sévèrement condamnée ;
5. Que le Qatar est le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, que sa consommation d’énergie et d’électricité, par habitant est, respectivement, le triple et le quadruple de celle d’un pays développé comme l’Italie et qu’il n’a donc pas une culture d’économie de ressources fossiles. La climatisation, y compris celle des lieux de sports, y est une pratique ordinaire, les voitures y sont gourmandes en carburant et les jets privés, le moyen usuel pour se rendre des riches émirats voisins à sa capitale dont les capacités d’hébergement sont limitées.
On ne peut donc pas stigmatiser la tenue de Qatar 2022 sans reconnaitre que c’est aussi l’illustration de l’hypocrisie dont font souvent preuve les grands de ce monde pour fuir leurs responsabilités et nier leur complicité. Les deux personnalités qui étaient à la manœuvre au moment du choix du pays hôte ont pesé de tout leur poids, qui était grand, sur cette décision et ont sans doute fait pencher la balance. L’un d’eux a reconnu, tardivement, qu’il avait commis une erreur et dénoncé des pressions, l’autre, qui est cité dans une enquête judiciaire sur le vote, a avoué qu’il avait été sensible aux arguments de son pays. Si ce pays, la France, a fait campagne et voté en faveur d’une monarchie arabe, peu ouverte aux droits des minorités, et l’a préférée aux Etats-Unis, dont elle se flatte d’avoir été le premier allié, ce n’était certainement pas pour des raisons d’ordre éthique.
On ne peut donc que s’étonner que la maire de Paris défende le boycott de Qatar 2022, alors que l’entreprise la plus flamboyante de sa ville, le PSG, est la propriété de l’émirat qui l’a achetée, généreusement, pour le triple de sa valeur, comme pour remercier les Français de leur soutien.
On ressent la même incompréhension quand des footballeurs qui s’étaient abstenus de tancer leurs confrères, parmi les plus prestigieux (Beckam, Messi, Zidane… ) lorsque ceux-ci ont servi de VRP à la cause qatari, sillonné le monde et occupé des plateaux de télévision, menacent aujourd’hui de manifester leur mécontentement sur le terrain, acte du reste anodin si on le compare au défi des joueurs iraniens qui ont risqué leur vie en refusant de chanter leur hymne national…
On tire à boulets rouges sur le Qatar parce qu’il est revenu, comme c’était prévisible, sur sa promesse d’autoriser la vente de boissons alcoolisées à proximité des stades, ce qui ne lèse que les fabricants de ce produit, qui le feront payer cher à la FIFA, alors que le pays hôte avait auparavant déchiré sa signature sur un sujet autrement plus sérieux, en remettant en cause le calendrier de la manifestation qui cette année, et pour la première fois, s’est tenue en hiver. Dire que les clubs européens menaçaient de ne plus libérer leurs joueurs africains si la CAN était maintenue en été !
Qatar 2022 nous réserve sans doute d’autres surprises et des anomalies dont certaines sont déjà consommées.
Pour la première fois, un pays organisateur de la Coupe du monde peut accueillir l’ensemble de ses citoyens dans les stades réalisés à l’occasion de l’évènement.
Pour la première fois, un pays accueille une Coupe du monde dans des stades qui tous, plus exactement 7 sur 8, se trouvent dans un rayon de 20 km à partir du centre de sa capitale
Pour la première fois, le pays organisateur est battu au match d’ouverture du tournoi…
Enfin, Qatar 2022 est aussi l’occasion de se reposer cette question : pourquoi les Euro-américains auraient –ils, seuls, le droit d’imposer leur culture et leur mode de vie aux autres quand ceux-ci séjournent chez eux, et le droit de s’abstenir de respecter les us et coutumes de ceux auxquels ils rendent visite ? En 2010, ils voulaient que, pour la Coupe du monde de football, l’Afrique du Sud interdise dans ses stades l’usage des vouvouzélas, que leurs oreilles délicates ne pouvaient pas supporter. En 2015, ils avaient fait pression sur la Chine pour qu’elle suspende la vente de la viande de chien pendant la durée du championnat du monde d’athlétisme. Même si aucun des deux pays n’a obtempéré à leurs ordres, ce comportement discourtois, qui n’est pas propre au sport, traduit leur propension à ne pas mettre en accord leurs paroles avec leurs actes. Le hasard de calendrier a fait que Qatar 2022 démarrait au moment où se clôturait la COP, et à la fin de ce happening, qui en est à sa 27e édition, ils nous ont joué une nouvelle fois le jeu qu’ils jouent dans toutes les grandes occasions : ils renvoient leurs promesses aux calendes grecques, ou les remplacent par d’autres encore plus mirifiques, et surtout, ils refusent que le casseur, et en l’occurrence, ici, le pollueur, soit le payeur !